Très joli film de Martin Ritt, 'Stanley & Iris' est le genre de petit film romantique/intime assez poétique qu'il fait bon de pouvoir voir de temps en temps. Robert De Niro et Jane Fonda forment un couple absolument craquant, deux blessés de la vie qui vont se rapprocher petit à petit pour vivre une très touchante relation pleine de tendresse. De Niro est une fois de plus parfait dans le rôle de Stanley, un analphabète qui vit en retrait de la société avec son vieux père sur qui il veillera jusqu'à la fin de ses jours, son handicap l'obligeant à avoir un boulot merdique. Iris (Jane Fonda, très touchante elle aussi) est une femme qui n'arrive pas à oublier la mort de son mari et qui a du mal à entretenir sa famille. Leur rencontre fera naître entre eux une réelle complicité et une amitié sincère. Les choses changent le jour où Stanely prend son courage à deux mains et demande à Iris qu'elle l'aide à apprendre à lire et à écrire. C'est aussi au contact d'Iris que Stanley va apprendre à mieux vivre en société parmi les gens (même si le film minimise un peu le passage d'un stade à l'autre dans le film) et c'est surtout grâce à elle qu'il va savoir lire et écrire. Iris va apprendre grâce à lui à oublier sa douleur et à regarder désormais vers l'avant en partageant avec lui leur amour sincère de l'un pour l'autre. Comme le dit si bien la tagline du film, 'elle lui a appris les mots qui lui manquaient pour lui permettre d'exprimer son amour'. De Niro vient une fois de plus nous rappeler qu'il est vraiment à l'aise dans tous les genres, que ce soit les comédies, les thrillers, les polars ou les drames. Petit film intime sans prétention, 'Stanley & Iris' est une très jolie histoire d'amour qui, sans rester inoubliable, est finalement très agréable à regarder.

John Williams nous prouve avec le joli score de 'Stanley & Iris' qu'il n'est pas juste le compositeur des fanfares héroïques à la Aaron Copland et des grosses partitions épiques à la Wagner. Williams a écrit un très charmant score pour ce film, un score minimaliste dans lequel le compositeur utilise avec parcimonie ses différents instruments et dose son utilisation dans le film. Composé de deux thèmes principaux, 'Stanley & Iris' est une jolie BO qui évoque la relation et la complicité qui naît entre les deux individus, le tout avec une grande retenue et une étonnante simplicité pleine de fraîcheur et de tendresse. Ainsi donc, le générique de début nous introduit le thème principal du score qui sera très présent tout au long de la partition de Williams, thème confié à un piano et une flûte qui possède une courbe mélodique élégante et gracieuse en même temps, le style de mélodie que sait si bien écrire le compositeur avec une étonnante facilité, et qui possède un côté à la fois innocent et plein de charme et de fraîcheur, à l'image du charme que dégage ce joli couple dans le film - dans sa revue sur le site de Traxzone, Alexandre Tylski parle 'd'harmonisation' entre le piano et la flûte renvoyant à l'harmonie entre Stanley et Iris. On appréciera cette mise en parallèle très judicieuse. Williams développera ce thème tout au long du film en le mettant en parallèle avec son deuxième thème pour piano et cordes. 'The Bicycle Ride' décrit la scène du vélo lorsque Stanley ramène Iris chez elle avec une certaine tendresse et une légerté. Utilisant les cordes avec quelques vents et une harpe, Williams prolonge le côté à la fois délicat et innocent de cette charmante musique dont la légèreté élégante rejoint la tendre complicité de ces deux personnes. 'Reading Lessons' nous permet d'entendre un petit thème léger avec piano, cordes et celesta, petit thème que l'on retrouve aussi dans la scène du dîner chez Iris avec son fils, sa fille avec son bébé et Stanley (qui prépare le dîner). 'Reading Lessons' exprime avec délicatesse cette complicité naissante en soulignant ici les scènes d'apprentissage de la lecture pour Stanley qui essaie vraiment de s'en sortir grâce à l'aide d'Iris. 'Factory Work' nous permet d'entendre le deuxième grand thème du score, un thème de piano lui aussi assez délicat et reconnaissable grâce à cette formule de trois notes, thème qui évoque lui aussi la relation pleine de tendresse entre Stanley et Iris (le thème est bien développé ici aux vents, surtout au hautbois). On retrouve aussi ce joli thème délicat dans 'Stanley at Work' avec un piano intime toujours bien mis en avant.

On notera l'utilisation modéré de temps en temps d'une trompette (l'instrument apparaît pour la première fois dans le film dans un plan où l'on aperçoit - comme par hasard - le drapeau américain, un cliché, bien évidemment, mais cela reste un détail très minime dans ce petit score très touchant) parmi l'instrumentation très restreinte du score avec les cordes, le hautbois, la clarinette et la flûte, sans oublier un petit célesta léger (un instrument que le compositeur aime décidément beaucoup utiliser). Malgré un passage légèrement plus dramatique après la première scène d'amour (notons les surprenantes cordes plus sombres dans ce passage très bref) où Iris pleure comme si elle pensait en même temps à son mari décédé, le ton délicat et léger du score revient très vite alors qu'Iris et Stanley concrétise progressivement leur relation. Notons un passage plus enjoué et heureux dans la scène où Stanley va à la bibliothèque et découvre qu'il arrive parfaitement bien à lire. 'Letters' et 'Putting It All Together' nous proposant des jolies variations intéressantes du thème principal, entre les vents et le piano, Williams reprenant finalement ses différents thèmes pour le 'End Credits' du film (le thème principal est décidemment très réussi. Difficile de se l'ôter de la tête à la sortie du film). Vous l'aurez donc compris, 'Stanley & Iris' est un petit score sans prétention, une petite BO peu connue du compositeur mais pourtant réellement touchante, même s'il est évident que 'Stanley & Iris' restera toujours en retrait par rapport aux partitions orchestrales plus populaires de Williams. Dans la lignée de son score pour 'The Accidental Tourist' (1988) de Lawrence Kasdan, 'Stanley & Iris' est un petit score intime délicat et minimaliste, tout en retenue dans le film et qui vient nous rappeller qu'en aucun cas John Williams ne sait faire que des grosses partitions d'aventure à la Star Wars. Une très jolie BO!


---Quentin Billard