1-Overture 6.07
2-Main Title & Argo City+ 3.15
3-Argo City Mall* 0.56
4-The Butterfly 1.36
5-The Journey Begins* 1.12
6-Arrival On Earth*/
Flying Ballet 5.36
7-Chicago Lights*/
Street Attack* 2.23
8-The Superman Poster** 0.52
9-A New School 2.13
10-The Map 1.10
11-Ethan Spellbound* 2.13
12-The Monster Tractor 7.34
13-Flying Ballet -
Alternate Version* 2.13
14-The Map-
Alternate Version* 1.13
15-The Bracelet 1.44
16-First Kiss*/
The Monster Storm+ 4.35
17-"Where Is She"/
The Monster Bumper Cars 2.57
18-The Flying Bumping Car 1.28
19-"Where's Linda?" 1.21
20-Black Magic 4.08
21-The Phantom Zone* 3.42
22-The Vortex/
The End of Zaltar 5.49
23-The Final Showdown
& Victory*/End Title-
Short Version* 12.10

+Different version than
on Original CD release
*Previously Unreleased
**Composed by Jerry Goldsmith
(75%) and John Williams (25%)

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Silva Screen
FILMCD 132

Monteur de la musique:
Ken Hall
Assistant de Mr.Goldsmith:
Lois Carruth
Musique produite par:
Jerry Goldsmith
CD séquencé par:
Ford A.Thaxton
Producteur exécutif pour
Silva Screen Records Ltd:
Reynold Da Silva
Edition CD supervisé par:
David Stoner, James Fitzpatrick

Artwork and pictures (c) 1984 Cantharus Production N.V./Siva Screen Records Ltd./DC Comics, Inc. All rights reserved.

Note: ****
SUPERGIRL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Il y'a des films dont on sait pertinemment à l'avance qu'ils seront voués à l'échec. C'est le cas de 'Supergirl', grosse production d'aventure calqué sur 'Superman' (l'héroïne interprétée par la ravissante Helen Slater est en fait la cousine du célèbre super-héros immortalisé à l'écran par Christopher Reeve en 1978 dans le film de Richard Donner) et qui annonce déjà rien que par son titre un nanar total. Les effets spéciaux sont typiques des productions années 80 ont quelque peu vieillies aujourd'hui, de même que l'on s'imagine sans mal Supergirl attaché à des câbles dans toutes les scènes où on la voit voler dans les airs à l'instar de son fameux cousin (si l'on fait suffisamment attention, on verra sans problème les câbles, ce qui est assez honteux pour un film possédant un aussi gros budget). Helen Slater est assez convaincante dans le rôle de cette jeune cousine de Superman (c'est son premier rôle au cinéma après avoir participé à un petit téléfilm en 1981). Peter O'Toole possède un rôle assez mineur dans le film mais la palme revient à Faye Dunaway qui est absolument irritante et agaçante dans le rôle de Selena, la méchante du film. Selena est une apprentie magicienne qui s'est mise en tête de maîtriser la magie noire pour dominer le monde et c'est après s'être emparé de l'Omegahedron (le 'coeur' de la cité d'Argo d'où est originaire Kara alias Supergirl alias Linda Lee - son nom sur terre - l'Omegahedron est une petite boule qui fournit toute la puissance nécessaire à la survie des habitants de la cité d'Argo, dernier repère pour les survivants de l'ancienne planète Krypton - cf. le début de 'Superman') que la sorcière va commencer à gagner de nouveaux pouvoirs afin d'accomplir ses sombres desseins. Mais le personnage de Faye Dunaway est très agaçant et totalement ridicule: le réalisateur la décrit sans cesse comme une idiote maladroite et stupide suivie de son assistante Biance (Brenda Vaccaro) elle aussi totalement stupide (il faut voir les lignes de dialogue que possèdent ces deux personnages totalement idiots). Finalement, le personnage de Selena n'a rien d'un grand méchant de film et n'égale même pas la performance livré par Gene Hackman dans le rôle du fameux Lex Luthor, célèbre méchant dans 'Superman'. Rajoutons à cela une intrigue amoureuse assez mielleuse entre Linda Lee/Supergirl et Ethan (Hart Bochner, qui joue ici au beau gosse de service) et vous obtenez 'Supergirl', un joli petit navet quasiment méconnu aujourd'hui réalisé par le français Jeannot Szwarc qui, visiblement, a fait un très mauvais choix cette fois ci. Mais comme le dit si bien le célèbre adage: 'l'erreur est humaine'.

