1-Main Title 3.04
2-Shock Wave 4.15
3-On The Edge 5.37
4-Our Baby's Heartbeat 1.29
5-Seatrack Attack 2.50
6-That Morning 2.26
7-The Rescue 6.07
8-Alone 1.18
9-The Plan 8.54
10-Shark Darts 5.30
11-Snyder Snaps 3.36
12-Swim To The Mini-Sub 2.25
13-The Saga Of
Osborne & Hodges 8.39
14-Final Encounters 9.37
15-Deepstar Six 3.04

Musique  composée par:

Harry Manfredini

Editeur:

Intrada Records
MAF 7004D

Produit par:
Harry Manfredini
Producteur exécutif:
Douglass Fake
Coordinateur de la musique:
Bobby Muzingo
Monteur de la musique du film:
Jack Tillar

Artwork and pictures (c) 1989 Carolco International N.V. All rights reserved.

Note: **1/2
DEEP STAR SIX
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Manfredini
Décidément, le film de monstre aquatique aura été particulièrement prisé à la fin des années 80 à Hollywood. Alors que James Cameron annonçait son projet 'titanesque' pour 'The Abyss', les producteurs américains misèrent sur ce genre remis à la mode après quelques séries-B risibles dans les années 60/70. C'est ainsi que naquit 'DeepStar Six' ('M.A.L. - Mutants Aquatiques en Liberté'. Eh non, ce n'est pas une blague: c'est bien la traduction du titre en V.F.!) de Sean S.Cunningham, réalisateur et producteur peu inspiré de séries-B d'horreur totalement insipides ('Friday The 13th' entre autre, mais aussi producteur de 'House', 'House II', 'The Horror Show', etc.). 'DeepStar Six' est sorti en 1989 exactement la même année que son concurrent, le sympathique 'Leviathan' de George P.Cosmatos (on ne mentionnera pas le 'Lords of The Deep' produit par Roger Corman, série-B de monstre aquatique faiblarde et très 'cheap', pourtant sorti la même année que 'Leviathan' et 'DeepStar Six'). A l'instar de 'Deep Impact' et 'Armageddon' en 1998 ou de 'Dante's Peak' et 'Volcano' en 1997, 'Leviathan' et 'DeepStar Six' étaient les deux grosses productions concurrentes de cette année où les producteurs se livraient cette fois là à un jeu de bataille reposant sur le même thème: un monstre aquatique qui sème la terreur dans une station sous-marine. Difficile de savoir alors qui copia l'autre mais devant la qualité technique irréprochable de 'Leviathan' (et malgré un scénario basique et déjà vu - cf. 'Alien' et 'The Thing'), il semblerait bien que ce soit le film de Cosmatos qui l'ait emporté dans ce match sans pitié. Même si 'Leviathan' a reçu un succès plus que mitigé à sa sortie, 'DeepStar Six' a carrément sombré dans les profondeurs (sans jeux de mot). Bide total donc pour le film qui s'est fait incendier par la majorité des critiques qui reprochaient une fois encore au réalisateur/producteur d'avoir tenté d'exploiter lamentablement le filon Alien/The Thing en copiant le principe des séries-B de monstre aquatique des années 60 telles que 'Destination Inner Space' de Francis D.Lyon (1966) par exemple ('DeepStar Six' est totalement calqué sur ce film). Tous les éléments sont réunis sur ce film pour en faire un pur navet du genre: acteurs de seconde zone moyens et cantonnés aux séries-B et aux films à petit budget, effets spéciaux faibles (surtout dans l'usage des modèles et des miniatures assez ridicules au début du film, même si le monstre vers la fin du film est assez réussi techniquement. Il est quand même assez surprenant de constater à quel point on n'a jamais vraiment l'impression que ces scènes se passent sous l'eau tellement la réalisation de ces scènes est médiocre), scénario pompé sur 'Destination Inner Space' et 'Alien', etc. Bref, un pur foirage mérité pour un réalisateur qui a commis l'erreur de faire ce film qui était voué d'avance au public. C'est probablement ce qui explique aussi que le genre du film de monstre aquatique a très vite disparu des écrans même si certains réalisateurs se sont encore amusés à faire référence récemment à ce style de film (cf. l'hilarant 'Deep Rising' de Stephen Sommers). Pour la petite histoire, cela se résume très facilement: une équipe d'une station sous-marine est chargée de poser au fond de l'Océan une rampe de missile nucléaire pour le compte de l'armée américaine. Mais les problèmes commencent alors que deux membres de l'équipe font sauter une petit caverne libérant alors une mystérieuse créature qui va commencer à faire des dégâts au sein de l'équipage. Les problèmes s'accumuleront alors jusqu'à ce que le monstre réussisse à s'introduire finalement dans la base, obligeant alors les derniers survivants à remonter d'urgence à la surface pour échapper aux attaques du monstre sanguinaire (ce qui nous amènera à un final absolument identique à celui de 'Leviathan'. C'est dire à quel point les deux réalisateurs se sont copiés dessus mutuellement). Bref, voilà bien ici une pure série-B d'horreur du genre qui nous réservera quelques rares moments gores (la scène où Snyder explose à cause de la décomp
ression est assez dégueulasse) et quelques petits moments de frayeur. Mais dans l'ensemble, 'DeepStar Six' est un film assez raté qui s'oubliera très vite, permettant néanmoins de passer un bon moment pour se vider la tête et rien d'autre. Mais pas de quoi sauter au plafond.

