1-Jason Prelude 1.54
2-The Prophecy/The Battle 3.31
3-River Bank 1.42
4-The Feast 0.59
5-The Oak Grove/
The Ascension 1.50
6-Mount Olympus 0.30
7-The Olympic Games 1.14
8-Departure 2.11
9-Hera's Effigy 1.43
10-Argo 1.33
11-The Titans/The Chamber/
The Door 2.51
12-Talos/The Boat/The Wreck 4.30
13-Hera Speaks 0.57
14-The Attack/Talos Heel/
Talos Death 3.21
15-Sorrow/Hera's Warning 1.40
16-The Harpies 1.46
17-The Nets/The Rope/
The Cage 2.32
18-Medea's Ship 1.31
19-Triton 2.25
20-Medea 1.59
21-Acastus & Jason Fight 1.17
22-Temple Dance 2.24
23-The Glade/
The Golden Fleece 1.06
24-The Hydra/
The Hydra Fight 4.15
25-The Stolen Fleece/
The Teeth 2.18
26-The Path/The Cure 2.06
27-Hydra's Teeth/Skeletons/
Attack 2.04
28-Scherzo Macabre 3.32
29-Finale 1.27

Musique  composée par:

Bernard Herrmann

Editeur:

Intrada Records
7083D

Album produit par:
Douglass Fake
Producteurs associés:
Jeff Johnson, Roger Feigelson
Préparation de la musique:
Christopher Husted

Artwork and pictures (c) 1999 Intrada Records. All rights reserved.

Note: ***1/2
JASON AND THE ARGONAUTS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bernard Herrmann
Fameuse adaptation cinématographique de l'une des plus célèbres histoire de la mythologie grecque, le 'Jason and The Argonauts' de Don Chaffey nous narre l'histoire de Jason (Todd Armstrong) en quête de la fameuse toison d'or accompagné de ses camarades les argonautes (du nom de leur bateau: l'Argo). Jason doit trouver et ramener la toison d'or s'il veut devenir roi de Thessalie, mais les Dieux vont mettre toute une série d'obstacles sur son chemin, Jason ayant alors droit à un nombre limité d'aides de la part de la déesse Hera, femme de Zeus. 'Jason and The Argonauts' repose autour d'effets spéciaux impressionnants pour l'époque et assurés par le grand Ray Harryhausen, le maître des effets spéciaux de l'époque (on est en 1963) et qui avait déjà crée les effets spéciaux de deux autres grands films d'aventure des années 60, 'Mysterious Island' et 'The 7th Voyage of Sinbad'. Le film de Don Chaffey repose sur une mise en scène quelconque mais dont on appréciera la qualité des effets spéciaux (réalisés avec la méthode aujourd'hui complètement 'démodé' du procédé d'image par image - procédé qui donne cependant un côté magique aux personnages fantastiques de ce film -) et si les acteurs ne sont pas de véritables stars, ils n'en restent pas moins tout à fait convaincants. Le film est aussi connu pour sa célèbre séquence finale où Jason et ses camarades affrontent des squelettes/soldats avant de réussir à prendre la fuite avec la toison d'or. Reste que le film est un peu court et que l'on regrettera que l'histoire se termine aussi vite et de manière assez bâclé. Spectaculaire, 'Jason and The Argonauts' l'est assurément. Que ce soit l'attaque du titan de bronze Talos, l'attaque des Hydres à sept têtes, l'attaque des squelettes ou la scène avec Triton qui vient en aide à Jason et ses camarades, le film de Don Chaffey est une excellente production d'aventures mythologiques dont l'intérêt réside comme nous l'avons déjà signalé dans le travail colossal de Ray Harryhausen (qui est aussi le producteur associé sur le film avec Charles H.Schneer) qui donne un souffle visuel épique au film de Don Chaffey. Remarquable, même si l'ensemble est un petit peu court.

Bernard Herrmann a déjà composé quelques grandes partitions pour les productions d'aventure de Charles H.Schneer (et de Ray Harryhausen), et notamment pour 'The 7th Voyage of Sinbad' (1958), 'The 3 Worlds of Gulliver' (1960) et 'Mysterious Island' (1961). Pour 'Jason and The Argonauts', Herrmann a composé une excellente musique d'aventure et une partition à la fois sombre et très cuivrée. A l'aide d'un thème principal héroïque (et facilement mémorisable) qui évoque les exploits héroïques de Jason, Herrmann construit une partition à la fois sombre et agitée retranscrivant toute l'intensité des scènes d'affrontement contre les monstres et divers obstacles qui se dressent sur le chemin du héros en quête de la toison d'or. Ce qui frappe à la première écoute de cette BO, ce sont les orchestrations massives typiques du compositeur. Le premier élément à noter est l'absence totale des cordes, ce qui donne une couleur assez spéciale à la partition (dans 'Psycho', Herrmann n'utilisait que les cordes!). Le deuxième élément surprenant reste les orchestrations massives du pupitre des cuivres, vents et percussions: on trouve ainsi 4 flûtes/piccolos, 6 hautbois, 6 cors anglais, 6 clarinettes (avec clarinettes basses et contrebasses), 6 bassons avec contrebassons. Les cuivres sont eux aussi en proportions gigantesques puisque l'orchestre réunit 8 cors, 6 trompettes, 6 trombones et 4 tubas. Concernant les percussions, on trouvera deux groupes de 5 timbales chacun, un groupe colossal de cymbales, plusieurs caisses avec tambours, glokenspiel, vibraphones, xylophones, triangles et j'en passe. On finit finalement ce rapide petit tour d'horizon de l'orchestre en signalant la présence de 4 harpes qui viennent évoquer le côté fantastique et mythique du film.

