1-Silo 3/The Takeover 3.34
2-General MacKenzie Arrives 1.11
3-"He Has Launch Control"/
Special Forces Arrive 3.41
4-The Bubble 2.57
5-Nuclear Nightmare 3.15
6-A Reflective Interlude 1.26
7-"After You Mr.President"/
Heading For Home/
The President Falls 2.34
8-The Taking of Silo 3 3.27
9-Operation Gold Begins/
Watching & Waiting 3.17
10-The Tanks 3.40
11-Down The Elevator Shaft/
The Gold Bomb 2.14
12-Gold Team Enters Silo 3 4.56
13-The Final Betrayal 1.58

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Silva Screen
FILMCD 111

Album produit par:
Jerry Goldsmith,
Joel Goldsmith

Producteur associé:
Ford A.Thaxton
Montage de la musique:
John C.Hammell
Découpage de la musique:
John Bibl.

Artwork and pictures (c) 1992 Silva Screen Records Ltd. All rights reserved.

Note: ***
TWILIGHT'S LAST GLEAMING
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Robert Aldrich s'est spécialisé dans les films noirs psychologiques durant les années 50/60. Aldrich a aussi réalisé quelques films de guerre ('Attack' - 1956, 'The Angry Hills' - 1959 sans oublier le célèbre 'Dirty Dozen' - 1967 avec Lee Marvin, Ernest Borgnine ou Charles Branson) et quelques westerns ('Vera Cruz' - 1954, 'Apache' - 1954, 'The Last Sunset' - 1961). 'Twilight's Last Gleaming' ('l'Ultimatum des 3 mercenaires' en V.F., le film ayant été aussi renommé sous le titre de 'Ultimatum') est l'un de ses derniers grands film de la fin des années 70 (le réalisateur meurt en 1981 après avoir réalisé son dernier film, '...All The Marbles'). 'Twilight's Last Gleaming' nous raconte l'histoire terrifiante d'un groupe de quatre terroristes prenant le contrôle d'un centre de lancement de missiles atomiques (l'un d'eux mourra dès le début du film), dictant alors leurs conditions au gouvernement des Etats-Unis (les scénaristes du 'The Rock' de Michael Bay se sont apparemment largement inspirés de l'histoire de ce film). C'est l'ancien général de l'US Air Force Lawrence Dell (Burt Lancaster) qui prend le contrôle des opérations après s'être échappé de prison avec ses deux camarades condamnés à mort. L'histoire se passe en Décembre 1981 et se déroulera pendant toute cette terrible journée qui sera autant éprouvante pour Dell et ses deux acolytes que pour le général MacKenzie (Richard Widmark) et le président Bernstein (Charles Aidman) et son gouvernement. Dell va alors dicter ses conditions au général MacKenzie (son ancien supérieur) qui devra les transmettre au Président des Etats-Unis: il réclame tout d'abord l'amnistie pour lui et ses deux amis, dix millions de dollars en petite coupure, un avion pour quitter le pays avec le Président des Etats-Unis en otage et la révélation en public d'un important document ultra secret qui contient des secrets explosifs sur la participation des américains dans la guerre du Viêt-nam. En cas de refus, Dell appuiera sur un bouton et lancera les neufs missiles nucléaires sur l'URSS, déclenchant alors la troisième guerre mondiale.

