1-Main Title 2.52
2-Prospero Lab Destruction* 3.51
3-Meet Emma Peel 1.09
4-John Steed, I Presume? 2.51
5-DeWinter Castle 2.08
6-Sir August's Garden 4.22
7-Chasing Teddy Bears 4.22
8-Flight Of The
Mechanical Bees 3.04
9-Into The Love Maze 3.56
10-DeWinter's Waltz 1.25
11-Stairway To Madness 2.41
12-Invisible Jones 3.53
13-Emma's Balloon Escape 4.18
14-Are You All Right? 2.30
15-Avenging Crimes 5.09
16-The Final Conflict 7.22
17-Aftermath 1.05
18-The Avengers Theme** 1.25

*musique d'une scène supprimée
**Composé par Laurie Johnson

Musique  composée par:

Joel McNeely

Editeur:

Chapter III Records
COMO100

Musique préparée par:
Vic Fraser
Monteurs de la musique:
Craig Pettigrew,
Michael Connell

Produit par:
Joel McNeely
Producteur exécutif:
Randy Gerston
Coordinateur du soundtrack:
Amy Rosen

Artwork and pictures (c) 1998 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ****
THE AVENGERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joel McNeely
Décidément, les années 90 auront été propices aux remakes en tout genre à Hollywood. 'The Avengers' (Chapeau melon et bottes de cuir) est une célèbre série culte des années 60 qui se distinguait par son humour très british et des décors kitsch un peu excentriques. 37 ans plus tard, le réalisateur canadien Jeremiah Chechnik décida de se lancer dans un vaste remake visant à 'ressusciter' cette vieille série pour la remettre au goût du jour. Malheureusement, le film n'a pas su trouver son public, entre les critiques incendiaires de la presse et celles du public qui cria au désastre devant la débilité du scénario et l'invraisemblance grotesque des différentes situations du film. Il est certain que si l'on est allergique à cet humour anglais excentrique et aux gros effets spéciaux exagérés, 'The Avengers' s'avérera être une parfaite déception. Rajoutons à cela le fait que le film a souffert d'un remontage sévère amputant le film de plus d'une demie heure (le film devant durer un peu plus de deux heures à l'origine), un remontage qui s'est très vite imposé à la suite de "screen tests" désastreux, ce qui expliquerait alors certains problèmes de continuité dans le récit. Bref, tous ces éléments font de 'The Avengers' une production cinématographique foireuse mais néanmoins distrayante pour peu que l'on soit perméable à l'humour excentrique du film. Au niveau de l'histoire, on y retrouve les deux célèbres agents anglais, John Steed (Ralph Fiennes) et Emma Peel (Uma Thurman) qui se retrouvent engagés par le gouvernement anglais afin de stopper les agissements d'un certain Sir August de Wynter (Sean Connery) qui contrôle le temps à l'aide d'une machine secrète et fait chanter les gouvernements du monde entier en les menaçant de cataclysmes et autres phénomènes climatiques. Une histoire plutôt bizarre qui n'a finalement pas réussi à convaincre le public (et encore moins celui des 'screen tests) et nous prouve une fois de plus que les remakes commerciaux fait à la va-vite sont toujours particulièrement douteux et médiocres à souhait. Une déception, assurément.

