1-Main Title 2.10
2-The Oglalia Sioux 2.35
3-Jimmy's Escape 3.33
4-Proud Nation 1.56
5-Evidence 1.39
6-First Vision 1.13
7-Ghost Dance 3.13
8-The Goons 2.33
9-Medicine Man 1.00
10-My People:
Wounded Knee 4.28
11-Thunderheart 5.25
12-Run for The Stronghold 5.20
13-This Land If Not For Sale/
End Titles 8.14

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Intrada Records
MAF 7027D

Album produit par:
James Horner
Producteur exécutif:
Douglass Fake
Montage musique:
Jim Henrikson

Artwork and pictures (c) 1992 TriStar Pictures, Inc. All rights reserved.

Note: ***
THUNDERHEART
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Polar/thriller assez réussi de Michael Apted, 'Thunderheart' (Coeur de Tonnerre) met en scène Val Kilmer dans la peau de Raymond Levoi, jeune agent du FBI qui part enquêter sur un meurtre survenu dans une réserve d'indiens Sioux de Pine Ridge dans le Dakota du Sud, à la fin des années 70 - le fait est basé sur des faits réels qui se sont produits à cette époque, bien que les personnages soient complètement fictifs. En revanche, l'histoire est tirée d'un roman de Tony Hillerman qui popularisa le genre du polar indien inspiré de ces faits authentiques survenus dans les années 70. On lui adjoint alors l'aide de Frank 'Cooch' Coutelle (Sam Shepard), responsable local des affaires indiennes afin de trouver et d'arrêter le responsable présumé, Jimmy, un indien à la tête du mouvement traditionaliste. Raymond possède un peu de sang indien du côté de son père mais ne se sent pas du tout attiré par ses racines indiennes. Pourtant, il va devoir apprendre à collaborer avec le policier indien du site qui est dans sa juridiction tout en côtoyant le monde mystique et mystérieux des croyances indiennes. Le film nous montre ainsi les dégâts produit par les blancs américains qui viennent exploiter le terrain et qui, non contents d'avoir chassés les indiens de leur terre pour les parquer comme des bêtes dans des réserves, les empoisonnent en plus avec un gisement d'Uranium polluant et très toxique pour les rivières. Polar quelconque, 'Thunderheart' doit se contenter d'un scénario assez faible à la base mais qui prend une tournure plus intéressante vers la fin du film alors que l'on assiste à certains rebondissements. Val Kilmer reste quand à lui égale à lui même et le film se laisse regarder même si on l'oubliera probablement très vite.

James Horner avait déjà composé pour Michael Apted les scores de 'Gorky Park' (1983) et le très moyen 'Class Action' (1991). 'Thunderheart' (1992) marque finalement leur troisième collaboration ensemble, Horner ayant parfaitement cerné cette histoire d'enquête dans le monde des indiens. Chose rare chez Horner, le score délaisse complètement l'orchestre et est écrit pour synthétiseurs avec la shakuhachi (flûte japonaise que l'on trouve chez Horner depuis 'Uncommon Valor' en 1983 ou 'Willow' en 1988), une flûte de pan, un piano et quelques petites percussions et surtout, chose importante pour le film, quelques chants d'indiens combinés à l'ensemble du score. Le score de 'Thunderheart' est plutôt athématique même si le film se finit avec un thème bien développé dans le final du film et dans le générique de fin. Horner a véritablement voulu cerner son travail autour de l'atmosphère que sa musique crée dans le film, et il est certain qu'une fois encore, le film 'Thunderheart' ne serait rien sans la musique d'Horner qui crée une ambiance très forte tout au long du film. Très vite, le score impose son style à la fois mystérieux et sombre, avec des synthés atmosphériques (qui marchent souvent par nappes ou par longues tenues, mais rien de vraiment mélodiques sauf vers la fin du film) et l'apport immense de la shakuhachi et des chants d'indiens qui ouvrent de manière très mystérieuse le générique de début du film. Horner a rejoint l'esprit mythique des croyances indiennes en évoquant ces sortes d'incantations indiennes à l'aide de ces chants lointains (que Horner réutiliser au début et à la fin de 'Wintdalkers' pour le film de John Woo, les deux scores ayant d'ailleurs quelques points communs au niveau des accents indiens) qui font un effet mystérieux très intéressant là où ils sont utilisés. Mais très vite, c'est la shakuhachi qui prend le dessus, utilisé très souvent par à-coup ou de manière rythmique (crée très souvent une tension pour les scènes plus tendues du film). La shakuhachi renforce par son timbre très particulier le style désertique et rude des décors du film. Cela donne aussi un côté un peu 'chaud' à la musique. Effectivement, le soleil semble bien taper dans ces décors de plaines désertiques; l'instrument renforce ce côté encore plus chaud et rude lorsqu'il accompagne les quelques rares scènes d'action du film.

