1-Main Title 4.14
2-The City 2.48
3-Kids In Cyberspace 3.35
4-Virtual Light Tour 3.02
5-Jobe's Memory 1.40
6-Jobe's Realization 1.57
7-The Train 5.52
8-Jobe's Theme 2.03
9-Institute Recon 5.04
10-Stealing The Kiron Chip 6.34
11-The Alarm 4.54
12-Inspecting The Kiron Chip 2.10
13-The President 2.58
14-Jobe's War 4.00
15-Streets Of Anarchy 3.46
16-Virtual Reality
Battleground 4.56
17-The Kiron Explosion 2.18
18-Finale 2.41

Musique  composée par:

Robert Folk

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5698

Produit par:
Robert Folk
Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson
Musique préparée par:
Vic Fraser

Artwork and pictures (c) 1996 Allied Film Productions, Ltd. All rights reserved.

Note: ***1/2
LAWNMOWER MAN 2: BEYOND CYBERSPACE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Robert Folk
'Lawnmower Man 2: Beyond Cyberspace' (Le Cobaye 2). On se demande parfois comment des films aussi médiocres peuvent exister. Le premier épisode réalisé par Brett Leonard (Stephen King a écrit une nouvelle intitulée 'The Lawnmower Man' mais contrairement à ce que les producteurs ont voulu nous faire croire, l'histoire est totalement différente de celle du film de Leonard et les avocats de King les ont forcés à retirer son nom du générique) était assez original à l'époque, le film traitant de la réalité virtuelle et de ses enjeux pour le développement de la technologie dans le futur. Le film montrait aussi comment un simple d'esprit pouvait devenir un génie diabolique en utilisant cette technologique qui finit - comme d'habitude - par dépasser l'homme, son créateur. Le film valait surtout par ses effets spéciaux numériques assez stupéfiants pour l'époque (bien que totalement dépassés aujourd'hui), malheureusement, le second épisode a perdu tout le côté intéressant et le potentiel scénaristique du premier opus pour tomber dans la facilité du spectaculaire médiocre et sans âme. Farhad Mann accouche d'un film assez médiocre et ennuyeux avec des acteurs moyens et de seconde zone. (c'est Matt Frewer qui reprend le rôle de Jobe Smith - on aurait préféré retrouver l'acteur Jeff Fahey mais ce dernier n'a pas voulu reprendre le rôle de Jobe, décision prise après avoir lu le script du film, et franchement, on le comprend aisément - c'est dire à quel point le film est particulièrement nul!) Pour la petite histoire, le prologue du film nous apprend en réalité que Jobe a survécu à l'explosion de l'immeuble dans lequel il se trouvait à la fin de 'Lawnmower Man' et qu'il a été récupéré et remis d'aplomb par un groupe de médecins et de scientifiques. Ce sont les dirigeants du grand institut de réalité virtuelle Virtual Light qui ont récupérés un Jobe amputé de ses deux jambes, le directeur de l'institut ayant mis la main sur le processeur Kiron, puissante puce qui permet aux hommes de se transporter dans l'univers de la réalité virtuelle. Le directeur de Virtual Light Jonathan Walker (Kevin Conway) utilise Jobe pour arriver à ses fins afin de l'aider à construire le processeur Kiron basé sur les plans du précieux brevet appartenant maintenant à l'institut. Le jeune Peter Parkette (Austin O'Brien - vu dans 'Last Action Hero') se transporte un jour dans la réalité virtuelle et tombe par hasard sur Jobe qui lui demande alors de lui venir en aide en faisant appel au docteur Benjamin Trace (Patrick Bergin), l'inventeur du processeur Kiron, écarté du projet à la suite d'un procès qu'il a perdu. Parti à la recherche du docteur Trace, le jeune Peter ignore tout des sombres desseins de Jobe qui va vouloir utiliser le savoir du docteur Trace afin de l'aider à devenir le Dieu invincible de la réalité virtuelle. Commence alors une longue lutte contre Jobe et les sbires de Walker pour tenter d'empêcher le génie de la réalité virtuelle de dominer tous les réseaux informatiques du monde entier en devenant un nouveau Dieu, une sorte de 'Messie' de l'univers virtuel capable d'aliéner la population entière de la planète.

