1-Main Link 1.34
2-Welcome Link 3.03
3-Helpful Link 4.55
4-Bravo Link 4.37
5-Swinging Link 6.19
6-Missing Link 4.43
7-Peeping Link 3.01
8-Mighty Link 2.39
9-Angry Link 2.05
10-Flaming Link 3.19
11-End Link 3.00

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VCD47276

Produit par:
Jerry Goldsmith
Producteurs exécutifs:
Tom Null, Richard Kraft

Artwork and pictures (c) 1986 Cannon Films, Inc. and Cannon International B.V. All rights reserved.

Note: ***
LINK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Il est de ce genre de film où l'on espère que le début de l'histoire sera aussi intéressant que ce qui suivra par la suite. Dans le cas du film 'Link' de Richard Franklin, c'est complètement raté! L'idée paraissait pourtant intéressante au départ mais le tout part complètement en live à partir de la moitié du film et continue de manière totalement ridicule jusqu'à la fin. Elisabeth Shue (jeunette à cette époque - 1986) interprète Jane Chase, une jeune étudiante qui se trouve un petit job d'assistante auprès du célèbre anthropologue spécialiste en zoologie, le Dr.Steven Phillip (Terence Stamp) dans une grande maison isolée. Le Dr.Phillip s'est spécialisé dans l'étude des chimpanzés et étudie ses 3 animaux dans son laboratoire, Link, le jeune Imp et la femelle Voodoo. Tout va pour le mieux jusqu'à ce que le professeur décide un jour de vendre deux de ces chimpanzés, Voodoo et Link (qui sert de domestique au professeur). Les choses commencent à mal tourner alors que les chimpanzés se révoltent et que Link commence à se montrer brutal, le professeur ayant décidé que l'animal devrait être abattu. Le Dr.Phillip disparaît alors mystérieusement. En cherchant le professeur, Jane découvre le cadavre de Voodoo, comprenant alors que Link est responsable de cela et qu'il devient de plus en plus dangereux. L'animal devient fou et se met à tuer tout ceux qui croisent son chemin. Jane va devoir tout faire pour s'échapper de cette maison en évitant de se faire attaquer par le chien féroce qui se trouve quelques mètres plus loin à l'extérieur de la propriété du professeur.

Evidemment, l'intérêt principal de 'Link' réside dans les petits numéros d'acteur des trois chimpanzés du film, Franklin et sa bande de dresseurs ayant réussi l'exploit de pouvoir faire tout ce qu'ils veulent à ces trois animaux très agiles et qui jouent presque comme de vrais acteurs. Le film commence de manière assez amusante, décrivant les chimpanzés comme des petites bêtes malicieuses et espiègles, (on a aussi droit à quelques petites 'leçons' sur la différence entre les animaux et les singes) le tout avec un certain humour. Mais le film change véritablement de registre au moment où Link se montre brutal et plonge dans une atmosphère suspense de série-B d'horreur. Pourtant, difficile de considérer le film de Richard Franklin comme un véritable film thriller d'horreur. Effectivement, il n'y a quasiment aucune goûte de sang et le film ne fait même pas peur. On ne sait pas vraiment dans quel registre classer ce film bizarre (pourtant prix spécial du Jury Avoriaz en 1986, comme quoi, cette année là, ils ne savaient sûrement pas à qui donner le prix!). A la fois comédie, thriller et film d'horreur (pour le singe qui pastiche un monstre typique des films d'horreur), 'Link' est le genre d'obscur petit navet qui vous fera bien sourire mais qui reste malgré tout assez agréable à regarder, même si l'ensemble est très fortement inégal. Une chose est sûre: Franklin n'a pas voulu se prendre au sérieux sur ce film et cela se voit parfaitement. Reste que son film fait partie de ces obscurs navets des années 80 complètement tombés dans l'oubli.

Après son score moyen sur 'Psycho II' (1983), Jerry Goldsmith revient sur 'Link' pour une deuxième collaboration avec Richard Franklin. Le maestro a écrit un petit score reposant essentiellement sur un très intéressant travail d'éléments de synthétiseur (encore à l'époque des bons vieux Yamaha traditionnels) allié à son habituelle partie orchestrale (toujours interprété par le National Philharmonic Orchestra). Le mélange orchestre/synthé penche plutôt ici en faveur du synthé que Goldsmith a largement mis en avant et ce dès le 'Main Title' du film qui nous permet d'entendre le thème principal, celui de Link. S'ouvrant sur divers sons de synthé tous plus bizarres les uns que les autres, c'est l'utilisation de la batterie du synthé qui va donner toute la force à cette musique à la fois fantaisiste et sombre. Le thème de Link est assez facilement mémorisable aux premières écoutes et évoque le côté espiègle et dangereusement malicieux du chimpanzé qui va devenir fou plus tard dans le film. Le thème sera très présent et particulièrement bien développé tout au long du score. Ce thème est assez bizarre sur ses sons étranges du synthé et cette batterie qui devient assez vite pesante dans l'atmosphère musicale du film (qui elle aussi va progressivement devenir plus pesante, ou plutôt plus sombre) et possède un côté humoristique qui fait un peu penser à une petite musique pour un numéro de cirque (pour le côté fantaisiste du thème). Si le thème apparaît plutôt amusant (voir un peu 'nunuche' sur les bords), il deviendra très vite de plus en plus inquiétant au fur et à mesure que l'on assistera à l'évolution brutale de Link. Le thème est en fait constitué de deux éléments, la partie mélodique et enjouée du début et un motif rythmique en syncopes et qui inspirera très clairement Goldsmith dans son futur score pour 'Gremlins 2' (1990). A ce sujet, on voit très clairement dans 'Link' le style fantaisiste/humoristique que le compositeur adoptera pour la plupart des films de Joe Dante (surtout à partir de son score totalement délirant pour 'Gremlins' - 1984), 'Link' étant la preuve que le compositeur sait aussi s'amuser quand il s'en donne l'occasion, même si le score de 'Link' est très nettement moins délirant que celui de 'Gremlins' (le sujet est aussi un peu plus sombre que dans le film de Joe Dante). Ce motif rythmique issu du thème principal apparaîtra tout au long du film pour souligner lui aussi le côté à la fois espiègle et dangereux de ce chimpanzé vif, imprévisible et brutal, Goldsmith semblant bien ne pas du tout s'être pris au sérieux dans cette première partie du film. En tout cas, Goldsmith semble s'être bien amusé à composer ce thème principal amusant (avec un côté un peu enfantin) qui évoque à merveille le chimpanzé espiègle du film et ses deux autres compères.

