Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Silva Screen
FILMCD 118

Réalisateur:
Robert Harmon
Genre:
Thriller
Avec:
C. Thomas Howell,
Rutger Hauer,
Jennifer Jason Leigh.

Artwork and pictures (c) 1986/1992 Silva Screen Records. All rights reserved.

Note: **1/2
THE HITCHER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
De temps en temps, certains films sortent du lot routinier quotidien en se révélant par une mise en scène de grande qualité ou un jeu d'acteur inoubliable. 'The Hitcher' est un film de ce genre. S'il ne révolutionne pas le genre du thriller, le réalisateur Robert Harmon signe là son premier grand film couronné au festival du film policier de Cognac (le film a remporté en tout trois prix la même année, en 1986). 'The Hitcher' repose sur une mise en scène digne des grands maîtres du genre, le réalisateur imposant un suspense captivant du début jusqu'à la fin. Dans cette sombre histoire, Rutger Hauer interprète John Ryder, un tueur fou qui sillonne les routes du désert californien à la recherche de nouvelles victimes. Autant dire tout de suite que l'acteur hollandais s'est montré particulièrement inspiré pour ce rôle (il a toujours été très fort pour camper des rôles de fous ou de psychopathes). Tout commence alors qu'un jeune homme du nom de Jim Halsey (C.Thomas Howell) traverse le désert californien, tout seul à bord de son véhicule. Alors qu'il commence à sentir les effets de la fatigue, Jim décide de se réveiller en prenant à son bord un auto-stoppeur qui lui tiendra compagnie le temps d'un bref voyage. Mais Jim ne sait pas qu'il a embarqué à bord John Ryder, le serial-killer qui sévit dans la région depuis quelque temps. C'est le début du cauchemar pour Jim qui va se retrouver pris au piège de John, un tueur fou qui va jouer à un petit jeu avec lui afin de le repousser jusque dans ses derniers retranchements. Pourchassé malgré lui par la police et le tueur, Jim n'aura plus qu'une seule solution: se faire aider par Nash (Jennifer Jason Leigh), une jeune femme qui sait que Jim est innocent. Ce sera alors une très longue descente aux enfers qui ne pourra que se finir sur l'inévitable affrontement à mort entre les deux ennemis. Sans que l'on puisse vraiment comprendre qu'est ce qui a poussé John Ryder à agir ainsi, l'histoire avance de manière fatale, inexorable. L'engrenage de mort et de destruction se met en place et semble devenir de plus en plus impossible à arrêter. Seul Jim saura y mettre un terme à sa façon mais à la fin de cette histoire, gagne t'il vraiment ou fait-il finalement ce que John voulait qu'il fasse depuis le début? Sans vouloir en dire plus, la fin est prétexte à une double interprétation, un autre bon point à rajouter même s'il est dommage que ces 5 dernières minutes soient finalement très prévisibles et un peu 'cliché'. Dommage aussi que le réalisateur ait un peu exagéré les facultés du tueur qui semble réussir à surmonter les plus grands obstacles sans aucun problème. Cela lui fait perdre un peu de crédibilité. Au final, 'The Hitcher' est une belle surprise, un thriller inspiré sur le thème du prédateur et de la proie. Considéré comme LE grand classique du thriller des années 80, 'The Hitcher' est décidément le film incontournable dans son domaine.