Jerry Goldsmith continue de nous prouver une fois de plus que l'on peut écrire des grandes partitions de qualité pour des obscurs navets de bas étage. 'Supergirl' témoigne de tout le talent du compositeur pour écrire une grande oeuvre symphonique doté d'une thématique puissante et d'une motivation musicale qui force le respect (Goldsmith nous prouve aussi qu'il sait se montrer inspiré sur un film qui manque justement d'inspiration). La partition du maestro se compose de trois grands thèmes, un thème héroïque et cuivré lié à l'héroïne, un joli 'Love Theme' lyrique et nostalgique dans la plus pure tradition du genre et un motif de 3 notes menaçant lié aux méfaits de Selena, la méchante du film. Le film s'ouvre au son d'une fanfare héroïque dans 'Main Title & Argo City'. Le thème principal apparaît alors soutenu par un petit son de synthé évoquant les pouvoirs de Supergirl. Ce superbe thème principal nous renvoi très clairement ici au style épique/héroïque de la célèbre partition écrite par John Williams pour 'Superman'. Le thème héroïque est suivi de la première exposition du Love Theme entendu ici aux cors soutenus par des cordes majestueuses typiques du style plus lyrique du compositeur (le 'Love Theme' sera très important dans la première partie du film car, avant d'évoquer la romance entre Linda et Ethan, ce thème soulignera dans un premier temps l'innocence de l'héroïne et son émerveillement à la découverte d'un monde nouveau pour elle, la planète Terre). Cette superbe ouverture héroïque se conclut sur un bref passage plus mystérieux lié à la cité d'Argo, Goldsmith développant justement cette ambiance plus mystérieuse dans 'Argo City Mall' avec une pointe de synthé, quelques cordes mystérieuses et une flûte ondulante à la Debussy (on ressent un peu ici le côté 'impressionniste' du style de Goldsmith). Dans 'The Butterfly', Goldsmith met en avant l'élément électronique de sa partition (quelque chose de systématique chez lui depuis le début des années 80) alors que Kara vient de créer un papillon en provoquant une catastrophe qui sera à l'origine de son départ vers la terre et le début de sa grande aventure sur la planète des humains. (on entend ici un bref passage d'action, le premier passage d'action du score) S'ensuit ensuite un départ vers la terre dans le très agité 'The Journey qui se conclut dans le superbe 'Arrival On Earth' (le maestro nous fait entendre des choeurs grandioses au sein d'un orchestre assez intense pour la séquence de la traversée de l'espace temps à bord d'un appareil spécial). Dans 'Arrival On Earth', le compositeur fait un astucieux mélange orchestre/éléments électroniques qui rendent la scène de l'arrivée sur terre particulièrement puissante (surtout avec l'utilisation des choeurs). A noter l'utilisation du Love Theme évoquant ici l'émerveillement de l'héroïne qui découvre ce nouveau monde pour la toute première fois dans 'Flying Ballet', toujours dans un style très Ravelien d'esprit. Pour la séquence de ce petit 'ballet' aérien où Supergirl s'amuse à flotter dans l'air, Goldsmith nous permet d'entendre une très jolie reprise du Love Theme avec un hautbois plein de grâce et de légèreté, des cordes majestueuses et une petite touche de synthé lié aux pouvoirs de l'héroïne. Le reste du morceau s'attachera à rendre la suite de la séquence particulièrement majestueuse et prenante, le 'Love Theme' étant développé plus tard à l'orchestre pour évoquer l'innocence de Supergirl.

