1-Far From Home/E.T. Alone 6.49
2-Bait For E.T. 1.43
3-The Beginning of a Friendship 2.50
4-Toys 3.11
5-"I'm Keeping Him" 2.19
6-E.T.'s Powers 2.42
7-E.T. and Elliot Get Drunk 2.53
8-Frogs 2.10
9-At Home (5.37
10-The Magic of Halloween 2.53
11-Sending The Signal 3.57
12-Searching For E.T. 4.16
13-Invading Elliot's House 2.22
14-E.T. is Dying 2.17
15-Losing E.T. 2.00
16-E.T. Is Alive! 4.18
17-Escape/Chase/
Saying Goodbye 15.04
18-End Credits 3.51

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

MCA Records MCAD-11530

Producteur:
John Williams
(et Bruce Botnick pour l'album original)
Producteurs exécutifs:
Colleen A. Benn,
Laurent Bouzereau

Montage de la musique:
Ken Hall

Artwork and pictures (c) 1982 Universal City Studios, Inc./MCA Records, Inc. All rights reserved.

Note: ****
E.T. THE EXTRA TERRESTRIAL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Grand classique du cinéma que l’on ne présente plus, « E.T. The Extra-Terrestrial » reste un film incontournable dans la filmographie de Steven Spielberg, un chef-d’oeuvre du cinéma hollywoodien des années 80. L’histoire raconte comment l’équipage d’un vaisseau extra-terrestre en pleine mission d’exploration de la vie terrestre, doit s’échapper précipitamment en laissant - par mégarde - l’un des membres de l’équipage sur Terre. Elliott (Henry Thomas), un petit garçon de 11 ans qui vit avec son frère aîné Michael (Robert MacNaughton), sa petite soeur Gertie (Drew Barrymore) et sa mère Mary (Dee Wallace), récemment divorcée, va découvrir le petit E.T. et le ramener chez lui. Très vite, une amitié solide naîtra entre l’humain et l’extra-terrestre, une amitié qui se soldera par une liaison télépathique les reliant mutuellement l’un à l’autre. Mais hélas, les autorités ont retrouvé la trace d’E.T. et finissent par le capturer. C’est alors que l’extra-terrestre tombe malade, entraînant avec lui Elliott qui se trouve relié psychiquement à son nouvel ami, et peut désormais ressentir toutes ses émotions et ses sentiments.

Toute la magie du cinéma de Spielberg se retrouva condensé dans « E.T. », que le réalisateur considère même encore aujourd’hui comme son film le plus intime et le plus personnel. Effectivement, le personnage principal incarné par le jeune Henry Thomas dans le film aurait été inspiré par la propre jeunesse de Spielberg, qui, comme le petit Elliott dans le film, aurait vécu seul sans amis pendant une bonne partie de l’enfance, suite au divorce de ses parents, obligé de s’inventer un ami imaginaire. Et dès cette époque, le jeune Steven nourrit une passion toute particulière pour les OVNI, ce qui l’amena par la suite à évoquer le thème des extra-terrestres à plusieurs reprises dans ses films, avec, pour commencer, le monumental « Close Encounters of the Third Kind » (1977) qui, quelque part, marque déjà les prémisses de « E.T. ». Le film est devenu culte par la suite et est très vite rentré dans la culture populaire, avec son célèbre extra-terrestre, fruit d’un travail d’équipe incroyable entre les spécialistes des effets spéciaux et des animatronics de l’époque (nous sommes encore en 1982 !), E.T. ayant été conçu par Carlo Rambaldi, célèbre artiste italien qui travailla avec John Huston et Joseph L. Mankiewicz dans les années 50/60 avant de concevoir trois de ses plus célèbres travaux : le gorille de « King Kong » version 1976, la tête articulée de l’Alien de Ridley Scott (1979) et bien sûr, l’extra-terrestre du « E.T. » de Spielberg (à noter d’ailleurs qu’il recevra un oscar pour ses trois créations). Le film a ému des milliers de spectateurs à travers le monde entier en racontant cette histoire imaginaire et exceptionnelle de l’amitié entre un jeune humain et un extra-terrestre, une histoire bouleversante de paix entre les races, résolument optimiste et idéalisée, qui fit de « E.T. » l’un des plus grands succès cinématographiques de tous les temps, remportant pour l’occasion 4 Oscars en 1983. A noter qu’après « Close Encounters of the Third Kind », c’est la deuxième fois que Spielberg évoque l’idée d’une rencontre avec des extra-terrestres pacifiques (un fait rare au cinéma, où les aliens sont souvent montrés comme des créatures belliqueuses et guerrières). Entre aventure, magie et émotion, le film de Spielberg fut un triomphe total sur tous les plans, permettant ainsi au réalisateur de créer par la suite sa propre société de production, Amblin Entertainment, dont le logo reprend d’ailleurs le plan de la scène anthologique du film où le vélo du jeune Elliott passe devant la lune.

