1-Hate 7.26
2-Happy Birthday, Maggie 5.36
3-Wedding Bells 8.06
4-Hells Kitchen 5.08
5-Here Comes The Sun 3.35*
6-I Want A Little Sugar
In My Bowl 2.31**
7-Feeling Good 2.53***
8-Wild Is The Wind 6.56+
9-Black Is The Color Of
My True Love's Hair 3.26++

*Interprété par Nina Simone
Ecrit par George Harrison
**Ecrit par Nina Simone,
Interprété par Nina Simone
***Ecrit par Leslie Bricusse,
et Anthony Newley
Interprété par Nina Simone
+Ecrit par Ned Washington
et Dimitri Tiomkin
Interprété par Nina Simone
++Interprété par Nina Simone,
Arrangé par Nina Simone

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Milan Records
74321 14302-2

Score arrangé par:
Hans Zimmer
Score produit par:
Hans Zimmer, Jay Rifkin
Musique additionnelle de:
Nick Glennie-Smith
Assistant du compositeur:
Christopher Ward
Directeurs en charge de
la musique pour Warner Bros:
Gary LeMel, Doug Frank
Direction exécutive de Milan:
Emmanuel Chamboredon,
Toby Pieniek

Album business affairs:
Keith Zajic

Artwork and pictures (c) 1993 Warner Bros. All rights reserved.

Note: **1/2
POINT OF NO RETURN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
Remake passable du fameux 'Nikita' de Luc Besson, 'Point of No Return' (Nom de code: Nina) est loin d'être ce que John Badham a fait de mieux au cours de sa carrière. Malgré tous les efforts déployés par Badham et une Bridget Fonda touchante et convaincante à la fois, 'Point of No Return' n'arrive pas à la cheville de 'Nikita' et Badham n'a pas le talent de Besson - talent très contesté aujourd'hui d'ailleurs où le réalisateur semble avoir de moins en moins la côte à en croire certaines critiques. Badham reste fidèle à l'histoire d'origine du film de Besson (une junkie condamné à mort après le meurtre d'un policier se retrouve piégé dans un terrible dilemme: devenir une tueuse à gage au service d'un mystérieux organisme gouvernemental secret ou bien refuser d'accomplir le sale boulot de cette organisation et mourir d'une balle dans la tête. Maggie/Nina (interprété par une Bridget Fonda qui reprend bien le rôle tenu à l'origine par Anne Parillaud) n'a plus le choix: elle devra accomplir les missions qu'on lui donne sans jamais broncher. Mais les choses changent alors qu'elle rencontre J.P. (Dermot Mulroney) et tombe amoureux de lui. Le mystérieux Bob (Gabriel Byrne, qui reprend le rôle tenu à l'origine par Tchéky Karyo) qui l'a entraîné et formé à son nouveau métier d'agent spécial retrouve sa trace et surveille de près son nouvel amant pour voir si tout se passe bien et si elle ne lui révèle pas ses secrets. Mais Maggie/Nina ne peut plus continuer ainsi et va finir par craquer en commençant à révéler certaines choses à J.P. Comme le titre du film l'indique, Maggie est sur le point de non retour: elle ne peut plus reculer et devra trouver une parade pour tenter de sortir de ce cauchemar. Si le film respecte bien l'histoire de 'Nikita', la mise en scène est elle totalement passe-partout et assez médiocre. Ce qui faisait le charme de 'Nikita' c'était bien évidemment le côté réaliste de l'histoire avec un certain 'style' à la française fort percutant pour l'époque (1990). Badham n'essaie pas d'imiter ce style (y serait-il vraiment arrivé?) et se comporte finalement en tant qu'artisan Hollywoodien de série-B d'action qui ont fait sa réputation. Le problème, c'est que le film est devenu trop américain, trop 'Hollywoodien'. 'Nikita' avait une certaine crédibilité dans le récit et le déroulement de l'histoire, crédibilité que l'on perd complètement ici à cause d'un style artisanal trop 'Hollywoodien', très stéréotypé et très médiocre, bref, du n'importe quoi (genre la scène d'action dans le tribunal au début du film ou la scène de baston avec le nettoyeur - mention spécial à l'excellent Harvey Keitel qui reprend ici le rôle tenu à l'origine par Jean Reno - sous les roues de la voiture, séquence trop cliché, trop 'grosse', trop spectaculaire et finalement peu crédible en soi). Bref, 'Point of No Return' nous prouve une fois de plus qu'il est toujours très risqué de faire un remake, surtout lorsque l'on s'attaque à des icônes du cinéma français comme l'excellent 'Nikita' de Besson. En 1982, John Carpenter nous avait prouvé qu'un remake pouvait apporter quelque chose de plus par rapport au film d'origine avec 'The Thing'. Dans le cas de 'Point of No Return', on ne peut pas dire autant. Un film bien fait mais peu convaincant en fin de compte.

