1-Hymn 3.39
2-Al Bathra/Main Title 10.12
3-Friendly Fire/Ilario's Story 3.07
4-The Elegy 3.46
5-Courage Under Fire 6.38
6-Monfriez Suicide 3.21
7-Night Mutiny 2.58
8-The Betrayal 3.10
9-Playing Back The Tape/
The Medal Of Honor 2.55
10-A Final Resting Place 14.39

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Angel Records 53105

Producteur:
James Horner
Musique montée par:
Jim Henrikson

Artwork and pictures (c) 1996 Twentieth Century Fox film Corp. All rights reserved.

Note: ***
COURAGE UNDER FIRE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Après avoir illustré un échec nordiste durant la guerre de sécession dans 'Glory' (1989), le réalisateur Edward Zwick s'intéresse cette fois ci à la guerre du Golfe dans 'Courage Under Fire' (A l'épreuve du Feu), film dramatique racontant l'histoire d'un officier de l'US Army Nath Serling (Denzel Washington) qui mène une enquête sur la courageuse Capitaine Karen Emma Walden (Meg Ryan) morte mystérieusement au combat durant l'opération 'tempête du désert'. Le film fonctionne sous forme de flashbacks dans lequel le réalisateur nous dévoile progressivement la vérité à propos de cette enquête difficile où les langues mettent beaucoup avant de se délier. L'enjeu est de taille pour l'armée car le fait de décerner pour la première fois une médaille d'honneur à une femme permettrait à l'armée américaine de redorer son blason. Serling comprends qu'on lui cache quelque chose lorsqu'il s'aperçoit que certains éléments de la seconde 'version' de l'histoire ne collent pas avec la première. Quand à Serling lui même, il est hanté par l'erreur tragique qu'il a commis durant la guerre en ordonnant de faire feu sur un tank allié, tuant au passage Boylar, l'un de ses amis. Evidemment, il y'a beaucoup de chose que l'on pourra critiquer sur ce film, à commencer par le concept lui même qui n'est pas nouveau puisque Kurosawa l'avait déjà abordé dans 'Rashomon' en 1950. Ensuite, il est vrai que le film met une fois encore l'accent sur le côté patriotique et solennel (surtout dans le final du film) en omettant de montrer l'horreur de la guerre et de ses conséquences à la fois humaines, sociales ou politiques. Certes, ce n'est pas le propos du réalisateur qui se sert de ce contexte de guerre comme un prétexte pour raconter son histoire. Mais cela aurait probablement pu aller plus loin ce qui rend le film assez limité sur le plan scénaristique. Cependant, le point positif du film réside dans les interprétations fortes de Denzel Washington et de Meg Ryan. Washington campe à merveille cet officier hanté par une erreur qu'il n'arrive pas à oublier et l'on sent de la justesse dans son jeu (surtout dans la scène de fin où il va voir les parents de Boylar pour enfin leur dire toute la vérité). Quand à Meg Ryan, sa participation à ce film dramatique (et donc peu comique) démontre bien sa réelle intention de sortir du registre de la petite fille mignonne dans lequel on l'a trop souvent enfermé, surtout dans des films tels que 'Sleepless In Seattle', 'I.Q.', 'French Kiss', 'When a Man Loves a Woman' ou bien encore 'Joe vs. The Volcano'. Bilan mitigé donc pour le film d'Ed Zwick dont l'intrigue suffisamment captivante permet de rattraper la faiblesse relative du reste du film.