John Williams a composé l’une de ses plus grandes partitions pour le film de Steven Spielberg, une oeuvre symphonique au classicisme d’écriture évident, inspiré des grands maîtres romantiques/postromantiques du 19ème siècle, Richard Strauss, Richard Wagner, et les compositeurs du 20ème siècle comme Serguei Prokofiev ou Howard Hanson. La partition de « E.T. » a contribué très nettement au succès populaire du film de Spielberg, qui, sans la musique extraordinaire de John Williams, n’aurait jamais pu créer un film aussi exceptionnel que « E.T. ». Articulé autour de deux thèmes principaux, John Williams a composé une partition symphonique rafraîchissante et pleine de vie pour le film de Spielberg. Le premier thème évoque l'amitié entre Elliot et E.T., le deuxième thème évoquant quand à lui l'aventure des deux amis. A noter que le thème principal fait partie des grandes mélodies célèbres de John Williams, une mélodie aérienne et majestueuse illustrant la magie de l’aventure à travers de grandes envolées orchestrales grandioses de toute beauté. Confié la plupart du temps aux cordes, on entend essentiellement ce thème lorsque Elliot et ET partent ensemble à l'aventure. Le second thème, plus connu sous le nom de « Over the Moon », évoque quand à lui l'excitation de l’aventure, mélodie toute aussi aérienne et majestueuse, confiée parfois aux cordes ou au piano, dans une écriture pianiste classique et élégante, dont les grands arpèges raffinés et brillants ne sont pas sans rappeler les concertos de Lizst ou de Rachmaninov. On notera par exemple l'utilisation de ce thème pour la très célèbre séquence anthologique du vol du vélo devant la lune. A ce sujet, Spielberg ne tarie pas d’éloge au sujet de l’oeuvre de son grand complice de toujours :

« Au cours de ces dix dernières années et avec six films fait ensemble, John Williams a apporté une force créatrice incommensurable sur chacun de mes films. Cela devrait être évident pour tous ceux qui ont remarqué que John était la voix de « Jaws », l’âme de « Close Encounters of the Third Kind » et les pulsations cardiaques furieuses de « Raiders of the Lost Ark ». La partition de John pour « E.T. » est très différente de ses oeuvres précédentes. C’est une musique reposante et bienveillante. C’est une musique effrayante et tendue et, vers le climax du film, une musique plus opératique. Pour moi, c’est le meilleur travail de John Williams sur l’un de mes films. John Williams est « E.T. » ! » --- Steven Spielberg (1982)

