Sympathique remake de la fameuse comédie de Vincente Minnelli (1950) avec Spencer Tracy et Elizabeth Taylor, 'Father Of The Bride' (adapté plus tard en série télé - 1961) est un classique de la comédie produit par le tandem Nancy Myers (productrice)/Charles Shyer (réalisateur). C'est Steve Martin qui reprend le rôle de George Stanley Banks, patron d'une usine de chaussures qui apprend un jour que sa fille Annie (Kimberly Williams pour son tout premier rôle au cinéma) a rencontré son prince charmant et qu'elle a décidé de se marier avec lui. Si sa mère Nina (Diane Keaton) est absolument ravie pour elle, c'est loin d'être le cas pour George, absolument abattu par la nouvelle qui lui tombe dessus subitement tel un couperet de guillotine. George ne peut se résoudre à voir sa fille qu'il aime tant quitter à jamais sa demeure. Pour lui, Annie est encore sa petite fillette qu'il serrait dans ses bras, à qui il racontait des histoires et avec qui il s'amusait comme un petit fou. Pourtant, Annie a plus de 20 ans aujourd'hui et elle est prête à s'assumer toute seule. Terrorisé par cette nouvelle, George va tout faire pour contester ce mariage, provoquant l'incompréhension chagrinée de sa fille, mais plus l'histoire va avancer, plus le vieux 'papa poule' qui commence à perdre la tête va comprendre qu'il est dans l'erreur et qu'il est grand temps de laisser son 'oiseau' s'envoler. Après avoir rencontré les parents du fiancé d'Annie (scène délirante dans la piscine), la petite famille s'affairera à préparer un grand mariage assez imposant et ce malgré le fait que George compte chacune des dépenses au cent prêt. 'Father Of The Bride' est une jolie comédie sympathique et tout bon père de famille qui a vu un jour son fils ou sa fille quitter sa demeure pour se marier ou 'voler de ses propres ailes' pourra se reconnaître quelque part dans le personnage de George Stanley Banks. Tous les ingrédients nécessaires à une bonne comédies sont réunies ici pour faire de 'Father Of The Bride' un film très sympathique, tendre, intime et amusant, surtout lorsque le personnage de Steve Martin commet ses gaffes dans la première moitié du film. On regrettera que l'humour et les gags disparaissent dans la seconde partie du film pour laisser place à une longue séquence de mariage moins amusante. En somme, un film très sympathique et un remake plus qu'honorable!

Le duo Meyers/Shyer a choisi pour 'Father Of The Bride' de faire appel à Alan Silvestri qui créa un score comédie très important pour l'avenir du compositeur puisque le duo refera de nouveau appel à lui sur d'autres comédies, imposant alors Alan Silvestri comme le nouveau maître de la musique de comédie Hollywoodienne (suivront par la suite 'Cop & Half', 'Grumpy Old Men', 'Clean Slate', 'Richie Rich', The Perez Family', 'Father Of The Bride Part II', 'Sgt.Bilko', 'Fools Rush In', 'Mouse Hunt', 'The Odd Couple II', 'The Parent Trap', 'Holy Man', etc...). Le score de 'Father Of The Bride' est tout à fait représentatif du style comédie du compositeur, loin de ses partitions tonitruantes pour la trilogie des 'Back To The Future', de 'Ricochet' ou des deux 'Predator'. Score orchestral plein d'énergie et de fraîcheur, 'Father Of The Bride' permet aussi au compositeur de renouer avec un style synthé/rock très proche de 'Romancing The Stone' (1984) avec une utilisation similaire du synthé et des percussions, et quelques passages jazzy typique du compositeur (on retrouvera ce genre de chose dans 'Stuart Little' ou 'Mouse Hunt' par exemple). Le 'Main Title' donne tout de suite le ton: élan de cordes, vents sautillants et cuivres annonçant l'idée du mariage et de la gaieté qui entoure ce grand événement, Silvestri assurant cette idée par une allusion à la tête du thème de la fameuse marche nuptiale du 'Lohengrin' de Richard Wagner, un célèbre motif que l'on retrouvera dans la longue séquence des préparatifs du mariage d'Annie et Bryan (à noter que le compositeur ne reprend jamais entièrement la marche nuptiale et se contente simplement d'une brève allusion à la tête du thème). Silvestri en profite aussi pour nous faire entendre son excellent thème principal avec des cordes majestueuses et enjouées évoquant toute la fraîcheur et la gaieté de cette charmante comédie. La deuxième partie du morceau enchaîne sur un passage jazzy plutôt cool avec le saxophone soliste et la section rythmique habituelle dans ce type de musique.