Comme avez put le comprendre, le score de 'Jason and The Argonauts' fait dans le gigantisme orchestral dont l'absence totale de cordes donne à ce score puissant une couleur orchestrale spéciale, encore plus lourde et plus massive (mais tout de même très proche de ce que le compositeur a déjà crée auparavant pour ce genre de film, comme pour 'Sinbad' ou 'Mysterious Island' par exemple). Mais malgré ce très impressionnant effectif orchestral reposant sur les effets orchestraux massifs chers au compositeur (qui ne fait pas toujours dans la subtilité, surtout dans ce genre de grosse production d'aventure fantastique), le score de 'Jason and The Argonauts' n'est pas si lourd qu'il puisse y paraître. Bernard Herrmann manie cette écriture orchestrale et ses combinaisons instrumentales peu ordinaires avec une maestria déconcertante et se permet même de s'offrir quelques légères petites touches d'humour pour éviter de trop se prendre au sérieux. Le 'Jason Prelude' nous plonge d'entrée dans le côté aventure héroïque du film avec le thème principal, celui de Jason, thème facilement mémorisable qui créera le côté héroïque du personnage. Ce sont les cuivres imposants qu'Herrmann met particulièrement en avant dans son score et ce dès l'excellent 'Jason Prelude'. La première partie du score est encore plutôt calme, réservant un peu de place aux vents avec en particulier les clarinettes, basson et flûtes. Mais c'est l'intervention des harpes qui est remarquable dans cette première partie du score (et du film), les harpes évoquant la présence magique des Dieux Zeus et Hera (pour la scène du mont Olympe au début du film, Herrmann a écrit un thème plutôt magique pour les Dieux, combinant les harpes avec carillon, glokenspiel et triangles, le mélange donnant une sonorité cristalline parfaite pour cette séquence 'divine'). D'une manière générale, les harpes évoquent tout le côté divin et magique de cette histoire (on retrouve aussi ces instruments lorsque Jason découvre la toison d'or ou lorsque cette dernière guérit les blessures de Medée) Mais c'est lors du départ de l'équipage que la musique commence à prendre une allure plus de style aventure avec une excellente reprise du thème de Jason pour cette première scène de voyage en direction de Colchis, l'île mystérieuse et lointaine dans laquelle se trouve la toison d'or. Hercules et un de ses compagnons découvrent alors les statues des Titans sur l'île où ils débarquent pour venir y chercher des vivres et de l'eau. La découverte de ces terrifiantes statues se fait à l'aide de cuivres sombres et impressionnants, une couleur orchestrale particulière qui caractérise si bien le score de Bernard Herrmann. On notera aussi l'utilisation d'un bref petit motif de clarinettes pour les scènes où Jason s'adresse à la déesse Hera sur son bateau, un petit motif plutôt léger et paisible et que l'on entend souvent avant que les ennuis commencent pour les héros.

Mais la première grande musique d'action/aventure impressionnante intervient pour la séquence colossale de l'attaque de Talos. A l'aide d'un thème de cuivres très sombres et de divers ostinatos faisant intervenir de grands rythmes de percussions imposants, Herrmann crée une musique colossale et menaçante pour décrire l'attaque de ce terrifiant colosse de bronze. Le compositeur réussit à centrer toute la séquence autour d'un seul thème de cuivres sur des rythmes insistants créant une ambiance gigantesque de danger. L'attaques de harpies se fait à l'aide de traits de vents et de harpes plutôt acrobatiques avec un côté assez grotesque. Les traits rapides des harpes donnent un côté fantastiques à ces personnages tandis que les sonorités orchestrales sombres et agressives augmentent le côté grotesque de ces bestioles furieuses. Herrmann s'amuse à décrire ses créatures ailées comme de véritables petits monstres grotesques que le compositeur évite de rendre terrifiant en privilégiant une écriture plus 'sautillante' des vents tout en conservant le côté dangereux des personnages, ce qui est très bien réussi dans cette scène. On retrouve le même type d'ambiance de danger à l'aide de vents sombres et de cuivres graves et menaçants pour la scène des chutes de pierre où Triton vient en aide à Jason et ses compagnons. (sans oublier un passage orchestral plutôt sauvage et plein de percussions pour l'affrontement entre Acastus et Jason, timbales et cuivres agressifs mis en avant)

