1-Main Title 2.46
2-Fool's Triple 1.10
3-You Are A Man
Among Men 0.53
4-Will 1.33
5-Bowdin Street 1.29
6-We'd Be Like
Bonnie & Clyde 1.18
7-Hattie Escapes 1.46
8-Tip Top Construction 1.36
9-Will At The Wheel 1.14
10-Sully 3.00
11-The Stopwatch 1.29
12-Thanksgiving 3.17
13-Miss Beryl 1.27
14-Rub Quits 2.23
15-The Ultimate Escape,
Escapes 3.15
16-You Are My Best Friend 2.46
17-Toby's Theme 3.10
18-The Wooden Leg 1.22
19-Trifecta Ticket 0.58
20-Would You Like
A Cup Of Tea? 2.56

Musique  composée par:

Howard Shore

Editeur:

Milan Records
74321 24903-2

Album produit par:
Howard Shore
Producteur associé:
Suzana Peric
Montage musique:
Suzana Peric
Assistant montage:
Nic Ratner
Supervision de
la production de la musique:
Graham Walker
Supervision de l'album:
David Franco
Producteurs exécutifs
pour Milan:
Emmanuel Chamboredon,
Toby Pieniek

Artwork and pictures (c) 1994 Paramount Pictures/Milan Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
NOBODY'S FOOL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Howard Shore
Comédie dramatique au ton juste, 'Nobody's Fool' ('Un homme presque parfait') raconte l'histoire de Donald 'Sully' Sullivan (interprété par un excellent Paul Newman qui nous livre là une performance remarquable de finesse et qui lui valu l'Ours d'Or à Berlin en 1995 ainsi que de nombreuses nominations diverses...), un vieil homme bougon et méprisant qui a la très nette sensation d'avoir raté sa vie mais qui va se racheter avec le retour de son fils Peter (Dylan Walsh) qu'il n'a pas revu depuis des années, ayant fuit ses responsabilités de père. Entre ses petits boulots pourris au service de son patron irresponsable, Carl Roebuck (Bruce Willis, inattendu dans ce film et qui continue de nous prouver qu'il n'a aucune envie de se spécialiser dans les films d'action bourrin) et ses parties de poker entre copains, Sully mène une vie assez misérable, mais c'est avec le retour de son fils Peter que le vieil homme va apprendre à revenir à la vie et à s'acheter une nouvelle conduite en assurant son rôle de grand-père après avoir complètement raté celui en tant que père. Malgré les défauts du vieil homme, certaines personnes continuent à voir la bonté qu'il y'a au fond de lui comme c'est le cas de sa locataire Miss Beryl Peoples (Jessica Tandy, à qui le film est dédicacé, l'actrice ayant décédé juste après le film en Septembre 1994) ou de Toby (Melanie Griffith), la femme de Carl qui va tomber amoureuse de cet 'homme parmi les hommes'. En adaptant à l'écran le roman de Richard Russo, le réalisateur Robert Benton ('Kramer vs. Kramer' ou 'Billy Bathgate') signe là l'un de ses meilleurs films et probablement l'une des plus belles comédies dramatiques des années 90. Paul Newman n'a rien perdu de son charme d'acteur et nous offre ici l'un des meilleurs rôle de sa longue carrière dans ce film émouvant. Bref, 'Nobody's Fool' est un de ces films touchant qui nous offre une histoire simple et qui nous va droit au coeur. Une grande réussite!

Howard Shore nous prouve avec 'Nobody's Fool' qu'il sait aussi écrire de très belles musiques pour des drames (voire des comédies comme c'est le cas pour 'Mrs Doubtfire') lorsqu'il n'est pas en train de créer une partition macabre et psychologique pour un film de David Cronenberg. Le score de 'Nobody's Fool' est une partition mineure dans la carrière du grand compositeur canadien, et pourtant, la musique de Shore possède une certaine fraîcheur nostalgique assez poignante, une partition à la fois simple, touchante et par moment plus mélancolique. Ecrit pour orchestre avec une clarinette, une mandoline, une flûte irlandaise et un petit accordéon (et même un petite batterie très légère), le très beau score de Shore repose autour d'un magnifique thème principal, probablement l'un des plus beaux thème écrit par Shore pour un film dramatique. Le 'Main Title' ouvre donc le film au son du très beau thème principal, une mélodie très simple confié à une clarinette soutenu par les cordes et la mandoline, sans oublier la flûte irlandaise qui donne ici un côté étonnement nostalgique au thème (sans oublier un petit rythme de batterie très léger soutenant la mélodie de clarinette/flûte). Le thème est incontestablement lié au personnage de Sully, à ses regrets, à sa mélancolie (il sait qu'il a raté sa vie et qu'il n'a pas été un bon père envers son fils) mais aussi à sa 'renaissance' auprès de son fils et de son petit-fils. Dans 'Fool's Triple', Shore nous fait entendre le deuxième thème, un motif de cordes sur un intervalle de quintes parallèles, motif plus léger mais ambigu en même temps, thème lui aussi associé au personnage de Sully. Dans 'You Are A Man Among Men', Shore nous fait entendre le troisième thème, motif entendu ici au piano avec des cordes (avec harpe) chaleureuses et lié au personnage de Toby. Le titre du morceau souligne la fameuse réplique touchante du personnage qui qualifie Sully 'd'homme parmi les hommes'. Thème doux et plus romantique (avec toujours ce côté assez nostalgique, amené ici par la délicatesse de la mélodie de piano et la chaleur des cordes), 'You Are A Man Among Men' évoque clairement les sentiments naissants entre Sully et Toby. C'est avec le très beau 'Will' que Sully découvre qu'il est grand-père lorsqu'il rencontre le jeune Will, son petit-fils. Avec des cordes à la fois hésitante et un petit accordéon (qui vient ajouter une certaine 'couleur' nostalgique au sein de l'orchestre), le morceau évoque l'émotion de Sully qui va très vite s'attacher à ce petit enfant et va s'acheter une nouvelle conduite en assumant cette fois ci son rôle de grand-père.

