1-Prologue 3.22
2-Enter The Dragon 3.18
3-An Early Harvest 2.42
4-Field Attack 4.12
5-Marauders 2.48
6-Meet Van Zan 3.50
7-Archangels 3.58
8-Dawn Burial 3.03
9-A Battle of Wills 5.31
10-The Ruins at Pembury 2.11
11-Inferno 3.24
12-Return To London 4.12
13-Magic Hour 5.24
14-Rebirth 2.40

Musique  composée par:

Edward Shearmur

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-302-066-374-2

Producteur exécutif:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 2002 Touchstone Pictures, Barber/Birnbaum & Spyglass Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
REIGN OF FIRE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Edward Shearmur
Troisième film du réalisateur Rob Bowman après 'Airborne' (1993) et surtout 'X-Files: Figh The Future' (1998) adapté de la célèbre série TV de Chris Carter, (Bowman a lui même réalisé plusieurs épisodes de la série) 'Reign of Fire' (Le Règne du Feu) nous plonge dans un futur post-apocalyptique où une race terrifiante de dragons fait régner la terreur dans un Londres ravagé par les flammes infernales des dragons. Face à ces monstrueuses créatures qui se sont très rapidement reproduites à la fin du 20ème siècle et qui ont quasiment anéantis toute race de vie sur terre (amplifié par l'utilisation catastrophique des bombes atomiques), quelques humains survivants se sont regroupés dans une forteresse en Angleterre à fin de continuer à survivre tout en luttant désespérément contre les dragons. Les survivants sont dirigés par un certain Quinn (Christian Bale) qui est un des premiers à avoir vu un dragon après que ce dernier ait tué sa mère. Les choses changent alors que l'américain Van Zan (Matthew McConaughey) et sa bande de militaires armés jusqu'aux dents débarquent dans la forteresse de Quinn pour venir les aider à lutter contre les dragons. Van Zan explique alors à Quinn et ses hommes que le seul moyen de vaincre les dragons c'est de tuer le mâle qui protège les oeufs des femelles (un seul mâle pour plus d'une centaine de femelles...est-ce vraiment bien crédible? Et le coup de dire que les dragons crachent une substance chimique explosive qui est l'équivalent du napalm...est-ce crédible aussi?). Pour se faire, Quinn, Van Zan et son amie Alex Jensen (la ravissante Izabelle Scorupco) doivent partir tous les trois à Londres afin de débusquer et de tuer le mâle. L'ultime affrontement se finira dans une fournaise infernale et chaotique.

'Reign of Fire' est donc une nouvelle grosse production américaine typique, avec des héros bien stéréotypés (mention spéciale à Matthew McConaughey qui se la joue total pendant tout le film, style gros bourrin baraqué et vétéran de la guerre avec le cigare dans la bouche et l'oeil mauvais, sortant des répliques toujours bien cinglantes) et des séquences d'action spectaculaires, sans oublier les effets spéciaux impressionnants (les dragons sont animés en images de synthèse et sont parfaitement crédibles, pour une fois!) et les décors gigantesques (scène finale dans le Londres dévasté). Bref, Rob Bowman et sa bande y ont mis le paquet et ça cartonne pendant 1 heure 40! Reste que l'on regrettera le fait que le film manque un peu de consistance: il ne se passe pas grand chose dans le film, on nous montre plusieurs scènes d'affrontement spectaculaire contre les dragons et dans cette quête pour la survie humaine, mais on aurait aimé que le réalisateur développe un peu plus les secrets entourant le retour de ces animaux sur terre ou les différents enjeux de la survie des protagonistes dans l'ensemble de la planète - tout se passe du côté de Londres dans le film - et les autres pays? - on en reste finalement un peu sur notre faim. Rob Bowman joue évidemment à fond la carte du spectaculaire dans des scènes visuellement très impressionnantes (séquence de la chute libre pour capturer le dragon, séquence dans Londres à la fin du film, etc.). 'Reign of Fire' est donc le nouveau blockbuster hollywoodien de la rentrée, que l'on appréciera ou que l'on détestera suivant les goûts.

