1-The Lake 2.37
2-Night Stories 1.59
3-The Promise 1.59
4-Mistaken Identity 0.32
5-No Job 3.14
6-Trapped 2.46
7-Street Call 1.19
8-First Break 0.52
9-Threats 1.30
10-The Basement 0.40
11-School's Out 1.09
12-Don't Leave 3.30
13-The Recruiters 0.55
14-First Break 4.37
15-Dry Spell 5.52
16-The Flag/Back Home 5.43
17-Piano Source
(not used in film) 0.45
18-Prelude - Chopin 2.29
19-Joy to the World (source cue) 0.27
20-Orchestra Only Suite 20.07

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

La La Land Records
LLLCD 1075

Producteurs exécutifs de l'album:
MV Gerhard, Matt Verboys
Album produit pour
La La La Land Records par:
Ford A. Thaxton
Musique produite par:
Jerry Goldsmith
Montage musique:
Ken Hall
Assistant de Mr. Goldsmith:
Lois Carruth

Artwork and pictures (c) 1991, 2008 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All rights reserved.

Note: ***
NOT WITHOUT MY DAUGHTER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
« Not Without My Daughter » (Jamais sans ma fille), film réalisé par Brian Gilbert, nous raconte l’histoire vraie d’une américaine et sa fille qui se retrouvèrent toutes deux bloquées en Iran alors que son mari d'origine iranienne décida de retourner dans son pays natal pour retrouver sa famille complètement métamorphosée par la propagande islamiste du pays. L'histoire se passe en 1984, après la chute du Shah et l'arrivée au pouvoir de l’Ayatollah Khomeiny qui favorisa la sévère propagande islamiste du pays sans cacher au passage sa haine pour les Etats-Unis, sujet malheureusement d'actualité depuis les attentats du 11 septembre 2001. Adapté de l'histoire vraie de Betty Mahmoody décrite dans son propre roman, « Not Without My Daughter » évoque le terrifiant périple que cette femme (Sally Field) a dut endurer afin de pouvoir s'échapper d'Iran avec sa fille Mahtob (Sheila Rosenthal) pour revenir aux Etats-Unis, alors que son mari, Moody, un médecin autrefois paisible et attentionné, bascula du jour au lendemain dans la violence et le fanatisme - un rôle très difficile brillamment interprété à l’écran par l’acteur Alfred Molina. Moody fut à son tour enrôlé dans la propagande islamiste du pays, empêchant alors sa femme et sa fille de quitter le pays pour les forcer à se convertir à leur tour à l'islam, et ce contre leur volonté. Sally Field incarne avec brio cette femme qui vivra de nombreuses années d'isolement dramatique au sein de ce pays qui fut pour elle un véritable cauchemar - le film relate aussi un fait dramatique hélas toujours d’actualité, celui des femmes battues. « Not Without My Daughter » n'essaie pas de créer de polémique à propos de l'islam et du monde musulman comme ont pu l'affirmer certaines mauvaises langues qui voient le mal partout. Il tente au contraire de nous montrer les conditions de vie souvent difficiles de ces femmes qui sont malheureusement nombreuses à vivre ce qu’a enduré Betty Mahmoody. Fort heureusement, elle et sa fille réussirent à quitter le pays et à retourner aux Etats-Unis. On pourra reprocher au réalisateur d'avoir un peu trop mis l'accent sur le côté dramatique du film et les accès d'hystérie de Betty, prête à tout pour quitter le pays. Un peu trop répétitives, ces nombreuses scènes où l'héroïne se fait brutaliser par son mari devenu un fanatique pur et dur sont parfois à la limite du tolérable tant le réalisateur semble y avoir insisté assez lourdement. Mais c'est néanmoins dans un souci d'authenticité et de réalisme que Brian Gilbert a envisagé de tourner ainsi son film, dur, bouleversant mais pourtant tristement réaliste.

Jerry Goldsmith composa la partition dramatique de « Not Without My Daughter » la même année que « Sleeping With The Enemy » en 1991 (curieusement, un autre film évoquant le destin d’une femme maltraitée par son mari). Ce fut ainsi une petite année pour le compositeur qui put enfin souffler, après une précédente année exceptionnelle sur plus d’un point (1990), durant laquelle le maestro nous a livré trois partitions somptueuses : le colossal « Total Recall » bien sûr, mais aussi « Gremlins 2 » et « The Russia House ». Le score de « Not Without My Daughter » nous permet de retrouver un Goldsmith traditionnel dans le mélange de ses sempiternels synthétiseurs avec la partie orchestrale interprétée comme d’habitude par le National Philharmonic Orchestra à Londres. Structuré autour de deux thèmes, le score de « Not Without My Daughter » illustre très clairement le combat de Betty Mahmoody (Sally Field) pour tenter de quitter avec sa fille ce pays devenu cauchemardesque pour elles, subissant régulièrement la brutalité d’un mari fanatique et tyrannique. Le film s'ouvre sur un thème principal plutôt dramatique, confié au synthétiseur avec l'orchestre et la batterie synthétique (marque de fabrique du compositeur depuis la fin des années 80/début 90), batterie qui sera très présente tout au long du score, et plus particulièrement dans les moments les plus sombres - un peu comme dans le score de « Link », « Gremlins 2 » ou « Rent-A-Cop » dans un tout autre registre. La partie orchestrale délaisse les cuivres pour permettre au compositeur de se concentrer autour des cordes, parfois intimes comme dans le générique de début du film, plutôt lyrique et pastoral (« The Lake ») ou parfois plus sombres.

