1-Vanity* 0.15
2-Main Title 1.04
3-New York 0.51
4-Milton 0.59
5-Rendezvous+ 3.40
6-Lovemaking 3.34
7-Christabella 1.10
8-Apartement Building 0.49
9-Barzoon 2.39
10-Montage 1.02
11-Geddes/Weaver 4.06
12-Baby 1.57
13-Finish The Story 2.02
14-Time 2.00
15-Cullen Gets Off 2.50
16-Suicide 2.10
17-Can't Have Children 0.58
18-Baka 1.22
19-57th Street 2.05
20-Air on The G String++ 4.31
21-Church 2.36
22-I Rest my Case 2.22
23-Fire 1.29
24-Ring 1.01
25-Surprise* 0.29
26-Finale* 1.46

*Dialogues du film
+Ecrit, produit et
interprété par Michael Lang
++Ecrit par Johan Sebastian Bach
Interprété par Virgil Fox

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

TVT Soundtrax
SM ACD 803

Montage de la musique:
Jim Weldman, David Olson
Directeur en charge de la musique
pour Warner Bros:
Gary LeMel, Doug Frank
Directeur en charge de la musique
pour TVT Soundtrax:
Patricia Joseph

"Rendezvous"

Written, Produced and
Performed by: Michael Lang

"Air On The G String"
Written by: Johan Sebastian Bach,
Performed by: Virgil Fox

Artwork and pictures (c)1997 TVT Soundtrax,Warner Bros. Productions Ltd, Monarchy Entreprises B.V, and Regency Entertainment (USA), Inc.. All rights reserved.

Note: ****
DEVIL'S ADVOCATE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Le diable a été mis en scène un nombre invraisemblable de fois au cinéma, à tel point qu'il fait partie des protagonistes incontournables d'un certain cinéma de genre, celui de l'horreur et du fantastique (qui a dit 'Rosemary's Baby'?). En ce sens, 'Devil's Advocate' (L'associé du diable) n'apporte pas grand chose de neuf au genre, si ce n'est de faire preuve d'une mise en scène brillante et d'un ton glauque et dramatique assez intense pour une production hollywoodienne aussi calibrée. Le réalisateur Taylor Hackford a toujours navigué entre le correct ('Dolores Claiborne') et le médiocre ('Proof of Life'), mais cette fois-ci, il s'est véritablement surpassé. Kevin Lomax (Keanu Reeves) est un jeune et brillant avocat de Floride qui ne rate jamais aucun procès. Un jour, une puissant compagnie de New York lui propose du travail, et malgré les contestations de sa mère, il part s'installer en ville avec sa fiancée, Mary Ann (Charlize Theron). Là bas, il y fait la rencontre de John Milton (Al Pacino), puissant homme d'affaire qui souhaite engager Kevin pour un procès qui devrait avoir lieu dans les jours qui viennent. Après quelques temps de réflexion, Kevin finit par accepter, enchanté par les nouveaux appartements qui lui ont été offert par Milton. Mais derrière ce luxe et ce bonheur apparent se cache une bien sinistre réalité. Mary Ann commence à plonger subitement dans la déprime, incapable de se faire à sa nouvelle vie. Pire encore, elle souffre d'hallucinations alors que se multiplient chez elle les apparitions de démons et autres créatures infernales. Elle finit par sombrer définitivement dans la folie. Quand à Kevin, il entame une longue descente aux enfers, tandis que John Milton, charismatique et influent, semble toujours être dans les parages au moment opportun. Kevin finit par comprendre que son patron cache en fait un terrifiant secret et qu'il en sait plus qu'il n'en dit.

