1-Main Titles 4.42
2-Sewing Money 4.46
3-Rosario 4.40
4-The Rainstorm 3.11
5-Matthew Takes a Picture 3.21
6-Back To The Shelter 2.32
7-Matthew's Casket 2.22
8-End Titles 4.25

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5444

Montage de la musique:
Jim Weidman
Album produit par:
James Newton Howard

Artwork and pictures (c) 1993 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE SAINT OF FORT WASHINGTON
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Dans le cinéma américain, rares sont les films qui traitent du sujet de la misère dans les rues pour les sans-abri. Parmi les quelques productions du réalisateur méconnu Tim Hunter, 'The Saint of Fort Washington' (traduit en V.F. par 'Le Saint de Manhattan') est sans aucun doute le plus beau film du réalisateur, ou du moins son film le plus inspiré, le plus sensible et le plus émouvant. 'The Saint of Fort Washington' nous raconte la très belle histoire de l'amitié entre deux sans-abri qui vivent dans les rues de Manhattan et qui, après s'être rencontré, décident de se soutenir mutuellement pour tenter de s'en sortir. Danny Glover interprète Jerry, un ancien homme d'affaire complètement ruiné par son associé et qui s'est retrouvé à la rue sans un sou en poche. Sa rencontre avec le jeune Matthew (Matt Dillon, totalement inattendu dans ce rôle) dans le refuge de Fort Washington à Manhattan sera réellement déterminante. Matthew est un jeune schizophrène qui, après avoir passé de nombreuses années dans un hôpital psychiatrique, a été abandonné et rejeté injustement par sa famille. Lui aussi traîne dans les rues de Manhattan, sans un seul sou en poche. Matthew et Jerry deviendront très vite des amis fidèles, l'un veillant toujours sur l'autre même en cas de coup dur. Mais ce sont les menaces constantes du caïd du coin Little Leroy (Ving Rhames) qui forceront Jerry et Matthew à quitter ce refuge pour ne plus jamais y remettre les pieds. Animé d'une formidable solidarité et d'une très grande volonté, Jerry et Matthew vont tenter de gagner ensemble un peu d'argent en lavant les pare-brise des voitures dans les rues, les deux compères mettant alors de l'argent de côté dans l'espoir de pouvoir louer un petit appartement dans le centre-ville. Formidable leçon d'espoir qui nous prouve que le courage et une volonté inébranlable peuvent venir à bout de toutes les difficultés, 'The Saint of Fort Washington' s'axe autour d'un duo Glover/Dillon parfaitement crédible et émouvant. Loin des héros habituels ou des personnages typiquement Hollywoodiens qu'ils interprètent habituellement, Danny Glover et Matt Dillon campent ici deux personnages fragiles et humains, deux individus pauvres qui vont tout faire pour tenter de s'en sortir et apporter un peu d'espoir autour d'eux (cf. scène où Matthew guérit miraculeusement les mains du vieux Spits, d'où son surnom de 'saint') en se soutenant mutuellement quoiqu'il arrive. Avec des songes plein la tête, Matthew rêve d'un nouveau départ dans sa vie où il vendrait des fruits en compagnie de Jerry avec toute l'aisance financière nécessaire pour lui et son compagnon. Le film nous rappelle aussi que le fameux 'rêve Américain' a détruit plus d'une vie et que beaucoup se sont retrouvés à la rue en croyant faire fortune dans le pays de la 'liberté' et des droits de l'homme. Pour finir, nous citerons une très belle phrase que prononce Jerry dans un moment clé du film: 'le monde a tant besoin de beauté', une phrase qui résume bien tout message du film. Une belle leçon d'espoir!

En pleine période 'd'inspiration', James Newton Howard composait la même année que 'The Saint of Fort Washington' son fameux score pour le 'The Fugitive' d'Andrew Davis. Il venait aussi de faire certaines de ses premières grandes BO marquantes du début des années 90 telles que 'Dave', 'Falling Down', 'Alive', 'The Prince of Tides', 'Grand Canyon', 'The Man In The Moon', le grandiose 'Flatliners' ou bien encore le très romantique 'Pretty Woman'. 'The Saint of Fort Washington' s'inscrit plus dans la lignée de ces scores plus intimes/dramatiques dans le style de ce que le compositeur fera un an après sur 'Intersection'. Le score de 'The Saint of Fort Washington' est écrit pour synthé/claviers avec un orchestre à cordes, quelques rythmiques modernes un peu pop cool façon années 90 (un peu dans le style de 'Grand Canyon') et qui évoquent le côté urbain de l'histoire, quelques guitares, un hautbois et une petite trompette en sourdine qui donne une couleur jazzy étonnante au score. Si la majeure partie de la musique adopte dans le film un ton calme, reposant et détendu, la musique d'Howard retranscrit bien toute la tristesse et l'émotion du film mais avec cette petite touche d'espoir qui nous donne toujours envie de sourire, d'aller de l'avant, un sentiment particulièrement flagrant à l'écoute de sa superbe musique. Le 'Main Title' s'ouvre au son du thème principal, une mélodie très simple d'abord confié au synthé (avec les sons habituels du compositeur) et reprise ensuite par les cordes qui apportent une certaine chaleur à ce thème vaguement mélancolique qui reste la parfaite représentation du côté plus dramatique et triste de l'histoire (on retrouvera ce même style d'écriture dans 'Intersection'), la trompette en sourdine venant apporter sa petite contribution au côté 'urbain' de la musique.

