The Album

1-Main Title 5.09
2-Jack Leaves
Elaine's Apartment 1.06
3-The Walden Hotel 4.10
4-Aerobics 4.08
5-Subway Station 5.38
6-Subway Chase 1.50
7-Luther's Bus 1.57
8-The Alley 5.20
9-The Boys Are Back in Town 2.35*

The Extras

10-48 Hrs. 3.13*
11-Love Songs Are
For Crazies 3.44**
12-New Shoes 3.32*
13-Torchy's Boogie 2.55***

*Interprété par The BusBoys
Ecrit par Brian O'Neal
Supervisé par Ira Newborn
**Interprété par The BusBoys
Ecrit et produit par
Kevin O'Neal
***Ecrit par Ira Newborn.

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Intrada Special Collection Vol.155

Score produit par:
James Horner
Producteurs exécutifs album:
Douglass Fake, Roger Feigelson
Direction de la musique pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Coordination album:
Kim Seiniger
Assistant production:
Regina Fake

Edition limitée à 5000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1982 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
48 HRS.
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Avec « 48 Hrs. », le réalisateur Walter Hill - spécialiste des films d'action dans les années 80 - faisait littéralement exploser le genre du 'buddy movie' qui allait devenir une mode tenace à Hollywood durant de nombreuses années, surtout après le succès de « 48 Hrs ». C'est surtout Martin Brest qui va prolonger avec succès le genre dans son fameux « Beverly Hills Cop » (1984) suivi de Richard Donner dans « Lethal Weapon » (qui donnera naissance à trois autres suites), « Tango & Cash » (1989), « Bad Boys » (1995) ou bien encore « Rush Hour » (1998). « 48 Hrs. » contient quand à lui tous les ingrédients typiques de ce genre de film : deux types complètement opposés sont obligés de coopérer afin de mettre la main sur un bandit en cavale. Le duo Nick Nolte/Eddie Murphy (qui, un an après, sera catapulté au box-office avec le succès de « Beverly Hills Cop ») fit fureur dès la sortie du film en 1982, à tel point que le long-métrage de Walter Hill a été réellement imité des dizaines de fois. Le policier Jack Cates (Nolte) poursuit un redoutable assassin nommé Ganz (James Remar, éternel gueule de méchant des polars 80’s). La seule chance pour Jack d'attraper ce redoutable criminel, c'est de faire équipe avec Reggie Hammond (Murphy), un petit voyou ex-partenaire de Ganz qu'il va faire sortir de prison et qui sera à lui pendant 48 heures. La tension s'installe très rapidement entre les deux 'partenaires', d'autant que Jack n'apprécie guère Reggie et inversement. Mais au fur et à mesure que leur traque avance, le duo va apprendre à sympathiser et à mieux s'entendre (ils se bagarreront quand même violemment le temps d’une scène !), tout en ayant comme ennemi commun l'odieux Ganz. Action, suspense et un brin d'humour parfois lourdingue (Eddie Murphy qui cabotine à de nombreuses reprises), « 48 Hrs. » est l'archétype même du buddy-movie des eighties, un classique incontournable en somme.

Avec « 48 Hrs. », James Horner n'en était encore qu'à ses débuts puisqu'il venait d’écrire la même année son fameux score pour « Star Trek II » après « Battle Beyond The Stars », « Wolfen » ou le très Goldsmithien « Deadly Blessing ». Avec le film de Walter Hill, Horner abordait un style tout à fait différent de tout ce qu'il avait pu faire en l'espace de seulement deux ans. Alors que sa musique doit cohabiter tout au long du film avec les quatre chansons du groupe The BusBoys (et leur chanson-clé « The Boys Are Back in Town ») produites par le célèbre compositeur américain Ira Newborn, James Horner délaissa l’approche exclusivement symphonique de « Beyond The Stars » ou « Wolfen » - partition qui évoquait déjà à l’époque la passion du compositeur pour un style atonal et avant-gardiste plus proche de Ligeti, l'un de ses anciens maîtres - pour adopter sur « 48 Hrs. » un style action/thriller assez original et très judicieux pour l’époque, optant ainsi pour un ensemble instrumental éclectique incluant batterie, basse, guitare, cordes, trombones/tuba (qui jouent essentiellement en octaves dans le grave pour obtenir une couleur sonore particulière), piano, harmonica et saxophone soprano, sans oublier la présence remarquable d’un groupe de steel drums tropicaux. C'est ce curieux mélange de jazz/funk/rock urbain-tropical qui donnera naissance à un style typique du James Horner des années 80, style assez atypique à l’époque qui sera très rapidement remarqué et permettra à Horner de réexploiter des pistes similaires sur la musique rejetée de « Streets of Fire » (1984) de Walter Hill et sur les films « Commando » (1985), « Red Heat » (1988) et bien sûr « Another 48 Hrs. » en 1990, sans oublier quelques allusions à ce style musical étonnant dans l’excellent « Gorky Park » en 1993. Horner ne reprendra d’ailleurs plus jamais ce style par la suite.

