1-Main Title 2.27
2-Hector's Here 1.10
3-Close Call 4.00
4-Udder Preparations 4.02
5-Love Games 2.24
6-Reluctant Passengers 1.47
7-Morgue/Scary Beaver 4.11
8-Scouting 2.23
9-Here He Comes! 4.56
10-Making A Move/Jack 2.11
11-Swimming With Croc 3.36
12-Hector's Mind 2.47
13-Weird Things/Dinner Time 2.51
14-Ground Rules 1.44
15-Trapping Croc/Resolution 5.29
16-The Lake/Hitching A Ride 1.05

Musique  composée par:

John Ottman

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6055

Produit par:
John Ottman, Laura Engel
Monteur de la musique:
Amanda Goodpaster
Assistant montage:
Darren Smith
Assistant de John Ottman:
Terry Goldman

Artwork and pictures (c) 1999 Twentieth Century Fox. All rights reserved.

Note: **
LAKE PLACID
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman
'Lake Placid' s'affiche dans la tradition des films de monstre marins inauguré il y'a plusieurs années par Steven Spielberg dans son célèbre 'Jaws' (1975). Réalisé la même année que le 'Deep Blue Sea' de Renny Harlin (qui marquait le retour du film de requins mais dans un registre plus action), 'Lake Placid' de Steve Miner place cette fois en tête d'affiche un gigantesque crocodile de dix mètres complètement affamé et qui dévore tout ce qui se trouve sur son chemin dans un lac du Maine aux Etats-Unis. Un crocodile dans un lac américain, cela paraît tout de même étrange, surtout dans une région où il n'y a jamais eu de tels animaux. La présence de cette bête cache donc quelque chose que nous découvrirons à la fin du film. Après l'attaque d'un plongeur qui s'est fait tué par la bête, le shérif Hank Keough (Brendan Gleeson) décide de faire appel au garde chasse local Jack Wells (Bill Pullman) et va très vite monter une petite équipe avec Kelly Scott (Bridget Fonda), une paléontologue envoyé par son musée pour étudier le croc retrouvé sur le corps de la malheureuse victime, Kelly décidant finalement de rester sur le terrain pour voir tout cela de plus près. Arrive ensuite Hector Cyr (Oliver Platt), un milliardaire excentrique spécialiste des crocodiles et qui a entendu dire qu'une bête de ce genre traînait dans les parages. Une fois l'équipe formé, l'aventure commence pour tenter de capturer et d'éliminer le gigantesque crocodile. Mais Hector et Kelly vont finalement convaincre l'équipe de capturer seulement la bête sans l'abattre et c'est en préparant un piège final qu'ils réussiront à l'immobiliser après l'avoir mitraillé de flèches tranquillisantes.

