1-Main Title 3.03
2-Early Victories 3.30
3-Contempt 2.40
4-The Castle 2.04
5-Josh Vs. Dad 3.18
6-Joseph's First Lesson 2.38
7-Trip To Chicago 3.24
8-Washington Square 2.45
9-Start Your Clocks/
Master Class Points 4.06
10-Josh and Vinnie 3.31
11-The Nationals 3.25
12-Final Tournament 7.55
13-Epilogue/End Credits 7.10

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Big Screen Records
9 24532-2

Album produit par:
James Horner
Préparation de la musique:
Bob Bornstein
Montage musique:
Jim Henrickson
Album séquencé par:
Joe E.Rand
Coordination de l'album:
Nan Sexton

Artwork and pictures (c) 1993 Paramount Pictures/Giant Records. All rights reserved.

Note: ***1/2
SEARCHING FOR BOBBY FISCHER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Très beau film de Steve Zaillian, 'Searching for Bobby Fischer' (A la recherche de Bobby Fisher en V.F., connu aussi sous l'autre titre de 'Innocent Moves' en V.O) nous raconte l'histoire vraie de Josh Waitzkin (interprété ici par le jeune Max Pomeranc), jeune prodige américain des échecs seulement âgé de 7 ans et qui possède un don rare pour ce jeu. Très vite, son père (Joe Mantegna) va découvrir le génie de son fils et va tout faire pour tenter de mieux comprendre la passion de son fils, déterminé à faire de son fils un champion des échecs en l'emmenant participer à divers tournois à travers tout le pays. Mais son maître d'échec Bruce Pandolfini (excellent Ben Kingsley extrêmement convaincant dans ce rôle de vieux maître sage et philosophe) va lui apprendre une toute autre façon de concevoir les échecs en commençant par expliquer à Fred (son père) que les échecs sont pour lui plus qu'un jeu. Bruce va alors apprendre à Josh l'art de concevoir et d'organiser sa stratégie de jeu qui doit nécessairement passer par une réflexion mure et sure, mais il lui explique aussi qu'il ne doit pas faire tout cela dans le but unique de gagner ou d'obtenir le diplôme du meilleur joueur d'échec. D'un autre côté, Josh fait la rencontre de Vinnie (Laurence Fishburne), un petit combinard qui vit dans le parc et joue constamment aux échecs avec ses camarades et qui va se lier d'amitié avec ce jeune prodige qu'il considère déjà comme le nouveau Bobby Fischer (le champion américain des échecs, qui disparut mystérieusement à la suite d'un triomphe). Vinnie va lui enseigner une autre manière de concevoir les échecs, lui expliquant qu'il doit attaquer son adversaire comme s'il était un ennemi sans hésiter par exemple à lui tendre des pièges. Mais l'enseignement de Bruce va se heurter à celui de Vinnie, et le jeune prodige va commencer alors à stagner, de plus en plus fatigué des méthodes d'apprentissage de son vieux maître. En fin de compte, en apprenant la modestie et en lui rappelant que les échecs ne sont qu'un jeu et qu'il doit mesurer son obsession de la victoire, Bruce va former un champion qui méritera amplement le surnom de 'nouveau Bobby Fischer' comme l'appelait déjà lui même son ami Vinnie.

Le film de Steve Zaillian parle de passion, mais aussi d'obsession, lorsque la passion du jeu va trop loin et que l'on se perd en route en croyant que l'important c'est de gagner et rien d'autre (ce qui est trop souvent le cas malheureusement). Josh va faire l'expérience de cette obsession et comprendra en fin de compte que ce n'est pas obligatoire de gagner à tout les coups, pourvu qu'il sache maîtriser son jeu et donner le meilleur de lui même pour exprimer sa passion: jouer aux échecs. En plus de la passion, le film nous parle aussi d'amitié, d'apprentissage, de persévérance et nous décrit une très belle relation entre Josh et son père, ainsi qu'entre Josh et son maître Bruce, relation touchante d'un élève/maître qui se concrétisera à la fin du film par tout ce dont rêve un jour ou l'autre un maître: voir son élève triompher de son apprentissage et en retirer une fière leçon, ici celle qu'il faut savoir rester modeste et accepter d'apprendre pour toujours persévérer dans sa passion. Le titre du film est lui même intéressant car 'A la recherche de Bobby Fischer' évoque non seulement l'intrigue concernant la disparition mystérieuse de Bobby Fischer qui intrigue non seulement le jeune Josh mais tous les autres passionnés d'échec qui considèrent cet homme comme une référence absolu dans le monde des échecs. Mais cette "recherche" évoque aussi l'idée que Josh va tout faire pour devenir lui aussi ce nouveau Bobby Fischer et accomplir cette quête intérieure de sa passion encouragée par son père et l'apprentissage plus sage de son maître (qui découvrira finalement à la fin du film que l'enseignement de Vinnie a porté ses fruits). C'est donc ici l'idée d'une recherche à la fois physique et spirituelle de ce Bobby Fischer, véritable icône américaine du monde des échecs. Pour finir, on ne peut qu'être ému par la mise en scène simple et captivante de Steve Zaillian qui, incontestablement, a réussi là son meilleur film à ce jour.

