1-Walkin' 1.28
2-Civil Theme 2.40
3-The River 3.06
4-and This...1.06
5-First Landing 1.14
6-Something To Prove 1.19
7-Bills, Bills, Bills 0.59
8-Water #1 2.02
9-Trial 2.44
10-Walkin'Reprise 1.31
11-Objections 2.17
12-Why? 3.21
13-Going Down 1.26
14-20 Bucks 1.47
15-The Creep Up 0.55
16-Off The Hook 1.17
17-Harvard Club 1.05
18-Water #2 2.12
19-Night Work 2.50
20-The Letter 3.24
21-At Last 1.19
22-End Credit Suite 6.18

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Hollywood Records
HR-62158-2

Album produit par:
Danny Elfman, Ellen Segal
Montage musique:
Ellen Segal
Préparation de la musique:
Julian Bratolyubov
Programmeur de la musique:
Marc Mann

Artwork and pictures (c) 1998 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
A CIVIL ACTION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Inspiré d'une histoire vraie, cet énième film de procès retrace l'histoire de l'avocat Jan Schlichtmann qui intenta un procès contre une entreprise polluante au nom de familles des victimes toutes mortes d'une leucémie provoqué par la contamination d'une rivière de Woburn (Massachusetts) par cette corporation sans scrupule. L'histoire veut que Schilchtmann se soit complètement ruiné dans cette affaire et soit allé jusqu'au point maximum pour aider au mieux ces victimes afin que justice soit faite et l'on retiendra de cette histoire le formidable courage d'un homme qui détruira sa carrière et perdra tout ses biens afin de faire payer les coupables une bonne fois pour toute. C'est John Travolta qui interprète ce personnage qui fonce tête baissée dans ce procès et qui est très déterminé même si l'on remarque les faiblesse de ce personnage (il a quelques tendances à la paranoïa et commet quelques maladresses au cours du procès...c'est ce qui rend le personnage plus humain et plus proche de nous qu'un simple personnage de cinéma...après tout, il s'agit bien d'une histoire vraie). Le réalisateur Steven Zaillian (réalisateur de 'Searching for Bobby Fischer' en 1993 qui réalise avec 'A Civil Action' son deuxième film en tant que réalisateur après avoir écrit plusieurs scénarios sur d'autres productions diverses...) nous décrit dans 'A Civil Action' (Préjudices) une histoire finalement très dramatique qui nous prouve comme le titre du film l'indique que la justice a son prix. Entouré d'acteurs talentueux avec un superbe casting de qualité (John Travolta, William H.Macy, James Gandolfini, John Lithgow, Robert Duvall, Katherine Quinlan, Dan Hedaya, Tony Shalhoub, Sydney Pollack et même un petit rôle à la fin du film pour Kathy Bates), le réalisateur nous restitue une version très réalise de cette histoire dramatique, même si le film a tendance a être un peu longuet par moment.

Décidément, Danny Elfman ne cesse de nous surprendre en enchaînant coup sur coup des projets sur lesquels on ne l'attend pas forcément. Avec 'A Civil Action', Elfman n'a pas fait une BO extraordinaire ou très marquante et a préféré faire dans le minimalisme même si le compositeur fait intervenir avec son orchestre son habituel choeur d'enfants cette fois ci utilisé d'une manière totalement différente que dans 'Batman Returns' ou 'Nightbreed', sans oublier l'utilisation assez discrète mais réellement intéressante du synthétiseur. Elfman reprend ici le style plutôt dramatique de 'Good Will Hunting' (score honteusement inédit alors qu'il n'en constitue pas moins ce qu'Elfman a fait de mieux dans ce domaine dans la deuxième partie des années 90) en écrivant un score au ton lent et assez dramatique à l'aide d'orchestrations tout à fait traditionnelles et sans surprise mais qui se retrouve enveloppé dans le style plus mystérieux du choeur d'enfants qui sonne toujours très lointain et aérien dans le film avec quelques guitares et une basse de synthé (réutilisé par Elfman de manière amplifiée dans 'Proof of Life') déjà présente dans 'Mission: Impossible' et 'Men In Black'. Dans 'Walkin' (qui est en fait le thème du personnage de Jan Schlichtmann), le compositeur utilise le synthé avec quelques percussions et l'orchestre (soutenu par des voix lointaines) de manière intéressante et assez originale mais si cela rappelle tout à fait le 'son' du Elfman de l'après 95. C'est le 'Civil Theme' qui sert de thème principal au score et qui reste une fois typique de l'envie du compositeur d'éviter tout aspect mélodique pour construire une partition atmosphérique et pesante tout au long du film (le mot d'ordre que le compositeur semble s'être lancé depuis 'Dead Presidents' et 'Dolores Claiborne'). Le thème 'civil' n'a rien de franchement marquant et n'a pas de véritable mélodie à proprement parler. En revanche, il possède un certain 'son' assez original où Elfman utilise la batterie avec du synthé, des guitares et quelques instruments de l'orchestre soutenu par la guitare basse. Assez quelconque et sérieux en même temps, ce thème est entendu alors que l'enquête que mène Schlichtmann et ses associés évolue jour après jour. Ce thème possède donc un côté à la fois déterminé et sérieux en même temps, évoquant quelque part l'envie réelle qu'a Schlichtmann de mener cette enquête jusqu'au bout.