Michael Kamen devait composer à l'origine le score de 'The Avengers', mais devant les énormes difficultés auxquelles la production a du faire face et après les résultats désastreux des 'screen tests', Kamen s'est très vite vu remercié après plusieurs mois de travail. Il fallut alors trouver un compositeur qui puisse rattraper le temps perdu et écrire un score en un temps record, et c'est le jeune Joel McNeely qui s'est vu confier cette tâche particulièrement difficile. A la première écoute du score de McNeely dans le film, on ne peut qu'être emballé de par l'énergie que le compositeur déploie tout au long de son oeuvre écrite seulement en quelques semaines. La partition orchestrale du compositeur est agrémentée de quelques touches électroniques modernes afin de restituer tout l'univers excentrique et délirant de l'histoire, et le moins qu'on puisse dire, c'est que le compositeur a su parfaitement capter toute l'ambiance du film dans sa musique. Evidemment, le thème original de la série des années 60 (composé par Laurie Johnson) refait son apparition au début et à la fin du film, une sorte de balise musicale permettant au spectateur/auditeur de retrouver une sorte "d'identité" musicale nécessaire pour la cohésion du score. Mais que l'on se rassure, McNeely saura très vite délaisser ce thème pour imposer son nouveau matériau thématique à l'aide d'un thème parfaitement exposé dans un excellent 'Main Title' très fantaisiste. Après une brève introduction sur quelques notes mystérieuses de piano, McNeely installe une rythmique de synthé et commence à déployer son matériau orchestral et électronique et notamment dans l'utilisation d'une sonorité proche d'un sifflement, sonorité mystérieuse qui double les cordes lors du thème principal développé tout au long du 'Main Title' avec l'ajout d'une batterie, la percussion apportant ici la touche moderne lors d'un générique de début qui pourrait se résumer en une sorte de délire visuel. Assurément, ce 'Main Title' envoûtant et mystérieux est déjà le premier grand morceau incontournable du score de McNeely, une introduction parfaite pour le récit du film.

'Meet Emma Peel' nous introduit au personnage interprétée par Uma Thurman, McNeely réutilisant sa rythmique de synthé et ce son siffloté qui apporte sa touche de fantaisie à la musique. On sent déjà ici le côté plutôt sensuel du personnage, notamment dans l'utilisation d'une trompette en sourdine, et c'est la rencontre avec John Steed dans 'John Steed, I Presume' lorsque Peel se permet de s'introduire dans le sauna de Steed alors que l'entrée aux femmes y est strictement prohibé. On retrouve ici quelques petites rythmiques du synthé légère et un petit thème léger et mélodique exprimant le charme tranquille du personnage campé par Ralph Fiennes, thème tranquille et serein qui semble en dire long sur le personnage en lui même. On continue la présentation des différents protagonistes principaux dans 'DeWinter Castle' où McNeely nous introduit cette fois ci au personnage du grand méchant de service, Sir August de Wynter. C'est par le biais d'un orgue très gothique (le personnage en joue au début de la scène) que le compositeur nous décrit l'ambiance plus sombre et mystérieuse associé au personnage de Sean Connery. On retrouve une fois de plus le mystérieux thème siffloté pour un passage plus atmosphérique évoquant tout le mystère et les secrets entourant DeWynter et ses étranges activités météorologiques au sein de son château.