La musique de John Williams apporte donc une énergie et une richesse incroyable au film de Spielberg, illustrant dans un premier temps le mystère alors que la caméra ne fait que suggérer la présence d'ET (« Far from Home/E.T. Alone »), tandis que des individus mystérieux en combinaison recherchent l'extra-terrestre dans un coin isolé (« Bait for E.T. »). John Williams suggère d'ailleurs la présence de ces individus par un petit motif assez sombre et inquiétant. Le morceau introductif nous permet d’ailleurs d’entendre déjà les premières notes du thème de la découverte, un grand thème d’une dizaine de notes associé à l’OVNI et à l’extra-terrestre, qui culminera plus particulièrement lors du climax final (« Saying Goodbye »), et que l’on entend joué ici par une flûte dans « Far from Home ». Comme toujours, le compositeur développe ici ses orchestrations savamment élaborées et dignes des grands maîtres d’antan, avec un travail remarquable autour des différentes couleurs instrumentales : harpe, cordes, bois, cors, etc. Et pour la scène de l’apparition des hommes en combinaison, on retrouve ici une atmosphère de suspense plus sombre et tendue proche de ce que le maestro fit sur les passages plus noirs de « Close Encounters of the Third Kind ». La partie finale de « E.T. Alone » pourrait presque faire penser par moment à la noirceur mystérieuse des passages de l’arche de l’alliance dans « Raiders of the Lost Ark » (1981). « Bait for E.T. » développe le motif des agents du gouvernement avec son mélange bassons/clarinette basse menaçant du plus bel effet, motif qui rappelle parfois l’esprit du thème impérial de « The Empire Strikes Back » (1980).

La rencontre entre ET et Elliot est caractérisée musicalement dans le film par une musique plus majestueuse, touchante, énergique, accentuée par les deux thèmes du film. Williams décrit avec une certaine sensibilité l’amitié naissante entre les deux individus dans « Beginning of a Friendship », utilisant un thème secondaire essentiellement écrit pour la harpe, un instrument que l’on retrouvera durant une bonne partie des passages plus intimes de la première partie du score, comme c’est le cas dans « Toys », la harpe exprimant ici l’innocence du petit extra-terrestre et son plaisir d’être sur terre en compagnie de son nouvel ami. La harpe reste aussi très présente dans des morceaux tels que « I’m Keeping Him » ou « E.T.’s Powers », où la musique devient légèrement plus sombre et inquiétante avec ses trémolos de cordes, lorsque E.T. commence à montrer ses pouvoirs à son nouvel ami. Le compositeur nous offre même un peu d’humour dans « E.T. and Elliott Get Drunk » lorsque les deux compères se soulent par mégarde, un morceau aux rythmes plus grotesques qui rappelle Stravinsky et Prokofiev. Hélas, les jeux enfantins et l’innocence du début sera très vite interrompue par un retour du leitmotiv menaçant des agents gouvernementaux entendu dans « At Home », lorsque l’équipe de Keys (Peter Coyote) recherche l’extra-terrestre près de la banlieue où habite Elliott et sa famille. A noter que le motif des bad guys revient d’ailleurs dans « I’m Keeping Him » et aboutira à une reprise plus sombre dans « Invading Elliott’s House », morceau qui illustre la scène où les agents envahissent la maison d’Elliott pour capturer E.T. Toujours soucieux de varier son approche musicale sur les images tout en jouant avec ses différentes couleurs instrumentales en association avec le sens du film, Williams surprend en utilisant de manière plus inattendue un orgue dans « Invading Elliott’s House » qui, avec ses harmonies plus dramatiques et ténébreuses des cordes, suggère clairement le danger et la menace qui pèsent sur E.T. (on n’est guère loin par moment ici du style d’un Bernard Herrmann !).

