A Nightmare on Elm Street
Charles Bernstein

1-Prologue 0.33
2-Main Title 3.29
3-Laying The Traps 2.05
4-Dream Attack 1.20
5-Rod Hanged/Night Stalking 4.44
6-Jail Cell 1.12
7-Confrontation 1.38
8-Sleep Clinic 2.25
9-Terror In The Tub 0.55
10-No Escape 2.15
11-School Horror/Stay Awake 4.00
12-Lurking 1.01
13-Telephone Terror 1.05
14-Fountain of Blood 1.05
15-Evil Freddy 0.48
16-Final Search 3.56
17-Run, Nancy! 1.03

A Nightmare on Elm Street 2
Christopher Young

18-Main Title 2.30
19-...And Leave The
Driving to us 2.00
20-Furnace Flare-Up 2.14
21-Kissing Freddy
on The Catwalk 3.18
22-Chest-Burster 3.50
23-Jump Rope 1.42
24-Fire Bird 3.12
25-Dream Heat 1.10
26-Necromencer's Spell 2.27
27-"Kill For Me" 2.38
28-Sports Attack/
Threatening Angela 2.35
29-Freed Of Her 1.38
30-Snake-In-The-Class 0.50

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-47255

"A Nightmare on Elm Street"
Score composé par:
Charles Bernstein
Préparé à l'édition pour
Varèse Sarabande par:
Robert Townson
Produit par:
Tom Null

Artwork and pictures (c) 1989 Varèse Sarabande, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
A NIGHTMARE ON ELM STREET II:
FREDDY'S REVENGE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Bien avant le succès commercial de 'Scream' (1996), film d'horreur qui lança la mode du 'slasher movie' à base d'ados bien stéréotypés, Wes Craven, spécialiste incontesté des films d'horreur triomphait déjà avec 'A Nightmare on Elm Street' (Les Griffes de la Nuit en V.F.), considéré comme l'un des plus grands classiques du film d'horreur (on est en 1984, en pleine période des grands films d'horreur de l'époque: n'oublions pas qu'en 1980, Stanley Kubrick réalisait un pur chef-d'oeuvre du genre: 'The Shining'). 'A Nightmare on Elm Street' nous raconte l'histoire d'un groupe d'ados confrontés à un tueur au visage hideux qui n'apparaît que dans leurs rêves mais qui les tuent dans la réalité à l'aide de ses griffes tranchantes. En plus d'offrir son premier rôle au cinéma pour un Johnny Depp encore très jeune à cette époque, le film permit d'offrir à Robert Englund son rôle le plus célèbre dans le cinéma d'horreur, un rôle qui lui collera à la peau jusqu'à la fin de sa carrière: Freddy Krueger, individu défiguré et cauchemardesque reconnaissable à son chapeau, son pull pourri rouge et vert et ses griffes tranchantes. Jack Sholder réalise la suite un an après où Freddy revient cette fois en s'emparant du corps de Jesse Walsh, un jeune adolescent qui ne comprends pas du tout ce qui lui arrive. C'est grâce à l'amour de sa compagne Lisa que Jesse va réussir à chasser petit à petit Freddy de son corps (évidemment, ceci est une bien belle métaphore sur le pouvoir de l'amour, même si l'idée est assez mal exploité dans le film). Sholder a réalisé un épisode bien en dessous de la qualité du premier opus (qui n'est cependant pas ce que Craven a fait de mieux dans sa carrière...Freddy fait plus souvent rire qu'autre chose!) et le film fut suivi d'autres nombreuses suites d'un intérêt souvent très douteux, si ce n'est celui de creuser le filon jusqu'à l'épuisement total. Le dernier épisode a été réalisé en 1994 par Wes Craven lui-même où Freddy s'amuse alors à tuer les acteurs du premier opus qui jouent ici leurs propres rôles. Bref, si vous êtes fan de ce genre de film d'horreur un peu ringard aujourd'hui, on ne peut que vous conseiller 'A Nightmare on Elm Street' et ses suites, mais les autres risquent de s'ennuyer ferme!