Avec un délai misérable, il est surprenant de constater à quel point le compositeur a su se montrer inventif et créatif sur ce petit score sympathique qui ne manquera pas de vous séduire de par les quelques bonnes idées qui parsèment la partition de McNeely. On retrouve le côté mystérieux dans 'Sir August's Garden' où le thème mystérieux siffloté refait son apparition avec une atmosphère plus intriguante et sombre évoquant la menace de DeWynter. McNeely fait ensuite monter la tension à l'aide d'un bref martèlement de percussions pour la scène de la tempête de neige dans le jardin de DeWynter, le thème mystérieux refaisant une très belle apparition vers la fin de la séquence par le biais de cordes particulièrement mystérieuses et envoûtantes. La séquence délirante de la poursuite avec les ours en peluche est parfaitement retranscrite dans 'Chasing Teddy Bears' où le compositeur développe le premier grand morceau d'action de sa partition. A noter l'élément rythmique particulièrement bien développé ici avec quelques petits tambours, des percussions du synthé et quelques cymbales plus énergiques. McNeely développe son thème principal ici, évoquant la poursuite dans les ascenseurs et ce petit jeu du chat et de la souris. A noter ici l'utilisation d'une trompette jazzy particulièrement inventive, McNeely semblant s'être plutôt bien amusé sur cette séquence d'action où il ne se prend visiblement pas du tout au sérieux. A noter une très brève allusion à Jerry Goldsmith (le mentor de McNeely) lors d'une allusion au désormais célèbre triolet de trompettes en écho, un motif que Goldsmith a su rendre célèbre dans 'Patton', réutilisé plus tard dans 'The 'Burbs' et même 'Small Soldiers'. De la part de McNeely, ce petit hommage déguisé à Goldsmith est la preuve de l'attachement du compositeur au maestro californien qui l'a particulièrement aidé et encouragé à ses débuts. Mais que l'on se rassure, l'hommage ne va pas plus loin, McNeely poursuivant son trip fantaisiste dans l'un des meilleurs morceaux d'action de la partition, un morceau plein de fun et d'humour. L'action pointe aussi le bout de son nez dans le fameux 'Flight of The Mechanical Bees', morceau d'action excitant dans la séquence de la poursuite avec les abeilles mécaniques. En installant une rythmique un peu techno de synthé, McNeely s'amuse à combiner traits de cordes vifs et cuivres rythmiques dans un passage qui évoque par moment le style fantaisiste de Danny Elfman. La partie plutôt virtuose des cordes évoque clairement le vol des abeilles tandis que les cuivres se passent le relais pour augmenter l'aspect 'musclé' de ce morceau d'action plein de 'couleurs' et d'énergie, preuve du talent du compositeur lorsqu'il s'agit d'écrire ce genre de grand passage d'action très rythmé. Assurément, 'Flight of The Mechanical Bees' est l'autre grand morceau incontournable d'un album décidément plein de surprises.

'Into The Love Maze' est un bref passage mystérieux avec un petit côté sautillant style mickeymousing pour la séquence du labyrinthe. (on pense par moment à la séquence du labyrinthe de 'The Shining' de Kubrick) Très vite, c'est le mystère qui prend le dessus avec le retour de ce thème mystérieux envoûtant. Les élans de percussion à la Goldsmith (influence indéniable dans les parties d'action du score) évoquent alors la toute première confrontation entre Steed et DeWynter. McNeely ne délaisse à aucun moment son inventivité et nous prouve avec 'DeWynter's Waltz' qu'il a décidément plus d'un tour dans son sac. Cette petite valse envoûtante et mystérieuse évoque clairement la séquence de séduction entre DeWynter et Peel. 'Stairway To Madness' est quand à lui l'un des plus originaux morceau du score. Peel se réveille alors dans le château de DeWynter après que ce dernier lui ait fait absorber un produit hypnotisant. McNeely évoque ici une ambiance sonore proche de la folie alors que l'héroïne encore complètement sonnée tente de trouver une sortie dans un labyrinthe particulièrement tortueux. Ce qui frappe ici, c'est le mélange d'éléments musicaux qui composent le morceau: un saxophone résigné, un sitar et même une allusion à un petit thème d'un Menuet de Bach au violon à l'arrière-plan, le tout baigné dans un environnement électronique particulièrement glauque et sombre évoquant le trouble avec une sévère sensation de désorientation. Une rythmique du synthé se met très vite en place pour évoquer la détermination de l'héroïne qui va tout faire pour tenter de trouver une sortie. On respire un peu avec 'Invisible Jones' où le compositeur apporte une petite touche d'humour et de légèreté dans la séquence où Steed va voir Invisible Jones dans son bureau (à noter la reprise du thème principal vers la fin du morceau).

