1-Bat*21 3.03
2-Bonding 2.59
3-Big Sky 5.05
4-The Lesson 2.38
5-A North Passage 5.06
6-Birddog 4.33
7-I Killed A Man Today 4.51
8-Zulu Zulu 5
Lima Hotel 7 5.06
9-Nobody's Home 3.07
10-Cobra Leader 4.47
11-Fly Boy Ross 5.11
12-First Light 3.25
13-Positive Contact 2.53
14-No More Killing 4.06
15-The Swanee 2.14

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5202

Album produit par:
Christopher Young,
Tom Null
Richard Kraft

Montage musique:
Jim Weidman

Artwork and pictures (c) 1988 Eagle/TriStar Pictures/Varèse Sarabande. All rights reserved.

Note: ***
BAT*21
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Inspiré d'une histoire vraie, 'Bat*21' (rebaptisé en français 'Air Force Bat 21') raconte le calvaire d'un certain Lieutenant colonel Iceal Hambleton (Gene Hackman, que l'on croirait revenu en plein coeur de 'Uncommon Valor' de Ted Kotcheff - 1983) unique survivant d'une importante mission stratégique durant la guerre du Viêt-nam et qui se retrouve piégé en plein coeur de la forêt avec les ennemis à ses trousses. Un seul homme est là pour le soutenir, le Capitaine Bartholomew Clark (Danny Glover) envoyé pour tenter de l'aider à s'en sortir en le récupérant coûte que coûte avant que les Viêt-cong ne lui mettent la main dessus. Malheureusement, l'ennemi capte chacune de ses conversations radiophoniques et Hambleton le sait. C'est pour cela qu'il va devoir parler en code secret afin que Bartholomew puisse l'aider à sortir de cet enfer. L'intérêt du film est de montrer deux hommes obstinés en plein coeur d'un conflit sanguinaire, le héros étant un vieux militaire qui n'a jamais mis une seule fois les pieds sur un champ de combat et qui découvre au cours de cette terrible épreuve les horreurs de la guerre. Les morts vont défiler tout autour de lui et au cours d'une bagarre avec un paysan, il tuera un homme pour la première fois de sa vie. Certes, le film de Peter Markle tourne plus autour de l'action que du drame à proprement parler, pourtant, cette terrible aventure nous fait mieux comprendre ce qu'un homme peut ressentir lorsqu'il est en plein coeur du combat ou lorsqu'il doit supprimer la vie d'un homme alors que sa conscience le lui interdit. Lorsqu'on entend Hambleton dire à un moment du film 'quand est-ce que tout cela va s'arrêter?', on comprend mieux le sens du film. A l'instar du 'Uncommon Valor' de Ted Kotcheff (où Gene Hackman tenait déjà là aussi le premier rôle), 'Bat*21' est un film d'action dramatique qui évoque une fois de plus la tragédie de la guerre et d'un gâchis humain, l'intrigue principale se centrant essentiellement autour de cette histoire d'évasion hors de l'enfer du Viet-nâm. Sympathique même si l'ensemble n'a rien d'original. En tout cas, certains éléments du récit prêtent une fois de plus à réflexion.

Christopher Young avait déjà participé à 'Vietnam War Story', une série (1987-1988) sur la guerre du Viêt-nam, et c'est probablement cela qui lui a permit d'arriver sur 'Bat*21' dans un contexte similaire. Composé la même année que l'inoubliable 'Hellraiser II', le score de 'Bat*21' ressemble un peu à ce que James Horner avait fait pour 'Uncommon Valor' de Ted Kotcheff: une musique sombre et tendue teintée de sonorités exotiques avec un flot impressionnant de percussions diverses avec une touche de drame nécessaire pour augmenter l'impact émotionnel de la musique de Young. Le générique de début ('Bat-21') impose d'entrée le ton et surtout le 'son' du score: rythmique importante avec percussions diverses (avec rythmique électronique), mélange de sonorités sombres électroniques et orchestrales, utilisation très atmosphérique des cordes ou de quelques cors et utilisation aussi très importante de la shakuahachi et de flûtes de pan exotiques. Horner ayant quelque peu banalisé cet instrument à travers des partitions telles que 'Uncommon Valor' ou 'Willow' (composé la même année que 'Bat*21'), il n'est pas surprenant de retrouver quelques similitudes avec certaines partitions du Horner des années 80, mais le rapprochement s'arrête juste au niveau de certaines de ses sonorités exotiques, Young arrivant à construire lui même la rythmique de sa partition avec une utilisation inventive des percussions en tout genre. 'Bat*21' nous introduit au premier motif assez sombre évoquant le côté dramatique de l'histoire avec une certaine gravité, surtout dans l'utilisation plus pesante des cordes en arrière-fond, mais de tous les éléments cités ici, c'est l'aspect 'sonore' qui reste le plus marquant ici: les habitués au style horreur/thriller du compositeur auront bien du mal à reconnaître le style de Young ici, tant le compositeur a su se montrer assez inventif sans pour autant innover dans le genre (une fois encore, Horner est passé par là et on sent parfois l'influence de 'Uncommon Valor' dans ce score). Le générique de début de 'Bat*21' est donc déjà une belle entrée en la matière qui nous introduit pleinement dans le côté rythmique et sombre de la partition qui annonce déjà une certaine gravité, un côté vaguement sombre et inquiétant.