Le compositeur Harry Manfredini est un habitué des musiques de série-B en tout genre. A vrai dire, le compositeur n'a jamais vraiment eu l'occasion de mettre en musique des films de bien meilleure qualité ce qui l'a finalement forcé à rester dans le genre ingrat des musiques de série-B, genre dans lequel le compositeur semble pourtant particulièrement à l'aise (son travail se reconnaît aisément par le biais de ses orchestrations toujours très spontanées et très colorées). Pour 'DeepStar Six', le compositeur a écrit un score d'action/suspense typique de son style de musique suspense/horreur. A l'écoute des passages de terreur du score, on croirait entendre ses scores (méconnus, comme la majorité de ses oeuvres) de 'House' et 'House II'. (Manfredini a déjà collaboré auparavant avec Sean S.Cuningham et notamment sur son fameux 'Friday The 13th' en 1980, film d'horreur/thriller qui surfait alors sur le succès grandissant du célèbre 'Halloween' de John Carpenter - 1978 - l'un des ancêtres par excellence du slasher-movie sanguinaire des années 90) 'DeepStar Six' est un petit score orchestral reposant sur un thème principal plutôt majestueux ouvrant le film sur un touche plutôt douce et mystérieuse à la fois. Le 'Main Title' de 'DeepStar Six' s'ouvre avec un petit accompagnement de synthé plutôt cristallin (le synthé est assez discret tout au long du score et reste surtout présent dans la première partie de la partition du compositeur, lorsque le 'temps' est encore au beau fixe pour l'équipage) avec quelques cordes douces et un cor majestueux (vite suivi d'un hautbois et de quelques vents). Le problème qui surgit tout de suite à l'écoute de ce premier thème c'est l'aspect totalement anecdotique de ce thème. On sent bien que Manfredini n'est pas un as du développement de ses idées thématiques (et ce à l'inverse d'un grand compositeur comme Jerry Goldsmith) car le thème sera fortement sous-utilisé tout au long du film oblitérant alors sa musique par un manque de repère thématique assez évident, même si l'on trouve de temps en temps quelques motifs (dont un attribué au personnage de McBride). En tout cas, la première écoute du score risque d'être fortement décevante devant le manque flagrant d'idée du compositeur en panne d'inspiration (devant une tâche aussi ardue - mettre en musique un obscur navet, une série-B d'horreur quelconque - peut on vraiment lui en vouloir?). Mais penchons nous plutôt de plus près sur ce score pour mieux comprendre ses différentes caractéristiques et composantes musicales.

