Disc 1 The Complete Score

1-Main Title 1.32
2-The Killers Arrive 5.26
3-What Does He Want 3.57
4-Find it/Don't Believe Me 4.55
5-Kill Him 1.33
6-Reuters News 0.34
7-Broken Bottles 1.56
8-We're Home Again (Film Mix) 4.07
9-S29 1.44
10-Without Hope/Frau Doring 2.22
11-Do Yours 0.33
12-The Dam 1.41
13-Over The Top/Frieda Maloney 2.22
14-December 11th 1.23
15-The Hospital (Revised) 2.18
16-Jungle Holocaust 3.36
17-Old Photos 2.52
18-You! 1.12
19-Print/The Dark Room/
End Title 6.48

Disc 2 The 1978 Album

1-Suite from
"The Boys from Brazil" 19.49
2-We're Home Again (Album Mix) 3.51
3-Frau Doring 8.14
4-The Dogs & Finale 6.57

Bonus Tracks

5-Siegfried Idyll (Excerpt) 4.24*
6-The Blue Danube (Excerpt) 2.27**
7-Ismael's Samba
(radio source) 2.00***
8-The Hospital 2.19
9-The Killers Arrive
(without percussion overlay) 5.04

*Richard Wagner
**Johann Strauss II
Adapté par Arthur Morton
***Arthur Morton.

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 75

Album produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif:
Roger Feigelson
ATV Coordinateur musical:
Happy Goday

"We're Home Again"
Musique de Jerry Goldsmith
Paroles de Hal Shaper
Interprété par Elaine Paige.

(c) 1978/2008 ITC Entertainment Ltd. Licensed by Granada Ventures Ltd. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE BOYS FROM BRAZIL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Thriller inégal signé Franklin J.Schaffner, « The Boys from Brazil » (Ces enfants qui venaient du Brésil) narre le récit d’un groupe de nazis dirigés par un ancien médecin-bourreau d'Auschwitz ayant réussi à mettre au point un complot visant à faire ressusciter Adolf Hitler en le clonant sous la forme de mystérieux enfants destinés à devenir le Führer. Sur cette histoire très inquiétante (et un peu hors de son temps, car le problème du clonage n'était pas vraiment d'actualité à l'époque du film en 1978, en tout cas bien moins qu'aujourd'hui...), Schaffner signe un suspense habilement entretenu par un scénario et une intrigue solide même si le film a tendance parfois à traîner sérieusement en longueur - la faute étant attribué à une mise en scène parfois un peu molle et un personnage principal lui aussi un peu mou. Gregory Peck interprète ce sinistre docteur Josef Mengele qui n'a qu'une seule ambition: créer le 4ème Reich en faisant revenir Hitler à travers ses clones. Face à lui, c'est le chasseur de nazis Ezra Liberman (Laurence Olivier) qui va mener la traque contre Mengele après avoir réuni de nombreuses informations et découvert que le sinistre docteur cherche à assassiner plusieurs personnes un peu partout en Europe. Evidemment, Liberman ne va pas le laisser faire et la confrontation deviendra inévitable - aboutissant à une dernière demi-heure particulièrement brutale et sanglante. Si le film est un peu en avance sur son temps, l'intrigue de « The Boys from Brazil » paraît plus proche de notre temps, à une époque où la science permet dorénavant de rendre possible le clonage humain. Le débat du clonage est un sujet sensible depuis de nombreuses années déjà, suscitant pas mal de problèmes éthiques en tout genre : a-t-on vraiment le droit de cloner un être humain, de reproduire une vie qui n'est destinée qu'à exister une fois et en tant que telle, de manière naturelle ? Pour résumer : l'homme a-t-il le droit de se prendre pour Dieu ? La réponse appartient à chacun, même si elle paraît plus qu’évidente. Et si des scientifiques détenaient quelque part du sang et un bout de peau issu du corps d'Hitler ? (Pour peu que l'explication scientifique du film soit réellement plausible...) Que se passerait-il si ces chercheurs ramenaient à la vie l'homme responsable de la mort de millions d'innocents durant la seconde guerre mondiale ? Ce sont toutes ces questions que soulève le film de Schaffner - avec plus ou moins d’habileté - un film qui, en plus d’être un thriller efficace et prenant, nourrit en son sein une véritable réflexion sur l’abus de la science moderne et les dangers liés aux excès des scientifiques mal intentionnés - dommage cependant que le développement de cette réflexion reste bien souvent sommaire et superficielle dans le film. Mention spéciale à Gregory Peck, particulièrement bon dans le rôle de Josef Mengele, un individu ayant d'ailleurs réellement existé, vivant au Brésil au moment où le film fut tourné (Mengele est décédé un an après, en 1979).

