1-Angie's Theme 3.32
2-Shopping 1.21
3-Family Life 1.20
4-The Museum 2.32
5-Two Bells 2.34
6-Thais (Massenet) 4.21
7-We're Having
A Baby 1.07
8-The Prognosis 3.28
9-The Journey Begins 2.27
10-Something Better 3.52
11-It Ain't Easy 3.02
12-He's Alive 3.07
13-Angie's Theme (Reprise) 1.22

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5469

Produit par:
Jerry Goldsmith
Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Ken Hall
Assistant de Mr.Goldsmith:
Lois Carruth

Artwork and pictures (c) 1994 Hollywood Pictures Company. All rights reserved.

Note: ***1/2
ANGIE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Réalisatrice spécialisée dans les comédies, Martha Coolidge nous raconte dans 'Angie' l'histoire touchante de cette femme qui cherche à donner un sens à sa vie. Geena Davis interprète avec justesse cette femme sensible dont son père s'est séparé de sa mère qu'elle n'a plus jamais revu depuis. Elle n'avait que 3 ans lorsque sa mère la quitta pour vivre sa vie au Texas. Elevée dans la communauté italo-américaine de Brooklyn, Angie passe la majeure partie de son temps avec Tina, sa meilleure amie sur qui elle sait qu'elle pourra toujours grandir. Le temps passe et les jeunes fillettes sont devenues des femmes. Tina a épousé un rustre du nom de Jerry tandis qu'Angie traîne avec Vinnie (James Gandolfini, qui pour une fois ne fait pas un rôle de gros connard habituel) et mène une relation assez distante avec lui. Mais les complications commencent alors qu'elle tombe enceinte de lui et qu'elle rencontre Noel (Stephen Rea) dans un musée pour qui elle va tomber amoureuse un peu plus tard. Délaissant le père de son enfant, Angie va commencer à vivre une nouvelle relation avec Noel jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive quelques jours après la naissance de son bébé que Noel lui mentait depuis le début et ne faisait que 'jouer' avec elle. Angie ne sait plus où elle en est et c'est alors qu'elle décide de fuir pour retrouver sa mère qu'elle n'a pas revu depuis plus d'une trentaine d'années. Comédie dramatique touchante, 'Angie' nous raconte la manière dont une femme se retrouve confronté aux difficultés de la vie et comment elle s'en sort après avoir du affronter tous ces problèmes. La phrase finale est mémorable à ce sujet: "on a tous quelque chose de cassé en nous (...). Je crois que ce sont les moins cassés qui doivent prendre soin des plus cassés." Une belle leçon de vie!

Inattendu sur ce projet, c'est Jerry Goldsmith qui compose le score intime et romantique pour le film de Martha Coolridge. Basé autour d'un seul et unique thème principal, le thème d'Angie (qui parcourra toute la partition de Goldsmith tout le long du film), Goldsmith a écrit une très touchante petite partition orchestrale alliant ses habituels synthétiseurs pour un style de comédie dramatique vraiment émouvant. Le 'Angie's Theme' est une sorte de petite valse très mélodique et qui ne s'oublie pas de sitôt même après la première écoute. Goldsmith confie la mélodie à un sampler d'accordéon surprenant et qui vient donner une petite touche européenne au thème (le personnage d'Angie est d'origine italienne...). Soutenu par une guitare basse et repris ensuite aux cordes avec un piano et un synthé aux sons cristallins, le thème d'Angie prouve une fois de plus le talent de Goldsmith pour composer des thèmes simples et émouvants et nous rappelle aussi qu'il n'y a pas besoin de faire compliqué pour écrire des thèmes justes et touchants. Le thème d'Angie possède aussi un côté vaguement populaire voire folklorique (comme si la mélodie provenait d'une chanson - un peu comme dans le thème de 'Papillon' qui était lui aussi à l'accordéon) et le passage central de 'Angie's Theme' à la trompette évoque vaguement quelque part le côté italien du personnage qu'interprète de manière remarquable Geena Davis. Développé tout au long du score, le thème apparaîtra sous des formes plus lentes, plus paisibles ou parfois plus dramatiques ou résigné dans les moments difficiles. Il évoque non seulement le personnage mais lui donne aussi un côté frais et sensible.