C'est Charles Bernstein qui composa le score du premier opus, score entièrement électronique basé sur un thème de piano vraiment envoûtant et très présent tout au long du film (peut être un peu trop d'ailleurs). Le thème est introduit dans le 'Prologue' et surtout le sinistre 'Main Title' (notons ici l'utilisation de samplers de voix bien sinistres) qui commence sur une scène de cauchemar pour Nancy (Heather Langenkamp), poursuivie par Freddy dans une salle de chaudières. Le score de Charles Bernstein sonne assez vieillot aujourd'hui, surtout à cause des sonorités de synthé très années 80 (à l'instar du fameux 'Halloween' de John Carpenter, même si 'Halloween' a été réalisé en 1978). Mais l'intérêt principal du score, en dehors d'un thème principal hypnotisant qui reflète parfaitement bien l'ambiance étouffante du film, c'est surtout le choix des sonorités électroniques qui vont des sons standards jusqu'aux sonorités les plus étranges. Les moments de terreur sont illustrés dans le film avec l'utilisation de batterie/percussions et de rythmiques qui donnent un côté plus moderne au film (l'histoire se déroule parmi un petit groupe d'adolescents) comme dans 'Dream Attack' (dont on reconnaîtra ce petit motif de deux notes inquiétant et déjà présent dans le 'Main Title'), 'Run, Nancy!' ou 'Terror In The Tub' (scène où Tina est attaqué par Freddy dans sa baignoire). 'No Escape' résume bien lui aussi l'esprit du score, un pur morceau de terreur où Bernstein utilise bien les différents effets du synthé, partant des sonorités électroniques stridentes avec cette rythmique de percussions moderne et ces sons très années 80. (le morceau illustre une fois encore une autre scène de cauchemar). Très clairement atmosphérique, la musique de Bernstein crée un climat étouffant avec un travail de sonorités électroniques souvent fort intéressant et un thème principal décidément très présent durant tout le film. On notera un morceau un peu à part dans le score, 'Laying The Traps', morceau qui évoque la contre-attaque de Tina bien décidé à ne plus se laisser faire par Freddy. 'Laying The Traps' adopte un ton moderne avec batterie, basse synthé et guitares électriques (tout cela au synthé) qui donne un côté plus 'fun' mais toujours aussi sérieux, morceau qui nous fait clairement comprendre la détermination de Tina.

Concernant le deuxième opus, on a à faire à un score orchestral nettement plus flippant et sans le côté kitsch du premier opus, Christopher Young signant là l'une de ses premières grandes partitions de film d'horreur avant de composer ce qui restera son grand classique dans ce domaine, 'Hellraiser' (1987, suivi d'un grandiose 'Hellraiser II' en 1988), et ce même si Young a déjà débuté avec ce genre là pour les méconnus 'The Power' (1980) et 'The Dorm That Dripped Blood (1981). 'A Nightmare on Elm Street 2' est un score lui aussi atmosphérique avec une ambiance orchestrale étouffante agrémenté de quelques sonorités électroniques souvent bien terrifiantes. Le 'Main Title' s'ouvre sur des sonorités stridentes de cordes avec quelques sons de synthé déjà bien glauques et l'utilisation d'un inquiétant motif de xylophone en écho qui parcourt toute la partition en créant cette ambiance étrange et sinistre à la fois. (notons ici l'utilisation d'un petit thème de cors qui renforce le côté mystérieux et sombre de la musique) C'est avec '...And Leave The Driving To Us' que Young aborde dès le début du film le climat de terreur qu'il développera tout au long de sa partition. On notera ici un inquiétant effet de masse sonore en écho avec une écriture très expérimentale des cordes et des diverses sonorités à la fois orchestrale et électronique dans une pièce atonale réellement inquiétante, créant un malaise pour cette première séquence du cauchemar du bus au début du film. L'ensemble de la musique de Young est nettement plus terrifiante que celle du premier opus et surtout nettement plus morbide. Le compositeur nous montre déjà à son époque son goût pour la musique atonale bien macabre et glauque, puisqu'il n'est désormais plus utile de rappeler que le compositeur est passé maître dans l'art de mettre en musique des films d'horreur/fantastique/thriller.