Dans 'Street Attack', on entend le côté plus sombre de l'aventure de Supergirl alors que cette dernière découvre la bêtise des hommes lors de la scène où elle se fait agresser dans la rue par deux camionneurs qui ne se contrôlent plus en la voyant. (elle leur met d'ailleurs une bien belle correction) A noter une très brève allusion au célèbre thème de 'Superman' de John Williams dans 'The Superman Poster', une petite astuce de Goldsmith visant à évoquer le célèbre super-héros alors que sa cousine le voit justement sur un poster dans la chambre de sa camarade Lucy Lane (la soeur de Lois Lane, la fiancée de Superman - comme par hasard - ). L'aventure commence à prendre une autre tournure dans 'Ethan Spellbound' alors que Ethan vient d'être ensorcelé par Selena qui s'est mise en tête de le conquérir en ayant recours à un puissant philtre d'amour. C'est dans ce morceau que Goldsmith nous fait entendre pour la première le sombre motif de 3 notes lié à Selena. C'est aussi ici que le compositeur développe le plus ces éléments électroniques un peu dans le style de ce qu'il a fait sur 'Gremlins' de Joe Dante (1984). Le côté sombre de 'Ethan Spellbound' explose alors dans l'excellent 'The Monster Tractor' alors qu'Ethan est poursuivi par un immense tracteur envoûté par Selena. 'The Monster Tractor' est l'un des premiers grands morceau d'action du score, un pur tour de force orchestral de plus de 7 minutes qui nous prouve une fois encore que le compositeur est décidément un maître incontesté de la musique de film. Ici, on retrouve tout ce qui fait le style habituel de sa musique d'action: rythmes syncopés, grands pupitres de cuivres, changements de mesure, etc. Le morceau est aussi l'occasion pour le compositeur de développer le motif de 3 notes exposé dès le début du morceau par des trombones menaçants. Très rythmé et particulièrement puissant, le morceau rend cette séquence d'action assez puissante et arrive à nous plonger de manière intense dans la séquence. La seconde partie du morceau nous permet de réentendre la fanfare de Supergirl alors que cette dernière apparaît alors pour venir sauver Ethan et l'emmener en lieu sûr. Le morceau finit de manière plus tendre alors qu'Ethan tombe fou amoureux de Linda Lee/Supergirl en croisant son regard pour la première fois (on entend alors une nouvelle reprise particulièrement lyrique du 'Love Theme' pour évoquer l'amour soudain d'Ethan pour l'héroïne).

L'action continue dans 'First Kiss/The Monster Storm', le morceau débutant alors que Linda est encore sous le charme du baiser d'Ethan. On admirera ici la manière dont Goldsmith s'amuse à opposer le tendre Love Theme avec le sinistre motif de 3 notes (soutenu par une partie de cordes qui rappelle étrangement le début de 'Alexandre Nevsky' de Prokofiev - coïncidence ou inspiration?) pour cette séquence où Linda retourne dans sa chambre tandis que Selena prépare une tempête monstrueuse afin d'éliminer Linda/Supergirl. Le morceau développe de manière quasi hypnotisante le motif de 3 notes le rendant de plus en plus puissant et intense jusqu'à ce que la fanfare de Supergirl ne refasse son apparition pour la confrontation de l'héroïne contre le monstre-tempête crée par Selena dans un autre excellent passage d'action typique du compositeur. La confrontation se prolonge dans 'Where Is She/The Monster Bumper Cars'. On notera ici la manière particulièrement habile avec laquelle le compositeur lance le rythme de son morceau aux cordes/synthé en faisant monter progressivement le tempo alors que Selena a piégé Ethan et Linda dans le manège d'une fête foraine en faisant tourner à toute vitesse le manège. S'ensuit ensuite une nouvelle partie d'action particulièrement puissante alors qu'Ethan se retrouve en plein milieu d'une piste où les voitures du manège se mettent à bouger dans tous les sens (la sorcière fait une nouvelle démonstration de ses pouvoirs). Le thème de 3 notes est toujours présent pour évoquer la menace constante de la sorcière et de ses obscurs pouvoirs qu'il finit petit à petit maîtriser (ce qui explique probablement le fait que le thème de 3 notes prennent de plus en plus d'importance tout au long de la partition).