Le trompettiste de Jazz Mark Isham ne s'est jamais vraiment imposé comme un grand compositeur de musique de film du cinéma américain. Pourtant, il a déjà à son actif près de 90 compositions pour le cinéma. 'The Hitcher' (1986) fait partie de ses premières grandes compositions, Isham débutant en 1983 avec la musique pour 'Never Cry Wolf' de Carroll Ballard. Pour 'The Hitcher', Isham nous livre un score entièrement confié aux synthétiseurs à tendance new-age. Fans des grands thèmes mémorables et des ambiances de terreur facile, passez votre chemin; 'The Hitcher' est une composition 100% atmosphérique et très psychologique d'esprit. Ne vous attendez pas à une composition hautement mémorable, 'The Hitcher' est un score très plat, qui, paradoxalement, est en adéquation parfaite avec le film de Harmon. Le 'Main Title' nous introduit directement dans l'univers sonore du score avec un thème sombre teinté d'une certaine mélancolie lente, froide et quasiment angoissée. (à noter que cette sombre mélodie assez froide est doublée par une trompette qui lui donne une couleur assez particulière) Le score est basé sur une série de nappes de synthé atmosphériques et de sonorités parfois un peu new-age, surtout dans les passages d'action plus rythmiques où le compositeur utilisera quelques percussions couplé avec quelques rythmiques plus agitées (mais rien de comparable par rapport aux musiques d'action qu'il fait aujourd'hui, genre 'TimeCop', 'Blade', 'Kiss The Girls' ou 'Don't Say a Word'). Le choix du synthétiseur peut paraître un peu vide à la première écoute, pourtant, et malgré la (trop) grande monotonie du score, Isham installe une atmosphère très prenante dans le film, une ambiance sombre, lente et calme, mais un calme qui cache un malaise, une angoisse symbolisée dans le personnage du serial-killer campé avec panache par Rutger Hauer (à noter ce son métallique qui apparaît soudainement dans le 'Main Title' alors que l'on voit une deuxième voiture doubler rapidement celle de Jim - l'astuce du compositeur est de nous faire ainsi comprendre que quelque chose de grave va arriver, quelque chose qui est justement lié à ce deuxième véhicule puisqu'on apprend un peu plus tard que le tueur se trouvait dedans).

'The Chosen' ou un 'Keys' plus agité servent à installer au début du film l'ambiance électronique qui sévira tout au long du film. Pas forcément très dissonant ou strident comme peuvent l'être certains score suspense/action pour les thrillers de ce genre, le score d'Isham s'attache à retranscrire un malaise, un trouble grandissant tout au long du film. Froide, sombre et parfois mélancolique, la musique d'Isham est l'évocation parfaite de cette descente aux enfers avec une musique très psychologique quasiment exclusivement basée sur une série de nappes froides et parfois très inquiétantes, évoquant non seulement l'atmosphère générale du film mais aussi le côté psychologique de cet affrontement qui tourne en véritable descente aux enfers pour un héros pris au piège du tueur fou. Plus harmonique que réellement dissonante, la musique de 'The Hitcher' n'en reste pas moins une musique sombre, déprimante par moment, surtout de par sa réelle monotonie et son manque de conviction apparent. Dommage que les morceaux se suivent et se ressemblent tous, la musique finissant alors par créer un certain ennui conséquent. Heureusement, l'action est au rendez-vous avec quelques rares passages plus agités et en particulier 'Cars & Helicopters' pour la séquence où Jim et Nash sont poursuivis par trois voitures de flics et un hélicoptère de la police. Dans ces passages d'action, Isham utilise des percussions électroniques souvent à sonorités métalliques plus sèches sans oublier d'utiliser ces autres sons de synthé rythmiques façon synthé années 80. Il est certain que ces morceaux d'action manquent un peu de puissance et de pêche à cause du style choisi et des textures électroniques employées (nous sommes très loin ici d'une musique d'action à la Jerry Goldsmith; à vrai dire, ce n'est pas du tout le style du score d'Isham - on pense plus au style d'un Brad Fiedel par exemple, mais en moins inventif) et même si l'ensemble manque un peu de tonus, on ne peut qu'adhérer à l'ambiance musicale choisi par le compositeur dans un film qui se prête à merveille à cette atmosphère psychologique entre suspense, mélancolie lente, malaise et trouble. 'Endgame' marque la fin de ce petit jeu entre les deux ennemis (on retrouve ces percussions métalliques pour la confrontation finale ou la scène dans le bus des policiers après l'arrestation de John Ryder), le film se concluant sur un 'End Credits' reprenant le sombre thème du 'Main Title'.

Difficile d'apprécier ce score à sa première écoute. A moins d'être fan des grosses BO atmosphériques électroniques, le score de 'The Hitcher' risquera fort d'en décevoir plus d'un et ce malgré la réputation du film (et par conséquent de la musique de Isham). Néanmoins, et quoique l'on puisse en penser, il se dégage de ce score une ambiance musicale assez forte et ce tout au long du film, une composition entre suspense et malaise. A réserver de préférence aux fans purs et durs du compositeur, les autres risquant vite d'abandonner l'écoute devant la monotonie et la platitude apparente d'une bonne partie de cette composition électronique.



---Quentin Billard