Dans l'esprit des futurs romans de thriller politique de Tom Clancy, 'Twilight's Last Gleaming' est un film au suspense redoutable, particulièrement tendu et ce du début jusqu'à la fin. Chaque personnage campe sur ses positions et aucun d'eux ne restera passif devant une situation aussi grave et critique. Les moments de suspense sont nombreux dans ce film: on pense par exemple à la scène où Dell et Willis désamorcent le piège dans la salle de contrôle, sans oublier la séquence où les soldats s'introduisent discrètement dans le bâtiment en échappant au regard des caméras alors que Dell a déjà menacé d'envoyer un missile nucléaire sur la Russie si les hommes de MacKenzie continuaient à tenter de s'introduire dans la base. La tension ne cessera de monter comme un gigantesque crescendo orchestré par le biais d'une mise en scène de qualité reposant essentiellement sur une idée originale: l'utilisation des doubles-écrans, et même des triples et des quadruples-écrans dans certains passages du film (les américains appellent cela des 'split-screens'). Le principe est simple: Aldrich veut nous montrer chacun des deux côtés des adversaires en montrant en même temps les réactions simultanées des différents personnages du film suivant les différentes situations de l'histoire. L'effet est très réussi et même si ces 'split-screens' (on trouve aussi ce genre d'effet dans le 'Thomas Crown Affair' de Norman Jewison) sont parfois un peu trop fréquents dans le film, le résultat est très réussi et contribue à augmenter l'intérêt de la mise en scène particulièrement tendue du film. Avec ce mélange entre suspense, politique (on y parler d'armes nucléaires, du Viêt-Nam, du gouvernement qui veut tout faire pour garder le secret, du sacrifice du président qui passe avant les secrets du gouvernement, etc.) et action (un aspect finalement peu représentatif de ce sombre film), 'Twilight's Last Gleaming' est un superbe thriller qui vous maintiendra captivé jusqu'à l'inévitable final du film. A noter que le film a été charcuté en France dans une version de 91 minutes (il est vrai que le film est un peu long par moment mais grâce au suspense captivant de cette terrible histoire, je suis prêt à parier que beaucoup ne s'ennuieront pas une seule seconde, à condition d'apprécier ce genre de film) alors que le film fait en tout près de 146 minutes pour la version américaine (en France, le film a été réédité sous une durée de 114 minutes seulement. Il reste encore près d'une trentaine de minutes que nous ne pourrons voir qu'à condition de nous procurer la version US du DVD du film). Un film sombre et fort qui ne mérite pas les mauvaises critiques qu'il a put recevoir de la part du public en général. Un des derniers films de Robert Aldrich qui mérite vraiment d'être redécouvert!

Après le départ du compositeur Frank De Vol (qui avait déjà composé le score de 'Flight of The Phoenix' de Aldrich et qui a aussi écrit beaucoup de musiques pour ses films) qui a du se retirer de la production après être tombé malade, c'est finalement Jerry Goldsmith qui a remplacé à la dernière minute De Vol sur 'Twilight's Last Gleaming'. Le compositeur a du finalement écrire un score dans l'urgence (on se souvient qu'il avait déjà du affronter le même genre de problème sur le 'Chinatown' de Polanski en 1974) et vu le résultat obtenu (qui n'est pas extraordinaire mais reste tout de même un score de qualité de la part du compositeur), on ne peut qu'applaudir le compositeur qui s'en tire de manière fort honorable. Le score de 'Twilight's Last Gleaming' est un sombre score partagé entre du suspense glauque et des passages d'action typique du compositeur. L'aspect thématique n'est pas le plus important ici. On pourra noter un motif ascendant entendu dès le début du score (dans 'Silo 3/The Takeover') ou un thème plus solennel entendu entre autre dans 'The Final Betrayal'. 'Silo 3/The Takeover' nous introduit d'entrée dans l'action pour la prise de contrôle des trois terroristes du centre de lancement des missiles.

Avec cordes tendues, des trompettes militaires dans l'esprit de 'Patton' (une influence indéniable ici) et une percussion martiale pour le côté militaire du film, Goldsmith nous plonge dans l'action dès le début du film au son d'un motif ascendant que l'on pourra même retrouver 20 ans plus tard dans des scores tels que 'Air Force One' ou 'Executive Decision' (le début de 'Silo 3/The Takeover' fait étrangement penser à certains passages d'action de 'The Parachutes' du score de 'Air Force One'). On sent clairement ici le style action que le compositeur développera dans les années 80 avec les orchestrations habituelles d'Arthur Morton. (rappelons le fait que nous sommes à ce moment là en 1977 et que Goldsmith ne nous a pas encore livré certains de ses classiques de l'action tels que 'Rambo II', 'First Blood' ou 'Total Recall') A noter que le morceau commence au son d'étranges sonorités de tambour menaçantes alors que les quatre mercenaires viennent de s'introduire dans le camp militaire. Ces sonorités de tambour nous laissent prévoir tout le côté sombre et grave de ce qui va arriver et apporte d'entrée une touche de noirceur importante au score. Dans 'General MacKenzie Arrives', Goldsmith évoque le début des opérations visant à tenter de négocier avec les terroristes. C'est là que rentre en jeu le général MacKenzie qui doit quitter subitement l'église en pleine messe alors qu'il reçoit un message urgent l'avertissant que quelque chose de grave vient d'arriver. Goldsmith crée déjà ici un climat martial mâtiné d'un sentiment d'urgence passant par le biais d'une importante section de cuivres (trompettes et cors à la 'Patton') avec l'inévitable percussion militaire.

