1-Prelude 5.07
2-In The Bulrushes 4.01
3-The Bitter Life 2.05
4-Love and Ambition 4.03
5-The Hard Bondage 2.03
6-Egyptian Dance 2.52
7-The Crucible of God 3.07
8-And Moses Watered
Jethro's Flock 2.15
9-Bedouin Dance 1.56
10-I Am What I Am 3.13
11-Overture 2.06
12-Thus Says The Lord 3.39
13-The Plagues 2.51
14-The Exodus 6.00
15-The Pillar Of Fire 2.45
16-The Red Sea 2.30
17-The Ten Commandments 5.40
18-Go, Proclaim Liberty! 3.16

Musique  composée par:

Elmer Bernstein

Editeur:

MCA Records
MCAD-42320

Musique conduite par:
Elmer Bernstein

Artwork and pictures (c) 1989 Paramount Pictures/MCA Records. All right reserved.

Note: ***1/2
THE TEN COMMANDMENTS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elmer Bernstein
A sujet grandiose, film grandiose. Le mythique 'The Ten Commandments' (Les Dix Commandements) de Cecil B.DeMille est considéré comme un véritable monument du cinéma américain et un grand classique du cinéma tout court, même si aujourd'hui tout cela nous paraît énormément kitsch. Cette version de 1956 est en fait le remake du 'Ten Commandments' de Cecil B.DeMille datant de 1923 et tourné par le réalisateur lui même qui revisite le sujet de son ancien film pour accoucher d'une production grandiose et épique. Dernier film du réalisateur (qui meurt en 1959), 'The Ten Commandments' nous livre là une version épique de la célèbre histoire des 'Dix commandements' issu des écrits de la Bible. En l'espace de 220 minutes, le réalisateur nous plonge dans un univers spectaculaire avec un Charlton Heston splendide dans le rôle de Moïse face à un Yul Brynner non moins splendide dans le rôle de Ramsès, le nouveau pharaon Egyptien, fils de Séthi. Le réalisateur nous décrit très lentement la conversion de Moïse, un prétendant au nouveau trône du pharaon qui ignore tout de ses origines Hébreux (le peuple esclave du pharaon et des Egyptiens) jusqu'à ce que la servante de sa promise le lui apprenne. Sous le choc de cette découverte, Moïse part rejoindre les esclaves Hébreux pour partager les souffrances de son peuple qui prie pour la venue tant attendue du 'libérateur', l'homme qui les conduira vers la liberté placé sur le chemin de Dieu, 'celui qui n'a pas de nom'. Mais Moïse refuse de croire qu'il est ce 'libérateur' et les choses vont mal alors que Ramsès découvre lui aussi la vérité et le fait arrêter pour l'accuser de trahison devant Sethi. Ce dernier, abasourdi par tout cela laisse à Ramsès le soin de punir Moïse à sa façon. Ramsès décide alors de l'envoyer en exil à travers le désert avec seulement une seule ration d'eau et de vivres pour un jour. Pendant ce temps, il prendra la succession de Sethi et deviendra le nouveau et puissant Pharaon de l'Egypte. Mais Moïse survit miraculeusement à sa traversée du désert et se retrouve hébergé chez des bergers. C'est sur le Mont Interdit que Moïse découvre le fameux buisson ardent, qui, selon les écrits, aurait été la forme choisie par Dieu pour apparaître devant Moïse. Ce dernier reçoit alors le message de Dieu qui lui explique qu'il est le libérateur du peuple Hébreux et que lui seul peut et doit accomplir cette mission. Complètement transformé par cette révélation (aussi physiquement que moralement), Moïse devient le prophète/serviteur de Dieu et va retourner en Egypte pour ordonner à Ramsès de libérer son peuple. Mais le pharaon refuse orgueilleusement, Moïse n'ayant alors pas d'autre choix que de lui prouver la toute puissance de Dieu en accomplissant toute une série de malédictions et de cataclysmes qui s'abattent sur son pays (l'invasion d'insectes, la mer de sang, la pluie de grêle enflammé et la mort de tous les premiers-nés du pays ainsi que celle du jeune fils de Ramsès) et finissent alors par convaincre Ramsès de libérer les Hébreux. Fier de cette (amère?) victoire, Moïse conduit alors son peuple dans le désert pour les amener vers la terre promise. Mais Ramsès décide de se venger en rattrapant les Hébreux avec sa troupe de cavaliers armés jusqu'aux dents.