Après avoir composé un score peu mémorable pour un ancien film d'action de John Badham, 'Bird on a Wire' (score resté encore inédit jusqu'à ce jour), Hans Zimmer retrouve Badham sur 'Point of No Return' pour lequel le compositeur a écrit un score un peu plus intéressant que celui de 'Bird on a Wire', même si l'ensemble n'a rien d'un très grand chef d'oeuvre en soi. (à noter que John Badham a collaboré pendant quelques années avec le compositeur Arthur B.Rubinstein) Indéniablement tourné vers les futures grandes BO d'action du Zimmer du milieu des années 90, le score de 'Point of No Return' est entièrement écrit pour synthétiseurs avec le flot de percussions habituelles du compositeur, sans oublier l'utilisation d'une voix de chanteuse gospel soliste, quelques guitares (interprété en solo par Bob Daspit comme dans la plupart des solos de guitare des scores d'action de Zimmer). Axé autour de deux thèmes très réussis (le premier, facile à mémoriser, est un petit leitmotiv mélodique associé à l'héroïne du film, le second thème de piano étant nettement plus dramatique et mélancolique), le score de 'Point of No Return' (avec la musique additionnelle de Nick Glennie-Smith) est une solide BO d'action avec des passages sombres et très atmosphériques et quelques passages plus dramatiques. Le gros problème de ce score reste quand même le côté trop électronique de la partition. L'orchestre fait cruellement défaut au sein de ce score qui sonne finalement un peu trop 'musique de téléfilms d'action à petit budget' ce qui est assez dommage en fin de compte étant donné les quelques bonnes idées que Zimmer développe tout au long de ce score.

Dans 'Hate', Zimmer rentre dans le vif du sujet pour un passage très rock dans l'ouverture du film. Avec une batterie bien cool, quelques synthés et une excellente partie de guitare électrique très rock (et un brin 'hard' sur les bords) sans oublier l'utilisation très appuyée ici de la chanteuse de gospel qui apporte une sonorité vocale surprenante au morceau, Zimmer décrit l'agressivité de Maggie au début du film, entraîné avec ses potes drogués dans le casse d'une pharmacie où ils espèrent bien récupérer de quoi se shooter. Zimmer décrit la scène avec ce côté un peu hard-rock, la voix de la chanteuse gospel étant une résonance de l'esprit féminin sauvage de Maggie qui n'a pas encore appris à maîtriser sa féminité. Après ce passage, Zimmer nous fait entendre le thème de Maggie/Nina qui apparaîtra très vite dès le début du film, thème mélodique assez réussi et qui correspond bien à l'héroïne du film. (Zimmer nous proposera d'excellentes variations électroniques de ce thème dans la séquence d'entraînement vers le début du film, utilisant les synthés - surtout le son de piano, bien mis en avant tout au long du score - avec la batterie et quelques guitares bien cool) Zimmer nous fera aussi assez vite entendre le thème dramatique de Maggie, plus mélancolique d'esprit et qui évoque bien le côté dramatique de l'histoire de cette femme piégée par son passé et qui voudrait vivre une nouvelle vie en toute tranquillité sans jamais y arriver. Zimmer utilise aussi le piano du synthé pour interpréter ce thème mélodique plus dramatique et typique des grands thèmes dramatiques du compositeur. On retrouve ce thème dans 'Happy Birthday, Maggie' pour la séquence du restaurant où Bob confie sa première mission à Maggie/Nina (d'où le côté plus sombre vers la fin du morceau - Nina se sentant alors trahie par Bob qui commençait pourtant à se montrer gentil envers elle), la séquence débouchant finalement sur l'excellent 'Hell's Kitchen', un des grands morceaux du score qui fait déjà penser au style action qu'adoptera plus tard le compositeur dans des scores tels que 'Drop Zone' ou 'Broken Arrow'. Avec des percussions massives et déchaînés et des sonorités de synthé toujours assez sombres, Zimmer fait très vite monter la tension dans cette scène d'action où Nina se retrouve traqué par les gardes de l'homme qu'elle devait éliminer.