Jerry Goldsmith retrouve une fois encore son grand complice Franklin J. Schaffner avec qui il signa certains de ses plus grands chefs-d’œuvre tels que « Planet of The Apes », « Patton », « Papillon » ou « Islands in The Stream » (sans oublier le fait que sa première collaboration avec le réalisateur remonte déjà à « The Stripper » en 1963). Pour « The Boys from Brazil », Goldsmith nous livre une très solide partition thriller au suspense tout aussi soutenu que dans le film, l'attraction principale du score restant indiscutablement la fameuse grande valse que le compositeur a écrit pour le long-métrage de Schaffner et qui fait office de thème principal de la partition. La valse de « The Boys from Brazil » fait partie des grandes mélodies écrites par le compositeur dans les années 70, années propices à l’imagination fertile du maestro et qui lui ont permis d'accoucher de certains de ses plus grands chefs-d’œuvre. Entièrement symphonique, le score de « The Boys from Brazil » retranscrit parfaitement l’atmosphère pesante de cette sombre intrigue fasciste, entretenant un suspense assez intense largement véhiculé à travers le motif rythmique de cuivres menaçants lié tout au long du film au Dr. Mengele (Gregory Peck). Ce motif de la conspiration intervient dès la première scène du film et sera présent jusqu'au bout après avoir subit toute une série de développements musicaux.

Quand à la fameuse valse faisant office de thème principal, elle est introduite dans la très brève ouverture du film et pose d’emblée l'esprit typiquement 'germanique' du score : Jerry Goldsmith rend effectivement ici un brillant hommage au style des célèbres valses de Johann Strauss en créant cette grande danse dans l'esprit des valses viennoises du 19ème siècle. Le thème se construit autour d’orchestrations brillantes, incluant cors, trompettes et cordes flottantes, reposant sur des harmonies à la fois simples et élégantes même si la deuxième partie de la valse s'emballe très nettement et suggère déjà le motif rythmique menaçant de Mengele. On pense ici au style plus torturé et sombre de la fameuse « Valse » de Maurice Ravel, bien qu'ici le morceau de Goldsmith possède une consonance très germanique d'esprit. D'autre part, le choix d’une valse de type viennoise reflète une évidence liée au contexte même du film, car si Goldsmith associe cette valse au personnage juif d’Ezra Lieberman (Laurence Olivier), elle révèle dès le début le fait que le chasseur de nazi est lui-même d’origine viennoise. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Goldsmith choisit de nous faire entendre la valse au cours de la scène du début où Lieberman descend d'un bus. La dite scène permet d'introduire le protagoniste principal. On pense immédiatement au style ludique et cérémonial de ces grandes valses viennoises qui nous rapprochent ici des nazis. Ce n'est d’ailleurs certainement pas un hasard si l'on aperçoit à un moment des nazis danser au son du célèbre « Beau Danube Bleu » de Johann Strauss. Cette mélodie possède un côté fasciste et ambigu (d’où une seconde partie plus sombre), ambiguïté qui instaure finalement une grande richesse d'idées à travers cette excellente pièce. En bref, il est évident que la valse principale est l'atout incontestable de la partition de « The Boys from Brazil », qui démontre une fois encore toute l’étendue du talent d’un compositeur qui recherche continuellement le ton juste pour les films qu'il met en musique, surtout dans les films de Schaffner qui l'ont toujours grandement inspiré - surtout lorsqu'il s'agit de se lancer de véritables défis artistiques/musicaux comme ce fut le cas sur l'inoubliable « Planet of The Apes ».

