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1-Pirates 2.52
2-Sauvés mais Captifs 5.47 3-Linarés se meurt 2.37 4-Mutinerie à Bord 3.44 5-C'ptain Red, Maître du Galion 3.52 6-Red, la Grenouille et le Requin 1.12 7-Dolorès (Thème d'Amour) 6.32 8-Don Alfonso S'Evade 4.30 9-Red, la Grenouille, Le Trône, Boomako et Le Boa 2.20 10-C'ptain s'empare du trésor Tandis que la Grenouille perd Dolorès 6.06 11-Red et la Grenouille voguent vers de nouvelles aventures 2.37 Musique composée par: Philippe Sarde Editeur: Milan Records CD FMC 233 Orchestre de Paris sous la direction de: Bill Byers Note: ***1/2 |
PIRATES
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Philippe Sarde
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Vouloir ressusciter un genre cinématographique mort depuis de nombreuses années n'est pas chose aisée. C'est pourtant le défi que c'est lancé Roman Polanski dans 'Pirates' où le réalisateur renoue avec la tradition des grands films de pirate du Golden Age Hollywoodien en y mettant le paquet: à peu près 30 millions de dollars de budget et un bateau gigantesque (le Neptune) entièrement construit pour les besoins du film (en revanche, le casting n'affiche aucune tête connue hormis l'acteur américain Walter Matthau). C'est donc Matthau qui interprète le Capitaine Red suivi de son jeune disciple, la Grenouille (Cris Campion, qui interprète ici son tout premier rôle au cinéma), Red étant un pirate redoutable parcourant les mers en quête de trésor. Après avoir été recueillis par un navire espagnol, Red et la Grenouille se retrouvent bloqués sur le navire et après que le capitaine ait découvert que les espagnols transportent un fabuleux trésor à l'intérieur de leur navire, il décide de provoquer une mutinerie pour s'emparer du navire et surtout du trésor. Mais les choses ne vont pas être aussi simple et le capitaine Don Alfonso (Damien Thomas) ne va pas se laisser faire. Budget colossal, moyens énormes pour une production Européenne, grands costumes, grands décors et beaucoup d'acteurs et de figurants, 'Pirates' constitue l'exemple type du bide commercial par exemple car si le film a coûté horriblement cher pour concrétiser l'envie de Polanski de ressusciter un genre qui n'est plus du tout populaire depuis très longtemps, il s'est néanmoins soldé par un gigantesque bide total au cinéma ('Pirates' n'a même pas remboursé le quart du budget du film!). Il faut croire qu'aujourd'hui ce genre de film est maudit puisqu'il arrivera la même chose à Renny Harlin sur le catastrophique 'Cutthroat Island' (L'île aux pirates), l'une des plus célèbre bide cinématographique de toutes les années 90. Néanmoins, 'Pirates' possède quelques bons côtés et notamment un certain second degrés et un sens de l'humour (un peu camouflé certes mais tout de même présent) qui nous montre que le réalisateur n'a pas vraiment voulu se prendre au sérieux sur ce film, censé renouer avec la tradition de grandes productions du genre comme 'The Sea Hawk' ou 'Captain Blood' pour ne citer que les exemples les plus connus. Matthau est moyen dans le rôle du capitaine Red et ce même si son physique un peu balourd correspond bien au personnage (grosse barbe, allure imposante, costume luxueux, etc.). Bilan mitigé donc pour ce film de pirates à l'Européenne, une tentative ratée mais qui a néanmoins le mérite d'exister.
