1-Escape From The Castle 2.29
2-Taran 4.00
3-The Witches 2.15
4-Gurgi 3.24
5-The Horned King 2.54
6-The Fair Folk 3.08
7-Hen Wen's Vision 3.43
8-Eilonwy 5.05
9-Finale 4.34

Musique  composée par:

Elmer Bernstein

Editeur:

Varèse Sarabande VCD47241

Produit pour Varèse
Sarabande par:
George Korngold
Producteurs exécutifs:
Tom Null, Chris Küchler

Artwork and pictures (c) 1985 Walt Disney Productions. All rights reserved.

Note: ****
THE BLACK CAULDRON
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elmer Bernstein
25ème dessin animé de chez Disney, 'The Black Cauldron' est un Disney bien différent de ce qui se fait à l'époque depuis les années 80. 'The Black Cauldron' ('Taran et le Chaudron Magique') est le premier film d'animation Disney à oser rompre avec les conventions du genre puisqu'il n'y a aucune chanson dans le film et que l'histoire est bien plus sombre que la plupart des standards habituels de chez Disney. C'est le premier dessin animé Disney a avoir reçu une classification 'PG' aux Etats-Unis à cause de quelques scènes plutôt effrayantes ---les critiques ont d'ailleurs sévèrement descendus ce film à sa sortie, jugeant exagérément son côté sombre et parfois un peu violent, ce qui explique sûrement l'échec commercial du film à sa sortie en salles en 1985. Inspiré de livres pour enfants, le film nous décrit l'aventure du jeune Taran dans le pays de Prydain. Taran est un jeune homme qui rêve de devenir un chevalier mais qui a comme simple mission de protéger Tirelire (Hen Wen), un petit cochon qui possède des pouvoirs magiques d'oracle et qui sait où se trouve l'emplacement du mystérieux Chaudron Magique qui, selon la légende, renfermerait l'esprit d'un ancien roi cruel mort et retenu prisonnier dans ce Chaudron maléfique. Le Seigneur des ténèbres (l'équivalent de 'Sauron' dans 'The Lord of The Rings' ou du satyre rouge de 'Legend' de Ridley Scott, réalisé curieusement la même année que 'The Black Cauldron') est en quête de ce Chaudron et découvre alors que le cochon de Taran lui permettra de trouver l'objet maléfique. Le cruel Seigneur des Ténèbres va tout faire pour capturer Taran et son cochon afin de retrouver le Chaudron pour faire ressusciter sa sinistre armée de morts vivants. Entre temps, Taran se fait aider par des amis et devient un véritable héros. En clair, 'The Black Cauldron' possède quelques éléments typiques des Disney, et pourtant, l'esprit traditionnel de ces films n'y est pas! Reste à savoir si cela joue ou non en faveur du film. A chacun d'en juger! Reste que l'animation et l'aspect technique du film sont superbes.

Pour ce film que le compositeur dit avoir lui même beaucoup apprécié, Elmer Bernstein a écrit une partition symphonique restituant tout le côté aventureux du film avec des moments très sombres et d'autres plus paisibles. La thématique du score se base autour du thème de Taran qui met un peu de temps à arriver dans le film, thème reconnaissable à sa ligne mélodique ascendante et que l'on retrouvera plus tard sous une autre variante et sous la forme d'un motif héroïque très cuivré, en particulier pour toutes les séquences à l'intérieur du château du Seigneur des ténèbres où Taran affronte avec son épée magique les sbires du maître des lieux. L'autre thème est lié aux personnages des elfes, un petit thème aux allures populaires, espiègle et enjoué, la parfaite évocation pour ces petits personnages amusants. Le personnage du Seigneur des Ténèbres n'a pas un thème à proprement parler mais plus une ambiance sonore plutôt sinistre pour l'évoquer, avec des cuivres menaçants bien mis en avant dès les premiers plans où l'on aperçoit l'extérieur de son sinistre château. L'ensemble de la partition du score repose sur des orchestrations très soignées qui mettent bien en valeur les différentes ambiances du film, que ce soit les moments d'aventure ou les moments plus sombres. Mais l'élément le plus intéressant du score reste son utilisation des Ondes Martenot, fameux instrument de musique électrique crée en France en 1928 (Edgar Varèse écrira quelques pièces pour cet instrument, Olivier Messiaen en utilisera dans sa fameuse 'Turangalîlâ-Symphonie', mais c'est surtout le compositeur français André Jolivet qui lui réserva ses plus belles pages et notamment avec son magnifique 'Concerto pour Ondes Martenot' réputé pour sa très grande virtuosité). Benstein avait déjà utilisé cet instrument auparavant, et notamment dans son score massif pour un autre film d'animation, 'Heavy Metal' (1981) et a même écrit une 'Fantaisie pour Ondes Martenot', un instrument pour lequel le compositeur semble s'être particulièrement entiché.