La première partie du film permet donc à Goldsmith de prolonger ce matériel humoristique à l'aide de ces samplers de synthé et de cette batterie elle aussi samplée avec l'orchestre (cordes et vents souvent bien mis en avant dans les moments calmes). Le deuxième thème apparaît alors que Jane arrive en taxi à la maison du professeur. Facilement reconnaissable avec son motif de 4 notes aux cordes, le thème de Jane donne un côté plus doux voire un peu 'pastoral' à cette scène de début où les problèmes n'ont pas encore commencés. On retrouvera d'ailleurs ce thème un peu plus tard, développé à l'orchestre dans la scène où Jane descend au village tout en étant suivie par Link (le compositeur s'amusant à faire une intéressante mise en parallèle des deux thèmes pour cette séquence). Ce côté à la fois enjoué et fantaisiste de cette première partie laisse très vite la place à des moments plus sombres, et notamment pour la séquence où Jane se réveille et trouve la porte ouverte alors qu'elle l'avait fermée avant d'aller dormir. (la batterie donne toujours un côté inquiétant avec le reste des sons électroniques une fois de plus très travaillés pour les besoins musicaux du film - on ressent d'ailleurs ici l'influence du style électronique de 'Legend', composé un an avant 'Link')

Mais la première pièce d'action/terreur intervient vraiment alors que Jane se fait poursuivre par le chien. Plus orchestrale, le morceau nous rappelle une fois de plus à quel point le compositeur sait manier son écriture orchestrale dans son sempiternel style action reconnaissable parmi tant d'autres. A partir de ce moment là, Link se montre vraiment brutal (scène où il tue le chien, scène où il bouscule la camionnette de Bailey, etc.) et la musique devient nettement plus sombre en délaissant le côté fantaisiste de la première partie du score, tout en conservant l'unité grâce aux mélanges synthé/orchestre avec les samplers de batterie omniprésente tout au long du score et qui donne vraiment un ton spécial à ce score. A partir des premiers méfaits de Link, Goldsmith favorise les atmosphères de suspense/action tout en évoquant des moments de terreur, alors qu'à l'image cette terreur semble totalement absente du film, comme quoi la musique est bien là pour remonter un peu le niveau et le manque de sérieux d'un film qui voudrait essayer de l'être sans jamais y arriver (à ce sujet, les scènes d'attaque du singe sont absolument ridicules!). On retrouve des parties plus orchestrales et action pour les moments de terreur où Link poursuit Jane et David par exemple, la batterie devenant de plus en plus sèche et brutale dans ces passages là. Les sons de synthé deviennent eux aussi beaucoup plus sombres, Goldsmith favorisant alors une atmosphère électronique plus menaçante et vraiment très réussie d'un point de vue technique (faut-il rappeler une fois de plus que le compositeur est passé maître dans l'art de choisir et de structurer ses différents samplers de synthé pour chaque film qu'il met en musique?), dans la lignée de ce que le compositeur a fait sur 'Gremlins' ou 'Legend' (avec les bons vieux sons de synthés années 80, même si cela passe plutôt bien sur 'Link'). La terreur ne cesse d'augmenter jusqu'à la fin du film au sein de parties d'action toujours très excitantes dans lequel le thème de Link réapparaît de manière plus inquiétante et plus sombre (surtout avec le motif rythmique que Goldsmith reprendra quasi texto dans 'Gremlins 2'). Finalement, le score trouve sa conclusion sur le générique de fin du film où il propose une reprise intéressante du thème de Link.

Au final, 'Link' est le style de score méconnu de Goldsmith et qui risque d'en rebuter plus d'un de par son côté un peu répétitif et surtout un peu 'con con' à cause du thème amusant mais bizarre que le compositeur a écrit pour ce score. La partie synthé est très imposante dans la musique est les sons choisis par Goldsmith sont eux aussi assez bizarre et demande à être réceptifs aux travaux 'électroniques' du compositeur. 'Link' est l'illustration musicale parfaite de cette histoire de singe qui devient fou et meurtrier, alternant humour avec terreur comme seul Goldsmith sait si bien le faire (après tout, on retrouvait déjà un peu ce genre là dans 'Gremlins'), le tout avec un côté fantaisiste très proche (trop?) de ce que fait Goldsmith sur les films de Joe Dante. BO méconnue du compositeur et aussi très recherché en CD (à ce propos, notons le petit délire du compositeur sur le titre de ses plages qui finissent toutes par le mot 'Link'), 'Link' fait partie de ces petits scores moyens et anecdotiques qui méritent néanmoins d'être découverts. Un score totalement mineur mais néanmoins très sympathique!



---Quentin Billard