Troisième collaboration avec Polanski après 'Le Locataire' et 'Tess', 'Pirates' permet au compositeur français Philippe Sarde de renouer avec le genre symphonique des sieurs Korngold et Rosza mais avec un côté plutôt léger et très second degrés (à l'image du film d'ailleurs), sans oublier le fait que la partition a été écrite en l'espace de deux semaines, c'est qui est absolument incroyable étant donné la longueur de la musique dans le film. A l'instar de Polanski, Sarde n'a pas vraiment voulu se prendre au sérieux en faisant la musique de ce film et il y'a une certaine légèreté étonnante dans la manière dont le compositeur a écrit sa partition symphonique. Ne vous attendez pas à trouver ici un score dans le style de 'Captain Blood' de Korngold (et encore moins dans le style de ce que fera John Debney sur 'Cutthroat Island'), 'Pirates' est avant tout une partition orchestrale au classicisme nous renvoyant tout droit à Beethoven avec un ton d'aventure quasiment enfantin (on a l'impression que Sarde a vu dans le film de Polanski une sorte de conte pour enfants, ce qui est souvent le cas d'ailleurs dans les histoires de pirates que l'on raconte parfois aux enfants). Le générique de début s'ouvre sur une musique martiale soutenue par un rythme imposant de caisse militaire avec quelques cuivres, cordes et des piccolos. Cette petite marche militaire (qui sonne déjà de manière un peu amusante quelque part, exagérant le côté héroïque d'un personnage principal qui n'est finalement pas si héroïque que ca - il passe la majeure partie de son temps en prison ou se saoule lorsqu'il en a l'occasion - ) nous introduit le thème principal, un thème d'aventure très présent tout au long du film mais qui ressemble malheureusement un peu trop au thème de la fameuse marche de 'l'amour des trois oranges' de Sergei Prokofiev. Après ce début exagérément martial, le compositeur nous introduit le premier morceau d'aventure sautillant et entraînant avec le thème des pirates, petit thème de scherzo qui fait un peu penser avec ses cordes staccatos et rapides au genre de morceau qu'écrit Beethoven dans ses scherzo (par exemple dans le deuxième mouvement de sa 9ème Symphonie). Ce thème de pirates apparaît dans la scène où Red et la Grenouille montent le long du navire espagnol pour être recueilli par l'équipage. Ce premier morceau au ton aventure permet au compositeur d'amorcer le style d'aventure enjoué de sa partition avec des orchestrations remarquables dans l'esprit de la musique classique de la deuxième moitié du 18ème siècle (belle utilisation des cordes avec les vents et les cuivres comme dans une véritable Symphonie classique) ---après tout, le film se passe au 18ème siècle, alors il n'est pas étonnant que le compositeur ait choisi cet axe musical pour illustrer le film avec sa musique d'esprit 'classique'--- et déjà dans cette scène la musique donne un côté plutôt léger (tellement léger qu'il y'a des passages qui font un peu penser à du 'mickeymousing' de musique de dessin animé), vif et enjoué, mais tout de même très éloigné du style des grosse machines orchestrales que l'on trouve dans la plupart des films hollywoodiens de ce genre. Red et la Grenouille se retrouvent alors emprisonnés sur le navire espagnol et c'est lors de la scène où Red découvre le trésor que Don Alfonso et ses hommes ramènent en Espagne que Sarde fait intervenir son troisième grand thème, un thème de cordes très mystérieux et vite reconnaissable. Ce thème envoûtant et simple donne un côté magique et mystérieux au trésor caché dans les cales du bateau et il sera lui aussi très présent tout au long de cette petite aventure symphonique. Le reste du score prolonge le côté aventure légère du film, Sarde développant ses différents thème, surtout le thème d'aventure, thème principal qui sera très présent dans les gros moments d'aventure du film, que ce soit lors de la bataille finale ou pour la séquence de mutinerie. A noter les éléments hispaniques du score apportés par l'utilisation d'une guitare (dans l'esprit de ce qu'a écrit le compositeur Joaquin Rodrigo ou Manuel De Falla) de castagnettes dans une scène où Don Alfonso affronte deux hommes du capitaine Red et prépare sa contre-attaque pour récupérer son navire et son trésor. La guitare intervient dans les quelques passages romantiques du score illustrant l'amour naissant entre la Grenouille et Dolores (Charlotte Lewis), passages plus conventionnels avec quelques envolées de cordes sirupeuses dans la plus pure tradition des thèmes d'amour (mais la relation entre les deux individus est incroyablement sous-développé dans le film!). La musique de la bataille finale permet de reprendre le thème d'aventure dans une ultime pièce de bravoure, entraînante et toujours superbement orchestré, avec ce côté léger même dans les scènes d'affrontement les plus rudes. On finit le film en boucle avec la reprise du thème d'aventure avec le rythme ironiquement martial (est-ce pour pasticher la musique des films de pirate faite durant le Golden Age Hollywoodien?) du générique de début pour le final du film. Petite partition d'aventure symphonique assez entraînante, 'Pirates' reste un des classiques incontournables de la musique de film de Philippe Sarde, même si le score est loin d'être ce que le compositeur a fait de mieux durant sa carrière. Mais il y'a une telle énergie et une certaine légèreté dans ce score d'aventure qui devient très vite attachant aux premières écoutes, sans pouvoir vraiment mériter le statut de 'chef d'oeuvre'. Avec des partitions orchestrale comme 'L'Ours' (composé en 1988), 'Tess' ou 'La Guerre du Feu', 'Pirates' nous rappelle une fois encore le talent d'écriture du compositeur et la richesse de ses partitions orchestrales, et ce quelque soit le style qu'il aborde. Une BO fort sympathique à découvrir si ce n'est pas déjà fait! ---Quentin Billard |