1-Remus* 1.58
2-The Box 2.20
3-My Right Arm 1.02
4-Odds and Ends 4.37
5-Repairs+ 6.26
6-The Knife 3.09
7-Ideals 2.15
8-The Mirror 5.21
9-The Scorpion+ 2.21
10-Lateral Run 3.54
11-Engage 2.12
12-Final Flight 3.47
13-A New Friend 2.36
14-A New Ending*++ 6.08

*Contient "Theme From Star Trek
The TV Series" composé par
Alexander Courage
+Contient "Theme From Star Trek:
The Motion Picture" composé par
Jerry Goldsmith
++Contient 'Blue Skies'
composé parIrving Berlin

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6412

Album produit par:
Jerry Goldsmith
Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Ken Hall
Assistant de Mr.Goldsmith:
Lois Carruth

Artwork and pictures (c) 2002 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
STAR TREK:
NEMESIS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Dixième épisode très attendu des aventures de l'Enterprise, 'Star Trek Nemesis' est un film grandiose qui annonce déjà quelques changements au sein même de l'univers des futurs films de la franchise. On y retrouve une fois de plus l'équipage de Jean-Luc Picard (Patrick Stewart) dans une sombre aventure où il est question d'un clone menaçant et beaucoup plus jeune de Picard, l'étrange Shinzon (interprétation remarquable du jeune Tom Hardy qui a débuté dans la série 'Band of Brothers' diffusé l'été dernier en France). Après avoir fêté les noces de Riker (Jonathan Frakes) et de Troi (Marina Sirtis), Picard est contacté par les dirigeants de Star Fleet qui lui demandent de se rendre vers la planète Romulus pour une mission diplomatique. Effectivement, des rumeurs prétendraient que les Romuliens seraient prêts à signer un traité de paix avec la fédération mais après avoir rencontré le nouveau prêteur Romulien, Shinzon, Picard comprend tout de suite que la paix ne fait pas du tout partie de ses intentions. Shinzon se révèle être un individu particulièrement dangereux qui profitera, à l'occasion, des pouvoirs télépathiques de son bras droit Viceroy (Ron Perlman) pour essayer de violer Deanna Troi en s'infiltrant dans son esprit. Après une rencontre avec Shinzon, Picard en est arrivé à la conclusion qu'il ne pourrait pas s'entendre avec lui, leurs idéaux divergeant considérablement. Pour Picard, ce jeune clone Rémien/humain est sa face obscure, ce qu'il aurait pu être s'il avait vécu la même vie que Shinzon. C'est en tout cas ce que ce dernier essaie de faire comprendre à Picard, surtout lorsqu'il prend l'image du 'miroir'. Mais Shinzon n'a rien en commun avec Picard, et ca, il le sait: c'est un être haineux et belliqueux qui vit depuis son enfance avec l'idée de vengeance contre les Romuliens qui l'ont opprimés et réduis injustement à l'état d'esclavage. Aujourd'hui, Shinzon veut anéantir la fédération et détruire définitivement la terre, mais c'est sans compter sur l'équipage de Picard et de l'Enterprise qui se mettra en travers de son chemin et lui empêchera de mener à bien ses sinistres desseins. Commencera alors une grande bataille spatiale qui verra s'affronter l'Enterprise et le Scimitar, un gigantesque 'oiseau de proie' invisible qui a aussi le pouvoir de lancer une attaque d'un gaz mortel que Shinzon a déjà utilisé au début pour assassiner les membres du sénat Romulien.