Dans 'Family Life', Angie apprend à Vinnie qu'elle va avoir un enfant. Goldsmith nous fait ressentir la gaieté que le couple ressent à ce moment là, même si Angie apparaît plutôt froide au moment où elle annonce l'événement à Vinnie. (notons les samplers de mandoline utilisé au début du morceau, rappelant une fois de plus les origines italiennes d'Angie) Dans 'The Museum', on trouve un thème de piano à la fois romantique et nostalgique au moment où Angie va dans un musée de peintures avant de rencontre Noel. Avec les cordes, la guitare basse, le piano et les petites touches douces de synthé, Goldsmith crée une musique à la fois intime et douce, tout en retenue, dans laquelle le thème apparaît souvent, soit de manière plus lente, soit de manière brièvement suggéré (ici, le thème réapparaît à la clarinette). Dans 'Two Bells', le compositeur évoque la relation entre Angie et Noel alors que cette dernière pouvoir vivre une nouvelle vie auprès de cet homme. Goldsmith réutilise ici aussi le thème de piano nostalgique de 'The Museum', le tout avec une certaine retenue toujours très touchante, le thème étant toujours présent (ici, à la flûte doublée par le synthé).

Le thème d'Angie réapparaît sous la forme de la petite valse dans 'We're Having a Baby' à la clarinette avec le même travail de synthé et d'instrumentation que dans le 'Angie's Theme'. Mais les choses commencent à devenir plus dramatique pour Angie dans 'The Prognosis'. alors que son enfant naît et qu'on lui annonce qu'il a un problème à un bras et risque d'être malade. La musique de Goldsmith se fait nettement plus sombre et marque une rupture par rapport au climat frais, intime et innocent de la première partie du score (et du film). Les cordes sonnent ici de manière résignée, le piano se veut plus fragile en apparaissant de manière plus discrète tandis que le thème d'Angie se retrouve ici déformée entre la clarinette et la flûte comme pour marquer un changement dans la vie de cette femme tourmentée. 'The Journey Begins' marque alors sa détermination à faire le vide autour d'elle pour retrouver sa mère. Goldsmith crée une certaine tension à l'aide d'une basse rythmique du synthé (vite rejoint par la guitare basse) tandis que l'orchestre se fait à la fois plus sombre et plus déterminé (mais aussi plus dramatique) alors qu'Angie prend le bus et part à la recherche de sa mère. On retrouve les touches électroniques habituelles du compositeur dans ce morceau, plus proche d'un style dramatique différent de ce que l'on a entendu depuis le début du film (la musique devient vraiment plus sombre au moment où Angie commence son 'voyage'). 'Something Better' est loin l'un des morceaux le plus beau et aussi le plus triste de toute la BO. Angie a retrouvé sa mère et regarde des photos d'elle étant petite. Avec une certaine retenue, Goldsmith évoque cette scène de manière assez poignante, sans oublier la superbe reprise du thème d'Angie à la flûte (avec cordes, harpe et synthé) dans un morceau où les cordes et le piano sonnent aussi de manière résignée, Angie étant alors sous le choc après avoir retrouvé sa mère qui est devenue schizophrène, alors que son père ne lui a jamais rien dit.

On accède à la dernière partie du film dans 'It Ain't Easy', morceau touchant alors qu'Angie retrouve son bébé malade à l'hôpital, souffrant d'une pneumonie. Le morceau sonne ici de manière assez dramatique, la mère étant près de son fils si jeune et déjà malade quelques temps après sa naissance. Angie espère de tout son coeur que son bébé se réveillera (scène touchante où elle s'adresse à lui durant son 'sommeil'). Goldsmith cerne avec une retenue émouvante le coeur de cette histoire légère et dramatique à la fois, à l'instar du score de Goldsmith. C'est 'He's Alive' qui conclut l'histoire avec une très belle reprise finale aux cordes (soutenu par le synthé) du thème d'Angie au moment où son bébé s'est réveillé et est guéri, la mère et le fils étant finalement réunis. La réalisatrice précise dans le livret du CD qu'elle était impressionné par le statut de légende vivante du compositeur mais qu'elle savait très bien que Goldsmith saurait écrire la musique juste pour son film. Evidemment, la réalisatrice voulait absolument éviter le gros score trop dramatique et voulait quelque chose d'intime, de simple et de chaleureux en même temps. Mission réussie pour Goldsmith qui accouche là d'une petite BO dont le seul inconvénient est d'être trop méconnue auprès du public des béophiles, à l'instar de scores tels que 'Love Field' (1992) pour ne citer qu'un exemple évident. Goldsmith a crée un très beau thème principal superbement développé tout au long du score et a parfaitement sut cerner l'intérêt dramatique et intime du film avec une justesse et une retenue tout à fait surprenante. 'Angie' est un score simple, un score sincère et émouvant pour un film tout aussi émouvant. Alors laissez vous tenter par cette très belle petite BO méconnue de Goldsmith et découvrez une autre facette du compositeur, qui est ici très loin de ses habituelles partitions d'action/aventure.


---Quentin Billard