S'ensuivra alors la célèbre scène où Moïse ouvrit la mer en deux pour permettre la traversée de son peuple ainsi que la scène où Dieu forge les deux tables contenant les dix commandements sacrés dans le Mont Sinaï, deux séquences légendaires du film (et de l'histoire). Evidemment, la production du film a mis le paquet au niveau des effets spéciaux qui furent absolument éblouissants pour l'époque (ils nous paraissent bien kitsch aujourd'hui même si dans le domaine on a déjà fait bien pire) et nous livra une grande fresque Biblique très stéréotypée certes mais absolument fabuleuse sur le plan technique et visuel. On ne pourra pas oublier l'interprétation magistrale de Charlton Heston dans le rôle de Moïse qui, comme le disait une critique du film, nous donne carrément la foi! (pour peu que l'on soit sensible à ce genre de chose ou que l'on ait une âme chrétienne) Mais le côté vieillot du film nous rappelle régulièrement que ce film sort tout droit d'une autre époque et qu'il serait difficile d'envisager aujourd'hui une nouvelle production de ce type, étant donné l'athéisme de plus en plus grandissant dans notre société et le désintéressement total du public pour ce style d'histoire fabuleuse qui fait pourtant partie de notre culture, qu'on le veuille ou non. Mais toute foi mise à part, 'The Ten Commandments' constitue le spectacle cinématographique absolu pour tout ceux qui aiment les grosses productions épiques et grandioses.

Cecil B.DeMille a longtemps collaboré avec l'un des grands compositeur du Golden Age Hollywoodien, Victor Young, mais la mort du compositeur en 1956 l'obligea à se tourner vers un autre compositeur, très jeune à l'époque, le très talentueux Elmer Bernstein en personne. Bernstein nous livra sa vision musicale de cette fabuleuse histoire en composant un score très long, ample et pompeux, un score dans la plus pur tradition du genre mais qui évite le cliché des choeurs grandioses que l'on entendra par exemple dans des scores 'bibliques' tels que 'The Great Story Ever Told' (1965) d'Alfred Newman par exemple. Bernstein n'avait pas encore connu de très grands succès à cette époque, hormis peut être son score pour 'The Man With The Golden Arm' d'Otto Preminger (1955). Le succès de 'The Ten Commandments' lui permit de se faire un nom dans le milieu de la musique de film américaine grâce à cette partition symphonique colossale et vraiment grandiose, à l'image du film. L'ouverture du film nous permet d'entendre les deux grands thèmes du film, le superbe thème principal du 'sauveur' qui deviendra par la suite le thème de Dieu, et le 'Love Theme', thème plus romantique évoquant la romance difficile entre Moïse et Nefertiri (Anne Baxter). (on compare souvent cette superbe ouverture avec une autre grande ouverture devenue classique dans son genre, celle d'Alex North pour 'The Agony & Ecstasy') Entièrement symphonique, la partition de Bernstein repose autour de deux grands thèmes suivi d'une multitude d'autres petits motifs dont un aux accents exotiques évoquant le Pharaon et ses troupes, surtout dans la scène où il décide de se venger (ce petit thème rappelle étrangement un thème de 'Prince of Egypt' de Hans Zimmer qui commence sur les mêmes premières notes - film d'animation basé sur la même histoire que celle de 'The Ten Commandments') , sans oublier le thème de la marche de l'exode, fabuleuse pièce écrite sous la forme d'une marche héroïque et triomphante évoquant la libération du peuple Hébreux avec un caractère très enjoué et bon enfant (peut être même un peu trop, mais que voulez vous, on est ici un peu dans la naïveté hollywoodienne!). Enthousiasmante, cette superbe marche de la libération est un pur moment d'héroïsme et de triomphe musical évoquant très clairement la gaieté de ce jour tant attendu par le peuple de Moïse. Orchestrations amples entre cordes lyriques, cuivres pompeux, vents et percussions diverses, la musique orchestrale de Bernstein évoque tour à tour les moments dramatiques de l'histoire et les moments plus religieux à l'aide d'un thème principal hautement mémorable et qui est considéré à juste titre comme l'un des plus grands thème écrit par le compositeur, aux côtés de ceux pour 'The Magnificent Seven' ou 'The Great Escape' par exemple. Avec le thème de Dieu, on sent le côté entraînant et majestueux de cette grande aventure Biblique, même si pour un thème illustrant Dieu et son fidèle serviteur, on aurait peut être pu s'attendre à quelque chose d'encore plus puissant. Toujours est il que le thème principal reste l'illustration parfaite de cette grande histoire, un thème pleinement ancré dans le film de Cecil B.DeMille et absolument indissociable de scènes telles que la séparation des eaux dans la Mer Rouge ou la séquence des tablettes des commandements dans le Mont Sinaï.