On trouvera quelques parties plus calmes et douces concernant la romance naissante entre Jason et Medée (romance totalement sous-développée dans le film au profit de l'action et des séquences d'aventure) et notamment à l'aide des vents et des harpes et ce à l'aide d'un petit thème plus doux faisant intervenir ici un solo de cor anglais entouré de clarinettes et de hautbois (moins usité dans les autres morceaux, comme les cors anglais). Il est dommage cependant qu'à l'instar du film, ces passages plus calmes aient tendance à être très brefs et trop courts, ce qui aurait permit d'apporter un peu de relief à un score finalement assez brutal. Jason arrive alors à Colchis pour la dernière partie du film (et du score), Herrmann décrivant la scène de danse à l'aide d'une pièce de dance aux accents orientaux, à l'instar de ce que fit Richard Strauss dans la célèbre 'Danse des 7 voiles' de l'Opéra Salomé (notons ici l'utilisation des vents avec le tambourin et les harpes). Après une autre grande séquence d'affrontement avec les Hydres où Herrmann utilise une fois de plus ses effets massifs de cuivres/vents avec des percussions sauvages (coup de cymbale brutal lorsque Jason tue les Hydres d'un coup d'épée dans le ventre), c'est la découverte de la toison d'or qui permet à Herrmann de réutiliser son matériel 'magique' du début du film à l'aide des harpes et de la combinaison des vibraphones et des vents qui donnent véritablement un côté magique à cet objet mythique (Herrmann est un chef lorsqu'il s'agit d'associer à l'écran des sonorités instrumentales avec l'idée d'un objet ou d'un personnage).

Finalement, la partition trouve un point culminant dans la célèbre scène de l'attaque des squelettes, et qui est probablement l'un des meilleurs morceaux de la partition (il faut tout de même signaler que le compositeur fait de nombreuses références à ses anciennes partitions tout au long du score. Ainsi, le célèbre 'Scherzo Macabre' est repris d'une de ses pièces symphoniques datant de 1936, 'Nocturne et Scherzo', que le compositeur a réarrangé, recomposé et réorchestré pour les besoins du film). Le fameux 'Scherzo Macabre' apporte une touche un peu plus humoristique à la musique en décrivant cette attaque des squelettes de manière grotesque voire même ironique. Le premier élément à noter est l'utilisation du célèbre thème du 'Dies Irae' (déjà utilisé par Hector Berlioz dans sa 'Symphonie Fantastique', utilisé par Wendy Carlos dans le Main Title de 'The Shining' et aussi utilisé brièvement par Jerry Goldsmith dans 'Poltergeist' et Elliot Goldenthal dans 'Demolition Man') qu'Herrmann confie ici sur un rythme lent et menaçant à l'aide de cuivres lourds et imposants entrecoupés d'un petit motif rythmique de clarinettes qui contrastent totalement avec le côté plus lourd et menaçants des cuivres, ce qui semble déjà en dire long pour la suite de la séquence qu'Herrmann va traiter avec ce même genre de contraste mais de manière moins subtile (en gros, l'idée du compositeur est ici d'évoquer en premier point le côté sérieusement menaçant et dangereux de ces créatures-Dies Irae avec cuivres graves et lourds- avant de nous faire comprendre que ce ne sont que des êtres grotesques et un peu abrutis sur les bords -motif rythmique de clarinette plutôt ironique et décalé). Arrive alors le 'Scherzo Macabre' pour l'affrontement final avec ces squelettes agressifs, un morceau qui reste l'exemple même de la parfaite symbiose entre musique et film, la combinaison des différents mouvements rythmiques virtuoses du scherzo étant en osmose parfaite avec les mouvements des personnages de cette célèbre séquence. Mais le 'Scherzo' est par définition un morceau à caractère souvent léger ou joyeux, et la définition exacte du mouvement 'Scherzo' (qui vient de l'italien) veut dire 'en badinant'. Il y'a donc ici l'idée de ne pas du tout se prendre au sérieux. C'est ce que l'on ressent très clairement dans cette scène de bataille irréelle. L'écriture des cuivres est complexe et assez virtuose avec un style enjoué qui peut paraître décalé avec la scène mais qui finalement apporte une touche d'humour qui ne peut être que la bienvenue au sein d'un score massif finalement assez sombre et agité. La conclusion de l'histoire se fait de manière plus paisible avec une ultime reprise du thème principal, celui de Jason et qui clôt le film de manière héroïque.

Que dire de plus face à un score monumental tel que 'Jason and The Argonauts'? On aurait peut être aimé avoir un peu plus de relief dans ce score assez lourd et qui reste assez souvent répétitif et ce même si le compositeur arrive à varier les différentes séquences qu'il met en musique. La thématique est intéressante sans être le véritable point fort du score, et c'est le travail autour des orchestrations très spéciales qui rend l'ensemble assez intéressant et qui pourrait constituer à lui tout seul un véritable travail d'étude et d'analyse musicale rigoureuse. A l'instar de 'The 7th Voyage of Sinbad' et 'Mysterious Island', 'Jason and The Argonauts' est un autre grand classique d'aventure de Bernard Herrmann à découvrir pour ceux ou celles qui ne connaîtraient que les oeuvres thriller/suspense d'Herrmann, souvent écrites pour les films d'Hitchcock. Un classique!


---Quentin Billard