CD 1

1-The Gamecock/
The Bird is Alive 2.53
2-Flaming Hat Rack/Main Title 3.41
3-The Heart of London 1.00
4-A Deductive Mind
Never Rests 0.44
5-Library Love/
Waxflatter's First Flight/
The Visitor 2.51
6-Fencing Lesson 1.05
7-I Never Want To Be Alone/
Stained Glass Knightmare/
Solving The Crime 8.06
8-Waxflatter Flies Again 1.09
9-One Last Duel/Window Parting/
Cario Vision 4.08
10-Waxflatter's Death/
Holmes Returns 3.38
11-The Hat/Holmes & Elizabeth Love Theme 3.15

CD 2

1-The Game is Afoot/
Tip of The Iceberg 6.22
2-The Ceremony 3.05
3-Stop! She's Alive!/
Pastries & Crypypts 6.42
4-Caught/
Friends of Waxflatter 4.55
5-Warning Shot 1.31
6-Cragwitch's Vision 1.46
7-The Struggle 1.21
8-A Fifth Princess/
Holmes in Flight 6.15
9-Waxing Elizabeth/
Diversionary Tactics 7.04
10-Ethar's Escape/The Final Duel/
Final Farewell 9.36
11-The Riddle's Solved/
End Credits 6.25
12-Moriarty? 0.46

Musique  composée par:

Bruce Broughton

Editeur:

Intrada CD 4007
Edition promo limitée

Album produit par:
Bruce Broughton,
Douglass Fake

Montage de la musique:
Curt Sobel

Artwork and pictures (c) 2002 Intrada Records. All rights reserved.

Note: ***1/2
YOUNG SHERLOCK HOLMES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bruce Broughton
Produit par Steven Spielberg et réalisé par Barry Levinson (bien avant que ce dernier nous livre son incontournable 'Rain Man'), 'Young Sherlock Holmes' (appelé aussi 'Pyramid of Fear' aux Etats-Unis et traduit en français par 'Le secret de la pyramide') est une grosse production d'aventure faite à l'ancienne, sortie en 1985 et produite par Steven Spielberg (la même année, Spielberg réalisait 'The Color Purple'). Comme le titre du film l'indique, 'Young Sherlock Holmes' revient sur la jeunesse romancée du célèbre Sherlock Holmes (fruit de la création du romancier anglais Sir Arthur Conan Doyle) et de sa rencontre avec un jeune John Watson dans une sombre aventure se déroulant près de leur université anglaise en 1870. Watson sera très vite fasciné par l'esprit de déduction génial du jeune Holmes et deviendra très rapidement son ami, l’assistant régulièrement dans ses enquêtes. Intrigué par une série de morts suspectes, Sherlock Holmes décidera de mener de très près cette enquête honteusement bâclée par l'inspecteur local qui semble ne pas trop avoir la tête à ce qu'il fait. Notre jeune héros découvrira très vite que ces morts sont reliées par un point commun : les victimes ont toutes été empoisonnées par un puissant hallucinogène qui les poussait chaque fois à se suicider de manière inconsciente. Avec l'aide de son complice Watson et d'Elizabeth (la jeune fiancée de Sherlock Holmes), le brillant détective découvrira l’existence d’une sinistre secte de fanatiques dévoués au culte de dieux égyptiens, secte qui se dissimule à l'intérieur d'une gigantesque construction en forme de pyramide cachée à l'intérieur d'un sombre bâtiment dans un quartier de Londres. Mais l'aventure prend une tournure plus cauchemardesque alors que nos trois héros découvrent que les membres de la secte font des sacrifices de jeunes filles embaumées vivantes. Ils vont devoir tout faire pour démasquer le coupable de ces crimes et découvrir qui se cache derrière tout ca. 'Young Sherlock Holmes' est en fin de compte l'archétype même du grand film d'aventure hollywoodien à l'ancienne, typique de ces grandes productions des années 80 - Spielberg a largement contribué à donner ses lettres d'or à ce style de film. On sent d'ailleurs clairement son influence dans le film de Barry Levinson. Les effets spéciaux sont très réussis pour l'époque, surtout dans les séquences spectaculaires d'hallucination. On ne pourra certainement pas passer à côté de la célèbre séquence de l'attaque du chevalier en verre vers le début du film. La séquence a entièrement été réalisée par le célèbre studio d'animation Pixar qui en était encore à ses débuts en 1985, bien avant les exploits de 'Toy Story', 'A Bug's Life' ou 'Monsters, Inc' (le reste des effets spéciaux est signé ILM). Evidemment, 'Young Sherlock Holmes' repose sur les formules habituelles du genre, mais l’ensemble reste tout à fait maîtrisé et très attachant. Un grand film d'aventure typiquement 80’s qui rend un bien bel hommage à l'univers de l'oeuvre originale d'Arthur Conan Doyle.

