1-Bajo Fuego 5.36
2-Sniper 3.27
3-House of Hammocks 3.14
4-Betrayal 4.19
5-19 De Julio 3.29
6-Rafael 2.37
7-A New Love 3.45
8-Sandino 3.39
9-Alex's Theme 3.40
10-Fall Of Managua 2.29
11-Rafael's Theme 4.11
12-Nicaragua 4.14

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Warner Bros. Records
WPCP-4936

Produit par:
Bruce Botnick, Jerry Goldsmith

Artwork and pictures (c) 1983 Warner Bros, Inc. All rights reserved.

Note: ****
UNDER FIRE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Roger Spottiswoode a abordé un thème intéressant dans 'Under Fire', le problème des journalistes qui doivent rester 'neutre' face aux horreurs des guerres. Ici, le réalisateur nous décrit la réalité terrifiante du Nicaragua de 1979 déchiré par une guerre civile insensée avec Russel Price (Nick Nolte), un journaliste horrifié parce qu'il voit qui décide un jour de prendre position pour le clan des rebelles révolutionnaires menés par le commandant Rafael, le chef des rebelles qui se battent pour renverser le président Somoza. Face aux atrocités commises par les soldats de Somoza, il est difficile de ne pas prendre position en faveur des rebelles. C'est ce qui va arriver à Russel Price, journaliste photographe qui est venu dans le pays pour couvrir cet événement. Partis à la recherche de Rafael, c'est un cadavre que Price découvre, le commandant s'étant fait assassiné. Mais les rebelles lui demandant alors de prendre une photo du cadavre et de la maquiller afin de faire croire que Rafael est toujours vivant. Après moult hésitation, Price se laisse convaincre rejoignant ainsi la cause des rebelles, tout en manquant gravement à l'éthique professionnelle de son métier - un choix difficile à faire - mais à cause de tout cela, Price va amener les soldats jusqu'aux rebelles et provoquera involontairement leur mort. Price et son amie Claire (Joanna Cassidy) n'ont plus qu'une seule solution: quitter au plus vite un pays de plus en plus ravagé par la guerre civile. Malheureusement, son ami Alex Grazier (Gene Hackman) se fait un jour tuer par des soldats et les choses tournent mal pour Price qui se fait alors poursuivre par les soldats. Fort heureusement, le photographe a pu prendre quelques clichés de cette exécution et va tout faire pour quitter le pays et faire publier ses photos dans les journaux et à la télévision américaine afin que les américains comprennent la gravité de la situation dans ce pays.

Situation tendue du début jusqu'à la fin, l'histoire d'Under Fire paraît être inspiré de ce genre de faits divers qui font tout le quotidien du dangereux métier de photographe professionnel pour les journaux, un métier où il est toujours très difficile de rester neutre face aux horreurs que l'on côtoie tous les jours dans ce genre de pays. Le dilemme pour le personnage de Nick Nolte est le suivant: faut il dans ce cas respecter l'éthique professionnelle ou la morale humaine? Pour Russel Price, le choix est vite fait mais c'est un choix difficile à faire, encore plus lorsque l'on est un bon professionnel avec une réputation bien établie. Avec un script malheureusement assez moyen, Spottiswoode nous amène néanmoins à nous interroger sur la difficulté de ces journalistes face à de telles situations, tout en nous demandant quelque part ce que nous ferions nous à leur place. Sans vraiment prendre de position particulière, Spottiswoode nous montre une réalité sauvage dans un pays ravagé par une sanguinaire guerre civile. On ne pourra d'ailleurs qu'apprécier l'interprétation de Nick Nolte dans le rôle de ce journaliste déterminé (il faut voir la profondeur inquiétante de son regard dans la scène où il pointe un revolver sur un soldat).

'Under Fire' est de loin la BO de Jerry Goldsmith la plus populaire des années 80. Impossible de rester insensible face aux superbes solos du guitariste Pat Metheny pour qui Goldsmith a écrit quelques très belles parties de guitare acoustique dans son score, impossible aussi de ne rien ressentir face au thème principal (le 'Rafael's Theme'), thème assez entraînant qui grandit de plus en plus dans le film pour devenir par moment particulièrement prenant. Partition qui fleure bon les sonorités musicales de l'Amérique Centrale, 'Under Fire' permet au compositeur d'approfondir d'importantes touches ethniques choisissant ici d'ajouter à son orchestre des couleurs hispaniques notamment à travers l'utilisation de la guitare de Pat Metheny mais aussi par le biais d'un tambourin et d'une flûte de pan (utilisé de manière rythmique, surtout à travers le thème principal) sans oublier la touche habituelle du compositeur: l'utilisation très nette de ses sempiternels synthétiseurs, très présents tout au long du score. Si la musique met un peu de temps à se faire entendre dans le film (hormis la très brève première minute de musique du générique de début), c'est après la première demie heure du film que Goldsmith développe pleinement son score, cernant à merveille les décors et le lieu du film, l'Amérique Centrale.

