Si le premier 'Warlock' (Steve Miner - 1989) n'était pas une grande réussite en la matière, ce second épisode réalisé par Anthony Hickox et destiné à une sortie en vidéo est de bien meilleure qualité même si l'on sent très bien le côté 'série-B d'horreur' à la vision de ce film. Pourtant, les effets spéciaux sont loin de faire défaut au film et les acteurs sont tout à fait convaincants, surtout Julian Sands qui reprend une fois encore le rôle de Warlock, le fils de Satan descendu sur terre pour libérer la bête en réunissant six pierres magiques qui ont le pouvoir de déclencher l'Armageddon et de provoquer la fin du monde avec le retour de Satan. Pour stopper l'avancée du mal, deux druides guerriers ont été choisis, deux jeunes qui ignorent encore tout de leurs pouvoirs mais qui vont apprendre à maîtriser cette force qui se trouve en eux. S'en suivra alors une longue lutte périlleuse contre le Warlock parti en quête des six pierres magiques et qui laissera beaucoup de mort derrière lui, d'où une accumulation assez impressionnante de nombreuses scènes gores cent mille fois plus spectaculaires que dans le premier opus qui était vraiment bien gentillet à côté de ce second opus sanguinaire. Même si le film fait l'étalage d'une violence sanguinaire parfois très gratuite, 'Warlock: The Armageddon' constitue un spectacle horrifique de qualité bien que peu original en soi. De toute façon, il ne faut pas oublier ce qu'est le film d'Hickox (qui joue dans son propre film où il interprète le 'Dark Leader' du début du film): un film d'horreur avec son lot de scènes horrifiques et de séquences sanguinaires. Si vous voulez frissonner, 'Warlock: The Armageddon' est fait pour vous bien que cette suite n'était pas franchement indispensable vu la qualité pitoyable du premier épisode.

Mark McKenzie fut longtemps orchestrateur pour des compositeurs tels que Bruce Broughton, Marc Shaiman, John Barry ou bien encore Danny Elfman. Sa première BO en solo remonte à 'Son Of Darkness: To Die For 2', modeste production horrifique signé David Price. Pour sa deuxième partition orchestrale originale, McKenzie revient dans le domaine de l'horreur avec 'Warlock: The Armageddon' pour lequel il nous livre un score symphonique très réussi sans être d'une grande originalité. La qualité de la partition réside essentiellement dans l'écriture orchestrale (pour l'anecdote, McKenzie n'a eu que 90 minutes pour travailler avec son orchestre et il a du effectuer un enregistrement satisfaisant en un temps record et avec peu de moyens - malheureusement, la musique est mixée à très bas volume dans le film et il sera difficile de pouvoir l'apprécier à sa juste valeur à la simple vision du film) et chorale puisque le compositeur fait appel à des choeurs sataniques dans la plus pure tradition des films traitant du diable. Le film s'ouvre donc de manière fort énergique au son de 'The Battle Has Just Begun' qui nous fait entendre le premier thème du score, motif de deux notes chantés par des choeurs ténébreux et un orchestre ample, sombre et menaçant, motif associé au Warlock. Les influences du compositeur sont flagrantes ici, le thème du Warlock rappelant très fortement le début du fameux 'Hellraiser II' de Christopher Young, célèbre score d'horreur qui semble avoir servi de point de repère au compositeur qui, rappelons-le, signe là sa deuxième oeuvre en solo. Le reste du morceau s'appuiera à développer le thème guerrier qui sera associé plus tard à la lutte du bien et du mal, un motif de six notes que l'on a souvent rapproché avec le début du célèbre thème de la force de 'Star Wars' de John Williams. Ce thème s'inscrit ici dans une pièce d'action particulièrement énergique et guerrière, avec des traits de cordes brillants et des cuivres/percussions énergiques.

Les choeurs sataniques chantent ici au son du fameux 'Dies Irae', chant latin extrait de la messe des morts et que les compositeurs de musique de film ont banalisés à travers certaines partitions de film d'horreur, la plus célèbre restant celle de la trilogie des 'Omen' de Jerry Goldsmith, une autre BO de référence pour McKenzie qui semble s'être aussi inspiré du style des choeurs sataniques de 'The Omen'. Cette excellente introduction à la fois ténébreuse et guerrière nous permet de rentrer d'emblée dans le vif du sujet, le compositeur se montrant ici particulièrement à l'aise dans cette écriture orchestrale et chorale et 'The Battle Has Just Begun' reste sans aucun doute LE morceau incontournable de la partition (accompagnant la séquence guerrière/barbare en ouverture du film). A noter que le morceau nous fera entendre dans la dernière partie un autre thème majeur du score, le thème des druides, beaucoup plus mélancolique, lyrique et mélodique.