Pas de véritable scénario de ce film, juste une chasse au crocodile qui, pour une fois, ne se termine pas avec la mort de la bête. Mais la véritable originalité de ce film, c'est d'avoir mélangé ce style de film frissonnant (qui n'a rien de frissonnant ici, je peux vous l'assurer, hormis une scène un peu gore au début du film et c'est tout!) avec un côté plus comédie assez décalé. Effectivement, on a senti ici une véritable volonté de développer la relation entre les différents protagonistes en accentuant leur personnalité spécifique à chacun. Ainsi, Hector est un gros milliardaire excentrique séducteur et bourrin qui va très vite changer de comportement dans la seconde partie du film. Le shérif quand à lui se plaint fréquemment des remarques sarcastiques des gens qu'il se reçoit régulièrement en pleine figure et n'arrête pas de se chamailler avec Hector qu'il ne peut pas sentir (réciproquement) ce qui laisse place à d'interminables scènes de dispute parfois un peu longuettes mais tout de même assez amusantes (sans parler des vannes et autres sarcasmes que s'envoient régulièrement les deux protagonistes) et assez originales dans un film de ce genre. Quand à Kelly Scott, elle vient de se faire plaquer par son propre directeur et a décidé de partir à l'aventure dans ce lac alors que tout ceci ne la concerne absolument pas, simplement parcequ'elle est en manque d'aventure et que sa vie est finalement bien molle. Bref, pour un film censé faire peur ou terroriser le public, on est très loin du compte. Finalement, le crocodile n'apparaît pas beaucoup de fois dans le film (même si ses apparitions sont évidement plus fréquentes dans la seconde partie du film) qui s'attache plus à développer la relation entre les différents protagonistes et - surprise - évite même de faire couler le sang puisqu'aucun membre principal de l'équipe ne meurt tout au long du film (on est donc loin ici du style de 'Jaws' de Spielberg) hormis un ou deux personnages totalement secondaires et sans intérêt par rapport à l'histoire. Le problème, c'est qu'on reste un peu sur notre faim à la sortie du film. Certes, le crocodile est superbement réalisé, tour-à-tour en animatronics (les effets spéciaux sont signés du génial Stan Winston, une référence absolue dans le domaine des effets spéciaux à Hollywood!) puis en images de synthèse. Mais le film ne tient pas ses promesses et n'a rien d'un film d'horreur comme on pouvait s'y attendre. La déception est d'autant plus forte que le film est un peu court (à peine 1 heure 20) et que le réalisateur aurait du un peu mieux équilibrer le style comédie et frisson du film. Effectivement, je serais tenté de dire qu'on s'en fout un peu de voir des personnages se disputer pendant une vingtaine de minutes alors que pendant ce temps, on aimerait voir une bête nous foutre la trouille, car après tout, c'est ce que n'importe quel spectateur lambda est en droit d'attendre en allant voir ce film. Bref, une grosse déception qui s'est soldé par un très gros échec au box-office à la sortie du film en cinéma et une production honnête mais qui n'a rien d'inoubliable.

Après le renvoi exagéré de John Ottman sur son médiocre 'Halloween H20' (1998), Steve Miner fait de nouveau appel à Ottman sur 'Lake Placid' pour lequel le compositeur a probablement écrit l'un de ses scores les plus inintéressant. Les problèmes ont commencés pour le compositeur alors que le budget alloué à la musique était très serré et qu'il a fallut changer d'endroit pour enregistrer la partition (d'autant qu'Ottman a du faire face à des problèmes avec les musiciens syndiqués A.F.M. - American Federation Musicians - ce qui l'a aussi obligé à changer d'orchestre et à enregistrer finalement son score du côté de Seattle). Chose rare qui mérite d'être notée, John Ottman a eu le loisir de monter lui même son propre temp-track avec la supervision du réalisateur à partir des démos crées par le compositeur lui même. Maître de sa partition et malgré les problèmes qu'il a fallu surmonter concernant l'interprétation et l'enregistrement de l'oeuvre, Ottman avait tout pour réussir un score de qualité. Mais l'ensemble manque cruellement d'inspiration est on est alors en droit de se demander si le compositeur était réellement motivé pour écrire la musique de ce film. Basé sur un thème structuré sur un motif de 4 notes, le score va petit à petit instaurer un sentiment d'aventure et de frisson tout au long du film. Le 'Main Title' s'avère pourtant prometteur car on peut y entendre un compositeur maître de ses orchestrations (aidé de son fidèle complice Damon Intrabartolo) développant son thème à l'aide de cordes, d'une trompette et d'une guitare, le tout soutenu par de très légères percussions, un petit accompagnement de pizzicatos avec quelques petites couleurs orchestrales très intéressantes. Le thème est plus ou moins mystérieux et reste plus associé au lac tandis que le crocodile, lui, n'a pas de thème à proprement parler, ce qui est assez original pour ce style de film (dans 'Jaws', on se souvient tous de l'inoubliable motif de 2 notes associé au requin. Dans 'Deep Blue Sea', Trevor Rabin associe un motif de synthé assez menaçant aux requins mutants, etc.). Avec des orchestrations de qualité (comme toujours chez John Ottman, qui fait lui même ses propres orchestrations - en plus d'être monteur de certaines de ses musiques et même réalisateur puisqu'il a dirigé son 'Urban Legend 2' en 2000), l'ouverture du score promet une partition intéressante. Pourtant, l'ensemble va très vite céder la place à un certain ennui faute d'une motivation quelconque et d'un manque d'inspiration flagrant.