Après 'Glory' et le superbe 'Legends of The Fall' (partition épique/romantique par excellence), James Horner collabore pour la troisième fois avec Ed Zwick sur 'Courage Under Fire' pour lequel il a écrit une musique aussi dramatique que le film, un genre dans lequel il semble particulièrement briller depuis le début des années 90 (encore plus depuis le carton commercial de 'Titanic') Le score de 'Courage Under Fire' est l'exemple type de la musique dramatique 100% Horner. On retrouve ici tous les clichés musicaux du compositeur et une addition impressionnante de 'tics' d'écriture qui aujourd'hui paraissent aujourd'hui fortement usés. Et pourtant, la magie 'Hornerienne' fonctionne à chaque fois. Ainsi, la BO d'Horner sur ce film est vraiment sans surprise si ce n'est au début de 'Al Bathra', morceau qui ouvre le film de manière sombre avec une idée originale: utiliser des sons d'hélicoptère qui démarrent en même temps que les premières images (archives de la guerre du Golfe) du film apparaissent. On n'oubliera pas non plus de mentionner la très brève apparition surprenante d'un son de guitare électrique dans la scènes d'Al Bathra au début du film lorsque les chars américaines avancent dans le désert. (ceci dit, Horner réutilisera de manière plus approfondie la guitare électrique dans 'The Perfect Storm') Hormis ces deux petits trucs assez spéciaux, le reste donne une forte sensation de déjà entendue, même si un morceau comme 'Al Bathra' sera surtout très utilisé par la suite, et notamment dans les parties d'action de 'Titanic' (où Horner reprend note pour note le sombre thème de cors). Passé le thème principal, 'Hymn' (entendu en réalité uniquement à la fin du film), thème de cordes très solennel évoquant la quête de la vérité et de la justice (mais en évitant tout côté pompeux - pas de cuivres militaires ici, juste l'aspect dramatique et émotionnel des cordes) et injustement sous-développé dans le film (pourquoi doit-on attendre 10 minutes avant la fin du film pour enfin entendre ce thème qui aurait du être développé durant le film et aurait tout à fait cerné le propos dramatique de l'histoire?), on arrive sur le Main Title du film, le superbe 'Al Bathra' généralement considéré comme LE morceau clé du score, un morceau qui fait un usage intéressant des deux effets sonores mentionnés précédemment. En installant une certaine gravité dans sa musique, Horner évoque de manière assez pesante le climat de la guerre notamment à travers un motif de cors tournant autour d'un enchaînements de deux accords qui deviendra dans 'Titanic' le motif lié à la catastrophe de l'iceberg (on pourra le réentendre aussi dans 'The Perfect Storm'). Les cordes sont ici très froides et les cors sonnent de manière plus funèbres soutenus par un ostinato rythmique discret de tambours (sur le fameux rythme tada-da-da-da, repris une fois encore dans 'Titanic' et déjà influencé de la rythmique de 'Sneakers'). Avec ces trois premières minutes plutôt sombres et mystérieuses, Horner donne le ton juste en évoquant un climat de tension et de danger. Avec quelques petites touches de synthé surtout dans la basse rythmique (un autre tic d'écriture d'Horner), la rythmique du score commence à s'emballer et faire penser à un mélange entre les parties d'action de 'Ransom' et 'Apollo13'. Horner développe alors un thème de cordes assez quelconque pour la scène de la bataille des chars, là où il nous fait entendre ces étranges sons de guitare électrique - et le morceau part alors dans de l'action 100% Horner avec les traits de cordes endiablés et l'utilisation accentués des percussions (caisse, timbales, sons d'enclume à la 'Aliens', etc...) sans oublier le synthé présent dans les moments plus sombres du morceau. Formidable morceau d'action réellement excitant, 'Al Bathra' est l'exemple même du compositeur qui maîtrise parfaitement sa masse sonore orchestrale en créant une dynamique très captivante dans cette scène d'ouverture (NDLR: point commun avec 'Glory', autre film d'Ed Zwick: 'Courage Under Fire' s'ouvre aussi sur une scène de bataille), sans oublier l'excellent
motif obsédant de cors qui revient fréquemment comme une sorte de leitmotiv envoûtant et qui finit par devenir vraiment inquiétant. (ce motif donne un ton vraiment très sombre voire intriguant à cette scène et reviendra durant le film pour rappeler les mauvais souvenirs d'Al Bathra qui traînent toujours dans la tête de Serling).

L'enquête commence alors et se fait entendre avec un motif de synthé (piano avec choeurs synthé) qui fait beaucoup penser à 'Class Action' mais qui est malheureusement absent de l'album (il s'agit en fait d'un morceau mystérieux évoquant les flashbacks liés à l'enquête de Serling). Avec 'The Elegy', Horner nous fait ressentir la mélancolie de l'histoire autour de la mort de cette héroïne de la guerre du Golfe, toujours avec des cordes dramatiques et solennelles à la fois dans l'esprit du thème de 'Hymn'. (le style de 'The Elegy' sera bien développé dans le très long final du score) Même esprit dans le touchant 'Courage Under Fire' qui reste une fois de plus typique du style solennel d'Horner (on pense beaucoup ici aux moments solennels de 'Apollo13'), Horner développant bien le thème solennel d'Elegy pour ce morceau qui rend lui aussi parfaitement hommage au courage de Karen Walden (notons la reprise du motif d'Al Bathra à la fin du morceau) avec un ton respectueusement solennel.