Bernstein installe le ton de sa musique dans la première partie du film, oscillant entre moments dramatiques (partie plus action par exemple pour la scène où Moïse fonce aider une vieille esclave coincée près d'une roche sans savoir qu'il s'agit de sa vraie mère) et parties romantiques où Bernstein développe pleinement son 'Love Theme' aux cordes, thème assez quelconque mais qui évoque le côté assez dramatique de cet amour qui s'effacera complètement dans la seconde partie du film, surtout à cause de la 'révélation' divine de Moïse. On noter au passage les quelques musiques en arrière-fond que l'on entend pour les scènes de danse ou de divertissements, Bernstein ayant composé des petites pièces faisant appel à la harpe, un tambourin, des vents plus quelques instruments inhabituels (et notamment l'utilisation d'un Sistrum, une sorte de réplique d'une ancienne percussion Egyptienne), et ce même si la musique de divertissement Egyptienne de cette époque ne ressemblait peut être pas vraiment à cela. (on trouve une bonne pièce de danse à caractère exotique pour la scène avec les danseuses de Ramsès avant l'arrestation de Moïse, ou la scène de danse des bédouins chez les bergers - le compositeur consacrant d'ailleurs deux plages de son album pour ces deux petites pièces qui nous permettent de nous replonger dans le folklore musical de cette époque - un folklore du moins inspiré de certains clichés musicaux liés à ce pays et cette époque) Mais c'est la deuxième partie du film qui permet au compositeur de réutiliser pleinement son thème principal surtout à partir de la scène du buisson ardent où le compositeur fait plusieurs allusions à ce thème majestueux qu'il va développer pleinement par la suite. Les moments forts sont alors légions, que ce soit la séquence grandiose pour la mer rouge ou celle des tables des commandements. On notera un passage plus pompeux et guerrier au moment où Ramsès quitte son palais avec ses troupes pour rattraper les Hébreux et les massacrer. A l'aide d'un rythme orchestral très cuivré avec percussions bien mises en avant (on pense au style de Miklos Rozsa dans 'Ben-Hur' par exemple, composé quelques années après 'The Ten Commandments' et qui permit de nouveau à Charlon Heston d'interpréter un autre grand rôle du cinéma américain), Bernstein évoque cette chevauchée guerrière avec une force orchestrale menaçante et déterminée, même si le côté pompeux du score est l'aspect le moins intéressant de la partition de Bernstein. A ce sujet, Bernstein réserve quelques moments très sombres et quasiment funèbres pour la scène des fléaux, probablement les passages les plus sombres du score. - dans 'Plagues', Bernstein utilise discrètement un théremin pour donner une couleur sonore particulière plus particulière à cette scène clé du film - Notons aussi la scène de l'adoration blasphématoire de l'idole en or pour lequel le compositeur a écrit une sorte de bacchanale sous forme d'une danse au rythme frénétique (servi par des percussions comme le tambourin) évoquant ces festivités perverses et orgiaques, avant que Moïse n'arrive et proclame 'les lois de la vie' imposées par Dieu en les punissant de leurs pêchés. C'est ainsi que le final apparaît pour nous révéler une dernière fois le thème de Dieu dans toute sa splendeur, concluant le film de manière glorieuse et grandiose à la fois.

Partition symphonique colossale et très longue (tout aussi longue que le film), 'The Ten Commandments' n'a peut être pas le charme imbattable de partitions de Miklos Rozsa telles que 'Ben-Hur' ou 'King of Kings', Bernstein étant alors assez jeune à cette époque et n'ayant évidemment pas l'expérience musicale de Rozsa dans ce domaine. On sent néanmoins un certain talent fleurir dans cette partition monumentale considérée comme un véritable classique du genre, à mi-chemin entre le style symphonique de Wagner (dont on sent très clairement l'influence dans la scène où Dieu bloque les troupes de Ramsès avec une barrière de feu) et celui des grands noms du Golden Age Hollywoodien. Le thème principal de 'The Ten Commandments' reste l'atout majeur de ce score d'aventure épique oscillant entre moments majestueux et moments plus sombres et constitue l'exemple même de la puissance qu'une musique de film peut apporter dans ce style de grand spectacle cinématographique, le film devant beaucoup à la musique d'Elmer Bernstein. Un grand classique à (re)découvrir!


---Quentin Billard