1-Main Title 4.55
2-Night Visitors 8.47
3-Hamburger Rhumba 3.39
4-New Babies 3.45
5-Cafe Swing 3.32
6-Time Square and Farewell 6.06
7-Arson 6.08
8-A New Family/End Credits 8.28

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

MCA Records
MCAD 6359

Monteurs:
Jim Flamberg, Else Blangsted

Artwork and pictures (c) 1987 Universal Studio, Inc./MCA Records Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
* BATTERIES NOT INCLUDED
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
'*batteries not included', un titre bizarre pour un film très fantaisiste (le titre en v.f. est en fait 'Miracle sur la 8ème rue'). Produit par Steven Spielberg, ce joli film de Matthew Robbins décrit l'aventure d'un petit groupe qui vit dans un immeuble menacé de destruction par un homme d'affaire sans scrupule qui veut construire de grands gratte-ciel à la place de ces vieux immeubles. Ces locataires irréductibles espèrent qu'un miracle viennent les sauver d'une expulsion imminente. Une nuit alors que tout le monde dort dans l'immeuble, deux petites mystérieuses soucoupes volantes s'introduisent dans l'appartement et réparent des objets cassés. Au réveil, les habitants de l'immeuble découvrent ces mystérieux phénomènes avant de tomber nez-à-nez avec ces petits extra-terrestres mécaniques venus d'une autre planète. Pacifiques, ces E.T. vont les aider à sauver leur immeuble en persuadant un gang local du coin de quitter les lieux. Entre les locataires de l'immeuble et les extra-terrestres, une amitié va se former ainsi qu'une grande complicité qui va s'accentuer après la naissance des trois enfants du couple extra-terrestres. Histoire gentillette et effets spéciaux très réussis, '*batteries not included' de Matthew Robbins porte la marque de Spielberg à 100%, à tel point que l'on croirait ce film tout droit sorti de l'imaginaire du célèbre réalisateur américain (qui décidément semble toujours beaucoup influencer les films qu'il produit) qui produit là une très jolie histoire de science-fiction fantaisiste et familiale où pour une fois les extra-terrestres (ils ne sont pas difformes et organiques mais volent et sont mécaniques) ne cherchent pas la bagarre avec les humains et ne veulent que la paix. Le film parle de compassion, d'amour, de tolérance et de famille, car en plus d'aider la famille de ces petits extra-terrestres, ce sont les habitants de l'immeuble eux mêmes qui forment une famille unie pour lutter contre la menace d'expulsion sauvage qui pèse contre eux. Petit film familial sans prétention, '*batteries not included' devrait ravir ceux qui aiment de temps en temps replonger dans ce genre de belle petite histoire fantaisiste où l'on retrouvera pendant quelques temps notre âme d'enfant.

Après 'Cocoon', James Horner revient dans le style aventure gentillette avec des extra-terrestres pacifiques (point commun avec 'Cocoon') et si l'on serait tenté de faire le rapprochement entre les deux BO, il n'en est rien en réalité. Le score de '*batteries not included' est beaucoup plus jazzy et drôle que celui de 'Cocoon'. La partition d'Horner se compose de 3 thèmes, le premier étant un thème de jazz bien rétro qui ouvre le film sur le Main Title et évoque les vieux Frank Riley (patron du 'Riley's Cafe' menacé lui aussi de destruction par les bulldozers) et sa femme Faye qui a un peu perdue ses esprits. En choisissant cet axe jazzy dans sa musique, Horner ne fait pas qu'évoquer une ambiance Jazz/Swing rétro enjouée (sections rythmique avec piano, trompette en sourdine, etc. Comme au bon vieux temps du Swing à la Duke Ellington et surtout des Big Bands à la Glen Miller), il représente aussi quelque part le vieux Frank et sa femme qui semble vivre dans le passé, dans une époque lointaine (elle croit voir son fils Bobby en voyant Carlos alors que son fils est mort il y'a des années), la métaphore du Jazz étant quelque part en rapport avec ce côté rétro que l'on ressent dès le générique de début alors que ce thème Jazz sur une trompette en sourdine intervient au moment où l'on voit des vieilles photos en noir et blanc du 'Riley's Cafe' avec Frank (Horner s'inspirera beaucoup de ce thème dans le morceau 'Basketball Swing' de 'Cocoon: The Return' en 1988). Enfin, cet axe Jazzy est une autre manière dont donner une certaine pêche, un certain entrain à cette musique parfois légère et souvent enjoué. Evidemment, Horner lorgne ici du côté de 'Cocoon' pour lequel il avait déjà écrit une petite pièce de Jazz pour la scène où les vieux sortaient s'amuser un soir, Horner semblant s'être plutôt inspiré de cette pièce Jazz pour composer son thème de Swing pour '*batteries not included'. L'autre facette du score est évidemment plus orchestrale avec les deux autres thèmes plus émouvants, un thème très mélodique évoquant la famille des extra-terrestres et un thème aussi touchant évoquant la communauté qui se forme entre les habitants de cet immeuble. Evidemment et une fois encore, le compositeur s'inspire ici de très près de son compositeur fétiche Sergei Prokofiev puisque certains passages du score sont très inspirés de 'Cinderella' de Prokofiev. A ce propos, le style comédie/aventure d'Horner est très souvent proche du style de Prokofiev, un compositeur dont les quelques musiques de film sonnent toujours aussi fraîches aujourd'hui même si elles ont été composés pour la plupart il y'a environ un peu plus de 90 ans maintenant (Prokofiev est et restera toujours un compositeur de référence pour la musique de film américaine qui s'est très souvent inspiré de son style surtout dans le registre aventure/comédie, que ce soit Horner, Goldsmith, Williams et d'autres). Sans rentrer plus que cela dans les détails, l'oeuvre d'Horner a beau une fois encore s'inspirer d'oeuvres classiques ou d'oeuvres précédentes du compositeur (après tout, même Prokofiev le faisait: n'a t'il pas repris texto sa fameuse marche de l'amour des trois oranges dans 'Cinderella'? Une fois encore, il ne faut pas faire d'amalgame et savoir différencier 'citation', 'emprunt' et 'plagiat'), l'ensemble n'en reste pas moins très vite attachant dans le film et vraiment très intéressant. Le compositeur décrit l'arrivée des extra-terrestres la nuit avec un style un peu mickeymousing assez amusant et plein de légèreté. Le compositeur démontre à travers sa musique qu'il n'y a absolument rien à craindre de ces visiteurs venus d'un autre monde, et c'est justement le côté léger et pacifique de ces extra-terrestres qui ressort particulièrement dans 'Night Visitors', morceau où Horner nous prouve une fois encore son talent de maîtrise des diverses couleurs de son orchestre en créant une certaine fluidité orchestrale et une atmosphère énergique enjouée dans la séquence. On a évidemment le côté un peu mystérieux qui apparaît dans ce morceau (et ce à l'aide de différents effets instrume
ntaux et une abondance de vents souvent aigus et légers), mais cet aspect là ne devient jamais sombre mais plutôt intriguant - on se demande qui sont ces mystérieux visiteurs dont on ignore tout de leur origine - avec 'Night Visitors', on trouve déjà le style fantaisiste enjoué du score, la partie plus énergique avant les quelques moments plus sombres liés à la menace qui pèse sur les habitants de cet immeuble.