Après ce 'Main Title' plutôt calme et majestueux, (Manfredini évoque le côté paisible et majestueux des profondeurs sous-marine et préfère délaisser le côté inquiétant de cet univers étouffant en utilisant un thème principal assez majestueux au cor) le compositeur continue de développer ce côté à la fois mystérieux et majestueux avec des cordes calmes, quelques notes ascendantes de synthé (discret) et quelques vents bien placés (prédominance du hautbois suivi des flûtes et des clarinettes avec les harpes), le synthé retranscrivant bien tout le côté mystérieux de l'Océan et des fonds marins. Les ennuis commencent avec 'The Saga of Osborne and Hodges', scène où deux personnages de l'équipage font sauter la caverne avant d'être attaqué par la créature. Si le morceau est assez calme au début, la tension commence à monter pour un premier passage d'action assez bref alors que le sol s'effondre. Les cuivres prennent le relais des cordes pour véhiculer un bref sentiment de danger ici. Finalement, l'utilisation menaçante d'un piano avec des cordes dissonantes (et même un xylophone) et quelques cuivres menaçants nous fait clairement comprendre que le monstre est dans les parages et qu'il se rapproche dangereusement des deux compères qui le repèrent sur leur radar. A noter que le compositeur fait de nouveau référence à son thème principal (qui évoque clairement le calme majestueux des fonds sous-marins) lors de la séquence où Osborne et Hodges explorent la mystérieuse caverne sous-marine (on retrouve le motif de 4 notes du synthé entendu en accompagnement dans le 'Main Title', avec une partie mélodique confié ici au hautbois avec des sonorités plus légères, et ce avant la rupture soudaine de ton pour l'arrivée menaçante du monstre qui fonce droit sur la capsule des deux malheureux compères).

La terreur survient alors avec 'Seatrack Attack' alors que la mystérieuse créature attaque le Seatrack où se trouvent Collins (Nancy Everhard) et Burciaga (Elya Baskin, vu récemment dans 'Air Force One' de Wolfgang Petersen). On admirera la manière dont Manfredini fait monter la tension dans l'orchestre alors que la créature se rapproche de plus en plus de l'appareil des deux personnages. Ce sont les vents (souvent utilisés ici de manière stridentes) qui véhiculent un climat de peur et de tension avec des cordes toujours très dissonantes et des cuivres plus menaçants que véritablement agressifs. 'On The Edge' prolonge le climat d'action pour la scène du sauvetage après un 'The Rescue' plus quelconque dans son genre. 'On The Edge' crée un sentiment de danger de plus en plus oppressant jusqu'à ce que le capitaine Laidlaw (Taurean Blacque) se retrouve malheureusement coincé dans le sas de la capsule, condamné à mourir ici. On retrouve ici les mêmes qualités d'orchestration des précédents morceaux avec un style action encore plus puissant ici. (et ce même si l'orchestre sonne de manière très restreinte. N'oublions pas que nous avons à faire ici à un score orchestral de série-B, ce qui signifie donc petit budget alloué à la musique. Ainsi, l'orchestre interprétant le score de 'DeepStar Six' ne doit pas dépasser plus de 70 ou 80 musiciens, ce qui est peu comparé à certains mastodontes musicaux actuels tels que 'Planet of The Apes' de Elfman ou 'Final Fantasy' de Goldenthal) Manfredini arrive bien à créer à l'écran ce climat d'urgence et de danger même si l'ensemble de sa musique n'a jamais rien de vraiment très accrocheur.

Collins et McBride retournent vivant à leur capsule, pleurant la mort de leur capitaine (et de leur ami) dans 'Alone' où l'on entendra un hautbois solitaire dans un bref passage mélancolique assez quelconque (un des rares passages calme du score). Dans le même style d'idée, on retrouve un autre passage plus intime dans 'Our Baby's Heartbeat' (McBride apprend que Collins attend un enfant de lui), le film développant effectivement quelques brèves intrigues amoureuses (avec Scarpelli/Richardson et Collins/McBride) qui n'ont totalement aucun intérêt avec l'histoire mais qui apportent un une petite touche d'humanité dans ce sombre film. La tension va monter encore d'un cran avec l'excellent 'Shock Wave' pour la scène où Snyder fait malencontreusement exploser les missiles sous l'eau, provoquant une onde de choc puissante qui secouera toute la base et provoquera de nombreux dégâts. (pas si puissante que cela dans le film puisqu'on a l'impression que la base ne bouge presque pas face à une onde de choc de cette ampleur ce qui est évidemment assez risible, preuve du peu de sérieux apporté à l'aspect technique du film) Après une introduction plutôt sombre, ce sont les cordes qui annoncent le danger et la gravité de la situation avec une inquiétante tenue en trilles dissonants des cordes (plutôt que d'utiliser les clusters dissonants et autres glissandos habituels, Manfredini préfère avoir recours à des formules instrumentales plus simples tels que des trilles par exemple...) avec quelques cuivres menaçants. La seconde partie du morceau se base alors sur les rythmes au sein de l'orchestre qui se lance alors dans une autre partie d'action puissante.