'Searching for Bobby Fischer' était de toute évidence un film fait pour James Horner. Le compositeur nous livre ici une partition émouvante, simple et touchante, un score orchestral influencé de la modestie touchante de 'Field of Dreams' (1989), proche de l'esprit de cette excellente composition d'Horner pour le film de Zaillian. 'Searching for Bobby Fischer' se construit de manière lente et touchante autour de deux grands thèmes à la mélodie raffinée mais qui n'attire pas suffisamment l'attention à la première écoute pour détourner notre attention du film: c'est tout là la réussite d'Horner qui a adopté un ton restreint et pourtant très émouvant en jouant sur une certaine pudeur retranscrivant l'innocence de ce jeune génie des échecs et la difficulté de son apprentissage. Le 'Main Title' nous introduit de manière très modeste dans l'esprit de l'histoire avec cette séquence en noir et blanc évoquant Bobby Fischer et sa mystérieuse disparition après sa victoire. On retrouve ici les orchestrations habituelles du compositeur privilégiant ici les solistes. On retrouve une formule instrumentale 100% Horner avec cette intriguante basse de piano que l'on entend régulièrement dans les BO d'Horner ('Ransom', 'Apollo13', 'Deep Impact', etc.). Avec des vents, un piano et quelques cordes (sans oublier un cor), Horner annonce son thème principal de manière discrète, un thème qu'il développera tout au long du film, suivant ainsi la propre évolution du héros (une idée intéressante du score visant à associer l'évolution du thème principal avec la propre évolution du personnage principal). 'Early Victories' est du même acabit et nous fait ressentir tout le bonheur du jeune prodige qui remporte ses premières victoires et prouve à ses proches qu'il possède un réel talent inexpliqué (car il n'a jamais appris les échecs, ce qui fait de lui un véritable prodige voire un génie). 'Josh Vs. Dad' est quand à lui une très belle pièce pour piano (instrument bien mis en valeur tout au long du score) paisible avec quelques cordes et la présence d'un élément électronique très discret mais qui vient donner une couleur plus forte au morceau qui renoue un peu avec l'esprit de certains passages de 'Field of Dreams'. Le jeune héros reçoit alors sa première leçon avec l'émouvant 'Josh's First Lesson' qui développe une fois encore le thème principal exposé ici par une clarinette avec les cordes et les autres vents.

L'ensemble de la partition garde ce ton toujours très tendre et plein de pudeur, une musique lente qui ne joue nullement sur l'effet de masse mélodramatique mais plutôt sur la retenue avec des orchestrations typiques du réalisateur (on retrouve par exemple cette manière qu'a Horner d'associer ses vents seuls dans les moments plus tendres du film, avec clarinette/hautbois par exemple, sans oublier la basse de piano typique de lui) mais avec un morceau comme le superbe 'Josh and Vinnie', la partition se permet quelques élans plus majestueux voire héroïque (on retrouve ici le style que l'on entendra dans 'Legends of The Fall'), morceau intervenant dans la scène où Josh joue à une partie avec Vinnie dans le Washington Square en faisant preuve de son talent de stratège et de sa grande rapidité de jeu. Au fur et à mesure que la partie avance, le tempo du morceau ne cesse d'accélérer jusqu'à ce l'orchestre prenne son envol pour un autre thème émouvant et plus puissant avec l'orchestre (et des arpèges de piano fort majestueux en accompagnement) évoquant l'évolution et les quelques victoires que remporte Josh au cours de ses différentes parties. Un morceau comme 'The Castle' fait intervenir lui aussi ce thème plus héroïque dans un plan métaphorique où l'on voit le jeune Josh construire un château avec ses playmobils au son d'un autre thème exposé ici au synthé avec quelques cordes légères (thème que l'on retrouvera parfaitement développé à l'orchestra au début du 'End Credits'), plan qui évoque quelque part son don de stratège (symbolisé par la garde qu'il monte avec ses petits bonhommes playmobils comme s'ils étaient des pions sur un échiquier). Le deuxième grand thème apparaît très vite toujours pour évoquer comme le thème principal la passion de Josh et son évolution tout au long du film.