Bruce Broughton n'était pas encore très connu à l'époque où il composa sa grande partition symphonique pour 'Young Sherlock Holmes'. La même année, Broughton écrivait l'un de ses meilleurs scores pour le 'Silverado' de Lawrence Kasdan. Aujourd'hui, les béophiles redécouvrent ce grand score qui reste sans aucun doute l'un des hits du compositeur même si l'ensemble n'a franchement rien de bien original en soi. L'intérêt de la partition réside surtout dans la qualité des orchestrations (assurée par Mark McKenzie et Don Nemitz) et une thématique forte et bien développée tout au long de la partition interprétée avec brio par un Sinfonia of London en pleine forme. Entièrement symphonique, la musique de 'Young Sherlock Holmes' adopte une esthétique musicale résolument classique, avec ses grands thèmes facilement identifiables et le côté massif de la musique très 'Silver Age’ du compositeur. Avec le sombre 'The Gamecock/The Bird is Alive', Broughton nous introduit dans le film avec une ambiance plutôt sombre et mystérieuse, une des caractéristiques principales de ce grand score d'aventure à l'ancienne. La première séquence d'hallucination (avec l'oiseau dans l'assiette) est illustrée avec un premier morceau assez terrifiant où l'orchestre s'en donne à coeur joie dans un passage frénétique, agressif et plutôt effrayant. Le compositeur poursuit cette ambiance sombre dans 'Flaming Hat Rack' pour le suicide de la première victime du film. Broughton enchaîne ainsi avec le 'Main Title' qui nous nous permet d’entendre enfin le thème associé à Sherlock Holmes, une mélodie de piccolo plutôt légère et espiègle à la fois, soutenue par une base orchestrale de cordes plus sombres. On ressent clairement ici toute la détermination du héros à résoudre l'énigme de la secte égyptienne, le côté vaguement mystérieux du 'Main Title' nous laissant présager une aventure pleine de suspense et de frisson. Le thème sera ensuite repris par les cordes dans un élan plus puissant. Ce thème principal restera très présent tout au long du score, bien souvent accompagné du deuxième grand thème du score, un superbe thème d'aventure plus héroïque et entraînant.

La première séquence avec la machine volante de Waxflatter nous permet d’entendre le thème d'aventure dans un style plus héroïque associé aux exploits des héros. Les orchestrations sont toujours très réussies et particulièrement brillantes. On notera un 'Fencing Lesson' particulièrement soigné avec une certaine énergie orchestrale captivante pour la scène du duel d'escrime entre Holmes et son prof Rathe. Dans la première partie du film, Broughton développe le côté plus léger et énergique du score, un côté aventureux quasi enfantin (mais jamais niais !) sans oublier l'inévitable « Love Theme » sympathique pour Holmes et Elizabeth, un très beau thème de cordes lyrique et tendre comme il se doit, avec un certain classicisme d'écriture très romantique/19èmiste d’esprit. A noter un passage plus intéressant pour la séquence où Holmes tente de résoudre l'énigme que l'irascible Dudley lui a lancé en duel : Broughton développe avec les vents le thème de Sherlock Holmes avec quelques variantes parfois plus lentes et plus légères, qui aboutiront ensuite au thème d'aventure. Avec des cordes énergiques et des vents plein de vie, 'Solving The Crime' continue d’illustrer ce climat d'aventure léger et énergique, tout à fait représentatif de la première partie de la partition, qui n'est peut être pas la plus intéressante mais qui permet néanmoins de poser les bases pour la partie « aventureuse » du score de Bruce Broughton.