Avec 'The River', l'enquête du personnage de Travolta commence alors que ce dernier se rend près de l'usine où les produits toxiques ont été déversés au bord de la rivière. Basse, cordes pesantes, piano (on pense parfois au style envoûtant du score de 'A Simple Plan') et guitares diverses, Elfman crée une ambiance à la fois mystérieuse et intriguante mais sans être réellement sombre, le genre d'ambiance ambiguë que le compositeur affectionne particulièrement. L'idée est simple: il s'agit ici de représenter l'enquête de Schlichtmann face aux secrets que cache les ouvriers de cette usine d'où le côté intriguant de la musique qui renvoie quelque part aux nombreuses questions que se pose le héros (et qu'il pose aussi à ceux qu'il interroge pour son enquête). On trouve le côté très Elfman années 90 dans 'And This...' avec ces voix lointaines, une peu de percussions, la basse, les cordes (avec pizz mystérieux) et les guitares un peu dissonantes qui rappelle par moment le style de 'A Simple Plan' (l'ensemble nous renvoyant très clairement aussi à 'Good Will Hunting' sur un registre tout à fait similaire).

Si la musique s'agite un peu plus dans 'First Landing' (Schlichtmann demande de l'aide à des experts qui se chargeront de fouiller le sol et la rivière afin de chercher toute trace de produits chimiques ou toxiques), on revient toujours au style plus intriguant et mystérieux du score, quelque chose qui apparaît très bien par exemple dans 'Something To Prove' où à l'attirail instrumental du compositeur se rajoute une espèce de son d'orgue hammond un peu distordu et qui donne un son plutôt spécial au morceau. Avec 'Water #1', Elfman nous ressort ses cordes torturées à la 'Dolores Claiborne' pour évoquer le drame qui est à l'origine de cette histoire: la mort de plusieurs enfants tous atteint d'une leucémie mortelle. Notons l'utilisation plus 'cool' des guitares dans 'Objections' (lors d'une scène de procés) avec la batterie, la guitare basse et les cordes. Mais le score commence à devenir de plus en plus sombre et dramatique à partir de 'Why' (dans cette scène, Schlichtmann commet une erreur: il demande pose une question que l'on ne pose habituellement jamais à un témoin lors d'un procès). Dans ces morceaux plus lents, les cordes et une flûte plus grave (comme dans 'A Simple Plan') ressorte particulièrement pour évoquer le fait que les choses vont de plus en plus pour Schlichtmann et les collègues de son cabinet. (on retrouve une fois encore les cordes sombres à la 'Dolores Claiborne' dans '20 Bucks' - notons le motif de 7 notes qu'Elfman utilise dans '20 Bucks' et 'Off The Hook' et qui deviendra une idée thématique lié aux moments plus difficiles pour le héros et ses collègues)

A propos du choeur d'enfant, on notera la manière dont Elfman le met particulièrement en avant dans un morceau plus 'vocal' d'esprit lors d'une scène de procès. Cette utilisation du choeur d'enfants est une métaphore musicale du film: ce choeur lointain rejoint quelque part les jeunes victimes de ce drame qui semblent enfin avoir trouvés quelqu'un qui veut bien défendre leur mémoire et se battre pour leur cause. Schlichtmann revient près de la rivière et médite sur tout ce qu'il a découvert dans 'Water #2' où la basse de synthé se veut ici plus tendue avec le choeur d'enfants qui sonne un peu de manière parfois assez dramatique comme dans le fameux 'Betrayal' de 'Mission: Impossible' qui faisait un usage très intéressant d'un choeur de manière similaire. 'At Last' marque la conclusion de cette histoire dramatique avec une reprise du motif de 7 notes développé et qui évoque finalement l'échec du héros qui a tout perdu mais qui a enfin découvert la vérité sur toute cette histoire. Le morceau de fin est assez touchant. Le compositeur rend quelque part hommage au courage de ce héros qui a enfin réussi ce qu'il voulait faire au prix de tout ce qu'il possédait. Le choeur d'enfant résonne de manière solennelle et élégiaque dans cette très belle conclusion orchestrale composé comme une sorte d'hommage à la bravoure de cet avocat et à la mémoire de ces enfants morts à la suite d'un empoisonnement qui aurait pu être évité.

'A Civil Action' sonne donc moins orchestral que certaines oeuvres plus traditionnelles du compositeur. On est plus proche ici de ce qu'Elfman a déjà fait sur 'Good Will Hunting' ou 'A Simple Plan' par exemple, là où le compositeur faisait un usage très intéressant de divers instruments. On pourra regretter cependant le côté finalement très quelconque de ce score lent qui nous accroche finalement assez peu souvent (encore moins dans le film d'ailleurs hormis un ou deux passages) et qui risque fort une fois de plus de décevoir les fans du compositeur qui regrette la 'bonne époque' fantaisiste du compositeur. Composition atmosphérique idéale pour le film, le score de 'A Civil Action' ne marquera pas vraiment les mémoires. Mais ce serait dommage de cracher dessus, d'autant que ceux qui aiment bien le style près 95 du compositeur ne pourront qu'apprécier ce score qui doit beaucoup à certaines partitions plus récentes d'Elfman. Maintenant, c'est à vous de voir!


---Quentin Billard