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1-10 L'Ours 20.55
11-16 L'Ours (Suite) 24.27 Musique composée par: Philippe Sarde Editeur: Ariola 259 446 Musique arrangée par: Philippe Sarde Conseiller musical: Eric Lipman Editions productions: Renn Productions Artwork and pictures (c) 1988 Renn Productions. All rights reserved. Note: *** |
L' OURS
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Philippe Sarde
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Décidément, Jean-Jacques Annaud aime relever les défis. Après avoir illustré l'univers préhistorique et transformé ses acteurs en hommes des cavernes primitifs dans 'La Guerre du Feu' (1981), et après avoir évoqué la ténébreuse période de l'inquisition dans une abbaye moyenâgeuse avec 'The Name of The Rose' (1986), le fameux réalisateur français décida de confier les deux rôles principaux de son nouveau film à deux ours! Si le projet paraissait titanesque au départ, c'est surtout grâce à la participation de Claude Berri que 'L'Ours' a pu voir le jour (Berri a produit le film). Convaincu par les quelques lignes du script, Berri et Annaud se sont lancés ensemble dans ce qui représente l'une des plus importantes grosse production française de la fin des années 80: avec un budget de plus de 140.000 francs, quatre ans de dressage, six ans de préparation et trois mois de tournage, Annaud a accouché d'un film magnifique, un film dur et fort sur la beauté de la nature, un film qui prend la défense des ours et qui évoque l'éternel combat de l'animal et de l'homme. Le concept de prendre des animaux à la place des hommes dans un film est évidemment très original pour l'époque et même si les américains ont déjà tentés l'expérience à plusieurs reprises, aucun cinéaste n'avait réussi à aller aussi loin que sur 'L'Ours', là où le réalisateur a donné une véritable vie et une personnalité à Youk l'ourson et Kaar le gros ours (appelé 'Bart' aux Etats-Unis, un ours célèbre pour avoir participé par la suite à plusieurs films américains comme 'White Fang', 'On Deadly Ground', 'Legends of The Fall' ou bien encore 'The Edge'). Le principal défi a évidemment été de dresser ces deux bêtes (sans oublier les chiens, les chevaux et le puma) afin de leur faire accomplir tous les gestes et attitudes qu'ils doivent observer à la règle afin de rendre le film crédible et d'assumer au maximum leurs rôles: et ça marche! La magie opère et les deux ours sont vraiment extraordinaires, de même que le petit ourson est vraiment touchant, encore plus lorsqu'il se retrouve orphelin et découvre l'immensité de la nature sauvage et de ses dangers (scène vers la fin avec le puma), où il sera même amené à rencontrer des hommes.
L'histoire est on ne peut plus simple puisque le film ne fait qu'évoquer la confrontation de l'ours Kaar contre deux chasseurs, Tom (Tchéky Karyo) et Bill (Jack Wallace). Mais la petite morale de l'histoire (accentué par les quelques phrases dans le générique de fin) est claire: il faut protéger les ours, un animal menacé de disparition si l'on ne fait rien pour empêcher les chasseurs et les braconniers de les tuer. Avec la dernière demie heure du film et la soudaine pitié de Tom face à l'ours (qui l'a lui même épargné au moment où il pouvait le massacrer), le réalisateur nous fait clairement comprendre le message: la nature est plus puissante que l'homme (même si ce dernier a malheureusement le pouvoir de la détruire) et lorsque Tom implore l'ours de ne pas le tuer, il demande quelque part son pardon à la nature qui décide alors de l'épargner, miséricordieuse. C'est tout là le fond de la petite morale écologique du film qui passe comme il nous l'est dit dans le générique de fin par le rêve, l'imagination et l'émotion. La première scène est très touchante - celle où l'ours devient orphelin. Mais la scène du cheval massacré et du chien en train de mourir sont aussi particulièrement dures et poignantes. Ces quelques scènes sanguinaires sont d'ailleurs d'une grande cruauté mais hélas elles ne reflètent que la triste vérité de la dureté du monde et surtout de la nature sauvage. A noter les quelques scènes de rêve du petit ourson qui sont purement fantaisistes mais qui utilisent de manière assez kitsch et étrange les effets spéciaux visuels de l'époque. Evidemment, nous ne sommes pas du tout certains que les ours font des rêves mais ces quelques séquences sont faites pour rendre ce petit ourson plus attachant et surtout beaucoup plus proche de nous, car, il faut bien le dire, le petit Youk est le véritable héros du film. Très gros succès français en 1988 (plus de 9 millions de spectateurs au cinéma), 'L'Ours' a montré une autre manière de concevoir un film en nous rappelant une fois encore que l'imagination et le rêve resteront toujours des éléments majeurs dans l'univers du septième art. Après son excellent score pour 'La Guerre du Feu', Philippe Sarde revient de nouveau sur un film de Jean-Jacques Annaud avec 'L'Ours' pour lequel il a écrit une partition symphonique assez riche, encadré par la musique additionnelle électronique de Eric