C'est finalement au tour d'Al Pacino d'endosser le costume de l'un des plus célèbres personnages du cinéma d'horreur/fantastique, issu de la religion chrétienne, Satan, que l'on nomme aussi sous de bien différentes formes. Sous ses allures de thriller psychologique, 'Devil's Advocate' s'avère être en fait un compte bien cruel et cynique sur la cupidité de l'homme et son goût pour le pouvoir et le luxe de la vie, avec une touche de provocation étonnante dans une société américaine à dominante puritaine, une sorte de relecture modernisée du mythe faustien (l'homme qui vend son âme au diable par cupidité). On peut même penser que 'Devil's Advocate' n'a pas du être facile à imposer au public U.S. tant le film a du soulever certaines protestations et choquer par sa manière dont il montre sous une formule allégorique la perversité de l'homme moderne avec une certaine cruauté. Audacieux et rondement mené, le film met une fois de plus brillamment en valeur Al Pacino dans un rôle qui lui sied à merveille, l'acteur multipliant les monologues enflammées tel un grand acteur de théâtre shakespearien, surtout lorsque son personnage se lance, à la fin, dans une explication sur le flou existant entre les concepts du bien et du mal, de la religion, du plaisir et de la cupidité, pêché majeur de l'homme. Bref, une véritable leçon d'acteur magistrale! Il faut bien évidemment y voir ici une certaine leçon de moralité extrêmement cinglante, un grand coup qui ne peut évidemment pas laisser le spectateur indifférent tant le film adopte un ton noir, malsain et profondément amer. 'Devil's Advocate' se propose aussi de nous dépeindre le métier difficile d'avocat, avec tout ce que cela implique sur le plan humain et psychologique (défendre des pourris, etc.). Keanu Reeves et Charlize Theron s'imposent eux aussi, la ravissante actrice en profitant pour casser son image de top-model mignonnette en jouant la carte de la folie auto-destructrice. En bref, voilà un film sombre et dramatique qui se consomme sans modération, un thriller psychologico-horrifique comme on aimerait en voir plus souvent, une réussite incontestable à ne surtout pas manquer!

Avec 'Devil's Advocate', on peut dire que James Newton Howard s'est une fois de plus totalement surpassé en nous offrant sans aucun doute l'un de ses plus grands chef-d'oeuvre, une partition orchestrale sombre, gothique et envoûtante. Dès les premières secondes du 'Main Title', on sait qu'on va avoir à faire à un grand cru, alors que quelques sonorités mystérieuses du synthétiseur et un choeur lointain et diabolique résonne comme pour évoquer la dimension satanique et malsaine du film de Taylor Hackford. Si 'New York' s'avère être plutôt calme et atmosphérique alors que Lomax et sa fiancée viennent s'installer à New York, 'Milton' s'avère être bien plus sombre, avec son bref crescendo de tension inquiétant où l'on retrouve les voix du 'Main Title' qui semblent hanter la partition de James Newton Howard comme pour suggérer la présence d'une force maléfique omniprésente. Cette idée se concrétise finalement dans l'un des premiers morceaux incontournables du score, 'Lovemaking'. Après un début plutôt serein, le morceau semble s'emballer progressivement et prendre une tournure de plus en plus malsaine, alors que Lomax fait l'amour à Mary Ann pour la consoler. Sous l'emprise d'une force inconnue, Lomax est victime d'hallucinations durant l'acte. JNH crée ce climat déstabilisant en entamant un grand crescendo quasi orgasmique à l'aide de l'orchestre et d'un choeur massif jusqu'à atteindre un climax puissant et redoutable, qui fait de 'Lovemaking' l'un des premiers morceaux majeurs de la partition de 'Devil's Advocate'. Ce qui suit s'avère être dans la même veine.