Pour certains 'trekkies' (ou fan des Star Trek si vous préférez), ce dixième épisode est une étonnante déception, du pour la plupart à un réalisateur (Stuart Baird, réalisateur de deux films d'action plutôt passables, 'Executive Decision' et 'U.S. Marshals') accusé d'avoir tout sacrifié à l'action sur cet épisode, ce qui n'est pas vraiment vrai en vérité puisque ce n'est que la dernière partie du film qui tourne vraiment à l'action. A ce sujet, 'Star Trek Nemesis' contient la plus belle séquence de bataille spatiale que l'on n'a jamais vu dans toute la saga. La séquence où l'Enterprise fonce droit sur le Scimitar est assez ahurissante et magnifique visuellement. Il est vrai que la plupart des 'Star Trek' ne mettaient pas autant l'accent sur les batailles spatiales mais dans le cas de 'Star Trek Nemesis', c'est un long affrontement de plus d'une demie heure auquel nous serons convié. Cependant, il serait dommage de ne retenir que cela du film puisque ce dernier aborde aussi un plan plus existentiel avec une brève réflexion sur ce qui va la nature de l'homme: ce qui nous pousse à devenir meilleur jour après jour. Certes, c'est une vision très optimiste de la nature humaine mais face au sinistre Shinzon qui prétend être un clone parfait de Picard, le message est d'autant plus fort qu'il s'applique aussi à Data (Brent Spiner), autre personnage qui va lui aussi rencontrer son clone au cours de ce film. (à noter que Data aura une plus grande importance dans cet épisode) C'est la première fois qu'un épisode de 'Star Trek' met autant de temps à être réalisé et à sortir après l'avant-dernier épisode (quatre ans au lieu des 2 ans/3 ans habituel) et ce délai plus long accordé à ce dixième opus semble refléter l'envie de la production d'apporter du sang neuf à ce film qui annonce déjà la fin de l'univers installé par la série 'Star Trek: The Next Generations'. Pour en finir avec les critiques, ces dernières ont aussi accusés les scénaristes d'avoir honteusement plagiés 'Star Trek II: The Wrath of Khan' puisque le scénario est effectivement assez similaire. Pourtant, pour peu que l'on soit attentif au film, ce dixième épisode devrait captiver notre attention jusqu'au final émouvant annonçant le tournant tant attendu dans la saga. Reste à savoir quels acteurs prendront le relais si la production ne fait plus appel à eux pour le prochain épisode de la saga.

Jerry Goldsmith retrouve pour la cinquième fois la saga ‘Star Trek' pour lequel le maestro nous livre son ultime partition orchestrale, nettement plus sombre que son précédent opus musical pour 'Star Trek Insurrection' (qui avait d’ailleurs reçu un accueil plutôt mitigé). C'est la troisième fois que le compositeur collabore avec Stuart Baird puisque ce dernier avait déjà fait appel au maître californien sur 'Executive Decision' et 'U.S. Marshals'. Avec ‘Star Trek Nemesis’, Jerry Goldsmith semble s'être clairement orienté ici vers le style de ses partitions d’action/suspense habituelles telles que 'U.S. Marshals' ou 'Deep Rising', qui semblent avoir tout deux servi de point de repère majeur pour ‘Star Trek Nemesis’, à tel point que Goldsmith est même allé ici jusqu'à imiter son fameux thème en tritons associé au monstre aquatique dans le film de Stephen Sommers. Ainsi donc, le nouveau thème de 'Star Trek Nemesis' risque fort de passer inaperçu à la première écoute, un fait assez regrettable étant donné que 'First Contact' et 'Insurrection' possédaient pourtant un thème particulièrement mémorable. ‘Star Trek Nemesis' se veut ainsi plus distant, plus froid et surtout beaucoup plus noir, avec un nouveau thème qui rappelle d’ailleurs un motif d’action entendu dans ‘U.S. Marshals’.

Le film débute au son de 'Remus', morceau qui nous fait rentrer d'emblée dans le caractère plus mystérieux de ce nouveau score. Cette introduction offre à Goldsmith l’occasion d'asseoir son matériau électronique qui rappelle beaucoup ici les sons de synthétiseur employés dans 'Executive Decision' ou 'U.S. Marshals'. Après la traditionnelle fanfare d'Alexandre Courage toujours parfaitement ancrée dans l'univers musical des 'Star Trek' (même la fanfare résonne ici de manière un peu plus sombre), Jerry Goldsmith enchaîne directement sur le nouveau thème principal, associé ici à la menace de Praeter Shinzon, un mystérieux clone rajeunit du capitaine Picard. Confié aux cors avec quelques cordes en suspend et une rythmique électronique renforcé par les timbales, ce leitmotiv du grand méchant de service renforcera tout au long du film le sentiment de menace et de tension. 'The Box' prolonge l'ambiance sombre de la fin de 'Remus' pour la séquence du carnage dans le sénat Romulien au début du film. C'est dans ce morceau que le compositeur installe ses nouvelles sonorités électroniques parfaitement associées au sinistre Shinzon, sonorités synthétiques qui côtoieront le motif menaçant afin de renforcer à leur tour l'idée du danger associée au nouvel ennemi du capitaine Picard. Traversé par une très grande noirceur, 'The Box' s’agite soudainement avec un rythme agressif et soutenu illustrant la mort des sénateurs par le biais d'un nouveau rappel énergique du thème de Shinzon, qui fait immédiatement penser ici au motif principal de ‘Deep Rising’.