Mauer et Laurent Quaglio qui sont tout les deux des spécialistes des effets sonores pour des films ('L'Ours' s'ouvre d'ailleurs sur un très mystérieux motif sifflé par un chant d'oiseau - cela évoque évidemment d'entrée le monde de la nature avec un sorte de sentiment d'éveil). La partition de Sarde épouse comme à l'accoutumée les orchestrations et le style symphonique de la musique de la deuxième moitié du 19ème siècle. Interprété par le célèbre London Symphony Orchestra, la musique de Sarde dégage un sentiment dramatique et évoque à la fois l'aventure de Youk et la confrontation entre l'ours et les deux chasseurs. Le thème principal est confié à des cordes amples avec des vents. Malheureusement, le compositeur s'est une fois encore laissé aller à ses penchants malhonnêtes puisque le thème est en fait repris texto de la 'barcarolle' du mouvement 'Juin' des 'Saisons opus 37' de Tchaïkovski (pièces pour piano en 12 mouvements représentant les 12 mois d'une année et ses 4 saisons). Il s'agit un fait d'un arrangement orchestral du thème de Tchaïkovski et si le principe de l'arrangement est loin d'être quelque chose de mauvais en soi, on ne pourra que reprocher une fois encore le manque d'honnêteté de Sarde qui ne crédite nulle part dans le film ou dans l'album le nom du célèbre compositeur russe. Mais quelque part, le choix de ce thème n'est pas gratuit. 'Les Saisons' décrivent très clairement la nature à travers l'idée des saisons et de leurs différentes caractéristiques (saupoudrée du lyrisme si personnel du compositeur russe). Or 'L'Ours' est avant tout un film qui parle de la nature, donc quelque part, on comprends mieux le choix de Sarde qui nous propose quelques intéressantes arrangements orchestraux de ce thème très chantant. Dans le film, le thème est associé à l'amitié qui va très vite naître entre Youk et Kaar, surtout dans la scène où l'ourson nettoie les blessures du gros ours (on appréciera ici le lyrisme souvent très chantant des cordes). Mais l'aspect sombre et dramatique du score apparaît bien dans la scène - affreuse - des chevaux vers le début du film, là où Bill retrouve un de ses chevaux complètement éventré (et dont on distingue cruellement dans son oeil une ultime trace de souffrance). Sarde accompagne cette scène tragique et dure par un certain sentiment de tristesse, toujours bien mis en avant par des cordes lyriques et plaintives et des orchestrations amples renforcé par un certain classicisme d'écriture très 19èmiste (un style assez flagrant chez Sarde). Si l'on a quelques passages électroniques moins intéressants dans la musique additionnelle (un petit passage assez court durant la scène de la pluie avec des sonorités cristallines, un retour du motif du chant d'oiseau du générique de début, un passage atmosphérique et assez bizarre pour une scène de rêve, etc.), c'est avant tout l'aspect symphonique qui domine dans ce score. Après un retour du thème qui évoque l'amitié naissante entre les deux ours, la musique devient très vite assez sombre, surtout lors de l'arrivée des deux chasseurs dans la montagne qui est illustré par des petites percussions métalliques qui évoquent quelque part le côté primaire de la chasse. Le score de Sarde va donc osciller entre ces quelques passages lyriques et des parties orchestrales nettement plus sombres surtout dans les quelques scènes de confrontation avec les chasseurs. Ainsi donc, le score atteint l'apogée de l'action lors de la scène de la traque avec les chiens, là où Sarde met nettement plus l'accent sur l'utilisation des cuivres (ici, trombones et cors essentiellement) qui évoquent le côté brutal et enragé de cette confrontation avec l'ours. La majeure partie de ces moments sombres permettent ainsi à Sarde d'apporter un peu de relief dans sa musique et c'est finalement le final du film qui conclut l'histoire sur une note plus enjouée et majestueuse, une sorte d'adieu émouvant à cette histoire à la fois belle et dure qui permet au compositeur d'étaler toute l'étendue et le côté ample de ses orchestrations toujours très riches. Evidemment, le générique de fin est une ultime reprise qui développe aux cordes le thème de Tchaïkovski qui finit par devenir très clairement indissociable de cette histoire. Après la réussite de 'La Guerre du Feu', 'L'Ours' apparaît comme un autre grand score incontournable que Philippe Sarde a composé pour un film d'Annaud. Evidemment, on regrettera une fois encore son manque d'honnêteté (c'est malheureusement quasiment systématique chez Sarde, ce qui lui valu de nombreuses critiques surtout de la part de ses détracteurs) mais on ne pourra qu'apprécier la richesse des orchestrations de son score et l'intérêt de la musique dans le film qui, sans jamais être vraiment mise très en avant (elle est aussi mixée avec un volume relativement assez bas), est présente dans la plupart des scènes majeures du film. Ce n'est peut être pas un classique du compositeur, mais cela reste un score de référence que l'on cite souvent pour le côté orchestral/lyrique du fameux compositeur français. ---Quentin Billard |