La harpe d’E.T. revient dans le poignant « E.T.’s Dying », sans aucun doute l’une des scènes les plus émouvantes du film de Spielberg, illustrée ici avec beaucoup de tact et de sensibilité par le maestro, aboutissant au poignant et élégiaque « Losing E.T. » avec ses cordes plaintives évoquant Mahler. Dans le même ordre d’idée, « E.T. is Alive ! » permet au compositeur de mettre en avant des orchestrations plus mouvementées et des couleurs instrumentales plus poignantes et optimistes lorsque E.T. ressuscite après avoir été capturé par les agents du gouvernement - on retrouve d’ailleurs ici le superbe thème principal exposé fièrement par des cors et des cordes. Finalement, la conclusion du film se fera autour du retour d'E.T. à son vaisseau. « Escape/Chase/Saying Goodbye » fait partie des grandes pièces d'aventure de John Williams : débutant ainsi de manière très espiègle, le caractère rafraîchissant et jamais sauvage de sa musique vient nous rappeler le contexte plutôt juvénile de la scène. C'est probablement de là que provient ce côté si rafraîchissant de la musique de Williams (un élément récurrent chez Spielberg !). Le retour des thèmes principaux se fait ici de manière plus puissante et marquée, avec des orchestrations plus cuivrées et majestueuses. La musique illustre alors l’évasion d'E.T. aidé par ses amis, musique plus rythmée et cuivrée soutenue par une écriture brillante et maîtrisée. A noter que « Escape/Chase/Saying Goodbye » développe un motif de flûtes/célesta brillant et énergique, inspiré d’un mouvement de la « 2ème Symphonie » dite « Romantique » de Howard Hanson. Comme souvent chez John Williams, les références classiques sont nombreuses mais maîtrisées, le compositeur apportant ici sa propre personnalité pour accompagner avec virtuosité les images du film. Rarement une musique de film aura évoqué l’aventure avec une telle exubérance que dans « Escape/Chase/Saying Goodbye » et ses cuivres héroïques et majestueux, 15 minutes d’anthologie pure durant lesquelles les principaux thèmes sont repris, incluant le thème de la découverte entendu au début du film. C’est aussi le moment pour le compositeur de développer de façon plus grandiose et aérienne le thème d’aventure et le thème principal avec ces célèbres envolées orchestrales incluant un passage pour piano et orchestre de toute beauté - digne des grands concertos classiques d’antan.

La dernière partie du morceau se conclut finalement avec les adieux touchants d'ET et d'Elliott. John Williams ne tombe jamais dans le mélo et apporte une conclusion plus touchante et optimiste à cette grande aventure, reprenant pour l’occasion le thème de la découverte dans une version conclusive grandiose et triomphante pour un superbe tutti orchestral, alors que l’on voit l’OVNI d’E.T. décoller dans le ciel et prendre son envol. Cette reprise puissante du thème aux cuivres n’est d’ailleurs pas sans rappeler la coda de l’ouverture de « Ainsi parlait Zarathoustra » de Richard Strauss. Le morceau évoque donc, avec sa montée progressive lorsque qu'ET rentre dans son vaisseau pour quitter la terre, la victoire du petit extra-terrestre et ses retrouvailles avec sa famille, mais aussi la fin d'une grande aventure qui restera à jamais gravée dans la mémoire du jeune Elliott, une coda grandiose pour le final du film, une scène qui - chose assez exceptionnelle - obligea d’ailleurs Spielberg a remonter la scène entière pour pouvoir l’adapter à la musique de John Williams, fait rare au cinéma qui rappelle aussi la façon de travailler des deux hommes sur « Close Encounters of the Third Kind », preuve de la richesse exceptionnelle de la collaboration Spielberg/Williams. Le générique de fin nous propose enfin une reprise des différents thèmes principaux de l’œuvre dans une suite symphonique du plus bel effet !

« E.T. The Extra-Terrestrial » reste à ce jour l’une des partitions fondamentales dans la collaboration Spielberg/Williams, une oeuvre symphonique extrêmement élaborée et très classique d’esprit, qui apporte une émotion et une richesse incroyable au film de Spielberg. Inspirée de bout en bout, savamment écrite et orchestrée, avec ses thèmes célèbres et mémorables, la musique de « E.T. » fait incontestablement partie des chefs-d’oeuvre de la musique de film, une partition devenue très populaire au fil des années (en témoigne par exemple le nombre de réédition CD du score !), un score à ne manquer sous aucun prétexte !



---Quentin Billard