Le mal de Selena semble progresser dans 'Black Magic' alors que la sorcière s'est emparé du Barindi Wand de son ancien maître Nigel, Selena comptant bien s'en servir pour arriver à ses fins (ce bâton permet de maîtriser la magie noire). En capturant les amis de Linda et en créant un immense château perché en haut d'une montagne, Selena devient la maîtresse de la petite ville ce qui permet une fois encore au compositeur de développer le sombre thème de 3 notes qui devient de plus en plus sombre et oppressant. Supergirl se retrouve de nouveau confronté à Selena dans son propre château avant que l'héroïne soit défaite et bannie dans la terrifiante zone fantôme où se trouve Zaltar (Peter O'Toole), qui a été banni de la cité d'Argo après avoir égaré l'Omegahedron. Dans 'The Phantom Zone', on assiste à une ambiance sinistre où le compositeur utilise des choeurs sombres au sein d'une atmosphère assez glauque et sinistre alors que tout semble être perdu pour Supergirl qui croise alors le chemin de Zaltar. L'utilisation des choeurs est assez remarquable ici, la masse chorale retranscrivant tout le côté sombre de la scène comme si tout espoir semblé être perdu. Mais le 'phoenix' renaît de ses cendres dans 'The Vortex/The End of Zaltar', l'héroïne réussissant à traverser le Vortex qui la ramènera sur terre pour une ultime confrontation contre Selena et ses puissants pouvoirs magiques. Dans la séquence du Vortex, Supergirl et Zaltar luttent pour atteindre la sortie, Goldsmith réutilisant d'abord le style sombre de 'The Phantom Zone' (on retrouve ces choeurs sinistres qui deviennent plus intenses ici) dans une montée de tension assez puissante. On retrouve ici de nombreux développements du thème de 3 notes (quasiment omniprésent tout au long du morceau) qui semble atteindre ici son paroxysme, partagé entre de puissants cuivres et l'impressionnante masse chorale (Goldsmith est un maître lorsqu'il s'agit de développer un thème ou une cellule thématique). Finalement, la dernière confrontation est entendu dans 'The Final Showdown & Victory', dernier morceau d'action du score qui conclut le film sur ce dernier affrontement permettant de conclure la partition sur un climax orchestral particulièrement puissant. Goldsmith développe une dernière fois le thème de 3 notes alors que l'héroïne se retrouve opposé à un gigantesque monstre crée par les pouvoirs de la sorcière. L'héroïne défait alors son adversaire et profite d'une victoire triomphante qui se conclut sur une très belle reprise du Love Theme suivi d'une ultime reprise du thème principal, héroïque à souhait (le 'End Title' développant alors les principaux thèmes du score).

Vous l'aurez compris, 'Supergirl' est une BO d'aventure/action à la fois puissante, prenante et entraînante, une superbe partition symphonique dans la plus pure tradition du genre où le compositeur utilise l'élément synthétique habituel de la plupart de ses grands scores des années 80. Maître de son orchestre, le compositeur donne le ton à la fois épique et héroïque nécessaire au film tout en soulignant la romance, l'action, les moments plus sombres et les passages plus enthousiasmant. Toujours très proche de l'action du film, la musique de Goldsmith évoque à merveille toutes les émotions du film dans un véritable festival orchestral digne des plus grandes partitions du genre, en passant de Williams jusqu'à Korngold. Moins connu que certaines autres grandes oeuvres du Goldsmith de la première partie des années 80 ('Poltergeist', 'Gremlins', 'First Blood', etc.), 'Supergirl' est une superbe oeuvre à découvrir dans son intégralité sur la superbe réédition de Silva Screen qui nous propose ici le score complet du compositeur avec les morceaux alternés. Une autre grande réussite du maître!


---Quentin Billard