1-Main Title 2.28
2-Baby Beauty 4.37
3-Gang on the Run 2.16
4-Mommy 0.53
5-Jump for Joy 1.01
6-Kicking Up A Storm 1.34
7-The Dance/Bye Merrylegs 2.50
8-Sick 3.16
9-He's Back (Revival) 1.17
10-Frolic 2.33
11-Ginger Snaps 3.18
12-Goodbye Joe 1.28
13-Wild Ride/Dream 2.12
14-Is It Joe? 1.20
15-In The Country 2.37
16-Poor Ginger 3.49
17-Bye Bye Joe/Hard Times 4.56
18-Memories 1.29
19-End Credits 1.52

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Giant Records
9 24568-2

Album produit par:
Danny Elfman, Steve Bartek
Montage musique par:
Bob Badami

Artwork and pictures (c) 1994 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ****
BLACK BEAUTY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Voici encore un film adapté d'un roman et déjà mis en scène de nombreuses fois au cinéma. La version de Caroline Thompson est assez réussie même si ce très joli film est plutôt réservé aux enfants en particulier. 'Black Beauty' (Prince Noir en V.F.) nous raconte l'histoire de Black Beauty, un cheval noir qui nous raconte une partie de sa vie, de sa naissance jusqu'à aujourd'hui où il vit paisible dans une belle prairie. Le cheval nous explique (par le biais d'une voix off évidemment, mais parfois attaché aux propres pensées de l'animal, comme s'il parlait) comment il a eu la chance de naître dans une famille paisible d'un fermier (Sean Bean) qui fut un maître affectueux et tendre pour lui jusqu'à ce que le destin l'amène à quitter la famille pour être revendu un peu plus tard à des nouveaux maîtres plus durs et sans pitié pour les bêtes. Black Beauty résume ainsi sa vie: la confiance, la trahison et de nouveau la confiance, puisqu'il retrouvera de nouveau un de ses anciens maîtres à la fin de son aventure qui le délivrera à tout jamais de l'exploitation sauvage de ces maîtres qui faillirent le tuer d'épuisement à cause du travail fatiguant qu'il devait fournir à longueur de journée. Le film nous montre aussi la très jolie relation amicale/amoureuse pleine de tendresse qu'entretient Black Beauty avec Ginger la jument qui connaîtra malheureusement un triste sort au cours de cette jolie histoire pleine de poésie et de tendresse. 'Black Beauty' n'est pas qu'une simple fable d'un cheval qui nous raconte une partie de sa vie, c'est aussi un film qui nous rappelle que les hommes sont parfois très cruels avec les animaux, en particulier les chevaux qui se font régulièrement domestiquer et exploiter par les hommes, certains abusant d'eux par leur dureté excessive et parfois même par leur méchanceté. Le film lui même est en trois parties, comme le héros de l'histoire le dit lui même au début du film (la confiance, la trahison et de nouveau la confiance): la première partie se passe chez des fermiers anglais avec des paysages magnifiques de la campagne anglaise paisible, la deuxième se passe dans une ville où le héros se retrouve chez des maîtres cruels. Enfin, la dernière partie revient dans la campagne paisible, là où Black Beauty et ses semblables peuvent enfin galoper en toute liberté, loin de toute contrainte. Plus qu'une fable écologique, 'Black Beauty' est un conte poignant parlant de tendresse, d'amitié, d'amour, de tristesse et de poésie, tout cela vu au travers du regard d'un cheval avec un message important que tout le monde ne devrait jamais oublier: il faut respecter les animaux et ne jamais leur faire de mal! Bref, un très joli film, sans prétention et très sympa!