Après un bref 'My Right Arm' plutôt paisible et tendre (scène du mariage de Riker et Troi, Picard en profitant pour rendre hommage à son vieil ami), 'Odds and Ends' nous permet d’entendre le premier grand morceau d'action de la partition de ‘Star Trek Nemesis’. Le morceau débute avec les inquiétantes sonorités électroniques plutôt graves et menaçantes qui instaurent une fois encore une ambiance musicale particulièrement noire et pesante dans le film. Le morceau intervient durant la séquence du désert où Picard et Data récupèrent les restes de l'androïde 'Proto', clone parfait de Data, et ce avant que des mystérieux ennemis surgissant de nulle part attaquent les héros. La seconde partie du morceau s’oriente alors vers l'action pure et dure dans un style qui rappellera beaucoup 'The Mummy', ‘U.S. Marshals’ ou même encore 'The 13th Warrior'. Nouveau morceau d'action tonitruant, 'Odds and Ends' permet au compositeur de faire monter la tension au cours de ce bref affrontement dans le désert, le tout dominé par le style rythmique et sophistiqué typique du compositeur.

'Repairs' nous permet de respirer un peu avec ici une allusion au motif de cinq notes de 'Star Trek First Contact'. L’ambiance tourne à nouveau au suspense pour rappeler le fait que la menace de Shinzon est toujours omniprésente (excellente utilisation des sonorités électroniques qui créent ici une atmosphère assez lugubre, très éloignée des précédentes partitions de la saga ‘Star Trek’!). Le compositeur fait brièvement allusion à son célèbre thème de 'Star Trek The Motion Picture' pour une séquence à bord de l'Enterprise, la dernière partie du morceau reprenant à nouveau le motif menaçant de Shinzon soutenu par des rythmiques synthétiques plus présentes. 'The Knife' est quand à lui l’un des plus sinistres morceaux du score de ‘Star Trek Nemesis’, une pièce atmosphérique plus proche des partitions thriller/suspense du compositeur que de l'univers musical 'Star Trek' en général. Dans cette scène, Shinzon utilise son couteau pour y faire couler dessus une goutte de son sang et l’offrir à Picard afin qu'il puisse analyser l'ADN et constater par lui même qu'ils sont tout les deux issus du même sang. Une fois encore, ce sont les sonorités électroniques sinistres associées au redoutable Shinzon qui renforcent l'ambiance glauque du morceau avec des cordes lentes et des bois froids qui rappellent vaguement par moment les passages plus mystérieux de la partition de 'Leviathan' .

'The Mirror' permet alors à Jerry Goldsmith de revenir progressivement vers l'action après de nombreux passages plus lents et atmosphériques. Si l’ouverture du morceau débute sur une atmosphère mystérieuse à la 'Leviathan', c'est après une longue montée de tension qui le compositeur va renouer avec son matériau action tandis que Picard et Data tentent de s'échapper du vaisseau de Shinzon en empruntant un des véhicules Scorpion. Goldsmith illustre cette scène d’affrontement avec les sbires du méchant dans les couloirs de son vaisseau en installant une rythmique orchestrale excitante constituée de rythmes syncopés et de formules rythmiques qui évoquent beaucoup ici une sorte de mélange entre Stravinski et Bartok - excellent contre-chant mélodique à 4:30, confié à un mélange piano/xylophone, véhiculant par dessus la rythmique imposé par les cuivres et les timbales. Le morceau débouche sur l'excellent 'The Scorpion' dont le début ressemble étrangement à la rythmique du ‘The Dream’ de 'Total Recall'. 'The Scorpion' est sans aucun doute l'un des meilleurs morceaux d'action du score de Goldsmith, reposant ici sur une excellente écriture de cordes avec une rythmique synthétique soutenue, un mélange caisse claire/timbales et des cuivres déterminés typiquement du compositeur. On regrettera simplement le côté trop bref voire épisodique de ces morceaux d'action qui ne sont pas assez long sur l'album et qui nous donnent toujours envie d'en entendre plus (le morceau se conclut sur un bref rappel héroïque du thème de 'Star Trek The Motion Picture').

