1-Main Title 2.41
2-Career End 2.11
3-Find Your Smile 6.06
4-Walking Funny 1.25
5-Cowabunga 2.29
6-Young At Heart* 2.48
7-Birth Of A Norman 5.22
8-The River 5.47
9-Mitch The Kid 4.18
10-Where Did My
Heart Go?** 3.52

*Interprété par Jimmy Durante
Ecrit par Johnny Richards
Paroles de Carolyn Leigh
**Ecrit par March Shaiman,
Interprété par James Ingram.

Musique  composée par:

Marc Shaiman

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5321

Musique produite par:
Marc Shaiman
Producteur exécutif:
Robert Townson
Montage de la musique:
Scott Stambler
Assistant monteur:
Lisa Morlas
Assistant exécutif pour
Varèse Sarabande:
Tom Null
Assistant de Mr.Shaiman:
Gregg Hurwitz

"Where Did My Heart Go?"

Produit par:
Thom Bell, James Ingram

Artwork and pictures (c) 1991 Castle Rock Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
CITY SLICKERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marc Shaiman
Ron Underwood a réalisé avec 'City Slickers' ('La vie, l'amour, les vaches' en V.F.) son film le plus attachant. Sorte de comédie dramatique mélangé à un western, 'City Slickers' nous raconte l'histoire de trois citadins en pleine crise de la quarantaine qui décident un jour de partir tout les trois en vacance pour se ressourcer et vivre une vie d'aventure dans l'Ouest où ils pourront devenir pendant quelque temps des cow-boys. Mitch (Billy Crystal, éternel habitué des comédies américaines de ce genre) travaille dans une radio et est en pleine crise de la quarantaine. Il ne sait plus où il est en. Son ami Phil (Daniel Stern) vient de se faire plaquer par sa femme qui a découvert qu'il la trompait et a perdu son boulot. Quand à Ed (Bruno Kirby), il sort avec une jeune femme avec qui il a peur de s'engager, préférant mener sa vie de jeune attardé. Les trois amis vont faire un petit voyage initiatique dans le monde du western et c'est après avoir fait la rencontre d'un véritable cow-boy dernier de son espèce, Curly Washburn (interprété par Jack Palance, fameux acteur qui participa justement à de nombreux westerns dans les années 70, d'où le choix astucieux de cet acteur qui rend ici hommage avec humour à ces anciens rôles) que Mitch va comprendre ce qui lui manque dans sa vie et quelle est la chose qui compte réellement le plus dans son existence. Grâce à la petite leçon de Curly, qui, malgré son apparence plutôt hostile et dure, cache un être sage et expérimenté, Mitch pourra prendre un nouveau départ dans sa vie avec sa femme et ses enfants. Mais l'aventure sera mouvementé et lui et ses amis devront même apprendre à conduire un troupeau de vaches sans l'aide de personnes, traversant même une rivière agitée et périlleuse. Les personnages de ce film sont très attachants et Bill Crystal apporte comme d'habitude beaucoup d'humour à son personnage. Chacun des trois amis possèdent une personnalité forte et même si l'ensemble n'a rien d'inoubliable, le tout se laissera regarder volontiers. Mais l'idée de mélanger ainsi la comédie avec le monde du western (qui est plutôt pastiché ici, par exemple avec le personnage du cow-boy typique de Jack 'Curly' Palance qui s'auto-parodie lui même dans ce rôle) est très réussie dans le film de Ron Underwood et c'est l'humour qui donne ici un bon point au film (avec quelques moments de bonne humeur et des moments plus dramatiques et tendres). Bref, une comédie d'aventure/dramatique vraiment très sympathique!