'Annie's Theme' nous permet à son tour d'entendre le deuxième grand thème du score, le thème d'Annie, mélodie plus nostalgique et intime lié à la tendresse que porte George pour sa fille qui va le quitter pour vivre sa propre vie. Silvestri fait appel ici à une écriture intime pour hautbois avec quelques cordes tendres et un piano du synthé. 'Drive To Brunch' nous fait entendre quand à lui le côté plus rock cool de la partition de Silvestri qui s'inspire ici de 'Romancing The Stone' en reprenant le style des rythmiques et des sonorités électroniques. Avec une petite batterie, une guitare basse et quelques claviers, Silvestri apporte une certaine touche de bonne humeur cool et détendue pour la scène où George et Nina partent rencontrer les parents de Bryan (on retrouvera cette ambiance cool dans '$250 A Head'. On change encore d'ambiance avec 'Snooping Around' où Silvestri a recours à un bref passage de mickeymousing plutôt sautillant lorsque George est dans la chambre de Bryan et fouine comme un gros curieux avant de tomber sur les chiens. Silvestri poursuit l'ambiance mickeymousing sautillant dans l'amusant 'Pool Cue' où le compositeur a recours à des cordes sautillantes tout en faisant monter le tempo lorsque les chiens font tomber George dans la piscine où il tentait de récupérer un objet appartenant à Bryan.

Après un 'Basketball Kiss' romantique où Silvestri utilisait batterie, saxophone soliste et synthé (séquence où Annie et son père jouent une dernière fois au basket-ball - scène très touchante dans son côté symbolique), c'est le grand jour avec 'The Wedding' où le compositeur reprend son thème principal et ses allusions à la marche nuptiale de Wagner aux cuivres, 'The Wedding' nous faisant entendre une fois de plus toute la jovialité et l'excitation entourant les préparatifs de ce grand mariage. 'Snow Scene' marque le retour du très beau thème d'Annie lorsque la neige commence à tomber. Construit sous la forme d'une petite valse lente et intime, c'est le piano qui reprend ici le thème aux côtés du hautbois et de quelques cordes chaleureuses évoquant une dernière fois la tendresse nostalgique que ressent alors George pour sa fille qui va le quitter pour toujours. On retrouve alors l'ambiance exaltante de 'The Wedding' dans 'The Big Day' où le compositeur se montre plus léger et plus spirituel avec quelques cordes/vents sautillants et des allusions constantes au thème de la marche nuptiale, et c'est le départ tant attendue pour le début de la cérémonie nuptiale dans 'Annie At The Mirror', encore un passage léger et enjoué dans la continuité de 'The Big Day'. La musique de Silvestri se montre particulièrement fraîche et enthousiasmante dans ces passages, preuve incontestable du talent du compositeur lorsqu'il s'agit de créer ce genre d'ambiance fraîche et enjouée (les notes particulièrement évocatrices du duo Meyers/Shyer dans le livret de l'album sont là pour nous le confirmer, le tandem parlant aussi de la sympathie, de la gentillesse et de la patience du compositeur avec la production et les musiciens de l'orchestre).

Après une dernière reprise nostalgique et assez poignante du thème principal au piano/cordes dans 'My Annie's Gone', c'est le 'End Credit' qui conclut le film sur une excellente reprise du 'Main Title' avec le thème principal au cordes, le thème d'Annie sous la forme d'une petite valse tendre au hautbois avec des cordes chaleureuses et le retour du passage jazzy de la fin du 'Main Title'. Si vous êtes fan de Silvestri et de ses charmantes musiques de comédie, 'Father Of The Bride' (un incontournable chez Silvestri!) vous ravira au plus haut point, et même si le score est assez court et peu original en soi, il témoigne une fois encore du talent d'un compositeur que l'on a trop longtemps sous-estimé avant que l'on découvre une nouvelle facette plus légère et enjouée du compositeur dans le domaine des musiques de comédie. Toujours considéré par ses musiciens comme un individu patient, ouvert et très sympathique, Alan Silvestri nous prouve à quel point il possède une sensibilité et un art musical plein de fraîcheur et d'inspiration lorsqu'il s'agit de nous faire sourire ou de nous émouvoir. 'Father Of The Bride' est là pour nous le prouver avec brio, comme si Silvestri s'était glissé dans la peau du personnage de Steve Martin pour mieux ressentir ses émotions et nous les retransmettre dans sa musique. Une petite réussite!


---Quentin Billard