On entre dans la contre-attaque des héros à partir de 'Emma's Balloon Escape' lors de la séquence de la confrontation dans la montgolfière contre le clone d'Emma Peel. On retrouve une fois de plus les percussions à la Goldsmith et un style action toujours très énergique. Ces passages particulièrement rythmés et agressifs permettent au compositeur de se laisser aller dans des déchaînements orchestraux impressionnants et toujours parfaitement contrôlés. Indiscutablement, le compositeur sait se montrer particulièrement à l'aise dans le registre de l'action et il nous le prouve ici avec brio et panache, même si on est parfois très proche du style action de Jerry Goldsmith (surtout dans l'écriture des cordes et des percussions). A noter les quelques reprises du thème principal lors de cette séquence de confrontation 'explosive' où McNeely fait parfaitement monter la tension. 'Are You All Right' est le seul passage d'ambiance romantique pour la scène du baiser entre Steed et Peel où l'on retrouve le motif de piano du début de 'Meet Emma Peel' (motif que l'on entendait aussi dans le 'Main Title' et qui nous prouve une fois de plus la richesse de la thématique de la partition, une thématique qui à coup sûr échappera à nos oreilles à la première écoute tant le compositeur a su écrire des thèmes subtils et pas forcément facile à mémoriser). A noter ici l'utilisation particulièrement romantique d'un violon soliste lors d'une reprise particulièrement réussie du thème de John Steed. C'est la contre-attaque finale dans 'Avenging Crimes' et 'The Final Conflict'. Le premier morceau fait monter la tension de manière inexorable alors que les deux héros se rendent dans le repère de DeWynter, McNeely utilisant des percussions de synthé particulièrement intéressantes dans un autre passage d'action tonitruant. Le climax est atteint dans un 'The Final Conflict' particulièrement frénétique, déchaîné et surpuissant, un gros morceau d'action de plus de 7 minutes pour l'affrontement final quasi apocalyptique. Avec des percussions martelées à la Goldsmith, McNeely fait minutieusement monter la tension au cours de cet affrontement jusqu'à rendre sa musique particulièrement furieuse en plein coeur du combat. A la fois sombre et énergique, 'The Final Conflict' est une magnifique conclusion musclée à cette grande aventure avant que 'Aftermath' et l'inévitable 'The Avengers Theme' ne viennent rétablir le calme et la tranquillité (le thème de Laurie Johnson apparaît uniquement au début et à la fin du film).

'The Avengers' est incontestablement l'une des plus grandes réussites d'un compositeur parfaitement à l'aise dans son matériau orchestral et électronique, un compositeur qui a su se montrer à la fois inventif, fantaisiste et astucieux alors que le temps qu'il lui était imparti frôlait le ridicule. Véritable tour-de-force de par sa qualité d'écriture et cette maîtrise pour une composition ayant nécessité très peu de temps, le score de 'The Avengers' est décidément une grande surprise de la par d'un jeune compositeur prometteur et extrêmement doué à condition qu'on lui offre des films lui permettant de mieux s'exprimer en toute liberté. Ce n'est pas pour rien si pour beaucoup 'Star Wars: Shadows of The Empire' est son score le plus apprécié. A vrai dire, il ne s'agit pas d'un film mais d'un livre à l'origine et on a offert cette fois ci toute la liberté que le musicien souhaitait pour composer sa partition, et nul doute que la qualité de sa musique s'en fait immédiatement ressentir. Pour 'The Avengers', le résultat est incroyable car on en arrive même à se demander si les producteurs n'auraient pas finalement décidés de se 'débrider' un petit peu au dernier moment et d'accorder carte blanche à McNeely pour peu qu'il soit capable d'achever une musique originale en temps voulu. Comme dit précédemment, le résultat est tout à fait surprenant, un fabuleux cocktail fantaisiste entre action, humour et mystère. Nettement plus intéressante que le film en lui même, la musique de Joel McNeely pour 'The Avengers' reste incontestablement l'une des plus belles surprises de la fin des années 90, un score inspiré qui sort un peu de la routine Hollywoodienne habituelle et qui continue de nous prouver une fois encore qu'un compositeur peut écrire une musique tout à fait intéressante pour un film qui ne l'est pas. Un score désormais incontournable!


---Quentin Billard