La première scène du film évoque l'arrivée des nazis espionnés par Barry Kohler (Steve Guttenberg), scène introduisant le motif rythmique de cuivres menaçant liés aux nazis - reconnaissable à son rythme martial martelé de façon entêtante. Le reste du score développe à travers des orchestrations toujours très riches et tendues la partie suspense du score, entrecoupé de brèves allusions au thème principal qui perd de plus en plus de son importance au fur et à mesure que l’histoire du film progresse. On pourrait d’ailleurs ajouter que c'est le motif de Mengele qui finit par prendre le dessus tout au long du film, ce motif assez pesant devenant très vite omniprésent dans la plupart des morceaux sombres du score. Ce sont les cordes qui font véhiculer la tension à travers les quelques moments de suspense du score ou dans les passages d’action plus conventionnels - scène de l'affrontement final avec les chiens par exemple, Goldsmith faisant preuve une fois de plus d'une virtuosité rare lorsqu'il s'agit de faire éclater l'action. Le pupitre des cuivres reste le plus souvent associé à l'aspect dangereux et violent représenté par Mengele et sa horde de nazis, avec son motif associés aux trombones et aux tubas. On pourrait d’ailleurs rapprocher ce motif avec le style rythmique d'un autre grand score thriller de l'époque, « Capricorn One ». Il est vrai que Jerry Goldsmith renoue quelque part ici avec le style suspense de son score pour le film de Peter Hyams datant de 1978.

C'est au cours de la première scène d'introduction du film que l’on entend le thème de Mengele, développé dans sa version intégrale avant de subir toute une série de développements - après tout, le personnage lui même change au court du film puisqu'il doit se résoudre ainsi à accomplir lui-même sa tâche tout seul. Le thème est posé dès le début de l’histoire sous la forme d'une marche pesante et menaçante (une troupe de soldats défilent à l'écran dans la scène au Paraguay), illustration parfaite et très directe de la conspiration nazi. Le reste du score de « The Boys from Brazil » décrit ainsi la double traque qui s’opère tout au long du film, celle de Josef Mengele qui part à la recherche des personnes qu'il doit faire assassiner, et celle de Ezra Lieberman qui va tout faire pour stopper l'ancien tortionnaire nazi d’Auschwitz.

On affirme bien souvent que « The Boys from Brazil » est l’un des grands chefs-d'oeuvre du maestro californien, un 'must' à posséder absolument. On pourra néanmoins tempérer ce jugement en précisant que « The Boys from Brazil » est loin d'être ce quel le compositeur a fait de mieux dans le domaine, la partition de Goldsmith ne possédant ni l’audace ni la ferveur d’un « Patton » ou d’un « Planet of the Apes ». Ceci dit, impossible de résister au charme de la grande valse viennoise du score, le morceau-clé du score, preuve une fois encore que le compositeur trouve toujours ses plus grandes mélodies lorsqu'il travaille avec Schaffner. On regrettera aussi le manque d'audace du score et le fait que le compositeur ait un peu mis de côté sa valse durant le film, et ce même si on peut l’entendre par ci par là à travers quelques développements furtifs. Partition extrêmement sombre, intense et oppressante, la musique de « The Boys from Brazil » révèle tout le talent du compositeur pour les atmosphères de suspense typiquement « 70s », aux orchestrations toujours très élaborées et maîtrisées, mais sans grande originalité particulière. Au final, « The Boys from Brazil » est loin d'être un mauvais score, mais on aurait simplement aimé entendre quelque chose de plus original et de plus mémorable en dehors de la fameuse valse principale. La partition de « The Boys from Brazil » est somme toute assez conventionnelle au regard des précédents chefs-d’œuvre que nous a offert Jerry Goldsmith sur les anciens films de Schaffner, mais ses qualités intrinsèques sont bien présentes et indissociables des images du film. En tout cas, voilà un classique du maestro californien à redécouvrir à travers l’excellente édition 2 CD d’Intrada !



---Quentin Billard