Avec 'Hector's Here' (arrivée d'Hector dans son hélicoptère), Ottman réutilise les couleurs instrumentales de son 'Main Title' en utilisant la trompette, quelques percussions et des cordes pour évoquer le commencement de l'aventure. 'Udder Preparations' évoque quand à lui les préparatifs de l'opération visant à neutraliser l'animal. Avec des orchestrations toujours très pointues, le compositeur mène l'aventure avec un style orchestral qui lui est propre. Sa partition est même ponctuée de passages intimes/romantiques comme le tendre 'Love Games' avec son piano intime, une guitare romantique, des cordes chaleureuses et quelques vents qui adoucissent considérablement ce score d'aventure assez sombre. (le morceau évoque la relation entre Jack et Kelly, chacun n'osant pas trop faire le pas pour 'aller' l'un vers l'autre, comme on peut le constater dans cette séquence la nuit au bord du lac. On retrouve cette ambiance dans le joli 'Making A Move/Jack') On retrouve un passage plus calme dans 'Scouting' (l'équipe installe le campement au bord du lac) avec une guitare toujours assez intime et quelques cordes plus calmes ici. 'Close Call' développe quand à lui le climat de mystère et de suspense du score avec des sonorités électroniques plutôt glauques et sinistres évoquant la menace de l'animal, morceau qui sera très vite suivi d'autres pièces de ce genre visant à évoquer la présence menaçante du crocodile dans le lac, un animal sanguinaire qui peut attaquer à tout moment. C'est avec 'Here He Comes!' qu'Ottman développe le côté sauvage de l'animal avec ces percussions diverses (caisse, blocs de bois, etc.), un orchestre plus agressif et même des allusions brèves au motif principal qui constitue le thème du score. 'Swimming With Croc' reste dans le même ordre d'idée, Ottman se payant même le luxe de faire un habile clin d'oeil à l'incontournable thème de 2 notes du 'Jaws' de John Williams. Le compositeur installe ici un climat de menace sinistre alors que le crocodile commence à attaquer de plus en plus les membres de l'équipe. Quand à 'Ground Rules', il installe lui aussi un climat de tension, ici véhiculé avec d'étranges 'gargouillis' de cordes dissonantes, un élément que l'on retrouve parfois dans certains passages de terreur du score. Mais c'est avec 'Trapping Croc/Resolution' que la tension et l'action atteignent leur paroxysme dans la traque final du crocodile qui se terminera sur sa capture. Ottman joue sur les sursauts orchestraux à la 'Halloween H20' le tout saupoudré de quelques effets orchestraux toujours très réussis. Mais il est dommage que l'ensemble (surtout sur l'album) ait tendance à être un peu trop calme, les moments de terreur et d'action n'étant finalement pas si nombreux que cela. Evidemment, le score se fini sur une conclusion paisible qui refait de nouveau appel au thème de 4 notes, vraiment associé au lac.

Bref, 'Lake Placid' sent un peu la routine malgré les bonnes idées d'orchestration du compositeur et la qualité des passages de suspense atonaux du score. Mais comparé à certaines oeuvres précédentes du même genre, 'Lake Placid' est une véritable déception de la part d'un compositeur qui nous a pourtant habitué à mieux. On regrettera aussi le fait que le compositeur se laisse enfermer dans ce style de musiques terreur/suspense qui finissent par ne plus vraiment favoriser son inspiration qui ne demande pourtant qu'à s'épanouir à condition qu'on lui donne d'autres projets un peu plus excitant (n'oublions pas que John Ottman est un excellent musicien qui en plus d'avoir d'autres talents est aussi un fan pur et dur de musiques de film). On passera donc volontiers sur ce score tout à fait quelconque et un peu ennuyeux pour découvrir d'autres partitions plus intéressantes du compositeur.


---Quentin Billard