1-Medley:
Main Title/Prologue 5.19
2-Medley:
It Had To Be You/Shine 2.01
3-Knock On Wood 1.15
4-Rick and Renault*
(The Very Thought Of You) 1.09
5-Arrival Of Ilsa and
Victore At Rick's*
(Love For Sale) 1.14
6-Play It Sam, Play
"As Time Goes By"*
(Avalon/As Time Goes By) 4.57
7-Of All The Gin Joints
In All The Towns In
AllThe World* 1.55
8-Medley: Paris Montage 3.47
9-Medley: At La Belle Aurore 4.43
10-Ilsa Returns To Rick's* 3.11
11-Medley:
Die Watcht Am Rhein/
La Marseillaise 4.33
12-Ilsa Demands
The Letters* 3.37
13-Rick Confronts Ilsa
& Laszlo* 2.22
14-Aiport Finale/
Here's Looking At You, Kid* 6.37
15-Medley:
Shine/It Had To Be You/
Alternate Orchestral Version 2.19
16-Dat's What Noah Done
Outtake 1.19
17-Knock On Wood
Alternate Version 1.22
18-Medley:
Ilsa Returns/As Time Goes By 3.11
19-Medley:
Laszlo/As Time Goes By 6.17
20-As Time Goes By
Complete Vocal by:
Dooley Wilson 2.44

*Inclut dialogues originaux
extraits du film.

Musique  composée par:

Max Steiner

Editeur:

Rhino Records 72911

Produit par:
George Feltenstein
Bradley Flanagan

Superviseur du projet:
Julie D'Angelo
Assistance de production:
Vanessa Atkins, Jayne Blume,
Steven Chean, Julee Stover


"La Marseillaise"
Ecrit par:
Claude-Joseph Rouget de Lisle
Paroles de:
Claude-Joseph Rouget de Lisle
Arrangé par:
Max Steiner

"It Had To Be You"

Ecrit par:
Isham Jones
Paroles de:
Gus Kahn

"Shine"

Ecrit par:
Ford Dabney
Paroles de:
Lew Brown, Cecil Mack
Interprété par:
Dooley Wilson

"Knock On The Wood"

Ecrit par:
M.K. Jerome
Paroles de:
Jack Scholl
Interprété par:
Dooley Wilson & Company

"The Very Thought Of You"

Musique et paroles de:
Ray Noble

"Love For Sale"

Musique et paroles de:
Cole Porter

"Avalon"

Musique et paroles de:
Al Jolson, Vincent Rose,
et B.G. DeSylva


"As Times Goes By"

Musique et paroles de:
Herman Hupfeld
Interprété par:
Dooley Wilson

"Perfidia"

Musique de:
Alberto Dominguez

"Die Watcht Am Rhein"

Musique de:
Karl Wilhelm
Paroles de:
Max Schneckenburger
Arrangé par:
Max Steiner

"Deutschland über alles"

Musique de:
Joseph Haydn
Paroles de:
August Heinrich Hoffmann
Arrangé par:
Max Steiner

"Dat's What Noah Done
(Outtake)"

Musiques de:
M.K. Jerome
Paroles de:
Jack Scholl

Artwork and pictures (c) 1943/1997 Turner Entertainment Co., A Time Warner Company All rights reserved.

