1-Opening To
Profion's Dungeon 5.37
2-Council of Mages 3.19
3-Breaking Into The
Magic School 3.07
4-On The Run 2.07
5-Damodar's Curse 2.19
6-Antius City 2.39
7-The Maze 5.31
8-Thieve's Fight 2.46
9-Capture By Norda 5.25
10-Death of Snails 9.35
11-Dungeon of The Rod 6.30
12-Battle on The Rooftop 9.07
13-Fighting Profion 5.59
14-Resurrection & End Titles 8.55
15-Bonus Track: This Is
Not Game 3.42*

*Interprété par Buck 250
Ecrit par Adam Schelsinger,
Steven Gold

Musique  composée par:

Justin Caine Burnett

Editeur:

New Line Records
NLR-90062

Score produit par:
Mal Luker
Assistants du score:
Kim Lord, Karl Akers,
Chris White, Martin Roth

Directeur en charge de la
musique pour New Line Cinema:
Toby Emmerich
Directeur de la musique
pour New Line Cinema:
Paul Broucek
Music Business Affairs
pour New Line Cinema:
Lori Silfen
Music Clearance Executive
pour New Line Cinema:
Mark Kaufman
Directeur du soundtrack pour
New Line Cinema:
Mitch Rotter
Coordinateur du soundtrack:
Susan Horton

Artwork and pictures (c) 2000 New Line Productions, Inc/New Line Records. All rights reserved.

Note: ***
DUNGEONS AND DRAGONS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Justin Caine Burnett
Adapté du célèbre jeu de rôle produit par la compagnie 'Wizards of the Coast', 'Dungeons & Dragons' est une énième grosse production d'aventure épique qui satisfera sans aucun doute les fans du jeu mais risquera d'ennuyer fortement les autres. Grandiose et spectaculaire à souhait, le film de Courtney Solomon nous livre une vision puissante du jeu de rôle mais avec une tendance à la saturation de plans en effets spéciaux (et qui ne sont pas toujours de qualité!). Bruce Payne est très convaincant dans le rôle du méchant Damodar, sbire du mage Profion (Jeremy Irons, qui lui, en fait des caisses et finit par être complètement ridicule en fin de compte) qui s'est mis en tête de s'emparer du royaume d'Izmer dirigé par l'impératrice Savina (Thora Birch - vue dans l'excellent 'Americain Beauty'), un royaume prospère mais en proie à des troubles provoqués par le mage tyrannique qui va tout faire pour monter le conseil du royaume contre elle. Le conseil ordonne alors à l'impératrice de lui remettre son sceptre qui a le pouvoir de contrôler les dragons dorés d'Izmer. Evidemment, Profion veut s'emparer du sceptre pour dominer les dragons et mettre le royaume à sa merci. Savina doit alors récupérer le bâton de Savrille, un objet mythique qui a le pouvoir de contrôler les dragons rouges du royaume, une espèce nettement plus puissante que celle des dragons dorés. Deux petits voleurs sans histoire, Ridley (Justin Whalin) et Snails (Marlon Wayans) ont un jour la mauvaise idée d'aller cambrioler une école de magie où travaille Marina (Zoe McLellan), une jeune mage de l'école. Débarquent alors Damodar et ses troupes venus chercher un parchemin qui les conduira au fameux bâton de Savrille. Ridley et Snails se laisseront alors entraîner malgré eux dans une aventure épique pour protéger Marina et le parchemin et se battre pour défendre la cause de Savina. Vite rejoints par Elwood le nain (Lee Arenberg) et Norda l'Elfe (Kristen Wilson), la troupe de héros se mettra alors en quête du bâton de Savrille en affrontant milles dangers, le film finissant alors sur l'inévitable confrontation avec Damodar et Profion. En voyant 'Dungeons & Dragons', impossible de ne pas penser à tous les classiques du genre de l'héroïc-fantasy: les châteaux gigantesques, les dragons cracheurs de feu, les mages et la magie noire, les héros chevaliers qui courent sauver des demoiselles en détresse, les combats épiques à l'épée, etc...'Dungeons & Dragons', c'est tout cela, une grosse production d'héroïc-fantasy à l'ancienne mais avec une pluie d'effets spéciaux typiques de ces gros films de la fin du 20ème siècle. Certes, il était difficile de concevoir ce film autrement et le résultat n'est pas si mal que cela, mais l'ensemble reste bien fade comparé à d'autres grands classiques du genre. Parmi les mauvais points à relever, et hormis le côté peu crédible de certaines images de synthèse, il y'a l'interprétation assez irritante de Jeremy Irons ainsi qu'une série de très grosses ressemblances avec les 'Star Wars' de George Lucas (on pense tout de suite à l'Episode I tant les points communs entre les deux films sont nombreux) sans oublier le fait que le personnage du nain est totalement inutile et n'apporte rien de spécial à l'histoire (il n'intervient presque pas, et on a même l'impression que les autres personnages le laissent toujours de côté comme s'il n'était là que pour servir de décor). Bref, 'Dungeons & Dragons' est loin d'être une grande réussite et même si l'ensemble est au final très divertissant, c'est encore une de ces productions foireuses que l'on pourra très vite oublier. A réserver surtout aux fans du jeu de rôle!