Que penser d'un tel scénario aussi risible et incohérent? Pas grand chose, le film étant une suite ininterrompue de scènes d'action typiquement Hollywoodiennes et tout à fait quelconques, agrémenté d'effets spéciaux passables. On a droit aux séquences d'explosion habituelle, d'un combat à l'épée, de scènes de fusillade, de bagarres en tout genre, etc...pas grand chose de vraiment intéressant étant donné la qualité tout à fait quelconque d'une mise en scène passe-partout et d'acteurs de seconde zone pas toujours très convaincants. Et que dire de la romance fade entre Trace et son ex-femme le docteur Cori Platt, romance sans âme étant donné le manque de relief que les deux acteurs (et le script pitoyable du film) donnent à cette romance qui n'est qu'un prétexte pour retrouver un ingrédient apparemment nécessaire à toute bonne aventure. On ne parlera pas non plus de la fin ultra bâclé (le méchant surgit brusquement au bout d'une vingtaine de minutes - on se demande vraiment pourquoi il n'est pas revenu plus tôt pour tenter de stopper les héros - et que dire de cette fin minable avec ce coucher de soleil ultra ringard?) sans oublier un générique de fin visiblement bâclé lui aussi puisque les monteurs n'ont même pas penser à mettre de la musique jusqu'au bout du générique (il reste alors 5 minutes de générique sans musique et ce jusqu'à la fin - le comble). La conclusion vient donc d'elle même, si vous avez du temps à perdre sur un navet Hollywoodien totalement insipide et inutile, 'Lawnmower Man 2: Beyond Cyberspace' est fait pour vous!

Robert Folk est un compositeur assez méconnu à Hollywood qui travaille continuellement sur des films de seconde zone et des série-B en tout genre. Auteur d'une amusante partition orchestrale et martiale pour la série des 'Police Academy', le principal défaut de Folk a toujours été son manque de personnalité musicale à l'instar d'un compositeur tel que John Debney par exemple. Comble du paradoxe, autant 'Lawnmower Man 2' est un film totalement inintéressant, autant le score de Folk constitue ce que le compositeur a fait de mieux dans le domaine de ses partitions orchestrales action/aventure. Interprété par un puissant London Sinfonia et quelques petits éléments discrets de synthétiseur, le score de 'Lawmower Man 2' est une belle surprise puisqu'on est loin de s'attendre à une musique d'une telle qualité sur un film aussi médiocre, preuve une fois de plus qu'un compositeur peut écrire une bonne musique sur un (très) mauvais film. Le score de Folk s'articule autour d'un thème principal majestueux et assez héroïque que beaucoup ont très vite rapproché au fameux thème principal de 'Jurassic Park' de John Williams à cause d'une certaine ressemblance mélodique plutôt étrange. Malgré cela, Folk a pu construire une superbe BO d'action/aventure assez répétitive mais suffisamment captivante pour nous permettre de l'apprécier à sa juste valeur. Résolument tourné vers l'action, 'Lawnmower Man 2' semble s'inspirer par moment du style action de Jerry Goldsmith dont on peut parfois sentir l'ombre planer sur le score ('The Train' ou 'Stealing The Kicon Chip' par exemple). Le 'Main Title' nous propose une introduction assez sombre lors du prologue du film. Le compositeur utilise assez brièvement un choeur qui reviendra dans les moments les plus grandioses de son score. On notera les excellentes orchestrations (assurées en partie par Robert Folk lui même aux côtés de Jon Kull et de Peter Tomashek) qui sont l'un des points forts de ce score d'action/aventure dans la plus pure tradition du genre. On notera un premier bref passage d'action vers le milieu du 'Main Title' lorsque Jobe est emmené d'urgence dans un hôpital pour être sauvé et ramené à la vie. A noter que le compositeur utilisera de manière assez fréquente des rythmiques de synthétiseur pour renforcer l'excitation qui se dégage de ses puissants morceaux d'action.