Note: ***1/2
CASABLANCA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Max Steiner
Grand classique du cinéma américain, Casblanca est un de ses chefs d'oeuvre indémodable du septième art. Adapté d'une pièce de théâtre peu connue à l'époque ('Everybody Goes To Rick's'), c'est le très dynamique réalisateur Michael Curtiz qui se chargea de réaliser cette grande fresque romantique sur fond de Nazisme et de résistance. Réalisé en pleine 2ème Guerre Mondiale (1943), le film n'est pas qu'un simple mélodrame mais parle aussi de ces personnes qui luttèrent contre l'oppression du régime Nazi en aidant les divers mouvements de Résistance, ce qui est quelque chose de très original pour un film de cette époque aux Etats-Unis puisque le public américain ne prêtait pas encore attention à tout ce qui se passait en Europe et n'avait nullement conscience que pendant qu'ils allaient se divertir au cinéma ou ailleurs, des gens se battaient et mourraient pour leur pays. 'Casablanca' permit aux scénaristes de ce film (les frères Epstein) de prendre position contre le Nazisme à l'aide de cette histoire qui mélange un peu les genres tout en s'axant autour d'un couple mythique devenu légendaire: Humphrey Bogart et la lumineuse Ingrid Bergman, les deux amants maudits. On retrouve évidemment la mise en scène rythmée et typique de Michael Curtiz ('Captain Blood', 'The Adventures of Robin Hood', 'The Sea Hawk', etc.) et des décors très réussis, (sans oublier certaines répliques du film qui sont devenues célèbres auprès des cinéphiles du monde entier) le tout étant illuminé par la grâce enchanteresse d'Ingrid Bergman, symbole séduisant de la beauté féminine à l'état pur (et très loin du style 'bimbo' de certaine stars féminines de l'époque). L'histoire se passe durant la seconde Guerre Mondiale dans la ville de Casablanca alors que la France est occupée par les Allemands. Là bas, des tas d'immigrants américains et Européens se retrouvent bloqués avec comme seule espoir de retour une lettre de transit que seul le capitaine du gouvernement local peut fournir. Mais les trafics et vols en tout genre vont bon train. Pendant ce temps, Rick Blaine (Bogart) dirige son night-club prestigieux en plein coeur de Casablanca. Rick est un type froid, cynique et détaché de tout ce qui se passe autour de lui, rendu amer après avoir aimé une femme du nom d'Ilsa Lund (Bergman) à Paris alors que cette dernière l'a brusquement quitté et disparue sans laisser de trace. Des années après cette séparation déchirante, Ilsa surgit à nouveau en compagnie de son mari Victor Laszlo, un héros de la Résistance qui est poursuivi par les Nazis. Rick se montre alors très froid et distancé par rapport à Ilsa qui apprends qu'il possède deux lettres de transit qu'il cache quelque part dans son nigth-club. Ilsa va tenter de le supplier de lui céder ces deux lettres de transit afin qu'elle puisse quitter le pays avec son mari. Mais Rick se montre dur et refusera jusqu'à ce qu'Ilsa lui perce sa 'carapace' et lui fasse prendre conscience de l'idéaliste qui sommeille en lui (à ce propos, on a noté quelques scènes très patriotiques dans ce film comme lorsque Laszlo demande aux musiciens de jouer la Marseillaise alors que des Nazis sont dans le night-club et commencent à chanter un air allemand). Convaincu, Rick acceptera de donner les lettres de transit à Ilsa et son mari et sacrifiera leur amour d'une époque révolue afin qu'elle et son mari puissent se consacrer à 'La Cause'. C'est dans l'ultime séparation finale que le film prend toute son ampleur dramatique et conclut une histoire d'amour finalement tragique et considérée aujourd'hui encore comme une des plus belles histoires d'amour du cinéma américain.

Si Erich Wolfgang Korngold fut le compositeur fétiche de Michael Curtiz, Max Steiner écrivit lui aussi quelques grandes partitions pour Curtiz, 'Casablanca' restant l'une de ses plus connues. Pour le film de Curtiz, le compositeur a écrit une partition romantique et dramatique qui repose sur une série d'adaptations intéressantes d'airs populaires. Le premier élément qui frappe dans le score de Casablanca, ce sont les orchestrations, complexes et très travaillées comme d'habitude, évoquant tour à tour cette histoire d'amour dramatique sur fond de seconde guerre mondiale. Le second élément majeur se trouve donc au niveau de la thématique entièrement constituée de thèmes populaires arrangés par Steiner lui même et adapté pour les besoins musicaux du film. L'excellente ouverture du film commence avec une sorte de fanfare héroïque composé par Steiner pour le western 'Gold Is Where You Find It' (1938) et qui devint la musique/signature pour tous les films produits par la Warner Bros. La suite se déroule sur une mélodie aux accents exotiques avec tambourin (on retrouve de temps en temps ces touches orientales tout au long du film pour évoquer les décors souvent folkloriques du film), le tout repris ici aussi d'une ancienne oeuvre de Steiner, 'The Lost Patrol' (1934). La partie exotique de 'The Last Patrol' évoque le côté exotique du film puisque l'histoire se passe dans la ville de Casablanca, au Maroc. La deuxième partie permet au compositeur d'utiliser un autre grand thème populaire, et cette fois pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de La Marseillaise, notre hymne national. La Marseillaise est utilisée pour illustrer de manière plus sombre ce contexte de la France occupée par les allemands, et même si l'hymne apparaît de temps en temps de manière bien patriotique (surtout dans la scène du night-club), le compositeur n'hésite pas à lui donner une touche plus sombre avec des harmonies quelques fois décalés avec le côté solennel et pompeux de notre hymne national. L'idée est astucieuse puisqu'il s'agit de montrer une France soumise au régime Nazie, une France en plein débâcle pris entre les collabos et les Résistants qui se battent pour libérer leur pays de la dictature allemande. Mais le thème majeur du score de Steiner et qui est en réalité le thème principal de la musique de 'Casablanca' est et reste la chanson 'As Time Goes By', une chanson écrite en 1931 par un certain Herman Hupfeld et chantée par Frances Williams pour une comédie musicale de Broadway intitulée 'Eveybody's Welcome' et que Sam, le pianiste noir du club et ami de Rick joue et chante sur son piano dans la fameuse séquence du flash-back et lorsque Sam retrouve Isla et qu'elle lui demande de rejouer cette chanson. Steiner propose donc un excellent arrangement orchestral de cette chanson tombée dans l'oubli pendant plusieurs années mais que le compositeur a sut grandement exploiter tout au long de sa partition orchestrale romantique à souhait. Le thème de 'As Time Goes By' apporte au film cette dimension romantique (parfois très sirupeuse malheureusement, surtout au niveau des cordes, comme la convention des musiques de film Hollywoodienne de l'époque l'exigeaient) et dramatique en même temps puisque la majorité des apparitions de ce thème dans le film se font de manière souvent sombre avec des cordes torturées.