C'est sa complice Cynthia Millar qui interprète ici cet instrument rare dont peu de personnes peuvent se vanter d'en maîtrise le jeu (André Jolivet nous a montré toute l'étendue musicale de ce très intéressant instrument malheureusement tombé dans l'oubli depuis l'arrivée des premiers synthétiseurs dans les années 70/80). Les parties d'Ondes Martenot sont utilisées de manière très différente tout au long du score et crée une couleur sonore très spéciale au sein de la texture orchestrale du score. On peut dire que les Ondes Martenot du score de 'The Black Cauldron' sont la preuve même qu'un seul instrument peut servir à créer la 'couleur' parfaite pour la musique à l'intérieur d'un film. L'instrument sonne parfois magique avec une petite touche de poésie, parfois plus sombre et mystérieux voire clairement menaçant lorsqu'il accompagne les passages plus sombres du film. (les séquences de suspense dans le château, les scènes d'action et de combat entre Taran et les sbires du Seigneur des Ténèbres, la poursuite avec les Dragons, etc.) Il est donc très intéressant de voir ici comment le compositeur 'module' sans cesse la sonorité de son instrument pour l'utiliser dans des caractères très différents, l'instrument étant véritablement au centre de la partition. L'instrument sonne parfois comme une flûte dans les moments plus paisibles (à noter les ambiances pastorales au début du film, où Bernstein favorise des orchestrations plus légères et où l'Ondes Martenot se fait plus léger, plus 'cristallin', surtout lorsqu'il reprend le thème paisible de Taran) et parfois comme un instrument plus sombre notamment dans les passages plus menaçants ou les parties d'action du score. A propos du thème de Taran, il est très intéressant de voir sa progression tout au long du film, le compositeur expliquant lui même que cette progression nécessaire (d'un jeune homme inoffensif et rêveur, Taran devient un héros armé d'une épée magique et prêt à affronter tous les ennemis et les dangers qui se mettront sur son chemin) passe avant tout par un intéressant travail d'orchestrations (vents, cordes et Ondes Martenot léger au début, cuivres/cordes et percussions dans un style héroïque très entraînant - on pense un peu aux thèmes héroïques fait à l'ancienne façon Korngold -, notamment pour la séquence de la fuite hors du château du Seigneur des Ténèbres). Si il est vrai que l'on a beaucoup de passages sombres, surtout pour évoquer la menace du Seigneur des Ténèbres (et son ambiance de motif de méchant cuivres/cordes plutôt menaçant et un brin kitsch sur les bords), mais on trouve aussi des passages plus paisibles et plus légers, et notamment pour les séquences où Taran, Eilowyn et Ritournel (le ménestrel itinérant sauvé par Taran dans le château du Seigneur des Ténèbres) se retrouvent dans le repère des elfes conduits par le Roi Bedaine. C'est dans cette première séquence chez les elfes que l'on trouve leur thème aux accents populaires sur une mélodie simpliste et enjouée, Bernstein utilisant des orchestrations plus légères à base de bois et de cordes sautillantes, ces passages apportant une touche de légèreté dans un score finalement assez agité, avec les Ondes Martenot qui restent omniprésents tout au long de ce score, symbole de l'esprit fantaisiste du film et de la composition de Bernstein qui semble avoir été inspiré par le film. A noter enfin un excellent 'End Title' qui permet de reprendre les grands thèmes du score d'une manière plus épique, en particulier en ce qui concerne le thème principal, celui de Taran.

Au final, 'The Black Cauldron' est un score qui sonne parfois un peu lourd dans le film, en particulier à cause de son aspect très répétitif, mais qui reste une musique intéressante pour un compositeur qui a assez peu touché au domaine de la musique de dessin animé tout au long de sa carrière ('Heavy Metal' reste un classique des années 80 pour Elmer Bernstein) et qui s'en tire royalement sur 'The Black Cauldron'. Dommage que l'album de Varèse soit si rare aujourd'hui. Le score est aussi une des rares partitions des années 80 à utiliser les Ondes Martenot d'une manière aussi fantaisiste (parfois de manière mélodique, parfois de manière harmonique, parfois pour augmenter l'atmosphère d'un morceau, un instrument au son modulable à l'infini, à la fois léger, mystérieux et sombre en même temps et qui donne une couleur quasiment 'unique' à cette petite partition d'aventure). Conseillé donc!



---Quentin Billard