Décidément, après le magique et inoubliable 'Edward Scissorhands' (1990), Danny Elfman continue de nous surprendre avec un score plein de poésie et de tendresse, une véritable bouffée de fraîcheur étonnante qui n'a pas manqué d'être salué par les critiques et la plupart des béophiles. Après un score poétique et romantique pour 'Sommersby' (1993) composé dans un style surprenant de la part d'Elfman, le compositeur prolonge ce style dans ce très beau score écrit pour 'Black Beauty' (pour l'anecdote, Caroline Thompson fut la petite amie d'Elfman à cette époque) qui lui permet ainsi d'écrire une partition alliant la jovialité paisible et pastorale de l'histoire avec la mélancolie et le côté plus dramatique de l'aventure du cheval noir. C'est sur ce côté plus intime et sentimental qu'Elfman se basera, renouant quelque part avec la poésie de 'Sommersby'. Le film s'ouvre sur un magnifique 'Main Title' étonnant de simplicité et loin des effets de masse orchestraux habituels du compositeur. Toujours maître de ses ouvertures, le compositeur nous introduit de manière délicate le magnifique thème principal de sa partition, mélodie sur un rythme ternaire lié au héros, Black Beauty. Après une introduction de harpe posant la rythmique ternaire du thème, un violon soliste et une flûte interprètent la très belle ligne mélodique du thème avant que cette dernière ne soit reprise par des cordes avec le reste de l'orchestre. On ressent à la fois le côté pastoral de l'histoire et l'aspect nostalgique et mélancolique du récit en entendant ce très beau thème qui sonne un peu comme une sorte de mélodie populaire. Les orchestrations sont riches et produisent un effet immédiat sur l'émotion qui se dégage de la partition. Après un très joli 'Baby Beauty' pour la naissance du héros dans une grange (musique pleine de légèreté et sautillante, extrêmement riche sur le plan instrumental), c'est le superbe 'Gang on the Run' qui nous introduit une touche de jovialité exubérante dans cette histoire pour la séquence où Black Beauty, Ginger et le petit poulain galopent tout les trois dans la prairie. En plus d'être majestueux et entraînant, le morceau évoque une sorte de sensation de liberté (on trouve légèrement ici le côté fantaisiste d'Elfman) et de bonheur d'être dans la nature, Elfman refaisant de nouveau allusion à son thème pour cette séquence de galop enjoué. C'est la richesse de l'orchestration et la fluidité des instruments qui font de 'Gang on the Run' un morceau clé du score, une pièce incontournable qui dégage une sensation de liberté et de jovialité quasi exubérante dans cette jolie séquence. Toute la première partie du film (et du score) sont dans ce style là, avec en particulier l'enjoué 'Kiking Up A Storm' et surtout 'Jump for Joy' qui nous propose une reprise énergique du thème sur un violon soliste avec un style très agité pour la séquence où Black Beauty saute en se mettant debout (un travail remarquable de la part des dresseurs de l'animal pour le film). On notera ici l'utilisation de petites percussions avec la flûte irlandaise qui donne tout son charme à la musique d'Elfman. Au niveau instrumental, il est important de noter l'utilisation d'une flûte irlandaise qui renforce le côté pastoral et frais de la musique d'Elfman dans le film (le film se passe en Angleterre, donc la flûte est là pour évoquer les décors anglo-saxons du film). On notera aussi 'Frolic', une sorte de petite pièce dansante pour piano seul (toujours avec ce rythme de valse) et qui reprend le thème principal avant que l'orchestre arrive à son tour, tout cela pour une autre scène où Black Beauty et sa compagne gambadent gaiement dans la prairie.

Mais on change très vite d'ambiance alors que l'on entre dans la deuxième partie du film, partie plus dramatique, surtout avec 'Ginger Snaps' et ses dissonances qui créent un certain malaise alors que Ginger est maltraité par ses nouveaux maîtres et que Black Beauty assiste impuissant à l'épuisement de plus en plus inquiétant de sa compagne (notons ici l'utilisation plus sèche et brutale de la percussion). On retrouve ces ambiances plus sombres ou plus mélancoliques dans 'Sick' (scène où le héros tombe malade) ou 'Goodbye Joe', lorsque Black Beauty et son ami Joe doivent se séparer afin de revendre le cheval à de nouveaux propriétaires. Le score d'Elfman alterne finalement entre ces deux sentiments, des passages nostalgiques et enjoués avec des moments plus sombres et mélancoliques: c'est tout le reflet de la vie elle même avec ses moments de bonheur et ses moments de malheur (toujours le fameux cycle Kontratiev, comme à la Bourse). 'Bye Bye Jerry' est véritablement poignant, Elfman utilisant le thème de Black Beauty dans une scène où Jerry (David Thewlis) est obliger de partir à cause de sa maladie en quittant son cheval qui va se retrouver employé par des maîtres qui ne le respecteront pas. La tristesse atteint son comble dans le dramatique 'Poor Ginger' pour la triste mort de cette dernière, succombant à son épuisement. 'Memories' concerne quand à lui les souvenirs du cheval qui se souvient de sa vie et qui vit aujourd'hui des jours heureux après avoir traversé toutes ces épreuves. Elfman nous propose une très belle reprise orchestrale puissante du thème principal qui nous fait bien comprendre que tout est enfin terminé et que Black Beauty a afin retrouvé la paix, et c'est le 'End Titles' qui clôt le film sur une reprise du thème et des principales ambiances du score alors que l'on voit dans le générique de fin les chevaux galoper dans la prairie.

Indiscutablement, 'Black Beauty' reste la plus belle surprise qu'Elfman ait put nous offrir en 1994, après un 'Sommersby' mémorable qui nous montrait une facette plus sensible et intime du compositeur, un style auquel il nous a rarement habitué (sans parler du magnifique 'Edward Scissorhands' qui restait encore proche de son univers musical fantaisiste pour les films de Tim Burton). L'ironie veut que l'un des plus beaux albums du compositeur soit aussi l'un des plus difficiles à trouver, la BO de 'Black Beauty' étant devenue aujourd'hui un titre épuise/collector extrêmement rare et qui mériterait amplement d'être réédité ne serait ce que pour donner une nouvelle vie à cette BO qui mérite toutes les bonnes critiques qu'elle a reçu. 'Black Beauty' est aussi la preuve qu'Elfman ne fait que de la musique bourrine/rentre-dedans à la 'Batman' ou 'Nightbreed' mais qu'il sait aussi se restreindre et écrire quelque chose de plus modeste et de plus sentimental. Visiblement inspiré par son sujet, le compositeur maîtrise parfaitement son matériau orchestral en ajoutant quelques instruments afin de rendre sa musique rafraîchissante possible à l'écran. Musique de l'émotion, 'Black Beauty' est une perle rare dans la carrière d'Elfman, un score à découvrir d'urgence pour tout ceux qui ne connaissent Elfman que par ses grosses partitions massives pour les films de Burton!


---Quentin Billard