Avec 'Monfriez's Suicide', on retrouve le style action sombre de 'Al Bathra' pour la scène où Monfriez se suicide en fonçant en voiture contre un train. Démarrant sur le même principe de l'ostinato rythmique de tambours du début d'Al Bathra tout en refaisant entendre le motif des cors (après tout, le personnage fait lui même allusion à cet événement au moment où le motif apparaît), le morceau prend une tournure plus grave et pesante au moment où Horner installe un martèlement de coups d'enclumes qui donnent une certaine violence à ce morceau d'action tout en renforçant le côté de plus en plus intriguant de l'histoire, quelque chose que l'on ressent bien à l'écran dans cette séquence: qu'est ce qui peut bien pousser un homme à se suicider brutalement de cette manière? Qu'a t'il pu arriver de si terrible durant cette fameuse nuit à Medevac où les soldats de Walden ont évacués l'endroit où ils étaient bloqués par les Irakiens? La musique d'Horner ne fait pas simplement qu'illustrer la gravité de la scène mais sert aussi à renforcer le côté de plus en plus intriguant de cette sombre histoire. C'est en tout cas ce que l'on ressent parfaitement dans cette scène.

Les dramatiques 'Night Mutiny' et 'The Betrayal' décrivent quand à eux la vérité à propos de l'histoire de Walden à Medevac, surtout le dramatique 'The Betrayal' avec sa montée de cordes tragique typique du compositeur et qui illustre ici la révélation dramatique de l'histoire. Dans 'Playing Back The Tape', on retrouve une dernière fois le thème d'Al Bathra avec un léger ostinato de timbales où le compositeur refait une fois encore référence à son thème de cordes dramatique (voire résigné) durant la scène finale où le journaliste Tony Gartner (Scott Glenn) passe une bande issue d'un enregistrement des conversations entre les tanks durant la bataille d'Al Bathra, et ce afin de mettre au clair toute la vérité sur cette autre histoire tragique, et c'est finalement 'The Medal of Honor/A Final Restling Place' qui conclut le film sur un long final de plus de 14 minutes à la fois solennel et cérémonial. On retrouve les thèmes solennels de 'The Elegy' et 'Courage Under Fire' pour la scène de la remise de la médaille d'honneur afin d'honorer la mémoire de Karen Walden. On retrouve une fois encore ici le style solennel d'Apollo13 et cette ambiance de recueillement typique. Le thème de 'Hymn' fait finalement son apparition dans le film pour illuminer cette séquence finale assez émouvante même si l'on a déjà entendu un Horner autrefois plus inspiré (il y'a une certaine fadeur dans ces passages solennels ce qui est particulièrement dommage lorsque l'on sait de quoi Horner est capable dans ce style de film). Les derniers moments du film sont aussi pour Horner l'occasion de faire un petit récapitulatif de ces principaux thèmes, ceux de 'Hymn', 'The Elegy' et 'Courage Under Fire', le compositeur redéveloppant le thème de l'Hymne dans le générique de fin. 'Courage Under Fire' est donc la BO dramatique typique du compositeur avec ici une grosse dose de solennité et quelques passages d'action plus sombre. Rien de bien original d'autant que, comme je l'ai déjà signalé, les thèmes sont un peu fades et assez quelconques, sans oublier le fait qu'Horner sous-développe totalement le thème de 'Hymn' dans le film. Certains béophiles considèrent (à juste titre?) le score de 'Courage Under Fire' comme un 'test run' pour les futures BO d'Horner comme 'Titanic', 'Deep Impact' ou 'The Perfect Storm' et il est vrai qu'il y'a de cela, puisque en vérité, la BO de 'Courage Under Fire' servira de référence pour les futurs travaux du compositeur qui s'en inspirera assez souvent. Malgré tout, il y'a une fois encore une certaine émotion assez forte qui se dégage de cette musique à l'intérieur du film, preuve une fois encore que quelque soit le contexte dans lequel le compositeur crée sa musique (avec des citations et autres influences ou pas), l'émotion du mariage image/musique est toujours au rendez-vous chez Horner (sauf exceptions bien entendu). De ce côté là, 'Courage Under Fire' ne déçoit pas même si le score est loin de faire parti des chefs d'oeuvre du compositeur (en revanche, 'Al Bathra' est resté un 'hit' dans l'univers musical du compositeur). Une BO dramatique finalement assez moyenne mais qui réussi néanmoins à tirer son épingle du jeu.


---Quentin Billard