Orchestrateur et protégé de Michael Kamen, le jeune compositeur Edward Shearmur n'a débuté dans le métier de compositeur de musique de film que depuis le début des années 90 avec 'Let Him Have It' (1991) pour lequel il a écrit la musique additionnelle. Suivront ensuite 'The Cement Garden' (1993), 'Demon Knight' (1995 -un autre film d'après 'Tales from The Crypt-), 'The Leading Man' (1996) plus quelques autres films sans prétention mais c'est surtout à partir du score mélancolique et lyrique pour 'The Wings of The Dove' (1997) et la partition thriller/horreur pour 'Species II' (1998) que le compositeur s'est réellement révélé comme étant une valeur sûre du métier. Après quelques scores intéressants tels que le symphonique 'The Count of Monte Cristo' (2002) ou l'envoûtant score pour 'K-PAX' (2001), Edward Shearmur frappe fort là où on ne l'attend pas sur 'Reign of Fire' et signe une partition symphonique extrêmement chaotique et brutale. La musique de 'Reign of Fire' utilise un orchestre massif, des éléments de synthé percutants et des percussions sauvages (surtout des percussions métalliques, caisse style militaire, timbales ou sons d'enclumes à la Horner) pour une partition qui distille une superbe ambiance de terreur puissante et de chaos, un peu comme dans 'Species II' mais en nettement plus efficace. Fan des partitions avec grand thème mémorable, passez votre chemin. Shearmur n'a pas vraiment écrit de thème principal sur le score de 'Reign of Fire' et a opté à fond pour une musique d'atmosphère jouant sur la puissance de la masse orchestrale colossale et les différents effets instrumentaux qui ponctuent une partition très prenante.

Après une introduction sombre, mystérieuse et déjà très agitée (scène d'ouverture où le dragon tue la mère du jeune Quinn dans la caverne) où Shearmaur utilise les sonorités sombre de l'orchestre mélangé à des sons de synthé plus atmosphériques (comme au niveau des rythmiques du synthé), le compositeur évoque la menace de ces monstres qui font régner la terreur sur cette terre dévastée où ne restent que quelques survivants en nombre inférieur. Avec un ton de danger et de terreur sous-jacente, la musique de Shearmur évolue autour d'ambiances fortes et souvent très sombres où le compositeur évite le piège trop fréquent d'utiliser un thème principal bien mis en avant pour se concentrer autour d'une atmosphère de chaos intense et puissante jusqu'à la fin du film. C'est dans la musique pour l'attaque dans le champ de tomates où Shearmur lâche véritablement son écriture orchestrale déchaînée à l'aide de diverses percussions -en particulier des sons martelés sur des enclumes (comme dans 'Aliens' de James Horner)- essentiellement constitués de sons métalliques avec cymbales et timbales et une utilisation intéressante de diverses rythmiques du synthé qui vient généralement apporter une touche atmosphérique importante dans la musique. 'Field Attack' est de loin le premier grand morceau d'action prenant du score et probablement l'un des plus excitants avec 'Inferno', 'A Battle of Wills' ou 'Magic Hour'. Après avoir ménagé le suspense avant l'arrivée du dragon signalé par l'oiseau d'un des gardiens de la forteresse, Shearmur maintenant le suspense à l'aide de sonorités sombres (alliage toujours intéressants entre sons de synthé glauques et orchestrations très sombres) et notamment en utilisant des effets intéressants de col legno sur les cordes, Shearmur fait littéralement 'exploser' son orchestre dans le surpuissant et atonal 'Field Attack' dont le style nous rappelle beaucoup ce qu'a fait Elliot Goldenthal dans les passages les plus chaotiques de 'Final Fantasy: The Spirits Within', un peu du style de Danny Elfman pour le très mouvementé 'Planet of The Apes' ou même un peu de Don Davis dans 'Jurassic Park III' ou le superbe et sombre 'The Matrix' (pour le côté atonal et dissonant -surtout au niveau des cuivres-), le compositeur montrant ici toutes ses influences tout en arrivant à les canaliser avec brio (le style de 'Reign of Fire' fait bien penser au style orchestre/synthé du compositeur, surtout pour le style de 'Species II' de Shearmur). A partir de 'Field Attack' qui souligne la première grande attaque d'un dragon dans le film -musique littéralement impressionnante dans cette scène et bien mixé par rapport aux autres sons, comme toute la totalité de la musique d'ailleurs-, le compositeur conservera ce ton étouffant et ce climat de terreur absolue jusqu'à la fin du film.