'Swimming' nous fait complètement changer d'atmosphère en nous faisant réentendre le deuxième grand thème de la partition avec un hautbois plus léger et quelques cordes chaleureuses. Le morceau évoque clairement ici les sentiments de tendresse qui unissent les deux héros du film, Kenny (Chris Young) et Samantha (Paula Marshall), McKenzie ayant tenu le pari d'écrire de nombreux passages tendres et romantiques au sein même d'un film d'horreur. A ce sujet, l'écoute globale de la partition pourra surprendre tant le compositeur a mis l'accent sur des passages intimes, doux et parfois plus léger. Mais cela ne l'empêche pas de faire très vite place aux frissons et à la terreur qui s'exprime dès 'Birth Of The Warlock' où le compositeur réutilise le choeur satanique et des cordes sinistres à la fois dissonantes et stridentes dans une pièce atonale évoquant la cauchemardesque naissance du Warlock sur terre. Dans 'Ken's Magic', Kenny apprend à maîtriser ses pouvoirs (scène de la balle de base-ball qui flotte dans les airs), McKenzie utilisant quelques variations autour du thème guerrier exprimé ici sous une forme plus lente et plus douce, thème qui représente parfaitement cette idée de la confrontation guerrière entre le bien et le mal. Plus léger, 'Ken's Magic' est aussi l'occasion pour le compositeur de nous prouver à quel point il sait manier les différentes sonorités de l'orchestre.

La terreur s'exprime à merveille dans 'May I Help You Sir ?' évoquant une fois encore les méfaits sanguinaires du Warlock en quête des pierres magiques (à noter ici les cordes plus menaçantes et oppressantes) tandis que l'on retrouve une ambiance plus intime, chaleureuse et tendre dans 'Samantha & Ken's Love' qui nous fait entendre un autre grand thème du score, le très beau 'Love Theme' associé à Samantha et Kenny entendu ici par le biais d'une très belle écriture de cordes rêveuses et romantiques à souhait, un morceau extrêmement surprenant étant donné le contexte plutôt macabre et sanguinaire du film. L'atout majeur du compositeur est d'avoir su osciller tout au long de sa partition entre tendresse, intimité et terreur pure. 'Party Crasher' évoque une fois encore les méfaits du Warlock avec le retour d'un choeur satanique encore discret ici mais néanmoins présent pour souligner la nature maléfique du personnage et comme nous l'avons déjà mentionné un peu plus haut, ce passage sinistre fait place à un morceau plus lyrique et doux dans le dramatique 'Samantha Becomes A Warrior', plus mélancolique d'esprit puisque Samantha doit se tuer pour ressusciter et devenir une druide guerrière à son tour. On retrouve ici aussi le thème guerrier sous une forme plus lente et résigné, thème entendu ici avec un cor soliste et quelques cordes plus 'amères', un autre grand passage émouvant du score. A noter une très belle reprise du 'Love Theme' dans 'Ken's New Life' lorsque les deux druides font l'amour avant de partir livrer bataille contre les forces du mal.

'Warlock Gathers The Stones' nous permet de réentendre le sombre thème du Warlock avec cuivres/choeurs lorsque le fils de Satan a enfin réuni les six pierres magiques et se prépare au retour du diable sur terre. Choeurs sataniques puissants, orchestre imposant, tout est fait ici pour faire monter la tension dans cette séquence impressionnante du retour de la bête, et ce même si l'on a parfois l'impression d'écouter 'Hellraiser II' de Christopher Young. 'Armageddon Averted' marque quand à lui la confrontation finale entre le bien et le mal avec une dernière série de variations autour du thème guerrier pour un dernier passage d'action tonitruant débouchant sur un final beaucoup plus paisible marquant le retour du joli 'Love Theme'. En ce qui concerne 'A Warlock Fantasia', il s'agit d'un morceau écrit pour le générique de fin et qui a apparemment été rejeté au profit d'une chanson rock plutôt quelconque. Vous l'aurez donc compris, 'Warlock: The Armageddon' est une bonne surprise de la part d'un compositeur qui n'en est qu'à ses débuts en 1993 lorsqu'il signe cette petite oeuvre orchestrale modeste mais néanmoins brillante, malheureusement assez mal mixée dans le film. Ce n'est certainement pas un chef-d'oeuvre d'autant que la partition repose sur de nombreuses influences parfois un peu trop flagrantes (Williams, Goldsmith, Young, etc.). Mais il y'a une telle qualité d'écriture et un tel effort fourni au niveau de la thématique que l'on ne peut qu'adhérer à cette petite oeuvre symphonique oscillant entre frissons et émotions. Certes, on aurait pu s'attendre à quelque chose d'encore plus sombre pour un film de ce genre mais la musique de McKenzie est néanmoins très réussie dans le film et contribue à créer une ambiance de sombre aventure parfaite pour le film d'Hickox qui a bien fait de faire appel à lui. Alors si vous voulez mon avis, laissez tomber le premier score ridicule de Jerry Goldsmith et venez plutôt découvrir ce petit score sympathique et beaucoup plus intéressant!


---Quentin Billard