Encore peu connu à l'époque, le compositeur Marc Shaiman réalisait avec 'City Slickers' l'une de ses plus intéressantes partitions de comédie, un genre dans lequel le compositeur s'est très rapidement laissé enfermer, même s'il composa la musique terrifiante pour le thriller 'Misery' en 1990, un genre qu'il aura finalement assez peu exploiter durant ces 10 dernières années. 'City Slickers' est une BO aussi sympathique que le film de Ron Underwood, un score plein de jovialité et de bonne humeur avec quelques moments de tendresse et des passages plus dramatiques. Le score s'ouvre sur un passage de type hispanique lors du prologue en Espagne où l'on trouve nos trois amis en train d'être pourchassé par des taureaux dans des rues d'Espagne, et ce au son d'un passage un peu rock/jazz/groovy (avec batterie, basse, piano, guitare électrique, saxophone, etc...) qui crée d'entrée un certain humour et une jovialité nous faisant clairement comprendre que nous venons d'entrer ici dans une comédie pleine d'humour. Arrive alors le superbe 'Main Title' où Shaiman semble s'en être donné à coeur joie en composant pour cette ouverture en forme de petit film d'animation un morceau dans le style mickeymousing complètement survolté. A l'aide de son orchestre et de différents instruments (un harmonica par exemple), Shaiman se déchaîne véritablement dans ce 'Main Title' où la bonne humeur et la gaieté semblent être les maîtres mots. Véritablement très à l'aise avec le matériau orchestral, Shaiman propose à l'orchestre quelques acrobaties amusantes, se permettant même de rompre brutalement le climat sautillant de sa musique (avec quelques touches de musique western, surtout avec une brève allusion furtive au thème principal majestueux/héroïque vers la fin du 'Main Title') en utilisant par exemple soudainement une petite valse qui laissera très vite la place à un autre passage sautillant et ainsi de suite. Pour un générique de début, voilà quelque chose de très amusant et de mémorable. 'City Slickers' est aussi l'occasion pour Shaiman d'aborder l'univers très codifié de la musique de western, surtout par son utilisation de l'harmonica et de petites percussions (et plus tard, de guitares et d'un banjo) et le compositeur nous livre ici un 'Main Title' remarquable, un véritable exercice de style de mickeymousing/western favorisé par le petit film d'animation qui fait office de générique de début du film. Shaiman utilise dès le début du 'Main Title' un petit thème amusant et sautillant et fait déjà ici une brève allusion au thème principal, thème western assez héroïque et par moment plutôt nostalgique, thème que le compositeur développera plus particulièrement dans les moments plus enjoués ou héroïques du film.

Avec 'Career End', le compositeur développe le style rock/jazz que l'on entendait au tout début du film lors de la séquence de la poursuite avec les taureaux en Espagne. Après un saxophone soliste plutôt enjoué, le morceau fait place à une sorte de vieux blues confié à une trompette en sourdine dans un style un peu rétro (on sent ici l'influence du monde des comédies musicales de Broadway, d'où vient Shaiman à l'origine) mais très amusant dans la scène où Mitch fait son 'speech' devant les enfants d'une classe en parlant des problèmes qui apparaissent à chaque période de la vie en vieillissant. (la musique apporte un certain humour voire une certaine ironie avec le style rétro de ce morceau jazzy comme pour se moquer implicitement du personnage de Billy Crystal qui semble un peu se lamenter sur son sort ici). Avec 'Find Your Smile', Shaiman fait intervenir un passage plus tendre et nostalgie, un morceau typique de ce qu'il écrit habituellement sur des comédies romantiques telles que 'Sleepless In Seattle' ou 'When Harry Met Sally'. Le morceau intervient alors que la femme de Mitch lui demande de partir en vacance avec ses deux amis afin de retrouver son 'sourire' et de pouvoir retrouver à nouveau tous ses repères. Le morceau apporte un peu de tendresse à la scène avec un piano électrique, quelques cordes et vents (à noter l'utilisation assez discrète d'une sorte de petit Love Theme qui reviendra sous la forme d'une chanson dans le générique de fin avec 'Where Did My Heart Go?') et on rentre alors dans l'univers western avec la deuxième partie du morceau qui nous introduit le superbe thème western sous la forme d'une chevauchée héroïque typique de ce genre de musique alors que les trois amis arrivent au ranch où ils vont vivre leur petite aventure dans l'Ouest chez les cow-boys. Avec l'arrivée de ce thème principal, le compositeur nous invite alors à partager cette jolie aventure dans l'univers western.