Après un 'Main Title' aussi sombre, place à l'aventure et à la grandeur avec l'excellent 'The City' qui nous introduit dans le Los Angeles du futur (les véhicules sont étrangement assez primaires pour l'époque puisqu'ils ressemblent comme deux gouttes d'eau à ceux du 20ème siècle) au son d'une première apparition du magnifique thème principal entendu ici avec un excellent mélange choeur/cuivres/cordes et quelques éléments électroniques discrets pour renforcer le côté futuriste de l'histoire. Le thème apporte ici sa fraîcheur mélodique et sa touche de majestuosité pour un morceau à la fois brillant et plutôt serein évoquant dans un premier temps un certain climat d'innocence paisible puisque l'histoire nous introduit le jeune héros du film et ses amis. Ce thème à la fois majestueux, noble et grandiose exprime à merveille l'idée d'une grande aventure et d'une noble quête. On poursuit dans l'épique avec le superbe 'Kids In Cyberspace' alors que Peter et ses amis volent à l'intérieur du cyberespace au son d'une reprise assez exaltante d'un dérivé du thème principal. Cuivres et cordes s'en donnent ici à coeur joie pour évoquer le frisson de l'aventure héroïque au sein d'une ambiance symphonique épique qui rappellera John Williams. Mais l'héroïsme exaltante ne dure qu'un temps et le ton change brusquement alors que le cyberespace semble être troublé par un élément inattendu. L'action l'emporte très vite avec un premier grand déchaînement orchestral soutenu par une rythmique de synthé pour la poursuite en motos et pour la fin de la scène où les amis de Peter tentent de réveiller ce dernier qui s'est évanoui après avoir reçu un coup de laser dans le cyberespace. On a l'impression d'écouter ici un score action de Jerry Goldsmith tant le résultat obtenu est assez proche de l'esthétique action de l'un des grands maîtres de la musique de film Hollywoodienne.

'Virtual Light Tour' commence de manière épique et héroïque avec un nouveau dérivé du thème principal très cuivré, morceau malheureusement absent du CD, les monteurs ayant décidés d'enchaîner directement sur la seconde partie plus sombre du morceau pour évoquer la séquence nous introduisant à l'institut de Virtual Light. 'Jobe's Realization' nous introduit au sein d'une ambiance plus sombre et menaçante avec quelques traits de cordes plus sombres évoquant le changement de caractère brutal d'un Jobe à qui la réalité virtuelle commence à lui monter à la tête. L'action culmine alors dans l'un des plus excitants morceau d'action du score, le superbe 'The Train', véritable déchaînement orchestral surpuissant de plus de 5 minutes. Si vous êtes fans des grosses musiques d'action tonitruantes, 'Lawnmower Man 2' est décidément fait pour vous, d'autant que le compositeur (maître de son écriture orchestrale) ne va cesser de développer l'action tout au long du film jusqu'à atteindre un climax dans les derniers morceaux du score. 'The Train' est l'exemple même de la musique d'action orchestrale Hollywoodienne dans la plus pure tradition du genre: grand orchestre massif, percussions endiablées, cuivres puissants et cordes virtuoses, rythmiques de synthé, choeur épique, tout est fait ici pour rendre la séquence de l'attaque du train particulièrement intense et excitante même si une fois encore la musique ne fera pas tout à fait le même effet dans le film et sur l'album où l'enregistrement impressionnant de Chris Bibble nous permettra d'en prendre plein les oreilles et ce pour notre plus grand plaisir. Comme nous l'avons déjà signalé un peu plus haut, les morceaux d'action de 'Lawnmower Man 2' se rapprochent beaucoup du style action de Jerry Goldsmith, et 'The Train' n'échappe pas à la règle.

Le très beau 'Jobe's Theme' nous permet de retrouver une magnifique écriture de cordes/vents avec quelques choeurs plus paisibles pour un thème qui sera malheureusement quasi absent du film ('Jobe's Theme' n'est d'ailleurs pas vraiment utilisé dans le film alors qu'il s'agit pourtant de l'un des plus beaux morceaux du score) et qui exprime le côté innocent et paisible d'un homme qui s'est réfugié dans la réalité virtuelle et qui va alors se prendre pour un Dieu avec le soutien du maléfique Jonathan Walker. Toujours dans le côté sombre du personnage de Jobe, le début de 'Institute Recon' nous décrit avec chaos le crash de l'avion du sénateur que Jobe provoque en direct en s'infiltrant dans les contrôles des commandes de l'avion. Suivent ensuite la scène où Jobe supprime un scientifique un peu trop curieux (à noter l'excellente montée de tension avec ces petits rythmes de clave et ces cordes/cuivres de plus en plus dissonants). La dernière partie du morceau décrit la séquence où Cori Platt vient voler un dossier à l'institut, Folk réutilisant ici aussi son petit rythme de clave avec une utilisation plutôt étrange d'un son de flûte de pan en écho, un élément sonore plutôt inattendue et un peu gratuit puisqu'il n'a aucun lien apparent avec les images de la séquence en question (une idée plutôt bizarre de la part du compositeur).