Son thème s'axe principalement autour de deux thèmes, le thème principal associé au personnage du révolutionnaire Rafael et le 'Love Theme' qui sonne à la fois très nostalgique et assez dramatique étant donné la situation difficile dans laquelle le couple Price/Claire se retrouvent dans ce pays en pleine guerre civile. Avec une progression étonnamment précise, le thème principal ne cesse d'augmenter de plus en plus pour devenir vraiment très intense dans la scène où l'avion balance des prospectus de la photo bidon de Price faisant croire que Rafael est vivant malgré l'annonce de sa mort par le président Samoza. Le thème se distingue par l'utilisation de ces sons clairs de synthé très présent depuis le début du score soutenu par un rythme de tambourin et par une partie plus rythmique de la flûte de pan. Le thème évoque bien quelque part le contexte révolutionnaire de l'histoire (ce n'est pas pour rien qu'il devient particulièrement prenant dans la scène de l'avion qui largue les prospectus en faveur de Rafael) tout en restituant très clairement le côté hispanique du score. Le thème d'Under Fire fait partie des grands thèmes du compositeur durant les années 80 et il est assez amusant de constater à quel point ce thème peut paraître quelconque à la première écoute mais devient de plus en plus intéressant au fur et à mesure de son évolution dans le contexte du film. Quand au deuxième thème, il s'agit d'une thème romantique où interviennent une fois encore les synthés (avec toujours ces espèces de sons 'clairs') avec la guitare et les cordes, sous une forme toujours assez nostalgique et plutôt poignante (un très beau 'Love Theme' du compositeur qui a en plus l'avantage de ne pas sonner mielleux ou naïf). Grâce à ces deux axes thématiques, le compositeur favorise grandement le climat émotionnel du score, l'émotion étant de toute évidence au rendez-vous dans cette partition d'aventure, que ce soit les moments dramatiques, le romantisme ou l'action surtout dans la dernière partie du film.

C'est le fameux 'Bajo Fuego' qui est resté le morceau le plus populaire du score. Composé dans une version spéciale pour l'album, cet excellent thème de guitare apparaît dans le film pour la scène où Price se fait poursuivre par les soldats alors qu'il a pris des photos de l'exécution de son ami Alex. Pat Metheny expose fièrement ses talents de guitariste ici (dans une version un peu 'live') tandis que les cordes reprennent ce thème d'aventure assez rythmé soutenu par des orchestrations de cordes assez intéressantes. (on retrouve ici aussi les rythmiques syncopées typiques du compositeur) En ce qui concerne le synthé, on pourra peut être reprocher au compositeur d'en avoir un peu abusé, la partie électronique n'apportant finalement pas grand chose au score dans le film hormis le fait que cela donne une couleur assez spéciale sur la partie orchestrale/instrumentale de la musique de Goldsmith. Le 'Love Theme' apparaît quelque fois pour décrire la relation amoureuse entre Price et Claire mais toujours avec ce côté vaguement dramatique nous rappelant qu'à tout moment l'un d'eux peut se faire abattre par les militaires. Goldsmith nous propose une ultime version très romantique de ce thème dans une très belle envolée de cordes au début de 'Nicaragua', partie absente du film d'ailleurs, Goldsmith n'en conservant que la superbe reprise du thème principal pour le générique de fin.

Les quelques parties d'action interviennent surtout dans la fin du film, tandis que le compositeur nous réserve un moment de triomphe assez bref pour la chute de Samoza à la fin du film, (sans oublier un moment paisible très hispanique d'esprit dans la scène où Price et Claire se retrouvent dans le camp des rebelles - un des rares moments paisibles du score d'ailleurs -) le score possédant quelques moments dramatiques et sombres, notamment dans la scène où Price découvre les cadavres des rebelles qu'il a livré involontairement à l'ennemi à cause de ses photos (utilisation des cordes résignées dans ce passage).

Considéré d'une manière générale comme la meilleure BO de Goldsmith durant les années 80, 'Under Fire' a de quoi satisfaire, déjà de par l'impact émotionnel que le score du compositeur crée dans le film, mais aussi par une qualité d'écriture irréprochable (les parties de guitare sont vraiment excellentes, de même que le 'Love Theme' possède un côté mélodique très raffiné pour une fois) et une maîtrise technique toujours typique du compositeur. Avec de grands morceaux comme 'Bajo Fuego' ou 'Nicaragua', 'Under Fire' est un hit du compositeur dont le seul défaut résulte dans le fait que le CD n'est disponible que dans un import japonais difficile à se procurer (et aussi énormément cher) et ce malgré une assez récente édition allemande. 'Under Fire' n'est peut-être pas la meilleure BO qu'ait composé Goldsmith au cours des années 80 (que dire alors de ses grandes oeuvres telles que 'Gremlins', 'Twilight Zone: The Movie', 'Legend', 'The Burbs' ou bien encore 'Poltergeist' et 'First Blood'?), mais elle n'en demeure pas moins une partition de référence du Goldsmith des années 80, un score très populaire pour un film qui semble avoir particulièrement inspiré le maestro californien. Recommandé!


---Quentin Billard