Justin Caine Burnett a travaillé pendant de nombreuses années en tant qu'assistant de Hans Zimmer à Media-Ventures. Ami avec le fameux compositeur d'origine allemande, Burnett a assisté le compositeur dans certaines grosses partitions de chez MV comme 'The Rock', 'The Fan', 'The Preacher's Wife', 'The Peacemaker', 'As Good As It Gets', 'Armageddon', tout cela avant d'être conseiller technique sur les scores de 'The Prince of Egypt', 'The Thin Red Line', 'Gladiator' ou 'Spy Game'. Burnett c'est aussi illustré dans la musique de film en écrivant la musique pour deux séries TV en 1999, 'Rescue 77' et la série allemande 'Motocops' pour laquelle Zimmer a écrit le thème (série diffusée à la télé française sur M6). Burnett a aussi écrit pour quelques films peu connus et après avoir assuré la musique additionnelle de 'The Road to El Dorado' (composé par Zimmer avec les chansons de Elton John), c'est 'Dungeons & Dragons' qui permit au compositeur de mener un premier projet vraiment très sérieux et imposant, un très gros score écrit pour deux orchestres, le 'Western Australian Philharmonic Orchestra' et le 'Northwest Sinfonia' sans oublier un choeur important pour l'inévitable partie chorale du score (le choeur n'étant finalement pas si important que cela dans ce score). Le score de 'Dungeons & Dragons' est une partition d'aventure épique qui se distingue par un nombre de thèmes important et une qualité d'écriture rare pour un jeune compositeur qui débute dans le métier. Sans le génie ni le talent mélodique de compositeurs comme Howard Shore, Basil Poledouris ou Jerry Goldsmith (pour ne parler que de certains compositeurs qui ont déjà brillé dans le domaine de l'héroïc-fantasy), Burnett assure quand même un score honorable, un premier gros effort qui mérite d'être salué en espérant que le compositeur saura choisir des projets un peu plus intéressant par la suite, des films qui pourront l'aider à développer son style encore fort soumis à de nombreuses influences. Entièrement symphonique, la musique de 'Dungeons & Dragons' ne fait pas vraiment de référence à Hans Zimmer (à qui l'album est pourtant dédicacé) comme on aurait pu s'y attendre au départ. Burnett n'a donc pas recours aux synthétiseurs chers à Media-Ventures et préfère plutôt choisi un axe orchestral sur lequel toute sa partition reposera du début jusqu'à la fin du film. La partie chorale n'est pas à négliger même si, comme il a déjà été mentionné plus haut, n'est pas l'aspect le plus important du score. Ici, on ne pourra pas passer à côté de l'importance des thèmes qui assurent une unité parfaite au score même si ces thèmes ne sont pas vraiment très mémorables à la première écoute. Le film s'ouvre avec le sombre 'Opening To Profion's Dungeon' qui nous ouvre les portes du repère du méchant Profion après que le thème principal ait été énoncé une première fois dans le générique de début, un thème plutôt majestueux et héroïque, évoquant à la fois les héros du film et le combat du bien contre le mal mené par l'impératrice Savina (d'où le côté un peu 'royal' du thème). Ce thème cuivré et très posé nous introduit d'entrée dans le côté héroïque et chevaleresque du film, suivi ensuite d'une seconde partie nettement plus sombre et menaçante alors que l'on voit Profion dans son domaine en train de tenter de domestiquer un dragon à l'aide de ses pouvoirs magiques. Les cuivres imposants et sombres à la fois décrivent bien le côté mauvais du personnage et son caractère menaçant, puisque Profion est bel et bien l'incarnation parfaite du mal dans cette histoire banale de l'éternel combat entre le bien et le mal. 'Council Of Mages' se poursuit avec la scène du conseil au début du film, là où Profion va tenter de monter le conseil contre Savina. On retrouve le côté menaçant avec ces cuivres imposants et ces cordes sombres avec un choeur et une percussion plus ou moins assez importante dans cette scène où le méchant du film prépare sa future conquête du royaume.

