1-The Construction 2.25
2-Sticks and Stones 2.03
3-No Air 2.24
4-The Bubble 1.43
5-First Flight 2.45
6-Free Ride 3.33
7-Fast Getaway 4.47
8-She Likes Me 2.28
9-Have A Nice Trip 7.54
10-All Around The World 2.18*
11-Less Than Perfect 4.06**
12-This Boy Needs
To Rock 3.57***

*Interprété par Robert Palmer
**Interprété par Red 7
***Interprété par Night Ranger

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5261

Musique produite par:
Jerry Goldsmith
Préparé pour l'édition
pour Varèse Sarabande par:
Robert Townson, Tom Null

"All Around The World"
Produit par:
Bernard Edwards
Version non entendue
dans le film

"Less Than Perfect"
Produit par:
Mike Rutherford

"This Boy Needs To Rock"
Produit par:
Pat Glasser

Artwork and pictures (c) 1985 Paramount Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: ****
EXPLORERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Très joli film d'aventure de Joe Dante, 'Explorers' décrit l'aventure de 3 jeunes enfants qui construisent une étrange machine afin de partir dans l'espace et de découvrir des extra-terrestres. Certes, l'intrigue paraît en soi assez faible; l'idée de la découverte d'extra-terrestres a déjà été abordé plusieurs fois dans le domaine de la science-fiction, mais l'idée originale de Dante est de montrer l'histoire d'un point de vue plus enfantin, renouant une fois encore avec le côté magique de ses films comme 'Gremlins' (mais que l'on retrouvera plus tard en 1998 dans 'Small Soldiers' par exemple). Avec 'Explorers', Dante rend hommage à l'imaginaire du monde de l'enfance, imaginaire qui ici se réalise sous la forme d'une capsule qui va permettre à Ben le rêveur (Ethan Hawke, très jeune à l'époque en 1985), Wolfgang le scientifique (River Phoenix) et Darren l'incrédule (Jason Presson) de s'envoler dans l'espace pour répondre à l'appel codé sur leur ordinateur d'extra-terrestres qui vont les guider vers leur vaisseau et prendre contact avec eux. Ils vont découvrir deux aliens particulièrement sympathiques, qui se sont gavés d'émissions télé terriennes pendant des années entières et qui croient que ce qu'ils voient dans les films est la réalité dans notre monde. Avec ce passage là, Dante nous montre quelque part le danger des images et des films pour les personnes 'influençables' (surtout les enfants, car après tout, ces 2 aliens sont eux aussi des enfants) qui risquent de confondre fiction et réalité. Mais c'est avant tout le côté onirique et magique du film qui prime avant tout. Ce n'est pas pour rien que Ben Crandall, obsédé par la recherche de formes extra-terrestres au delà de notre monde, rêve plusieurs soirs d'affilée d'un étrange circuit électrique qui va servir à construire leur futur engin à l'aide d'un mystérieux point de force électrique (une espèce de bulle d'énergie qui leur permet de flotter sans contrainte physique). La séquence dans le vaisseau des aliens avec les extra-terrestres paraît elle aussi se dérouler comme une sorte de rêve éveillé fabuleux et inquiétant à la fois. Nous avons tous rêvés un jour de découvrir des êtres ou des choses au delà de notre monde, de voler et de survoler la terre vu des airs, d'accomplir nos rêves les plus tendres, etc...en abordant ce sujet qui nous renvoie à la nostalgie des rêves de l'enfance, Joe Dante marque un point et crée là un de ses plus intéressants films, même si l'ensemble est assez gros et peut parfois frôler le ridicule (les extra-terrestres sont débiles et délirants à la fois - on pourra quand même reprocher au film de partir complètement en 'live' dans la dernière partie du film). Les fans du style du réalisateur seront en tout cas comblé par cette belle petite aventure fantaisiste aux effets spéciaux assez intéressants pour l'époque.