Les autres morceaux d'action seront dans la même veine avec les percussions action typiques du compositeur et des synthés toujours très sombres et très 'action' (la chanteuse soliste intervient dans certains moments plus intenses ou plus sombres, sans oublier l'utilisation des guitares, le tout donnant une masse sonore très intense à l'image et typique du style action de Zimmer). On trouvait un bref morceau d'action un peu similaire dans la séquence du tribunal au début du film (l'utilisation du piano dans ce bref passage d'action sent un peu le manque de budget alloué à la musique) ou dans la scène où Nina affronte le nettoyeur sous les roues de la voiture. Le suspense est aussi très présent dans les scènes où l'héroïne doit accomplir ses différentes missions, mais malheureusement, il n'y a que 25 minutes de score sur l'album qui met donc de côté une bonne partie de la partition de Zimmer (et de Nick Glennie-Smith). On ne pourra donc malheureusement pas bien profiter de ce score sur l'album. A noter un thème plus triomphant dans 'Happy Birthday, Maggie' alors que l'héroïne sort enfin pour la première fois dehors en compagnie de Bob qui l'emmène au restaurant. Avec un petit rythme de batterie avec le piano et les cordes et la trompette du synthé, Zimmer exprime la joie de Maggie qui savoure enfin son premier moment à l'extérieur, le morceau exprimant alors une sorte de 'première victoire' pour l'héroïne qui se sent enfin libéré de ce cauchemar (et ce avant d'y replonger tout de suite après). Zimmer réutilisera cet excellent thème triomphant dans le générique de fin. Tout le reste du score s'attachera finalement à suivre l'action et le suspense du film sans oublier quelques variations intéressantes autour du thème dramatique qui deviendra beaucoup plus présent dans la dernière partie du film finissant alors au son du thème triomphant de 'Happy Birthday, Maggie'.

Par moment un peu trop présente dans le film, la musique de 'Point of No Return' est assez sympa en soi même si le score est loin d'atteindre la qualité des autres grands scores d'action de Zimmer. La restriction budgétaire du score fait cruellement défaut à la musique qui aurait mérité un important traitement orchestral plus en phase avec le caractère du film. La musique de Zimmer sonne assez froid dans le film et a tendance à envahir un peu certaines scènes du film. Si Eric Serra avait choisi une toute autre voie dans sa musique très synthé/pop pour 'Nikita', Hans Zimmer se lance à fond dans l'action et le côté dramatique du film et malgré deux thèmes très réussis et un style action plus ou moins assez cool, l'ensemble n'a rien d'extraordinaire et laisse un peu à désirer par moment. Néanmoins, 'Point of No Return' est important pour le compositeur car après 'Black Rain' et 'Bird on a Wire', Zimmer était sur le point d'être sacré spécialiste incontesté de la musique de films d'action Hollywoodiens des années 90 (partageant la place dans un registre plus orchestral avec Jerry Goldsmith). Au final, 'Point of No Return' est un score peu mémorable qui possède cependant un certain charme indéniable. Mais on est très loin ici du statut de chef d'oeuvre!


---Quentin Billard