« The Lake » nous permet d'entendre après le thème principal avec synthétiseur et percussions le deuxième thème de la partition de « Not Without My Daughter », celui qui évoque la famille de Betty dans ses jours heureux aux Etats-Unis. Avec un piano et des cordes quasiment romantiques (plus quelques bois), le joli thème paisible de la famille de Betty évoque le calme avant la tempête, un bref instant de bonheur avant que Moody ne décide de partir pour Téhéran, en Iran. Puis, très vite, la partition devient nettement plus sombre et suggère le fait que la situation a évoluée plus dangereusement que prévue. La musique de Goldsmith illustre donc cette captivité forcée pour Betty et sa fille en suggérant le caractère tragique de sa condition et de sa quête difficile pour quitter le pays et retourner aux Etats-Unis. La batterie synthétique est toujours très présente pour renforcer le caractère sombre de l'histoire tandis que le compositeur met particulièrement l'accent sur les synthétiseurs typiquement « eighties » et un brin kitsch, avec des parties orchestrales parfois plus minces et nuancées par rapport aux nombreuses textures électroniques du score de Goldsmith. Dans la première partie du film, le thème familial a tendance à revenir de temps à autres sous des variantes camouflées, afin de suggérer la relation encore normale entre Betty et Moody ainsi qu'avec sa fille, la mélodie étant très clairement liée au personnage de Sally Field tout au long du film.

Bien que le film se passe en majeure partie en Iran, Jerry Goldsmith a décidé de n'utiliser que les sonorités occidentales de sa musique puisqu'après tout, l'héroïne du film est américaine. La musique se place alors selon son point de vue (n’oublions pas que le film de Brian Gilbert est adapté du propre livre de Betty Mahmoody). Le thème dramatique réapparaît lorsque Betty monte en voiture pour téléphoner et expliquer sa situation dans ce pays. Thème dramatique mais pourtant déterminé, la dite mélodie (qui réapparaît entièrement au synthétiseur dans la scène en question) évoque très clairement le combat de Betty pour fuir cet enfer et retourner dans son pays d'origine. Sombre de bout en bout, la musique illustre aussi les moments difficiles que Betty doit vivre auprès d’un mari violent qui impose ses conditions. On découvre ensuite une dernière partie plus optimiste pour les séquences de l’évasion de Betty et sa fille, traversant le désert pour atteindre la frontière et revenir aux Etats-Unis. Ces séquences permettent alors au compositeur d'utiliser quelques éléments plus exotiques comme l'emploi discret de petites percussions ethniques ou l'utilisation d'un motif aux accents arabisants évoquant le monde du désert. La musique demeure ici aussi assez sombre au cours de ces séquences, utilisant continuellement les synthétiseurs incorporés à l'orchestre pour créer une certaine forme de tension, la musique nous faisant alors comprendre que Betty n'est pas encore tirée d'affaire. Après un voyage somme toute particulièrement périlleux, l'héroïne et sa fille se retrouvent finalement dans leur pays d’origine. Jerry Goldsmith réutilise alors le thème principal exposé ici de manière triomphante, traduisant une véritable sensation de libération et de paix retrouvée avec le piano et les cordes romantiques, une coda heureuse, idéale pour conclure cette partition en beauté.

« Not Without My Daughter » fait partie de ces scores méconnus du compositeur californien, une de ces partitions que l'on enterre souvent trop vite et qui ne méritent pourtant pas un tel traitement. Evidemment, « Not Without My Daughter » n'est pas un score incontournable de Jerry Goldsmith et encore moins un score grandement mémorable. Mais aussi mineure que ce soit cette partition dans l’immense carrière du compositeur, elle n’en demeure pas moins belle et très réussie, illustrant parfaitement l'histoire tragique de Betty Mahmoody dans le film de Brian Gilbert, tout en nous rappelant une fois encore à quel point le compositeur a toujours su trouver le ton juste pour tous les films qu'il met en musique. Jerry Goldsmith s’est particulièrement attaché ici aux synthétiseurs « eighties » qui apportent une couleur spéciale aux images, des synthétiseurs parfois un peu trop envahissants par rapport aux images, mais utilisés néanmoins avec une très grande dextérité - n'oublions pas que le compositeur est passé maître depuis longtemps dans l'art de manipuler ses textures synthétiques au sein des parties orchestrales. Score mineur certes, « Not Without My Daughter » n'en demeure pas moins réussi et mériterait malgré tout d'être reconsidéré, à l'instar d'autres partitions peu connues du compositeur comme « Criminal Law », « Rent-A-Cop » ou le remarquable « Love Field » par exemple. A noter que l’édition de La La Land Records nous permet enfin de (re)découvrir cette très belle partition dans son intégralité, un disque que les fans du maestro devront se procurer à coup sûr !



---Quentin Billard