Le compositeur fait preuve d'un certain humour avec un passage totalement enjoué comme 'Walking Funny', pour une séquence très mickeymousing d'esprit où Mitch apprend à diriger un troupeau avec ses amis. (sans vraiment y arriver, notre héros citadin étant d'ailleurs plutôt nul au lasso) 'Walking Funny' se base sur un rythme de batterie assez dansant et sautillant avec un orchestre qui s'en donne à coeur joie une fois encore (notons l'utilisation amusante d'un harmonica ici). Le morceau nous fait sentir une fois encore l'influence de Broadway dans ce passage dansant qui pourrait très bien avoir sa place dans une comédie musicale étant donné le type d'écriture très joviale qu'utilise Shaiman ici (et qui crée une certaine bonne humeur dans le film). On retrouve le même style d'ambiance dans l'amusant 'Cowabunga' lors de la séquence où le troupeau de vaches dévaste le campement. Shaiman reprend le style de 'Walking Funny' en y rajoutant quelques chanteurs de style gospels avec une section de cuivres enjouée et un saxophone qui semble vraiment bien s'éclater. Bref, ici aussi, Shaiman nous offre un pur moment de divertissement avec ce morceau particulièrement enjoué et plaisant, un grand moment de bonne humeur qui rend le film particulièrement attachant.

Avec 'Birth of A Norman' (naissance de Norman, le petit veau que va très vite adopter Mitch et qu'il considérera presque comme un fils - le veau étant alors une sorte de métaphore censé faire comprendre à Mitch que le plus important dans sa vie, c'est sa famille), on retrouve le style plus tendre et intime du score avec l'utilisation de quelques vents dans un style assez nostalgique (quelque chose que l'on ressent plus particulièrement dans la séquence où Mitch et Curly deviennent amis et où le cow-boy raconte quelques anecdotes de son passé.) A propos de Curly, il ne faut pas non plus oublier la manière très caricaturale dont Shaiman illustre l'apparition (sombre) de ce personnage en apparence froid et cynique à l'aide d'une banjo et d'une guitare électrique qui donne un côté ironique et second degrés à ce personnage qui représente une véritable caricature vivante du cow-boy typiquement américain. La seconde partie du film aura tendance à devenir plus dramatique et plus intime (avec toujours le côté nostalgique des passages sentimentaux du score) et c'est 'The River' qui reste l'un des morceaux clés du score (et du film) dans la séquence où Mitch part sauver Norman emporté par la rivière. Passage plus action exprimant le danger de la scène, 'The River' trouve sa conclusion sur une superbe reprise du thème western héroïque alors que Mitch et Norman sont sauvés de la noyade par Ed et Phil. L'histoire trouve une conclusion héroïque et heureuse avec 'Mitchy The Kid' lorsque Mitch et ses deux amis ramènent le troupeau saint et sauf au ranch, en revenant comme de véritables héros. C'est le retour triomphant du thème western sous la forme d'une chevauchée héroïque qui nous clairement comprendre ici que les trois héros sont devenus de véritables cow-boys alors qu'ils n'étaient au départ que de simples citadins pas très débrouillards. Le morceau finit de manière paisible après cet ultime moment de gaieté et de bonne humeur.

Vous l'aurez donc compris, 'City Slickers' est une BO comédie/aventure très sympathique, typique de ce que le compositeur peut écrire dans le registre des comédies. L'action/aventure est finalement assez peu présente dans ce score (mais plus présente dans sa suite, 'City Slickers II: The Legend of Curly's Gold'), Shaiman préférant privilégier l'humour, la gaieté et la tendresse (avec tous les passages plus intimes/romantiques de son score). La plupart des compositeurs avouent que le genre de la comédie est particulièrement difficile à mettre en musique, et ce pour diverses raisons. Marc Shaiman lui n'a jamais eu peur de s'attaquer à ce genre et continuera toujours de nous prouver qu'il maîtrise pleinement ce genre en nous offrant des partitions de qualité pour chacune des comédies qu'il met en musique. Encore peu connu lorsqu'il compose le score de 'City Slickers', Shaiman nous prouve déjà toute l'étendue de son talent en rendant ici hommage au monde musical des westerns avec une bonne dose d'humour et de fraîcheur (le compositeur n'hésitera pas ici à mélanger les genres). Bref, un incontournable dans la carrière de Shaiman!


---Quentin Billard