'Bonding' est quand à lui plus orchestral d'esprit. Young utilise son deuxième grand thème plus mélancolique d'esprit et qui rappelle beaucoup le style de musique que le compositeur écrira pour 'Rapid Fire' (1992 - la ressemblance allant même jusqu'au thème principal apparemment un peu inspiré du thème mélancolique de 'Bat*21'). Ce thème plus spirituel d'esprit est renforcé par quelques cordes (avec quelques éléments électroniques), la mélodie étant doublée par une shakuhachi plus rêveuse apportant une touche asiatique nettement moins menaçante que dans 'Bat-21' par exemple. Ici, Young apporte une touche d'humanité dans sa musique sombre et même si l'on pourra regretter le fait que ce thème ne soit pas très présent tout au long du film (il apparaît de manière fort intéressante dans la scène où Hambleton croise sur un pont le jeune enfant qui neutralise un piège pour lui), 'Bonding' n'en demeure pas moins l'un des morceaux incontournables du score. 'Big Sky' est quand à lui nettement plus sombre, Young reprenant ses rythmiques énergiques (entre percussions métalliques, percussions en bois et percussions exotiques) avec un flot intéressant de flûtes de pan et des cordes plutôt sombres et atmosphériques. L'élément électronique augmente le côté atmosphérique de ces passages et accentue la tension qui se dégage à l'écran dans ces passages illustrant le danger qui pèse de manière incessante sur Hambleton pris au piège dans cette forêt Vietnamienne. Les diverses rythmiques du morceau accentuent aussi le côté un peu 'action' de la composition (certains rythmes font vaguement penser au style rythmique du furtur grand score d'action du compositeur - Hard Rain - 1998) afin d'évoquer l'action du film et la lutte de Bartholomew qui va toute faire pour tenter de venir en aide à Hambleton coincé en bas dans la forêt. Dans 'The Lesson', on trouvera des cordes plus dramatiques et mélancoliques évoquant l'horreur de la guerre et la situation dramatique de Hambleton, une autre touche d'humanité au sein de ce score sombre et assez tendu.

Le reste du score oscillera ainsi entre passages dramatiques et morceaux rythmiques plus sombres évoquant le danger incessant et omniprésent. A noter ces cordes torturées et sombres dans la séquence où Hambleton demande à ce que les avions bombardent un chemin occupé par une troupe ennemie, le morceau résonnant avec une certaine gravité et une certaine amertume tout au long de la séquence, ces cordes torturées apportant un élément émotionnel intéressant dans cette scène (c'est quelque chose que l'on retrouvera à 2 ou 3 reprises dans le film). Pour le reste, un morceau tel que 'Zulu Zulu 5 Lima Hotel 7' (autre séquence de tentative de sauvetage) fait pleinement intervenir les différents éléments rythmiques du score avec la shakuhachi et les flûtes exotiques qui sont là pour évoquer essentiellement la menace des troupes du Viêt-cong. Ici aussi, le morceau tourne plus vers l'action avec le travail de rythmique intéressant et l'élément orchestral qui vient renforcer le côté sombre et action du morceau (à noter ces cordes particulièrement sombres et parfois dissonantes, un élément réminiscent du côté thriller de Young et qui revient dans certains moments sombres du film) avec ces espèces de rythmiques de tambour renforçant l'action dans ces séquences de tentative de sauvetage (séquences qui trouveront un climax dramatique dans la séquence sanguinaire du village).

'Nobody's Home' et surtout 'First Light' apportent chacun à leur tour un aspect émotionnel intéressant mais pas forcément très abouti, 'First Light' nous faisant entendre le motif plus dramatique au cor pour évoquer à la fois la situation dramatique de Hambleton et les horreurs tragiques de la guerre. Finalement, l'histoire se conclura sur une très belle reprise du thème mélancolique de cordes/shakuhachi pour une conclusion plus tranquille après cette aventure agitée. Christopher Young n'a certes pas écrit l'un de ses chefs d'oeuvre, pourtant, 'Bat*21' est assez intéressant car le score constitue la preuve irréfutable de l'envie du compositeur d'aller vers autre chose, de se tourner vers d'autres registres, d'autres horizons. On est encore loin ici de sa participation à des comédies ou des films moins sombres ('The Man Who Know Too Little', 'Judass Kiss', 'Wonder Boys', etc.) dans les années 90, pourtant, 'Bat*21' est quand même un sérieux tournant dans la carrière d'un compositeur qui ne débutait que depuis 8 ans dans le milieu de la musique de film à l'époque où il écrivait ce score sombre et dramatique. Plutôt surprenant à la première écoute, le score de 'Bat*21' devrait plaire à tout ceux qui apprécient aussi les travaux du compositeur autres que ceux pour ces sempiternelles productions d'horreur ou thriller. Pas vraiment indispensable mais toutefois conseillé pour entendre un score de Young un peu différent mais toujours aussi sombre!


---Quentin Billard