Folk commence alors à faire monter de plus en plus la tension et c'est 'Stealing The Kiron Chip' qui est là pour nous le prouver avec brio: cuivres déterminés, cordes tendues, percussions omniprésentes, le tout baignant au sein d'orchestrations toujours denses, un autre point fort du score de 'Lawnmower Man 2' (peut être même un peu trop dense par moment), le morceau débouchant sur l'excitant 'The Alarm' pour la confrontation avec les gardes après que Trace et Peter se soient emparés du processeur en ayant déclenché l'alarme malgré eux. Nouveau morceau d'action tonitruant, 'The Alarm' (soutenu par une basse de synthé qui rappelle par moment 'Total Recall' de Jerry Goldsmith) nous montre une fois encore avec panache le brio de l'écriture orchestrale du compositeur et sa maîtrise impressionnante des différents éléments de l'orchestre (et un sens apparemment assez pointu de la rythmique orchestrale) pour un autre passage qui sonne de manière assez dense et puissante (à l'instar de 'The Train') au sein de la scène en question. On respire enfin le temps d'une courte pause avec le tendre 'Inspecting The Kiron Chip' dans lequel Benjamin et Cori inspectent ensemble le processeur avant de découvrir qu'il s'agit en fait d'une supercherie et que le véritable processeur se trouve toujours chez Walker à Virtual Light. 'The President' évoque quand à lui la montée en puissance de Jobe qui commence à faire l'étalage de ses nouveaux pouvoirs à travers la réalité virtuelle (utilisation toujours impressionnante des choeurs), cette fois ci en compagnie du président des Etats-Unis et de son entourage. Le compte à rebours commence alors, car dans 12 heures, Jobe sera en mesure de contrôler tous les systèmes informatiques du monde entier.

'Jobe's War' évoque alors la folie destructrice d'un Jobe devenu fou et incontrôlable. L'action repart alors de plus belle pour la séquence de l'attaque de l'hélicoptère. 'Streets of Anarchy' évoque à son tour les conséquences des méfaits de Jobe, le morceau commençant de manière plus dramatique avec une vague reprise minorisée du thème principal comme pour évoquer la gravité de la situation alors que Jobe est en train de semer le chaos dans les rues de la ville. A parti de ce moment là, on sent très bien l'idée du compte à rebours que le compositeur a parfaitement cerné au sein même de sa composition et à travers de larges montées de tension au sein même d'une écriture action montrant tout le talent du compositeur dans l'exercice périlleux du déchaînement orchestral (soutenu par ces rythmiques de synthé à la Goldsmith). L'action culmine alors dans l'excitant et très intense 'Virtual Reality Background' pour l'affrontement final contre Jobe (duel à l'épée) et Benjamin au sein même de sa cité virtuelle. Les héros triomphent à la fin de 'Kiron Explosion' avec une reprise héroïque du superbe thème principal (un peu trop délaissé durant le film), Folk reprenant enfin le thème principal dans sa plus belle version intégrale avec le superbe 'Finale' épique à souhait, les choeurs venant rejoindre l'orchestre apaisé pour un final plutôt épique et grandiose à souhait évoquant le triomphe du bien contre le mal.

Difficile de croire qu'une BO de telle qualité a pu être écrite pour l'un des plus mauvais films américain du milieu des années 90, et pourtant - comble du paradoxe - c'est bel et bien le cas! Si vous êtes fans des gros scores d'action et des déchaînements orchestraux massifs, 'Lawmower Man 2: Beyond Cyberspace' ne pourra que vous ravir. On pourra regretter le côté un peu trop répétitif du score ou le manque de personnalité d'une composition oscillant parfois entre Jerry Goldsmith et John Williams. Mais que l'on se rassure, les 'influences' s'arrêtent là, Folk ayant réussi à construire une grande partition symphonique captivante et excitante à défaut d'être particulièrement original. Voilà un bien un score méconnu qui est très vite tombé dans l'oubli à cause du bide monumental du film et de la pluie impressionnante de mauvaises critiques qu'il a reçu un peu partout dans la presse et sur Internet. Pourtant, il n'y a rien de plus injuste que de condamner ainsi un tel score alors que ce dernier est à des années lumière de la médiocrité irritante du navet de Farhad Mann. Alors si vous voulez suivre mon conseil, partez découvrir cet excellent score orchestral de l'un des compositeurs Hollywoodiens les plus sous-estimé du moment.


---Quentin Billard