Mais c'est au moment où les troupes de Van Zan arrivent dans la forteresse de Quinn que la musique commence à prendre une tournure, et notamment avec l'utilisation de la caisse militaire qui vient donner un style plus martial aux parties d'action et évoquant la lutte armée contre les dragons. Après un sombre et intriguant passage pour 'Marauders' (Quinn et ses hommes voient arriver au loin les tanks des soldats de Van Zan et se demandent bien d'où ils sortent), c'est l'excellent 'Meet Van Zan' qui apporte une certaine touche d'espoir avec une rythmique martiale à la caisse (plus ces éléments de percussions métalliques martelés) avec un thème cuivré possédant un caractère déterminé et qui évoque l'espoir qu'apporte Van Zan aux survivants, Shearmur évitant ici aussi le piège d'utiliser un thème héroïque pour le personnage de Matthew McConaughey, le compositeur évitant ainsi toute forme d'héroïsme inutile dans cette musique agitée et chaotique. C'est donc l'apport imposant de la caisse qui donne un côté plus martial à la musique et évoque l'idée d'une bataille sauvage contre les dragons. (cette utilisation de la percussion militaire rappelle beaucoup le style d'Aliens d'Horner) La bataille commence à s'intensifier dans 'Archangels' (scène des 'archanges', ces types qui se jettent dans le vide en faisant de la chute libre afin de capturer le dragon avec des filets) où Shearmur amplifie son travail autour des sonorités électroniques, tandis que le sombre 'Dawn Burial' apporte une touche plus dramatique au score au moment où Van Zan va enterrer ses morts. Les apparitions du dragon dans la scène de 'Archangels' se font toujours dans un style extrêmement chaotique et percutant et notamment à l'aide de nombreuses percussions et de diverses sonorités sombres (les orchestrations sont remarquables, que ce soit les traits furieux des cordes ou les cuivres dissonants et agressifs à la Don Davis ou à la Goldenthal, sans oublier les vents souvent eux aussi assez violents comme par exemple l'utilisation fréquente des piccolos stridents, le tout entouré d'un groupe de percussions impressionnant avec les sons d'enclumes mis en avant).

Shearmur prolonge cette atmosphère de bataille acharné dans les terrifiants 'A Battle of Wills', 'The Ruins at Pembury', 'Inferno', 'Return To London' et 'Magic Hour'. Maître de ses parties d'action tonitruantes, Shearmur ménage toujours le côté sombre, extrêmement tendu et menaçant de sa musique en privilégiant une écriture orchestrale atonale ou les rares moments calmes apporte une touche dramatique mystérieuse au score (comme dans 'Dawn Burial'). Le superbe 'Inferno' décrit l'attaque du dragon contre la forteresse avec un côté une fois de plus extrêmement chaotique et surpuissant, comme si le compositeur voulait évoquer le règne des enfers sur terre. 'Return To London' et 'Magic Hour' permettent au score d'atteindre un certain climax dans l'action avec les percussions martiales sauvages et le style atonal quasi anarchique du score (le compositeur veut véritablement décrire une ambiance de chaos infernal, et le moindre qu'on puisse dire, c'est que c'est très réussi!), le tout entouré des effets orchestraux brutaux (surtout au niveau des cuivres et des vents) et de style rentre-dedans. 'Magic Hour' décrit l'ultime affrontement à Londres entre les trois héros (Van Zant, Alex et Quinn) contre le dragon mâle dans une apogée de la terreur et de l'action d'une rare intensité. Finalement, le score trouve une conclusion 'libératrice' sur le triomphant 'Rebirth' qui évite aussi tout côté héroïque pour évoquer plutôt une idée d'espoir pour les survivants qui ont marqués un point contre les dragons et qui espèrent maintenant ne plus être sans cesse harcelés par ces monstres. 'Rebirth' conclut le film (et le score) de manière puissante et magistrale, le genre de final grandiose typique de ce style de film.

Vous l'aurez donc compris, le très puissant score de 'Reign of Fire' est un gros score d'action/thriller massif de la part d'un jeune compositeur de plus en plus inspiré et qui, s'il ne fait pas complètement abstraction des ses nombreuses influences (Goldenthal, Horner, Davis, Elfman, etc.) arrive à construire une partition bien écrite dans son style et qui se révèle être un atout majeur du film, la musique s'avérant être plus ou moins très prenante tout au long du film. Fan de 'Final Fantasy' ou 'The Matrix', vous ne pourrez qu'aimer 'Reign of Fire'. En tout cas, ce score vient une fois de plus nous rappeler qu'Edward Shearmur à réellement un grand avenir devant lui. Une puissante BO de terreur chaotique et apocalyptique, à découvrir!


---Quentin Billard