C'est le début de l'opération Gold visant alors à envoyer des tanks pour servir de diversion et permettre à un petit commando de s'introduire discrètement dans la base pour tenter de neutraliser les trois individus. 'Operation Gold Begins/Watchin & Waiting' résume donc l'action avec un côté martial évoque par les trompettes à la 'Patton' et des cordes toujours superbement bien écrites, le tout soutenu par une percussion importante entre caisse et timbales (l'écriture entre cordes et cuivres est très réussi ici, comme d'habitude, Goldsmith créant même une certaine intensité dans cette scène où les tanks s'avancent vers la base et ce malgré les menaces de plus en plus sérieuses de Dell qui est à deux doigts de lancer les missiles, d'où le côté tendu du morceau). Dans 'He Has Launch Control/Special Forces Arrive', l'ambiance se fait encore plus lourde avec des timbales lentes et menaçantes et des cuivres très sombres lorsque le général MacKenzie apprend que Dell et ses deux acolytes ont pris le contrôle total du centre de lancement des missiles. Goldsmith rend l'ambiance de plus en plus sombre et pesante et contribue grandement à augmenter l'atmosphère de tension et de suspense qui est omniprésente tout au long du film. Dans 'The Tanks' et 'Gold Team Enters Silo 3' (très proche du style de 'Air Force One', surtout au niveau de l'écriture des cuivres), on retrouve l'ambiance action martiale de 'Operation Gold', Goldsmith continuant à faire monter la tension dans la scène des tanks avec un rythme toujours très posé et typique de ses musiques d'action (on se rapproche de plus en plus ici du style de scores années 80 tels que 'Rambo: First Blood Part II'), 'Gold Team Enters Silo 3' décrivant alors la scène où les soldats s'insèrent discrètement dans la base. A noter aussi un 'Nuclear Nightmare' particulièrement tendu, faisant monter la tension crescendo dans la scène où Dell lance le missile, le Président ne sachant alors pas quelle décision prendre.

'Twilight's Last Gleaming', c'est aussi des superbes passages de suspense souvent fort captivants comme c'est le cas par exemple du sinistre 'The Bubble' dans la séquence où Dell et Willis désamorcent le piège avec le gaz vert. Goldsmith utilise ici des cordes dissonantes dans l'esprit des compositions atonales d'un Ligeti ou d'un Penderecki des années 60 ('The Bubble' rappelant par moment un morceau tel que les deux 'De Natura Sonoris' ou le 'Fluorescence' de Penderecki), créant un climat sinistre avec une série de sonorités agencées de manière fort inventives dans un morceau atonal glauque à souhait et vraiment oppressant. Goldsmith rend cette scène très intense avec cette musique particulièrement tendue et inquiétante. 'Down The Elevator Shaft/The Gold Bomb' renforce quand à lui tout le suspense de la scène où le commando de l'opération Gold s'est introduit dans la base et descend maintenant en rappel dans la cage d'ascenseur pour aller poser une bombe près de la salle de contrôle du centre, là où se cache les trois terroristes. Goldsmith se montre ici aussi plus inventif dans l'utilisation de ses sonorités avec des jeux sur les cordes des violons, des effets de flatterzunge des flûtes, des sonorités menaçantes, un peu de percussion et même l'utilisation d'un piano thriller dans certains passages de suspense (flagrant surtout vers le début du film) qui rappellent tout à fait le style thriller du Goldsmith des années 90 ('The River Wild', 'L.A. Confidential'). Le thème plus solennel utilisé dans 'The Final Betrayal' n'apporte pas grand chose au film et semble parfois surgir de manière un peu importune, pourtant, ce petit thème (peu mémorable, hélas) est bien là pour apporter un peu d'espoir (ou de faux espoir?) entre deux passages de suspense oppressant. Il évoque aussi vers la fin du film le courage du Président qui part se sacrifier pour sauver la cause du pays. Finalement, l'histoire se terminera avec le sombre 'After You, Mr.President/Heading For Home/The President Falls' qui conclut le film d'une manière noire et assez dramatique.

'Twilight's Last Gleaming' n'est certainement pas la meilleure composition du Goldsmith des années 70 mais reste un bien bel effort de la part d'un compositeur qui nous prouvait déjà en 1977 qu'il était particulièrement à l'aise dans le registre de l'action/suspense. C'est le genre de score qui servira de modèle pour les futures grandes BO d'action du compositeur, dans les années 80 et surtout vers la fin des années 90. Score méconnu du compositeur, 'Twilight's Last Gleaming' est une BO sympathique qui reste assez anecdotique parmi les chef-d'oeuvres du Goldsmith des années 70. Néanmoins, ce petit score méconnu mériterait amplement d'être redécouvert, ne serait ce que pour la puissance et la noirceur qu'il dégage dans le film. Un score en fin de compte très réussi à défaut d'être inoubliable!


---Quentin Billard