Avec 'We'd Be Like Bonnie & Clyde', on retrouve le joli thème de Toby pour une autre scène développant les sentiments tendres qui se créent entre Sully et Toby (on retrouve encore un autre rappel du motif de quintes aux cordes, déjà entendu auparavant dans 'Bowdin Street') tandis que 'Tip Top Construction' (Sully fait ses petits boulots misérables pour l'entreprise de son crétin de patron) fait une brève allusion au thème de clarinette développé ici sous la forme d'une petite valse avec une batterie légère comme dans le 'Main Title'. Dans le très beau 'Will At The Wheel', on retrouve le thème principal de clarinette/flûte avec les cordes, la mandoline et l'accordéon pour la scène touchante où Sully apprend au jeune Will à conduire une voiture en le mettant devant le volant (on voit ici les débuts de la relation grand-père/petit-fils ce qui explique bien évidemment le retour du magnifique thème principal plus émouvant que jamais, surtout dans cette scène). Un morceau comme 'Sully' fait ressortir quand à lui le côté plus dramatique du film avec des cordes plus froides et plus mélancoliques (surtout dans la scène où le vieil homme retrouve la maison abandonnée de son père de qui il n'a gardé que de tristes souvenirs) tandis que 'The Stopwatch' évoque plus le côté à la fois simple et émouvant du film avec une reprise du thème de clarinette développé ici pour une autre scène où Sully parle avec son petit-fils en lui donnant une montre pour lui apprendre à retenir ses peurs pendant quelques minutes. (une fois encore, le thème est associé ici à la très belle relation grand-père/petit-fils)

Avec 'The Ultimate Escape, Escapes', on entre dans la dernière partie du film et du score, là où le dénouement sera plus optimiste quand à l'avenir de Sully et de sa famille. Avec 'You Are My Best Friend', le vieil héros se réconcilie avec son meilleur ami (Shore utilise ici la flûte irlandaise avec la mandoline d'une très belle manière avec ce côté nostalgique qui caractérise si bien l'ensemble de sa partition pour le film de Robert Benton) et fait ses adieux à Toby au son d'une très belle reprise du thème de Toby dans 'Toby's Theme' (avec piano, cordes, flûte, harpe). Finalement, 'The Wooden Leg' développe le thème principal de clarinette pour la scène où Will donne la jambe de bois au vieil ami/avocat unijambiste de Sully, sans oublier 'Trifecta Ticket' reprenant le thème à l'accordéon avec la clarinette et le reste des instruments (Sully se 'réconcilie' avec son fils) tandis que 'Would You Like A Cup Of Tea?' conclut le score en beauté avec une ultime reprise poignante du thème principal pour la fin du film et le dénouement paisible de l'histoire.

'Nobody's Fool' est un score frais et émouvant, une partition simple et rafraîchissante qui surprendra ceux qui ne connaissent que le Shore plus massif de 'The Fly', 'The Cell' ou la trilogie de 'Lord of The Rings'. A l'image de la très belle histoire du film de Robert Benton, 'Nobody's Fool' est une petite partition intimiste, nostalgique et tendre (avec quelques moments un peu plus dramatiques), la musique simple et émouvante d'un homme 'parmi les hommes', qui apprend à 'revivre' lorsqu'il découvre qu'il a une famille et qu'il veut se racheter auprès d'elle. C'est tout cela que l'on trouve dans le thème principal de ce score charmant à découvrir si vous ne connaissez pas encore le côté plus intime et tendre de la musique d'Howard Shore, un compositeur éclectique par excellence.


---Quentin Billard