La terreur culmine alors au sein de 'The Plan', qui, après une introduction plus déterminé (l'équipage met au point un plan visant à réparer les dégâts pour pouvoir ensuite s'évader hors de cette base et remonter ainsi à la surface), tourne très vite à l'action/terreur alors que Richardson répare une fuite à l'extérieur de la base et se trouve très vite nez à nez avec la créature qui surgit soudainement à l'intérieur du sas, happant alors le pauvre Richardson en deux. Avec des cordes particulièrement sombres et un sursaut impressionnant de vents stridents (une caractéristique musicale de score), la seconde partie de 'The Plan' décrit l'attaque du monstre dans la base en renforçant ici ce climat de terreur. Après la terreur, le suspense dans 'Shark Darts où Manfredini utilise cordes en suspend alors que les quelques survivants cherchent à neutraliser la créature avec des armes. A noter le superbe 'Snyder Snaps', morceau sinistre pour la scène où Snyder pète un boulon et s'échappe de la base sans décompresser dans sa capsule (ce qui permet au réalisateur d'offrir au public une autre scène gore totalement gratuite mais assez réussie techniquement). On admirera ici la manière dont le compositeur fait monter la tension et l'intensité de sa masse instrumentale, surtout dans les vents de plus en plus stridents au fur et à mesure que Snyder se rapproche de sa mort atroce et inéluctable (on retrouve ici aussi les mêmes techniques d'écriture des cordes). Quand à 'Swim To The Mini-Sub', il apporte une petite touche d'espoir alors que McBride fonce au Mini-Sub pour venir chercher les deux derniers survivants. On trouvera ici un motif de 4 notes au cor associé au personnage de McBride, motif plus paisible qui rappelle un peu le thème principal du 'Main Title'. Le final arrive alors dans 'Final Encounters', pièce en trois parties, décrivant d'abord l'attaque de la créature dans le laboratoire médical inondé, puis l'évasion en Mini-Sub de McBride et Collins apportant une nouvelle touche d'espoir avec un orchestre plus paisible et plus majestueux (on retrouve une allusion au thème principal ici) jusqu'à ce que les deux héros atteignent enfin la surface, se croyant sorti d'affaire. Mais c'est sans compter sur le manque d'imagination flagrant des scénaristes du film qui se permettent même de reprendre texto la fin de 'Leviathan' de Cosmatos, laisser place ici à une dernière partie dans 'Final Encounters,' la terreur atteignant son paroxysme pour l'attaque finale du monstre qui surgit brusquement des eaux pour tenter de croquer McBride qui tuera le monstre une bonne fois pour toute. Et c'est le retour du thème principal dans 'DeepStar Six' repris du 'Main Title' du film.

Bref, 'DeepStar Six' n'a rien d'une grande BO et d'un grand chef d'oeuvre. Score anecdotique au possible, la BO se laisse quand même écouter surtout grâce à la qualité de certains morceaux d'action et au soin apporté aux orchestrations du score. On nage ici en territoire connu puisque le compositeur renoue ici avec son style suspense/action/terreur de 'House' et 'House II'. Dommage que le score de 'DeepStar Six' manque cruellement d'imagination et d'inspiration. A l'instar du superbe score de Jerry Goldsmith pour 'Leviathan', on aurait pu s'attendre à quelque chose qui fasse un peu moins 'musique de série-B d'horreur/suspense des années 60'. Bref, une semi déception pour une oeuvre qui reste quand même à découvrir étant donné qu'il s'agit probablement de ce que le compositeur a fait de mieux dans ce domaine.

---Quentin Billard