Après un nouveau passage de terreur pour la spectaculaire scène d'hallucination avec le chevalier en verre ('Stained Glass Knightmare'), 'Waxflatter's Death/Holmes Returns' permet au film de prendre un tournant majeur qui permettra au compositeur de plonger sa musique dans une ambiance de plus en plus noire et sombre. Les morceaux d’action vont aussi devenir de plus en plus nombreux avec ce côté frénétique qui retranscrit à merveille toute la noirceur des séquences de la deuxième partie du film (la scène d'hallucination de Waxflatter avec des vents dissonants à la Bernard Herrmann). 'The Game is Afoot/Tip of The Iceberg' évoque clairement le point de non-retour pour nos trois héros bien décidés à aller jusqu'au bout, et c'est avec le superbe et incontournable 'The Ceremony' que Broughton atteint un sommet dans sa partition, alors qu’il développe le thème de la secte (qui deviendra plus tard le thème du méchant) à l'aide d'un puissant choeur mixte interprétant un chant envoûtant et frénétique, soutenu par un ostinato ténébreux et mystérieux. 'The Ceremony' est clairement inspiré du célèbre 'O Fortuna' du 'Carmina Burana' de Carl Orff - surtout dans l'écriture de l'ostinato ou dans le profil mélodique de certaines parties vocales. On pensera aussi inévitablement au fameux 'The Temple of Doom' du 'Indiana Jones & The Temple of Doom' de John Williams, 'The Ceremony' adoptant un principe d'écriture similaire avec ces choeurs rituels quasi sataniques d'esprit (sans aucun doute écrit à la demande Steven Spielberg). Ce thème vocal démoniaque monte progressivement en puissance, renforçant la transe maléfique dans laquelle la foule se livre lors du rituel de sacrifice des jeunes filles. Avec ce passage sombre, épique et grandiose très inspiré de Carl Orff, Bruce Broughton signe là l'un de ses meilleurs morceaux au sein d'un score d'aventure massif et plein d'énergie.

L'action culmine alors dans la poursuite avec les membres de la secte avec un 'Stop ! She's Alive !/Pastries & Crypypts' particulièrement excitant et intense. Avec des cuivres furieux, des cordes dissonantes et des vents particulièrement stridents (sans oublier une utilisation remarquable de martèlements violents sur des effets de col legno des cordes), le compositeur mène ces séquences d'action sur un rythme effréné. La manière dont il utilise les vents dans un registre plus aigu rappelle par moment certaines couleurs orchestrales que l'on retrouve dans certaines oeuvres de Stravinsky ou de Bartók. Ce véritable petit tour-de-force orchestral apporte une puissance redoutable à cette scène d'action qui rappelle aussi par moment Bernard Herrmann - on resent toujours un certain classicisme d’écriture dans cette musique, même si le score reste typique des grandes partitions symphoniques des années 80. Avec 'A Fifht Princess/Holmes in Flight', Broughton nous refait entendre le thème d'aventure lorsque Holmes et Watson prennent leur envol à bord de la machine volante de Waxflatter pour tenter de rattraper la diligence d’Ethar. Entre action et aventure, le morceau continue d’illustrer ces scènes spectaculaires avec une puissance orchestrale redoutable. A noter aussi l'utilisation du thème de 'The Ceremony' qui devient alors associé au personnage d'Ethar, Broughton nous proposant ainsi quelques petites variations orchestrales autour de ce thème sinistre. C'est finalement au sein d'un 'Ethar's Escape/The Final Duel' que l'inévitable affrontement final atteint son paroxysme dans un long morceau de plus de neuf minutes où Broughton se laisse aller à un véritable déchaînement orchestral particulièrement épique et intense, similaire à la séquence de 'Waxing Elizabeth/Diversionary Tactics'. Le duel final se conclut finalement sur un 'Final Farewell' résolument plus tendre et un 'The Riddle's Solved/End Credits' qui reprend le thème de flûte de Sherlock Holmes et l'excellent thème d'aventure.

Grande partition symphonique composée dans le style des musiques d'aventure à la John Williams, 'Young Sherlock Holmes' est une oeuvre massive riche en thème, servie par des orchestrations soignées et des couleurs orchestrales de grande qualité. On pourra peut être regretter le côté parfois quelconque des thèmes qui ne sont malheureusement pas aussi mémorables que ceux d'autres grands compositeurs spécialistes de ce style de musique. Néanmoins, pour un premier grand effort (Bruce Broughton sort à peine de sa période téléfilms et s'attaque à un projet sérieux la même année que 'Silverado'), 'Young Sherlock Holmes' est assez remarquable en soi, le score apportant un vrai plus à l'ambiance d’aventure/suspense/mystère du film de Barry Levinson. Grâce à la récente réédition en édition limitée du score, les béophiles pourront enfin redécouvrir l'une des plus grandes partitions de Bruce Broughton, bien avant ses grandes oeuvres des années 90. Pour finir, on ne pourra que conseiller la bande originale de 'Young Sherlock Holmes' à tous ceux qui s'intéressent de très près aux travaux de ce compositeur toujours autant sous-estimé mais pourtant plein d'inspiration, à condition qu'on lui donne des projets qui lui permettent d'épanouir sérieusement sa créativité et ses idées !


---Quentin Billard