Avec 'Explorers', Jerry Goldsmith nous prouve une fois de plus qu'il n'est jamais autant inspiré que lorsqu'il compose pour un film de Joe Dante, au moins depuis la deuxième moitié des années 80 et les années 90. Composé pour l'orchestre avec les habituels synthétiseurs du compositeur (sans oublier l'apparition très brève et surprenante d'un harmonica dans deux ou trois passages, comme Goldsmith le fera plus tard dans le score de 'Dennis The Menace'). Les synthés sont très bien utilisés par rapport à l'orchestre et aucun des deux ne vient gêner l'autre. La cohésion entre le synthé et l'orchestre est parfait dans la partition de Goldsmith. Le compositeur retranscrit donc avec son score d'Explorers tout le côté aventure à la fois magique et fantaisiste du film. 'Explorers' est ce genre de musique qui nous renvoie directement comme le film au monde de l'enfance, à l'excitation innocente de l'aventure et à la découverte émerveillé d'un univers quasiment onirique. Ce sont les thèmes utilisés par Goldsmith qui donnent une force particulière à la partition. Le premier thème est assez quelconque mais évoque déjà l'amitié unissant les trois amis. Avec un ton léger et des orchestrations colorées (beaucoup de cordes avec vents et quelques synthés aux sonorités légères et claires), la première partie du score et du film est assez animée tout en gardant un côté enfantin, Goldsmith développant ce premier petit thème assez banal. A noter le fait que le compositeur utilise l'harmonica dans la scène où Ben monte sur le toit de sa chambre et admire les étoiles dans le ciel, le personnage tenant justement un harmonica dans sa main (d'où la petite astuce du compositeur), l'harmonica intervenant toujours (très discrètement et brièvement) avec un côté nostalgique et rêveur, une sorte d'hommage discret au monde lointain du western pour lequel Goldsmith aura apporté sa contribution au cours des années 60 et 70 (bien que l'harmonica soit complètement dégagé ici de tout style musique de western bien entendu...). Mais très vite, le compositeur développe un thème qui devient de plus en plus important, le thème de 'ThunderRoad' (en français, la capsule s'appelle 'Born in America', en hommage à un chanson de Bruce Springsteen) , la capsule qui va emmener les trois amis au delà de la terre dans l'espace. C'est dans le fameux 'The Construction' que Goldsmith atteint un sommet de la partition. 'The Construction' est resté le morceau le plus populaire de tout le score, celui que l'on cite toujours lorsque l'on parle du score d'Explorers. En installant un petit ostinato mélodique de piano soutenu par des traits de cordes rapides (exprimant l'excitation enfantine de la préparation vers une belle aventure), ce sont les violoncelles qui entament la mélodie du thème principal, un thème d'aventure qui possède un côté à la fois solennel et entraînant, un thème qui capture à lui tout seul toute l'âme fantaisiste et enfantine du film, un thème exprimant la magie de l'enfance et le départ vers une aventure extraordinaire au delà de notre monde. Le morceau décrit avec beaucoup d'entrain la séquence où les trois jeunes amis construisent leur machine à partir de différents éléments récoltés par ci par là. A noter la manière dont le compositeur rend son thème de plus en plus puissant jusqu'au final triomphant du morceau lorsque la construction de l'engin est achevée et que les trois amis vont se décider à le baptiser. Goldsmith reprendra ce thème dans 'First Flight', scène du premier vol du 'ThunderRoad', le thème devenant ici quasiment héroïque et aérien comme on pourrait s'y attendre.