D'un autre côté, on a un morceau comme 'Breaking Into The Magic School' qui nous introduit à un côté un peu plus léger du score pour une partie lié aux deux voleurs qui deviendront plus tard les principaux héros du film. Le premier morceau d'action du score commence avec 'On The Run', petit passage agité pour la première poursuite avec Damodar et ses sbires qui s'est mis en quête du parchemin le menant au bâton de Savrille. Burnett nous fait déjà entendre ici quelques petites variations du thème menaçant associé à Damodar, le deuxième grand méchant du score (et nettement moins agacé que l'irritant personnage campé par Jeremy Irons). On prolonge les ambiances sombres avec le sinistre 'Damondar's Curse' alors que ce dernier est victime de la malédiction de Profion qui insère une bestiole étrange dans son corps et qui le tuera s'il n'accomplit pas sa tâche. Burnett utilise ici les cordes, les cuivres et les vents avec un côté plus agressif et dissonant, un passage sinistre évoquant bien le sérieux de l'histoire et la menace que représente Profion, même pour son propre allié. A partir de là, le thème de Damodar restera très présent du début jusqu'à la fin, évoquant sans cesse la menace que représente ce sinistre personnage qui va tout faire pour retrouver et traquer les héros en quête de l'objet que convoite Profion depuis le début, un objet mythique qui lui apportera le pouvoir absolu. La petite séquence dans la cité marchande d'Antius ('Antius City') n'est pas la plus intéressante. Le compositeur décrit cette scène avec un certain calme par le biais d'un petit thème léger et sautillant attribué à Snails, le fidèle compagnon de Ridley. Avec une percussion légère, quelques vents et quelques cordes plus légères, le thème de Snails souligne d'une manière tout à fait quelconque le côté plus amusant de ce personnage.

On plonge alors dans l'aventure avec l'excellent 'The Maze', probablement l'un des meilleurs passages d'aventure/action du score dans la séquence de l'épreuve du labyrinthe. Les cuivres et les cordes (avec une percussion toujours importante) dominent ici au son d'une nouveau thème plus épique d'esprit (mais toujours un peu sombre en même temps), un thème que l'on pourra appeler le 'thème d'aventure', évoquant ici les exploits de Ridley à travers cette terrible épreuve où il devra risquer sa vie pour tenter de mettre la main sur un objet qu'il aura besoin pour atteindre plus tard le bâton de Savrille. 'The Maze' est donc l'un des morceaux incontournables du score, créant bien cette sensation d'aventure dans la séquence du labyrinthe mais sans sonner de manière trop héroïque. En jouant sur les harmonies mineures et souvent plus ambiguë, Burnett arrive toujours à conserver un ton assez sombre dans sa musique même dans les passages de bravoure. L'aventure continue alors avec 'Thieve's Fight', un autre passage d'action pour un autre affrontement avec Damorda et ses hommes, Burnett continuant de développer le thème du méchant avec ses cuivres imposants et menaçants à la fois. L'écriture orchestrale du compositeur est sûre et maîtrisée, une écriture de qualité pour un compositeur qui, rappelons le, débute encore dans le métier.

'Capture By Norda' souligne la séquence de la rencontre avec l'elfe Norda avec un côté toujours assez sombre. Quand à 'Death of Snails', après un début très léger rappelant le petit thème de Snails (séquence où les trois amis se sont introduits dans le repère de Damorda), Burnett continue de développer le thème menaçant de Damorda (avec de la percussion souvent assez agressive pour marquer la détermination et la menace de ce sinistre personnage) pour finir sur un passage très sombre où le sbire de Profion tue Snails, le morceau finissant alors de manière nettement plus dramatique et sombre à la fois. Vers la fin de 'Dungeon Of The Rod', Burnett nous fait entendre des choeurs grandioses alors que Ridley vient de mettre la main sur le bâton de Savrille, le morceau illustrant alors les pouvoirs terrifiants de cet objet mythique (Burnett utilisant un motif plus sombre lié aux dragons, un motif dérivé du thème principal sous une forme plus sombre). Quand à 'Battle On The Rooftop', il nous prépare au final apocalyptique se finissant avec l'affrontement contre Damorda et Profion. Ces deux derniers morceaux d'action permettent au compositeur de se laisser aller dans deux morceaux d'action à la fois chaotiques et puissants à la fois, avec des cuivres dissonants, des cordes agitées et une percussion assez brutale.

'Resurrection & End Titles' récapitule alors le thème principal qui sera très présent tout au long du score sous des variantes du thème souvent minorisées (Burnett préférant éviter les passages qui sonneraient trop héroïque), le thème revenant ici sous sa forme la plus épique et la plus majestueuse avec un choeur épique et 'royal' d'esprit (la conclusion grandiose parfaite pour le film). Le générique de fin est un excellent récapitulatif des différents thèmes du film dans une suite de plus de 9 minutes qui résume bien tout l'esprit de la partition. Alors que dire au final du score de 'Dungeons & Dragons' si ce n'est qu'il s'agit d'un premier grand effort de la part d'un compositeur encore peu connu (et reconnu) qui n'en est qu'à ses premiers essais. On pourra reprocher au score un côté souvent assez quelconques, chaque morceau se suivant les uns après les autres sans aucune particularité notable si ce n'est une thématique finalement assez importante. Mais même les thèmes sont finalement assez quelconques et n'ont pas la saveur des grands thèmes à la Williams ou à la Horner. Malgré tout, 'Dungeons & Dragons' est un score que l'on recommandera volontiers à tout ceux qui aimeraient entendre les débuts de ce compositeur qui, on l'espère, saura trouver sa voie dans le monde gigantesque de la musique de film.


---Quentin Billard