'Christabella' maintient le côté sombre et envoûtant de la musique de James Newton Howard tandis que 'Apartment Building' nous introduit une sorte de rythme de battements de coeur samplés mystérieux, comme au début de 'Barzoon' pour la scène de la mort du personnage interprété par Jeffrey Jones. On appréciera ici le climat horrifique du morceau avec ses effets électroniques inquiétants, ses sons de battements de coeur saccadés, ses voix et ses cordes survoltées et dissonantes qui évoquent une fois encore la présence des forces sataniques. Dès lors, James Newton Howard a largement posé les bases de sa partition et nous invite à suivre la descente aux enfers de ses protagonistes pris au piège d'un engrenage maléfique. Un morceau comme 'Geddes/Weaver' évoque à merveille le côté religieux du film avec la présence d'un orgue, doublé par un orchestre sombre, des rythmiques électroniques, une voix d'enfant soliste et un choeur mystérieux pour la scène où Weaver (Vyto Ruginis) tente d'alerter Lomax sur les méfaits de Milton avant d'être brusquement écrasé devant ses yeux par une voiture. Le choeur renforce une fois encore cette ambiance terrifiante et diabolique avec des effets orchestraux/électroniques du plus bel effet (il s'agit sans aucun doute de l'un des autres morceaux incontournables du score!). On bascule finalement dans l'horreur pure avec le macabre 'Baby' et son climat angoissant à l'aide de sons électroniques glauques, de cordes froides et de voix d'enfants lointaines qui résonnent ici de manière malsaine, illustrant la scène où Mary Ann aperçoit dans un cauchemar un bébé en train de dévorer de la chair. L'idée du compositeur était ici de représenter ce contraste entre l'innocence apparente du bébé et l'horreur de la situation en mélangeant ces sinistres voix lointaines avec le reste de l'orchestre et des synthétiseurs, une idée qui fonctionne bien évidemment à merveille dans le film, prouvant une fois encore l'immense étendue des talents du compositeur.

'Finish The Story' nous dévoile un thème sombre et amer joué ici par les cordes et les vents alors que les voix lointaines sont toujours présentes pour personnifier le mal absolu incarné par John Milton (la musique accompagne la scène où Lomax apprend ses 'origines' par la bouche de sa mère). Le choeur devient finalement de plus en plus présent dans la dernière partie du film, revenant ainsi dans le sombre et envoûtant 'Time' qui rappelle au passage le puissant et terrifiant climax choral/orchestral de 'Lovemaking', d'un impact incroyable sur les images du film. Comme si cela ne suffisait pas, JNH nous réserve quand même le meilleur pour la fin avec quelques grands moments comme 'Suicide' (scène du suicide de Mary Ann, qui débute sur un bref et excitant morceau d'action comme sait si bien en faire le compositeur) qui reprend le terrifiant climax choral de 'Lovemaking' et 'Time' qui évoque à merveille avec une certaine intensité l'horreur de la situation, sans oublier la voix du jeune garçon soprano sur des paroles religieuses latines dans 'Can't Have Children', sans oublier l'incontournable '57th Street' où l'on retrouve le choeur et la voix du jeune garçon qui monte ici dans un aigu absolument frissonnant sur des paroles latines, JNH évoquant ici ce mélange innocence/perversité avec une habileté rare qui semble témoigner de l'inspiration du compositeur pour son sujet, le morceau accompagnant une scène où Lomax, abattu par la mort de sa fiancée, traverse la rue pour affronter Milton, qu'il rend responsable de cette situation, le score atteignant enfin son climax parfait dans le massif 'Fire' lorsque Lomax se suicide devant Milton, anéantissant définitivement tous les plans diaboliques. On retrouve ici le sombre thème de 'Finish The Story' sous une forme plus massive dans un tutti orchestre/choral quasi apocalyptique, alors que les flammes s'élèvent tout autour de John Milton, qui finit par s'embraser dans le feu de l'enfer.

Vous l'aurez donc compris, 'Devil's Advocate' est une partition inspirée qui respire le génie, la musique apportant un impact considérable sur les images du film. James Newton Howard a parfaitement sut retranscrire toute la noirceur et la perversité de l'histoire et du personnage d'Al Pacino à travers une atmosphère musicale à la fois sombre, gothique, puissante et cauchemardesque, une descente aux enfers jouissives et redoutablement efficace, comme on aimerait en entendre plus souvent au cinéma hollywoodien de nos jours. En confiant la musique de son film à un compositeur encore peu connu à l'époque malgré quelques gros projets au début des années 90, Taylor Hackford ne se doutait certainement pas qu'il allait permettre à James Newton Howard de créer là l'un de ses chef-d'oeuvre, une musique de film exemplaire aussi efficace sur les images du long-métrage qu'elle accompagne qu'en écoute isolée où elle révèlera toute sa richesse et l'étendue du talent de l'un des meilleurs compositeurs hollywoodiens de sa génération! Voilà en tout cas un must à ne surtout pas manquer!


---Quentin Billard