Avec 'Lateral Run', Goldsmith illustre la confrontation finale entre l'Enterprise et le vaisseau Scimitar de Shinzon. Ce nouveau morceau d'action fait monter la tension au cours de cet affrontement sans pitié qui offre enfin l'occasion à Jerry Goldsmith de réutiliser une série de variantes basées sur le motif de Shinzon, l'affrontement se poursuivant sur le sombre 'Engage' (tentative désespérée de la part de Picard qui fonce comme un fou sur le vaisseau de Shinzon). C'est l'excellent 'Final Flight' qui évoque finalement la conclusion de cet affrontement avec un bref passage de cors héroïques lorsque Data fait son grand saut dans le vide pour rejoindre le vaisseau de Shinzon qui se prépare à lancer son attaque de gaz mortel sur l'Enterprise. L'action culmine ici dans un climax particulièrement puissant où le thème de Shinzon subit de nombreuses mutations au sein même des différents pupitres de l'orchestre (cors, trombones, cordes, bois, etc.). On notera ici l'utilisation d'un ostinato martial qui évoque assez clairement le fameux 'Mars' des 'Planètes' de Gustav Holst, une figure emblématique quasi obligée dans la représentation musicale de scènes de bataille épiques.

L’aventure touche à sa fin avec le paisible 'A New Friend' (Picard a recueilli Proto, le clone de Data), apportant une petite touche d'humanité au sein même d’un score somme toute extrêmement sombre et froid (on retrouve une fois encore le motif de cinq notes de 'Star Trek First Contact'), un morceau plus émouvant suggérant les dernières pensées existentielles de Picard lorsque ce dernier s'adresse avec mélancolie à Proto. La partition s’achève enfin avec 'A New Ending' - qui reprend au passage un bout de la chanson 'Blue Skies' d'Irving Berlin – ‘A New Ending’ nous offre ainsi la traditionnelle reprise du célèbre thème de 'Star Trek The Motion Picture' que Goldsmith réadapte ici sous une forme un peu plus lente, le milieu du morceau dévoilant le côté plus mélancolique et paisible de la partition qui semble annoncer les adieux du compositeur à l'univers instauré dans la saga par de 'Star Trek: The Next Generation', des adieux somme toute assez poignant lorsque l’on sait que Jerry Goldsmith signe là sa dernière contribution musicale à la saga et aussi l’une de ses dernières musiques de film, d’où une certaine introspection émouvante plus inattendue sur la fin de la partition.

La partition de ‘Star Trek Nemesis’ permet donc à Jerry Goldsmith de revisiter une dernière fois la saga musicale ‘Star Trek’ pour une ultime partition sans grande imagination, résolument tournée vers le passé du compositeur ('Deep Rising', 'U.S. Marshals', 'The Mummy', 'Leviathan', 'Executive Decision', 'Total Recall', etc.). Rappelons qu’en 2002, le maestro est déjà atteint d’un cancer et continue de se battre pour écrire la musique du film tout en luttant contre la maladie. Dans ce contexte, nul ne peut nier que 'Star Trek Nemesis' s’avère être une partition somme toute très réussie, compensant son manque d’idées par une noirceur étonnante et un punch particulier dans les morceaux d’action. Plus introvertie et radicalement plus sombre que les précédents opus de la saga, ‘Star Trek Nemesis’ offre aussi l’occasion au compositeur de se souvenir de certaines de ses anciennes partitions action/suspense des années 90, une façon pour le compositeur de dire adieu à la saga qu’il aura côtoyé à quatre reprises à travers quatre grandes partitions musicales.



---Quentin Billard