1-The Cornfield 5.34
2-Deciding To Build The Field 5.51
3-Shoeless Joe 2.14
4-The Timeless Street 2.38
5-Old Ball Players 2.44
6-The Drive Home 2.13
7-Field Of Dreams 3.30
8-The Library 2.29
9-"Moonlight" Graham 2.03
10-Night Mists 4.19
11-Doc's Memories 3.17
12-The Place Where
Dreams Come True 9.06
13-End Credits 4.07

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Novus BMG/RCA
3060-2-N

Musique produite par:
James Horner
Directeur de séries:
Steve Backer
Monteur de la musique:
Jim Henrickson

Artwork and pictures (c) 1989 Universal City Studios, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
FIELD OF DREAMS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Très beau film de Phil Alden Robinson, 'Field of Dreams' (Jusqu'au bout du rêve') est ce style de film qu'il fait bon de voir de temps en temps parce qu'il nous réchauffe le coeur, parce qu'il apporte un peu de magie et de rêve dans une existence souvent froide et rude. Kevin Costner interprète Ray Kinsella, un fermier qui mène une vie paisible avec sa femme et sa fille dans sa ferme. L'histoire commence un soir d'orage, alors que Ray entend une voix dans son champ de maïs, une voix qui lui répète mystérieusement: 'Si tu le construis, il viendra...'. D'abord inquiet puis intrigué d'entendre ainsi des voix, Ray réfléchit et comprends qu'il lui faut construire un terrain de base-ball. Ray a peur de finir comme son père qui n'a jamais pu eu le courage de concrétiser tous ses rêves. C'est pourquoi Ray va décider de croire en l'impossible et va raser une bonne partie de son champ pour construire ce terrain de base-ball. Un soir, il y croise Shoeless Joe Jackson (Ray Liotta), l'un des plus célèbre jouer de base-ball mort il y'a plus de 60 ans. Sans même comprendre ce qu'il vit, Ray parle alors avec ce fantôme que lui, sa femme et sa fille sont les seuls à pouvoir voir. Viendront alors les autres joueurs de l'équipe de Joe Jackson, morts eux aussi il y'a de nombreuses années. Mais les voix continuent à résonner dans la tête de Ray et lui font comprendre qu'il doit accomplir quelque chose grâce à ce terrain. La vérité lui sera alors révélé à la fin de l'histoire, comprenant ainsi que son aventure magique est une sorte de seconde-chance pour lui. 'Field of Dreams' est un bien beau film, peut être pas toujours très crédible et un brin naïf, mais franchement touchant, pour peu que l'on soit réceptif à la poésie de cette belle histoire qui n'a qu'un seul message: il ne faut jamais hésiter à aller jusqu'au bout de nos rêves, car c'est l'une des clés de la réussite d'une vie.