'As Time Goes By' évoque donc avec une poignante touche de nostalgie très années 30/40 cette idée du temps qui passe, Steiner apportant en plus l'idée de ces deux amants maudits que le destin va séparer, le thème de cette chanson étant illustrée dans la musique de Steiner comme un véritable leitmotiv de leur amour tragique. Impossible d'entendre ce thème sur des cordes torturées à la Wagner ou à la Mahler sans avoir à l'esprit des images du couple Bergman/Bogart. L'un est devenu quasiment indissociable de l'autre. Mais le compositeur décida alors qu'il n'aimait pas l'idée de réutilise cette chanson pour le film et qu'il voulait alors composer un nouveau thème original pour le film. Mais la plupart des scènes incluant cette chanson venaient déjà d'être tournées et étant donné qu'Ingrid Bergman n'avait plus la même coupe de cheveux que dans le film, il était alors impossible de refaire ces séquences. Steiner dû donc utiliser cette chanson tout au long du film, ce qui n'est pas plus mal lorsque l'on connaît l'effet dramatique que donne cette musique à l'écran (le score trouve d'ailleurs une conclusion dramatique vraiment poignante pour la séquence des adieux dans l'aéroport). Les variations et divers développements de ce thème souvent exposé aux cordes sont tous très intéressants (et cela mériterait une étude analytique plus détaillée et plus complexe). Le compositeur a toujours été réputé pour ses adaptations d'airs populaires ou de morceaux repiqués de ses anciennes oeuvres, quelque chose que l'on retrouve bien dans 'Casablanca' (et que fera James Horner de nombreuses années plus tard...eh oui, d'autres le firent bien avant Horner!)

Le compositeur a aussi eu l'idée de faire allusion à l'hymne Allemand de l'époque, 'Deutschland, Deutschland über Alles' (repris en réalité de l'un des mouvements du Quatuor à cordes en Do Majeur de Joseph Haydn composé en 1797 et dont le chant devint populaire en Allemagne durant la Première Guerre Mondiale) qui évoque bien évidemment l'omniprésence des Nazis dans cette France encore occupée sous le régime de Vichy. Le compositeur n'hésitera d'ailleurs pas à illustrer quelques brèves confrontation entre les hymnes français et allemands ce qui, évidemment, est tout à fait symbolique par rapport au contexte historique dans lequel l'histoire se déroule. Les autres chansons inclues dans le film, 'It Had To Be You' et 'Knock On Wood' sont toutes interprété par le pianiste noir du film (Dooley Wilson), qui est aussi l'interprète dans le film de 'As Time Goes By'. La musique est par moment plus sombre, notamment lorsque Steiner assombrit le thème principal pour lui donner un côté plus dramatique, plus torturée, évoquant l'issue inévitable de cette très belle histoire d'amour tragique, plus quelques passages plus agités lorsque la situation devient plus grave. La majorité du score navigue ainsi entre ces citations d'airs populaires et de morceaux issus d'anciennes partitions du compositeur, le tout à l'intérieur d'un score qui est la représentation musicale parfaite de l'inoubliable film de Michael Curtiz.

Pour finir, on notera aussi la réutilisation d'un morceau issu d'une autre BO de Steiner, 'Now, Voyager' (un film d'Irving Rapper datant de 1942 avec Bette Davis et...coïncidence, deux acteurs qui jouent aussi dans 'Casablanca', Paul Henreid et Claude Rains) que Steiner réutilise pour la scène du flash-back Parisien, morceau sirupeux à souhait comme on peut très bien se l'imaginer à cette époque, mais aussi très nostalgique. On regrette juste cette tendance un peu trop systématique qu'a Steiner de réutilise des segments entiers de certaines de ses anciennes oeuvres, puisqu'au final, le score nous apparaît comme une succession de pièces non originales au sein d'une partition originale mais qui fait un peu office de fourre-tout. Mais ne boudons pas notre plaisir, nous avons réellement affaire ici à un grand classique de Max Steiner et un classique tout court de la musique de film du Golden Age Hollywoodien. Avec 'Gone With The Wind', 'Casablanca', qui est à mon avis largement en dessous du chef d'oeuvre de Steiner, représente l'idée même de la parfaite symbiose entre un film et sa musique, l'un indissociable de l'autre en ne faisant qu'un pour accoucher au final d'une oeuvre maîtrisée à défaut d'être entièrement originale. (et ce même si les repiquages d'anciens morceaux de Steiner sont tous justifiés dans le contexte du film!) Une BO de référence de l'âge d'or Hollywoodien!


---Quentin Billard