Le score de « 48 Hrs. » s'ouvre sur un « Main Title » posant d'emblée le style du score : guitares, synthétiseurs, riff de basse, rythmes de batterie rock, saxophone soprano qui interprète le thème principal et mélange cordes/cuivres pour la partie action/suspense - les éléments tropicaux ne pas encore présents au début du film mais arriveront un peu plus loin dans la musique. Le thème principal est interprété au saxophone et apporte le côté action/cool au film de Walter Hill - à noter qu’Horner a refusé toute approche « mickey-mousing » pour la partie comédie de l’histoire, préférant opter pour un style musical urbain et funky, un peu comme le faisait David Shire ou Don Ellis dans les années 70, mais avec un ton nettement plus moderne et avant-gardiste. Le thème principal de saxophone est attaché tout au long du film au personnage de Nick Nolte, et le côté un brin mélodique de ce thème rythmé évoque la détermination et la rudesse de Jack Cates. Il illustre parfaitement ce film d'action drôle et agité - à noter qu'Horner réservera quelques très bons solos assez virtuoses au saxophone, surtout vers la fin du film. Autre élément notable dans la musique : la scène de la première confrontation du film dans la scène de l'hôtel, lorsque Jack tombe nez à nez sur Ganz et son ami Billy (« The Walden Hotel »). James Horner souligne la scène par le biais d’une atmosphère de suspense extrêmement tendue, une pièce atonale et dissonante où le compositeur maintient des sonorités de synthétiseurs/cordes aiguës et stridentes qui renvoient une fois encore au passé musical du compositeur et à ses études auprès de Gyorgi Ligeti, un maître de la musique atonale des années 60.

Après ce grand moment de suspense assez macabre, Horner commence alors à développer le style action du score, déjà amorcé lors de la première scène d'évasion de Ganz au début du film, et plus particulièrement dans la séquence où Jack et Reggie suivent Luther (David Patrick Kelly), puis lors de la scène de la poursuite avec Luther (« Subway Chase »). Ces deux séquences introduisent les steels bands tropicaux au milieu de la formation instrumentale éclectique du compositeur avec ses rythmiques synthétiques tendance eighties. Le thème de saxophone revient à plusieurs reprises pour évoquer encore une fois la détermination du héros, prêt à tout pour stopper Ganz - avec le côté 'urbain' de la musique et du film, étant donné que toute l'action se déroule en partie dans les rues de San Francisco. La poursuite avec Luther (« Luther’s Bus ») possède une rythmique plus speedée, notamment dans le jeu plus complexe et virtuose de la batterie pour renforcer l'action à l'écran. On finit alors avec la séquence de la confrontation finale (« The Alley ») qui permet au compositeur de retrouver une dernière fois la partie suspense atonale du score, et pour accentuer le suspense de cette séquence finale se déroulant dans une ruelle sombre, Horner mise davantage ici sur les effets de cordes dissonantes qui renvoient une fois de plus aux clichés de la musique atonale/avant-gardiste de la seconde moitié du 20ème siècle : cordes stridentes et dissonantes, effets de col legno ou de glissendi (on pense déjà au style atonal de « Aliens » - 1986), le tout accompagné de quelques percussions qui renforcent l’aspect chaotique et tendu de cet ultime affrontement. Vous l'aurez donc compris, « 48 Hrs. » est un score d'action/thriller original et redoutable dans le film comme sur l’album édité par Intrada, qui permit à James Horner de lancer son style action 80’s assez unique et atypique pour un film de ce genre, un bel effort de la part d’un compositeur encore assez jeune à l'époque et déjà très prometteur.


---Quentin Billard