'Field of Dreams' marque la première collaboration entre Phil Alden Robinson et James Horner. 'Field of Dreams' est une partition importante dans la carrière d'Horner, elle marque en 1989 le début d'un nouveau style où le compositeur fait un usage plus original de l'instrumentation, utilisant ici piano, synthétiseur, flûte de pan, guitare, basse et même une petite batterie légère comme dans 'The Library'. Horner précise que son travail avec Phil Alden Robinson fut tellement satisfait qu'il dit lui même n'avoir jamais retrouvé d'autres collaborations aussi harmonieuse. Le réalisateur n'imposa rien à Horner et, après avoir écouté sa musique lors des séances d'enregistrement où Horner faisait improviser ses musiciens, Robinson lui laisse quartier libre pour écrire la musique qu'il souhaitait vraiment faire. C'est ce qui explique sûrement le côté aussi original et touchant de la musique dans le film (et ce même si aujourd'hui Horner s'est assez souvent inspiré du style de 'Field of Dreams' pour certaines de ses BO...). Horner a écrit une BO toute en finesse et en retenue pour le film, loin de tout style mélodramatique et autres envolées grandiloquentes. Horner précise lui même que l'important était d'éviter de faire en sorte que la musique soit trop envahissante dans le film et voulait comme le réalisateur quelque chose de très délicat. 'Cornfield' donne ainsi le ton en ouvrant le film sur le joli thème principal confié ici à un cor doux soutenu par des synthétiseurs mystérieux mais doux eux aussi (sans oublier la sempiternelle basse de piano - un tic d'écriture d'Horner et que l'on retrouvera par exemple dans 'Ransom', 'The Pelican Brief', 'Apollo13', 'Deep Impact', etc...), l'utilisation des synthés étant d'ailleurs assez remarquable dans ce score. Après tout, l'histoire possède une certaine touche de magie et un zest de fantastique (les fantômes des joueurs sur le terrain de base-ball), il est donc assez évident que le synthé intervienne ici pour donner avec ses sonorités particulières au score un ton magique et mystérieux à la fois. Le thème principal évoque avec sa mélodie très simple le personnage un brin naïf de Ray Kinsella, tandis que le second thème qui apparaîtra plus loin dans le score sonnera nettement plus dramatique et mélancolique lui. Le premier élément important à noter dans le score est ce style plutôt mystérieux et intriguant qui évoque toutes les scènes du début dans le champ, là où Ray entend les voix. Avec des synthés planants et vaguement new-age, Horner décrit de manière très mystérieuse ces voix qui semblent errer dans l'air alors que le vent se lève et qu'un orage se prépare dans cette scène de début. C'est l'utilisation de la flûte de pan dans le grave (comme Horner le fera par exemple dans 'Legends of The Fall') qui évoque le côté magique et mystérieux de ces voix intriguante qui hantent Ray et l'obligent à prendre des décisions importantes. Horner s'explique ainsi à ce sujet:

"J'avais imaginé dans ma tête, puis avec des samplers, ce qu'une flûte de pan pouvait apporter comme "espace". Je recherchais une traduction musicale et sonore pour ces champs de maïs. Le souffle, qui sort de cet instrument et les sons qu'il dégage, forment une métaphore du vent. On entend le vent, on le respire, on le sent. Tony (Tony Hinnigan, le soliste qui interprète la partie de fûte de pan) a apporté tout cela, sa science de 'l'air', comme si le vent et l'immensité des champs se mettaient à parler à travers lui (...)."

Horner a parfaitement cerné le côté magique et mystérieux de cette première partie du film avec l'aspect plutôt impressionniste de cette flûte de pan qui, par à-coup discret, résonne comme un son porté par le vent (à l'image de la voix qui résonne dans la tête de Ray sans savoir d'où elle provient). Mais la musique prend sa tournure émotionnelle alors qu'il décide de construire son terrain dans 'Deciding To Build The Field', qui nous permet aussi d'entendre un très beau piano intime et fragile qui fait intervenir ici le deuxième thème, le thème du rêve, mélodie plus dramatique et vaguement mélancolique, un thème qui nous va droit au coeur par sa simplicité et l'émotion qui s'en dégage à l'écran. La seconde partie du morceau (pour la scène où Ray va voyager à la recherche de Terence Mann (James Earl Jones)) fait intervenir une partie plus rock où guitares diverses, basse et batterie donne un côté très cool et détendu à cette petite scène assez brève de voyage (on trouve aussi ce style de morceau dans les autres scènes où Ray voyage avec Terence en voiture) qui apportent une petite touche d'éclectisme supplémentaire à un score finalement assez diversifié. C'est la touche 'rock' et même 'jazz' du compositeur que l'on retrouve dans 'Deciding To Build The Field' et surtout le très jazzy 'Old Ball Players' avec sa section rythmique batterie/piano/basse, ses cuivres (dont une trompette avec sourdine) et ses saxophones jazzy (on se souvient par exemple qu'Horner avait écrit une bonne petite pièce de jazz pour le score de 'Cocoon' de 1985), tout cela dans un style blues/jazz rétro pour la scène où les anciens joueurs - fantômes jouent sur le terrain de Ray (l'utilisation de ce style de vieux jazz rétro années 30/40 nous rappelle l'époque d'où proviennent ces vieux joueurs morts depuis de nombreuses années. Le morceau nous rappelle aussi qu'Horner n'est pas qu'un maître de l'orchestre mais qu'il sait aussi écrire dans d'autres styles musicaux, bien évidemment). Mais la première rencontre entre Ray et Shoeless Joe est assez intéressante musicalement. On retrouve les synthés mystérieux pour cette rencontre intriguante ou l'un semble aussi surpris que l'autre. Les synthés donnent ici un côté à la fois calme, mystérieux et presque sombre de part le côté plus profond des basses du morceau (sans oublier le petit motif de piano quelconque mais toujours plus 'fragile' de caractère - on pourrait même penser que le piano est attribué au personnage de Ray Kinsella), quelque chose qui illustre à merveille cette séquence, Horner nous faisant comprendre que cette rencontre est très spéciale sans que nous le sachions nous mêmes encore à ce moment du film. On retrouve ce style d'ambiance dans 'The Timeless Street' lorsque Ray se retrouve mystérieusement dans une rue des années 70 la nuit.