A partir de ce moment là, Goldsmith va développer ce thème d'aventure, véritable leitmotiv principal lié à 'ThunderRoad' et à l'aventure extraordinaire de ces 3 jeunes explorateurs de l'espace. En maintenant une écriture toujours très soutenue (et par moment assez fantaisiste) du synthétiseur, Goldsmith retranscrit le côté à la fois magique et fantastique du film par le biais de ces sonorités synthétiques qui ont toujours été importantes dans les grandes partitions de Goldsmith surtout depuis les années 80. On trouvera quelques passages plus de style action comme dans 'No Air' lorsque la capsule commence à chuter dangereusement alors qu'il n'y a plus d'oxygène à bord du 'ThunderBoard' (notons l'excellente utilisation 'futuriste' du synthé et un style action qui rappele un peu ce que Goldsmith fera sur le score d'un autre film de Dante, 'Innerspace' en 1987). On retrouve aussi le style action/aventure dans 'Free Flight' (autre scène de vol libre dans les airs) avec la dynamique et les orchestrations traditionnelles du compositeur (beaucoup de traits de cordes, d'utilisation de trompettes à la sourdine qui crées le son si spécial aux musiques des films de Joe Dante, de vents et de cuivres, etc...). Un autre motif intervient notamment dans la scène où Charlies Drake (Dick Miller, acteur fétiche des films de Joe Dante, comme Robert Picardo qui a lui aussi un petit rôle dans le film) découvre la capsule des trois compères, un petit motif qui évoque le côté magique de cette découverte. Développant une sensation d'émerveillement mélangée à de l'inquiétude dans la scène où les trois compères sont en route vers le vaisseau des aliens, c'est dans la dernière partie du film que le score met beaucoup plus en avant le synthétiseur pour évoquer l'ambiance surréaliste et futuriste de l'intérieur de ce vaisseau et de la rencontre avec les deux jeunes aliens. A noter d'ailleurs que Goldsmith évoque l'arrivée du jeune Wak avec un côté à la fois grotesque et amusant (une brève petite touche d'humour du compositeur qui n'abandonne jamais dans ce score le côté léger et enfantin du film malgré la présence de plusieurs morceaux d'aventure/action), cette dernière partie permettant réellement à Goldsmith d'évoquer pleinement le côté science-fiction surréaliste du film. Après le crash de la capsule qui coule sous l'eau, Goldsmith évoque avec un certaine tristesse nostalgique (cordes résignées et douces en même temps) l'adieu des amis à leur 'ThunderRoad' qui les accompagna jusqu'au bout de leur aventure. A noter une ultime touche d'humour pour le générique de fin après un final assez triomphant (reprise dans la scène de rêve finale du thème d'aventure à la fois solennel et entraînant) avec l'apparition d'une petite pièce de style rock/pop (percussions typiques et basse emprunté au rock années 60) mais en version entièrement synthé comme pour évoquer une étrange musique extra-terrestre dérivée d'une musique terrienne (métaphore de la rencontre dans le film entre humains et extra-terrestres?). Si cette petite touche d'humour est assez surprenante (vers la fin de 'Have A Nice Trip'), elle ne pourra que nous rappeler une fois encore à quel point le compositeur aime bien plaisanter sur les films de Joe Dante (impossible d'oublier les délires 'sonores' du compositeur sur les deux scores des 'Gremlins').

Avec un thème principal assez marquant et de plus en plus prenant au fur et à mesure que le film avance, Goldsmith nous invite à partager une belle aventure fantaisiste qui nous renvoie à la magie de la jeunesse et au plaisir de la découverte et de l'exploration. Si Goldsmith visait dans 'Gremlins' le côté plutôt ironique, délirant et agressif du film, 'Explorers' lui permet d'aborder un ton orchestral plus tendre avec cette sensation de 'merveilleux' lié à cette aventure qui évoque un grand rêve d'enfant. Goldsmith semble avoir retrouvé quelque part son âme d'enfant en composant ce bel hommage à la magie de la fantaisie de l'enfance bercée par des rêves d'aventure qui nous transporte au delà de l'imaginaire humain. Avec la symbiose parfaite entre synthé et orchestre, le compositeur crée avec 'Explorers' une partition remarquable qui reste malheureusement assez méconnue en dehors du célèbre 'The Construction', thème d'aventure entraînant et magique qui nous incite à voyager dans le monde fantaisiste et enfantin du film. Dommage qu'un seul morceau soit réellement connu de ce score tant le reste de la partition de Goldsmith possède un réel potentiel digne de placer cette BO au rang des meilleurs scores écrit par le maestro dans les années 80. En tout cas, une BO du compositeur à découvrir d'urgence, l'illustration parfaite des aventures de ces trois jeunes explorateurs de l'espace.


---Quentin Billard