Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:


Réalisateur:
Don Taylor
Genre:
Science-fiction/Action
Avec:
Roddy McDowall,
Kim Hunter,
Eric Braeden

(c) 1971 20th Century Fox/APJAC Productions.

Note: ***
ESCAPE FROM THE PLANET OF THE APES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Troisième épisode donné aux cinq volets de la saga de 'Planet of The Apes' (La Planète des Singes, le premier film de Franklin J.Schaffner restant sans aucun le meilleur de la série), 'Escape from The Planet of The Apes' (Les Evadés de la planète des singes) est la suite du 'Beneath The Planet of The Apes' (1970). Dans ce troisième épisode réalisé cette fois ci par Don Taylor, trois évadés de la planète des singes ont fuit la terre après la guerre nucléaire pour revenir sur terre au 20ème siècle, alors même que la race humaine domine encore la terre. Cornelius, Zira et le docteur Milo sont alors recueillis par des militaires et emmenés dans un zoo où ils rentreront en contact avec le Dr.Lewis Dixon et son assistante Stephanie qui resteront totalement abasourdi par l'incroyable découverte: ces trois 'singes' sont doués de parole et se comporte comme des humains avec le même niveau d'intelligence. Pour Lewis, le mystère est total: comment des singes ont ils pu atteindre un tel degrès d'intelligence égalant aisément celle des humains? Les deux protagonistes (après la mort accidentelle du docteur Milo) devront répondre aux questions de la commission d'enquête qui statuera ensuite sur leur sort.

Malgré la réticence du Dr.Otto Hasslein qui pense que ces deux individus sont une menace future pour l'humanité, Cornelius et Zira sont montrés au public et vivront alors confortablement dans leur nouvelle ville entre petits séjours à l'hôtel et visite de musée. Mais Hasslein n'en restera pas là: après avoir interrogé de force Zira, le docteur apprendra tout ce qui se passera dans le futur: la conquête de la terre par les singes, une évolution fulgurante pour les singes, les hommes réduits à l'état d'esclaves ayant perdu la parole, les expériences médicales faites (cruellement) sur des hommes vivants pour aider la recherche et la science, et enfin, last but not least: la destruction totale de la terre en l'an 3955. Hasslein décide alors de supprimer les deux singes et ce malgré le refus du président des Etats-Unis lui même. Mais Lewis et Stephanie ne le laisseront pas faire et aideront le couple de chimpanzés à quitter la base militaire où ils sont retenus prisonniers pour qu'ils aillent se cacher à l'abris des hommes de Hasslein. La chasse commence alors et finira de manière inexorable dans un bain de sang.

Entre temps, Zira a accouché d'un petit bébé chimpanzé nommé Milo (en mémoire du Dr.Milo), un personnage important puisqu'il deviendra par la suite l'un des responsables de la conquête de la terre par les singes. Que penser de ce troisième épisode au final? Pas grand chose. Les effets spéciaux sont totalement navrants (dans la scène du zoo, on voit très clairement que le gorille est un type déguisé avec un costume de gorille. Quelle honte de faire des effets spéciaux pareil quand on a 2,5 millions de dollars de budget!) et la mise en scène est passe-partout et totalement quelconque. De plus, on perd ici tout ce qui faisait le charme des deux premiers épisodes puisque l'histoire se passe ici sur notre terre au 20ème siècle, le film de Don Taylor n'ayant finalement plus rien à voir avec celui de Schaffner ou de Ted Post, et ce même si l'on reste dans la continuité des deux premières histoires. Pour certains, 'Escape from The Planet of The Apes' est le film qui se rapproche le plus de l'esprit d'origine du roman de Pierre Boulle. Pour d'autre, le film est un navet total et très mal réalisé. A vous de choisir!

Jerry Goldsmith revient finalement une dernière fois dans l'univers de 'The Planet of The Apes' après avoir composé un score avant-gardiste grandement mémorable pour le premier épisode de 1968. Mais ceux qui s'attendent à ce que le compositeur renoue avec l'exploit du premier score seront très sévèrement déçus: le score de 'Escape from The Planet of The Apes' délaisse l'écriture instrumentale moderne à la Varèse/Schoenberg pour se concentrer ici sur un style plutôt tendance pop/disco années 70.