On notera la grande touche d'humour du compositeur dans l'excellent 'Hamburger Rhumba,' morceau qui s'ouvre sur un petit motif de flûte/cordes léger qu'Horner reprendra texto dans 'The Land Before Time' (1988) et qui se prolonge sur le style d'une Rhumba bien dansante avec l'effectif orchestral Jazzy dans la scène où Frank rouvre son café entièrement reconstruit par les extra-terrestres (qui ont le pouvoir de reconstruire en un temps record tous les objets cassés) et prépare des hamburgers pour ses clients avec l'aide de la petite famille extra-terrestres. C'est avec une certaine jovialité énergique et amusante qu'Horner illustre une fois encore cette séquence avec ici le côté dansant de la Rhumba avec trompettes et bongos traditionnels dans ce style de musique (notons aussi l'excellent et très divertissant 'Cafe Swing'). Décidément, Horner semble s'être bien amusé sur ce score où il démontre aussi sa capacité à composer dans d'autres genres musicaux (avec '48 Hrs.', il nous montrait son côté plus rock mélangé à des éléments tropicaux - comme il le fera dans 'Commando' et un peu dans 'Red Heat', tandis que 'Gorky Park' faisait un usage très intéressant des percussions et du synthé). Petit à petit, ses différents thèmes se développent et suivent la relation naissante entre les héros et la petite famille extra-terrestres avec un côté toujours très touchant et des orchestrations souvent plus légères (cordes douces, vents paisibles, etc.). N'oublions pas non plus les quelques petites touches d'humour comme par exemple lorsqu'Horner décrit l'agitation des E.T. en utilisant un clavecin surprenant au milieu de l'orchestre pour donner une couleur spéciale avec ces visiteurs venus d'un autre monde.

On a quelques passages plus sombres comme par exemple dans 'Arson' commençant sur un crash de piano typique du compositeur (bien mis en avant dans bon nombre de ses scores plus sombres des années 90) pour développer ensuite un style sombre plus proche d'une atmosphère thriller menaçante, même si ces éléments sont assez peu nombreux au sein du score (et même s'ils sont loin d'être l'élément le plus intéressant du score). On trouve finalement un superbe récapitulatif des thèmes à partir de 'A New Family - End Credits' (les extra-terrestres font venir du renfort pour réparer l'immeuble et tout rentre dans l'ordre pour les habitants qui resteront dans cet appartement sans que personne ne puisse y toucher), superbe final où le compositeur développe ses trois thèmes principaux en proposant quelques belles reprises des deux autres thèmes orchestraux, celui de la famille des extra-terrestre et le thème de la communauté de l'immeuble. '*batteries not included' apparaît au final comme une BO très sympathique par moment très touchante (Horner nous fait particulièrement bien ressentir le côté magique et fantaisiste du film) et par moment amusante et sombre. '*batteries not included' est une BO d'Horner injustement méconnue qui devrait gagner à être reconnu comme un des plus beaux efforts du compositeur en cette fin des années 80 où l'on commence déjà à distinguer les prémices de son futur style des années 90, sans oublier la grosse touche Jazz du score qu'Horner semble s'être bien amusé à composer (on retrouvera cela dans 'Cocoon: The Return' mais aussi dans 'Honey, I Shrunk The Kids'). Voilà donc encore une de ses BO qu'il faudra prendre le temps de découvrir ou de redécouvrir. Au final: un score très sympa!


---Quentin Billard