Dans 'Start Your Clocks/Master Class Points', on retrouve l'utilisation du synthé pour une scène de tournoi, développant à nouveau le thème principal qui est très présent tout au long de le partition et qui devient ainsi de plus en plus important en suivant l'apprentissage et l'évolution du personnage principal (l'autre thème évoque plus son amitié avec Vinnie, Bruce ou son ami Morgan). A noter un élément intéressant de la musique dans la première scène où l'on voit apparaître Jonathan, le rival de Josh qui est illustré pour sa première apparition avec un piano plus sombre, légèrement plus tendu. Horner nous fait comprendre que tôt ou tard, Josh sera amené à confronter cet adversaire qui l'impressionne au point de lui faire vraiment peur avant le tournoi final, évoqué dans 'Final Tournament'. Ce dernier morceau est en lui même un véritable tour de force car en moins de 8 minutes, Horner à restituer toute l'intensité de cet ultime affrontement entre Josh et Jonathan, le héros se rappelant ici de l'apprentissage de son maître qui lui enseigna la prudence et la réflexion afin d'organiser sa stratégie pour pouvoir battre à coup sûr son adversaire. Le morceau reste très tendu du début jusqu'à la fin en passant par des moments plus intimes et plus émouvants (prédominance des vents et du piano). On peut vraiment dire qu'ici, la musique d'Horner donne une certaine force non négligeable à cette scène magnifiquement filmée. Finalement, l'épilogue conclut cette histoire de manière très touchante avec la reprise des différents thèmes, le thème principal, le thème de l'amitié, le thème de 'The Castle' (réexposé dans le 'End Credits' avec un très beau dialogue entre cordes/cors) et le très beau thème de la victoire entendu ici de manière plus lente et douce aux cordes. (à noter que la fin du 'End Credits' est typique de toutes les fins d'oeuvre d'Horner: decrescendo progressif, comme si la musique s'évaporait progressivement, avec un bref moment de 'latence' harmonique et des tenues qui s'éloignent progressivement sur la tonalité finale du morceau. On trouve ce style de fin dans le final du 'End Titles' de 'Legends of The Fall', 'Apollo13', 'Braveheart', etc.) Bref, tout dans cette musique contribue à rendre le film réellement émouvant sans jamais être de trop par rapport aux images. Horner ne surcharge nullement le film de sa musique et trouve au contraire le ton juste, nous rappelant que le compositeur est décidément très à l'aise dans ce style de film plus dramatique et intime (comme 'Field of Dreams'), loin de ses grosses partitions orchestrales habituelles pour des films d'aventure et des drames épiques à la 'Braveheart'.

Compositeur de l'émotion, James Horner contribue une fois encore à son propre édifice musical en rajoutant cette pierre précieuse qu'est 'Searching for Bobby Fischer', une partition de qualité qui nous prouve une fois encore qu'il n'y a jamais besoin d'en faire de trop pour nous émouvoir. La musique d'Horner nous va droit au coeur de par sa sensibilité et l'aspect modeste et sincère de sa musique. Horner ne cherche jamais à écrire une partition inoubliable ou très marquante à la première écoute mais veut au contraire adopter avec justesse le ton intime du film, nous restituant à travers sa musique toute l'émotion de cette très belle histoire hantée par le "fantôme" de l'intriguant Bobby Fischer, une référence pour le jeune Josh Waitzkin (à qui il rend un bel hommage dans l'introduction du film). La rareté de l'album est d'autant plus dommage qu'il s'agit pourtant ici de l'une des plus belles partitions du compositeur, loin du lyrisme exalté de 'Legends of The Fall', 'Titanic' ou 'Braveheart'. En clair: une BO vraiment émouvante!


---Quentin Billard