Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5308

Réalisateur:
Lasse Hallström
Genre:
Comédie dramatique/Romance
Avec:
Richard Dreyfuss,
Holly Hunter,
Danny Aiello,
Gena Rowlands.

(c) 1991 Universal Pictures.

Note: ***
ONCE AROUND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Comédie dramatique particulièrement réussie, 'Once Around' (Ce cher intrus) s'affirme comme l'une des meilleures comédies du réalisateur d'origine suisse, Lasse Hallström (il s'agit aussi du premier film américain du réalisateur). En plaçant l'excellent Richard Dreyfuss en tête de son film, le réalisateur signe là une comédie originale et émouvante sur l'histoire de Sam Sharpe (Dreyfuss), un homme riche, excentrique, excessif et envahissant qui va petit à petit semer le trouble dans la famille de sa nouvelle femme Renata Bella (Holly Hunter, toujours aussi ravissante). Dans la famille Bella, Renata est la seule célibataire qui n'a pas encore réussi à trouver son âme soeur. Mais après être parti dans les îles tropicales pour chercher du travail, Renata rencontre l'homme de sa vie: Sam Sharpe, un vendeur riche et particulièrement excentrique, excessif et hédoniste. De retour au pays, Sam va faire la connaissance de la famille Bella et va très vite s'incruster chez eux. Mais le caractère excessif et envahissant de Sam va provoquer petit à petit un grave conflit au sein même de la famille et malgré la gentillesse et la générosité de cet homme qui veut toujours bien faire mais finit tout le temps par tomber dans les excès les plus insupportables, les principaux membres de la famille vont très vite se mettre à rejeter cet homme envahissant, sans retenue et parfois insupportable. Et de dispute en dispute, chacun se réconciliera finalement auprès d'un Sam vieilli et malade du coeur qui conservera jusqu'à ses derniers instants son amour immuable pour Renata et son immense appétit de vivre. Le principal intérêt du film réside bien entendu autour du personnage interprété par Richard Dreyfuss qui nous livre ici une composition absolument remarquable, un vrai numéro d'acteur passionné complètement immergé dans son rôle. En ce qui concerne son personnage, il y'a deux solutions: soit vous trouverez ce bonhomme totalement insupportable, extrêmement lourd et irritant, soit vous le trouverez attachant, profondément humain et adorable. A vrai dire, le script s'est attaché à livrer les deux aspects de ce personnage haut en couleur: un homme très humain et généreux, tendre avec ses proches mais beaucoup trop excessif et sans aucune retenue. Avec des dialogues parfois très piquants et des situations à la fois drôles et par moment très dramatiques, 'Once Around' est une excellente comédie dramatique qui mérité largement le détour, ne serait ce que pour profiter de l'excellent numéro d'acteur tenu par un Dreyfuss visiblement très inspiré par le film.

James Horner n'a pas composé beaucoup de musique sur le film de Hallström: à peine une quinzaine de minutes ce qui l'empêche évidemment de profiter pleinement de sa musique dans le film (et sur l'album). Néanmoins, la quinzaine de minutes présente dans le film est assez convaincante sans avoir la qualité de ses grandes partitions intimes/dramatiques des années 90. Le score met un peu de temps à se mettre en place dans le film. Sur l'album, Horner décide de commencer avec 'Big Band on Ice', pièce de jazz/swing dans la lignée de ce que le compositeur a déjà fait dans les parties jazzy/big band de 'Cocoon', '*batteries not included' et 'Cocoon: The Return'. Le reste de ses morceaux sera dans un style tout à fait différent, à la fois intime, dramatique et romantique, dans le genre de ce que le compositeur a déjà fait sur des films tels que 'Dad' ou 'In Country' (deux BO assez proches du style de 'Once Around'). On pourra entendre deux thèmes dans le score d'Horner, deux mélodies particulièrement belles mais qui sont totalement sous-développés dans le film (n'oublions pas de mentionner aussi les problèmes qu'a eu le compositeur avec la production du film qui a décidé de supprimer une bonne partie de sa musique dans le film, laissant la place à des chansons (surtout la chanson clé du film 'Fly Me To The Moon') et autres pièces non-originales.

On ne pourra pas passer à côté du très beau 'The Apology' dans la scène émouvante où Sam va tenter de se faire pardonner auprès de Renata pour les excès qu'il a commis lors d'un important repas de famille avec ses parents. Avec quelques cordes tendres, des vents chaleureux et l'habituel piano intime, Horner décrit l'amour passionné que ressent Sam pour Renata et son besoin de faire le bonheur de ses proches en les comblant de tous ses cadeaux (mais en tombant tout de suite dans les excès), besoin qu'il trahit toujours par une trop grande exubérance (il ne sait pas se contrôler, il est comme un petit gamin complètement fou). La musique rend cette scène particulièrement émouvante (séquence des diapositives projetées sur le ventre de Renata) avec la délicatesse mélodique chère au compositeur. 'The Arrival' nous fait entendre l'autre thème, légèrement plus dramatique où le compositeur utilise même un peu de synthé (choeur) avec les cordes, le piano et les vents. Cet excellent thème (qui donne cependant une vague sensation de déjà entendu...) apparaît pour la première fois dans la scène où Sam emmène Renata sur un pont et lui déclare tout son amour en essayant de la convaincre de venir vivre avec lui. Avec 'The Apology' et 'The Arrival' (qui contiennent les deux thèmes principaux du score), Horner nous propose une magnifique récapitulation de ses principales idées dans 'A Passage Of Time' pour le final du film, après la mort de Sam. Les cordes sont bien mises en avant dans les deux thèmes avec les couleurs orchestrales habituelles du compositeur (Horner associe souvent hautbois/clarinettes par deux dans certaines parties très retenues, l'utilisation du piano rappelant beaucoup le style des futurs 'To Gillian on Her 37th Birthday' ou 'Deep Impact'). L'excellent thème de cordes entendu dans 'A Passage Of Time' aurait lui aussi mérité un bien meilleur développement car il exprimait toute la gentillesse et la sincérité du personnage interprété par Richard Dreyfuss, un homme qui veut toujours bien faire mais se heurte à un dogme immuable: 'rien n'est bon dans l'excès'. Horner avait aussi réussi à capter tout le côté à la fois intime, romantique et dramatique du film en abordant 'Once Around' avec une certaine délicatesse et une retenue exemplaire. Malheureusement, le peu de musique utilisé dans le film ne nous permet d'en dire davantage et c'est bien dommage, car la musique d'un compositeur aussi demandé qu'Horner aurait mérité un bien meilleur traitement dans le film (mais les producteurs et le réalisateur avaient sûrement leurs raisons).

La musique de 'Once Around' possède donc un certain charme et une qualité qui aurait nécessité un peu plus de développement et d'approfondissement. Mais l'on sent clairement ici la manière plus européenne d'utiliser la musique dans le film (sous-développé, comme c'est malheureusement souvent le cas dans certaines productions européennes), et malheureusement, cette 'sous-utilisation' du score d'Horner dans le film ne permet pas au compositeur de s'épanouir complètement sur 'Once Around', laissant après écoute l'amère sensation d'un travail inachevé. Mais ne soyons pas trop sévère, Horner nous prouve quand même qu'il est très doué lorsqu'il s'agit d'écrire pour des films intimes/dramatiques.


---Quentin Billard