La musique de 'The Saint of Fort Washington' reste plus dans l'esprit d'une ambiance plus que d'une grande partition très développé avec des thèmes très élaborés. A la fois simple et touchante, la musique d'Howard n'utilise qu'un seul thème véritable (même si l'on retrouvera un autre joli thème de piano/synthé avec les rythmes pop très cool dans une scène clé du film) et s'attache plus à créer une ambiance dans le film comme une sorte de toile d'arrière-fond pourtant indispensable à l'aspect émotionnel et humain du film. Si l'on trouve des ambiances plus sombres lorsque Matthew arrive par exemple dans le refuge pour sans-abri de Fort Washington au début du film (cordes plus sombres avec des harmonies plus inquiétantes, exprimant le danger auquel Matthew sera confronté avec les menaces constantes de Little Leroy). C'est l'excellent 'Sewing Money' qui apporte une touche d'espoir considérable pour la scène où Matthew et Jerry lavent les pare-brise des voitures dans la rue pour gagner leur pitance. 'Sewing Money' évoque bien la détermination de s'en sortir et apporte une grande touche d'espoir avec les rythmiques pop bien cool et le piano/synthé (pour le côté urbain du score) avec les cordes et le hautbois. Ce très beau morceau évoque aussi la complicité entre les deux compères et nous incite à partager l'aventure des deux sans-abri avec sourire, chacun apprenant alors à reprendre goût à la vie en gagnant honnêtement son salaire; n'oublions pas que Jerry dit une phrase pleine de sagesse: 'le monde a besoin de beauté', ce qui résume bien son état d'esprit par rapport à la vie en prenant les choses avec le sourire. 'Sewing Money' est probablement le seul morceau très 'cool' et entraînant du score, le reste restant plus dans des ambiances souvent plus lentes, toujours aussi calmes mais parfois plus sombres ou un peu plus dramatiques (le thème principal résume déjà bien à lui tout seul tout le côté dramatique de l'histoire). A noter que le morceau finit de manière plus sombre, Howard utilisant des sonorités de synthé plus menaçantes avec des percussions plus dans le style action pour un bref passage agressif du score (et pour une scène plus sombre du film).

'The Rainstorm', 'Matthew Takes A Picture' (belle reprise du thème principal plus mélancolique lorsque Matthew prend ses photos avec son appareil) ou 'Back To The Shelter' continuent à créer cette ambiance à la fois calme, détendue et par moment plus sombre et dramatique, la musique suivant le déroulement de l'histoire entre l'histoire d'amitié des deux compères et le côté sombre et difficile de cette vie pauvre dans la rue. 'Matthew's Casket' conclut l'histoire avec un côté triste et mélancolique pour une scène finale particulièrement poignante où Howard met en avant le piano avec des cordes chaleureuses, le compositeur visant comme à chaque fois le ton juste sans tomber dans un style mélodramatique ou larmoyant. (c'est probablement tout ce qui fait aussi l'intérêt de cette belle partition très sous-estimée) Le 'End Credits' reprend quand à lui le thème principal qui conclut le film (et le score) sur un ton légèrement plus dramatique tout en récapitulant les principales idées instrumentales développé par le compositeur tout au long de son score (cordes douces, piano/synthé avec rythmiques pop, trompette en sourdine jazzy, etc.). Comme d'habitude, on pourra regretter le fait que l'album édité par Varèse Sarabande est un peu court (il y a largement plus de 60 minutes de musique dans le film). Néanmoins, l'album résume l'essentiel des idées développés par un James Newton Howard visiblement inspiré par son sujet même si 'The Saint of Fort Washington' ne fait pas vraiment parti de ses plus grands chefs d'oeuvres.

Le compositeur nous montre avec 'The Saint of Fort Washington' son talent à mettre en musique des films plus intimes et dramatiques tout en conservant son style mélodique souvent très spontané et ses synthétiseurs traditionnels avec ce petit côté 'pop' tranquille. Howard se sert beaucoup des synthés depuis ses débuts dans les années 80, le compositeur délaissant petit à petit ses claviers pour produire des scores de plus en plus orchestraux, surtout à partir du milieu des années 90. La tranquillité de certains passages du score crée une atmosphère fort agréable dans le film, loin d'évoquer le stress habituel de la ville ou la difficulté de la condition sociale de ces sans-abri. Ce côté pop plus moderne est aussi associé au climat urbain du film puisque toute l'histoire se déroulant dans la ville de Manhattan. Quoique l'on puisse trouver à dire sur ce score, on ne pourra qu'apprécier l'excellente ambiance musicale crée par James Newton Howard dans le très beau film de Tim Hunter. Au final, 'The Saint of Fort Washington' est un score à recommander, une petite BO à (re)découvrir, malheureusement encore trop méconnue de la part du public béophile actuel.


---Quentin Billard