Atmosphérique est le meilleur mot qui conviendrait pour définir le score de 'Thunderheart'. Pas de thème précis, juste une ambiance musicale atonale assez particulière à l'aide de ce mélange de diverses sonorités, à la fois électroniques et acoustiques pour les flûtes, les chants d'indiens et les percussions inhabituelles. A ce sujet, Horner a utilisé des sons de percussions assez bizarres mais qui renforcent eux aussi le côté atmosphérique de sa musique. Ainsi donc, pour la scène vers le début du film où Jimmy s'enfuit et tire sur les flics, Horner utilise son premier grand morceau d'action à l'aide du synthé sombre et de la shakuhachi avec les petites percussions ressemblant à des sons étouffés de petites cloches, des sons qui donnent un côté assez particulier et original à la musique, le tout avec une certaine rythmique plutôt originale chez Horner, en particulier grâce à l'emploi de la shakuhachi (et ce même si l'on se souvient de choses de ce genre dans 'Uncommon Valor' ou 'Willow'). Le reste du score développe ce climat mystérieux et sombre, la majeure partie du score étant atonale, le synthé traînant la plupart du temps autour de longues nappes se chevauchant avec les différents instruments qui créent le climat musical du film et servent à illustrer l'enquête difficile de Levoi et Coutelle dans cette réserve d'indiens.

Les morceaux plus intéressants apparaissent lors des scènes de vision ou pour les scènes de la danse des fantômes (une vision de Levoi revoyant danser ses ancêtres morts depuis une décennie entière), Horner illustrant le côté mythique de ces scènes à l'aide des chants d'indiens mystérieux comme il l'a fait dans le 'Main Title', mais en amplifiant ici le côté incantatoire de ces quelques chants souvent assez brefs. Evidemment, la shakuhachi reste toujours bien mis en avant par dessus les synthés froids du compositeur et est même rejoint dans une séquence du film par une flûte de pan (Horner s'inspirera beaucoup de tout cela pour son score de 'Legends of The Fall' en 1994 qui possèdent beaucoup de points communs avec le score de 'Thunderheart' puisqu'on retrouve aussi des éléments indiens dans le film 'Legends of The Fall'). Horner continue de développer cette musique atmosphérique au fur et à mesure que l'enquête avance avec un côté toujours très sombre et plus ou moins tendu mais très souvent dans un registre assez mystérieux, sans oublier l'utilisation d'un piano qui donne par moment un côté plutôt dramatique avec un petit motif quelconque. Finalement, la musique rentre dans sa phase finale avec 'Run For The Stronghold' et 'This Land is not for Sale/End Titles' ou le compositeur utilise enfin des éléments mélodiques pour un score assez sec et qui manquait justement de ces éléments là auparavant. Dans 'Run for The Stronghold', Levoi et son ami Walter Crow Horse sont poursuivis en voiture par les responsables de cette sombre machination que Levoi découvrira vers la fin du film, et ce alors qu'il se dirige en direction du lieu du gisement d'Uranium. Horner utilise ici un bref motif de quelques notes avec des petites percussions qui marquent le rythme, les synthés et la shakuhachi, le motif illustrant cette scène de poursuite rappelant étrangement les premières notes du thème de Tristan dans 'Legends of The Fall'. Finalement, le score trouve une conclusion plus majestueuse dans 'This Land is not for Sale', conclusion du film où Horner utilise après un grand élan du synthé (qu'Horner calquera une fois de plus dans 'Legends of The Fall' pour le thème de Tristan) le majestueux thème de conclusion qui donne une certaine grandeur à ces indiens pour qui Levoi se sera battu jusqu'au bout afin qu'ils puissent conserver leur terre en paix. Finalement, c'est le 'End Titles' du film qui permet au compositeur de pleinement développer son thème de fin en reprenant l'ambiance mystérieuse de sa musique avec les différents éléments qui la constituent, en particulier les voix d'indiens vers la fin du morceau.

'Thunderheart' n'est pas la BO traditionnelle d'Horner. Même si aujourd'hui le score a déjà été imité par le compositeur lui même, notamment dans 'Legends of The Fall' ou 'Windtalkers', l'ensemble n'en reste pas moins assez surprenant pour l'époque et pour une fois loin des sempiternelles redites-personnelles d'Horner. Horner n'a pas souvent écrit des BO entièrement synthétiques (c'était le cas pour 'Class Action' par exemple) et l'utilisation de l'électronique dans ce film donne un climat encore plus sombre et atmosphérique à cette musique, climat qui n'aurait certainement pas rendu pareil si le compositeur avait eu recours à son style orchestre habituel (même s'il est amusant de le voir l'imiter au synthé dans l'élan du thème de 'This Land is not for Sale' où les synthés imite très clairement une montée de cordes débouchant sur un thème censé être aussi aux cordes). Très difficile à apprécier à la première écoute, 'Thunderheart' est ce style de BO qui nécessite plusieurs écoutes avant d'en apprécier pleinement ses qualités. Ce n'est évidemment pas ce que James Horner a fait de mieux dans sa carrière, mais cela mérite néanmoins d'être mentionné, d'autant que 'Thunderheart' est un score d'Horner assez méconnu et très sous-estimé. Un petit score peu mémorable mais assez intéressant et qui reste à découvrir ou à redécouvrir!


---Quentin Billard