Les réfractaires à ce type de musique ne pourront que rejeter ce score qui semble avoir pris un sacré coup de vieux à cause de son côté extrêmement daté. Autant le premier score de 1968 restait abordable de par son côté expérimental et savamment recherché, autant ce second épisode n'a plus rien à voir avec le style expérimental du premier opus et reste beaucoup plus terre-à-terre, mais aussi nettement plus conventionnel et 'easy listening' d'esprit pour l’époque. On y retrouve néanmoins les orchestrations inventives et audacieuses typiques du Jerry Goldsmith des années 70.

Le générique de début s'ouvre au son d'un thème très rythmé par les cordes/cors avec une rythmique de batterie pop 70 tout à fait caractéristique de ce score (on retrouvera ces rythmes de batterie jusqu'à la fin du score), un thème de guitare très 'seventies' (on pense à certaines de ses musiques western d'époque), une guitare basse et une petite partie de xylophones rythmique syncopé et très 'Bartokienne' d'esprit. Ce thème agité annonce déjà le côté à la fois sombre et ‘action’ du film, alors que l'on aperçoit les trois singes arriver à la base militaire au tout début du film.

La première partie du score décrit la nouvelle vie de Cornelius et Zira dans ce monde humain du 20ème siècle comme on pourra par exemple le découvrir dans la scène à l'hôtel où les deux compères porteront de nouveaux vêtements et côtoieront des gens de la haute société. Bref, ils se transforment à leur tour en humain, et pour accompagner leurs nouvelles activités quotidiennes, Jerry Goldsmith utilise un morceau d'ambiance pop 70 avec un petit thème mélodique sympa au piano, une guitare, une guitare basse et un rythme de batterie, une autre guitare groovy très 'seventies' (on nage en plein kitsch ici) sans oublier l'utilisation d'une flûte et d'un petit orgue lui aussi très connoté « seventies ».

Ce style de morceau facile d’accès était tout bonnement impensable dans le premier score écrit par Goldsmith pour le film de Franklin J. Schaffner et l'on sent bien ici que les exigences du réalisateur ont été nettement moins audacieuses que sur le premier film. Après avoir développé ces petits passages cool dans un style pop insouciante des années 70, la musique va considérablement s'assombrir pour décrire le côté nettement plus sombre du film et de l'histoire.

Jerry Goldsmith utilise par la suite l'orchestre symphonique habituel avec quelques vagues sonorités issues du premier score (et notamment ce son étrange en glissando pour évoquer les deux singes ou quelques petites percussions en bois). On retrouve des orchestrations toujours très inventives malgré la présence parfois envahissante de la batterie et de la basse groovy. La musique tourne alors au cauchemar pour la séquence de l'interrogatoire de Zira (avec des effets de cordes plus sombres et menaçants) et se prolonge dans l'action pour la scène où Zira et Cornelius s'échappent de la base militaire.

On retrouve alors le grand Goldsmith de l'action avec son style années 70 et un orchestre à la fois virtuose et déchaîné. C'est avec une certaine agressivité et une grande puissance orchestrale que le compositeur décrit cette scène d'évasion qui va se conclure sous la forme d'une grande 'chasse aux singes'. Les deux héros se retrouvent alors traqués par les soldats et les hommes du Dr. Otto Hasslein (Eric Braeden). Goldsmith continue par la suite de développer ses orchestrations inventives et ses différents effets instrumentaux en tout genre (tout en conservant les rythmiques très 'seventies') pour décrira les scènes de traque finale, le film se concluant de façon très sombre. Pas de place ici à l'expérimentation atonale et originale du premier score de 1968.

'Escape from The Planet of The Apes' possède ses propres arguments mais à l'instar du film de Rod Taylor, le score déçoit par ses facilités stylistiques et reste assez fade en comparaison du chef d'oeuvre d'origine du maestro. Malgré quelques points intéressants (notamment dans la façon qu’a Goldsmith de combiner une écriture orchestrale inventive et complexe avec des éléments pop), on en reste un peu sur notre faim, même si la partition de 'Escape from the Planet of the Apes' maintient un intérêt véritable tout au long du film, Goldsmith faisant preuve d'inventivité et d'imagination dans sa façon de manier des instrumentations souvent complexes, étranges et insolites.


---Quentin Billard