Avec 'Furnace Flare-Up' (séquence de la chaudière qui brûle mystérieusement), Young utilise un mystérieux motif de flûte au sein de son environnement orchestral fait de sonorités stridentes de cordes et d'un piano dissonant. Une fois encore, Young arrive à créer le malaise en évoquant le trouble du jeune héros qui n'arrive décidément pas à comprendre ce qui lui arrive et qui est cet affreux personnage défiguré qui lui demande de tuer des gens pour lui. Un morceau comme le terrifiant 'Chest-Burster' (dont on trouve déjà quelques traces du futur 'Hellraiser') nous montre tout le côté torturé et expérimental de la sombre musique de Young exprimant ici les méfaits sanguinaires de Freddy: après un début très sombre jouant sur la masse sonore, Young installe une rythmique de terreur (on pense à certains passages plus action de 'Hard Rain' - 1997) avec ces cordes et des percussions brutales (timbales, 'clic' de la section rythmique typique du compositeur et tambours divers). A noter l'utilisation de ces sonorités aiguës morbides au début du morceau, sonorités stressantes que l'on entend surtout vers la fin du film, lors de la confrontation entre Freddy et Lisa qui va tout faire pour tenter de faire revenir Jesse. Pour continuer dans la terreur absolue, on citera l'horrifiant 'Jump Rope' qui fait intervenir une étrange voix de fillette innocente à la fin du morceau, au sein d'un amas dissonant et chaotique des cordes. Le morceau intervient dans une scène où l'on voit justement une fillette sauter à la corde en racontant l'inquiétante petite comptine du film narré ici en anglais par la fillette: '1, 2, Freddy's coming for you! 3, 4, better lock your door! 5, 6, grab your crucifix...' une bonne idée de la part du compositeur qui se montra très expérimental durant cette période propice à l'inventivité pour ce genre de grosses partitions atonales, bien avant que les temp-tracks ne commettent leurs "ravages" et forcent un compositeur brillant comme Christopher Young à se répéter de plus en plus (surtout dans le milieu des années 90). 'Necromancer's Spell' est un autre passage atmosphérique faisant une utilisation remarquable des sinistres ambiances atmosphériques tandis que 'Kissing Freddy on The Catwalk' illustre la confrontation finale entre Freddy et Lisa sur la passerelle enflammée. Effets de cordes divers, percussions diverses, motif de xylophones en écho, sonorités électroniques aiguës tordues et stressantes (on pense parfois à des sons de baleine déformés), atonalité et effets massifs violents sans oublier retour de l'inquiétant thème principal (cors et flûte), tout les aspects musicaux du score apparaissent ici pour cette ultime scène d'affrontement contre Freddy. Tout le reste de la partition oscillera ainsi entre suspense glauque et terreur pure avec un style toujours très morbide et inventif, Young faisant déjà preuve d'une certaine maîtrise du matériau orchestral dont il semble en tirer des sonorités toujours plus profondes et plus sombres les unes que les autres, afin de créer l'atmosphère la plus morbide et étouffante dans le film.

Dès 1985, 'A Nightmare on Elm Street 2' était déjà là pour nous prouver que Christopher Young est décidément le maître du frisson, et on ne pourra que remercier Varèse Sarabande pour nous avoir permit d'entendre cette BO sur cette excellente compilation des deux premiers scores de la saga Freddy. Sorte de prémices du futur 'Hellraiser', 'A Nightmare on Elm Street 2' est l'évocation parfaite d'un univers cauchemardesque hanté par un être diabolique et monstrueux, une musique qui pourra peut être sonner très 'cliché' pour certains mais qui n'a pas son pareil pour nous terroriser. Aujourd'hui moins connue, la partition mériterait amplement d'être redécouvert pour tout ceux qui ne connaissent que les BO horreur/thriller du Young des années 90!


---Quentin Billard