Le très beau 'Field of Dreams' nous permet d'entendre le superbe thème du rêve interprété ici de manière très délicate par une guitare dans un esprit très nostalgique et tout en retenue. Le thème nous rappelle le côté poétique et magique du film incarné dans ce terrain symbolique qui permet à Ray de transformer les rêves en réalité (magnifique scène de fin avec son père), tandis que l'excellent 'The Library' change de registre avec un joli thème de flûte de pan soutenu par des guitares, une basse et une batterie pour la séquence où Ray cherche des informations concernant Terence Mann. Mais c'est la dernière partie du score (et du film) qui reste probablement la partie la plus touchante, là où Horner fera intervenir pour les dernières minutes du film un orchestre (cordes bien mises en avant) et ce pour les besoins dramatiques du film. 'Doc's Memories' fait ainsi intervenir l'orchestre pour la séquence où le docteur Graham, ancien joueur de base-ball s'adresse à Ray et lui confie ses vieux souvenirs et ses regrets des choses qu'il n'a jamais pu accomplir et qu'il aimerait bien concrétiser si une seconde chance s'offrait à lui. Finalement, c'est 'The Place Where Dreams Come True' qui permet au score d'atteindre l'apogée de l'émotion, pas du tout dans un style grandiloquent mais avec un aspect encore plus émouvant de par l'utilisation de l'orchestre dans un style plus typique de ce que fait habituellement Horner et faisant intervenir le thème du rêve de manière réellement poignante (surtout pour la scène où Terrence quitte Ray ou lorsque ce dernier rencontre son père), l'orchestre étant en lui même une sorte d'aboutissement musical de l'émotion du score. C'est le 'End Credits' qui nous permettra alors de réentendre le thème principal du score entièrement développé à l'orchestre, avec ces cordes toujours très douces et typique une fois de plus de l'écriture orchestrale d'Horner qui nous propose un très beau final pour sa partition, Horner nous ayant de toute façon toujours habitué à des morceaux de qualité pour les 'End Credits' de la plupart de ses grandes partitions.

'Field of Dreams' nous prouve une fois de plus que James Horner est indiscutablement LE compositeur de l'émotion et qu'il sait retranscrire mieux que quiconque la poésie et la magie des 'sentiments' humains. Score intime et assez éclectique, 'Field of Dreams' fonctionne plus sur la retenue et la délicatesse que sur les élans orchestraux romantiques ou mielleux que l'on aurait pu entendre si le réalisateur et le compositeur en avaient décidés autrement. Le score d'Horner n'est peut être pas forcément facile à apprécier à la première écoute mais s'appréciera certainement très vite après quelques écoutes qui permettront aussi de le replacer dans le contexte indissociable du film, là où la retenue et la délicatesse du score rejoint la poésie innocente et magique du film. 'Field of Dreams' est d'une manière générale considéré comme un classique dans le répertoire de James Horner, un vrai tournant dans sa carrière qui lui ouvre les portes vers une autre manière d'écrire sa musique, une manière peut être plus personnelle que ce qu'il faisait parfois au cours de la première moitié des années 80. Une BO touchante, émouvante et simple! Un Horner qui est aussi assez loin de ses petits pêchés habituels. A découvrir!


---Quentin Billard