1-Sampo (Opening Shudaika)
(La ballade -
thème d'ouverture)* 2.43
2-Gogatsu no Mura
(Le Village au mois de Mai) 1.38
3-Obake Yashiki!
(La maison hantée) 1.23
4-Mei to Susuwatari
(Mei et les boules de suie) 1.34
5-Yuugure no Kaze
(Le vent du matin) 1.01
6-Kowakunai
(Même pas peur) 0.43
7-Omimai ni Ikou
(Allons à l'Hôpital) 1.22
8-Okaasan
(Maman)* 1.06
9-Chiisana Obake
(Le petit monstre) 3.54
10-Totoro
(Totoro) 2.49
11-Tsukamori no Taiju
(L'arbre de la forêt
de Tukamori) 2.15
12-Maigo
(L'enfant perdu)* 3.48
13-Kaze no Toorimichi
(le chemin du vent) 3.16
14-Zubunure Obake
(Le monstre tout mouillé) 2.33
15-Tsukiyo no Hikou
(L'envol au clair de lune) 2.05
16-Mei ga Inai
(Mei a disparu) 2.32
17-Nekobasu
(Nekobus) 2.11
18-Yokatane
(Je suis triste) 1.15
19-Tonari no Totoro
(Ending Shudaika)
(Mon voisin Totoro -
chanson de fin)* 4.14
20-Sampo (La ballade)** 2.43

*Interprété par Azumi Inoue
**Interprété par Azumi Inoue et
le Suginami Children's Choir

Musique  composée par:

Joe Hisaishi

Editeur:

Tokuma Japan Communications
TKCA-71026

Arrangements:
Joe Hisaishi, Yayoi Hirabe,
Akihisa Takeishi

Paroles des chansons:
Shun Miyazaki, Rieko Nakagawa

Artwork and pictures (c) 1988 Studio Ghibli Records/Tokuma Japan Communications Co. ltd. All rights reserved.

Note: ****
TONARI NO TOTORO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joe Hisaishi
Bien avant les grands classiques que sont 'Le voyage de Chihiro', 'Princesse Mononoké' ou bien encore 'Porco Rosso', Hayao Miyazaki nous livrait 'Tonari no Totoro' (Mon voisin Totoro), l'un de ses films les plus attachants et peut être l'un de ses films les plus personnels. Couleurs vives, douceur de vivre, personnages attachants, ambiance enfantine et fantaisiste, tout est fait pour nous faire passer un agréable moment. 'Mon voisin Totoro' est aussi important pour Miyazaki car il s'agit du film emblème pour la maison d'édition du célèbre réalisateur japonais, 'Sudio Ghibli'. Effectivement, la boîte de production de Miyazaki utilise depuis ce film le personnage du gros Totoro comme mascotte officielle de sa boîte, preuve du succès qu'a rencontré le film à sa sortie au Japon et en Europe. Si vous cherchez le Miyazaki du 'Laputa' ou de 'Princesse Mononoké', vous risquerez fort d'être déçu avec ce film, car 'Mon voisin Totoro' est destiné avant tout aux enfants. Pas de méchanceté, pas d'enjeux guerriers, pas de combat épique et pas de violence ici: Miyazaki nous transporte dans la campagne japonaise des années 50, où l'homme et la nature vivent en parfaite harmonie. Satsuki et Mei sont les deux petites héroïnes du film, deux jeunes filles venues s'installer avec leur père à la campagne en attendant le retour de leur mère qui est encore à l'hôpital. Les deux frangines font très vite connaissance avec les lieux et s'émerveillent même de la grandeur du gigantesque arbre qui se trouve à proximité de leur nouvelle demeure. Après avoir pourchassé deux petits êtres étranges à travers une mystérieuse clairière, Mei découvre Totoro, le gardien de la forêt qui vit paisiblement dans le trou d'un arbre et veille sur ce monde d'une rare beauté. Mais derrière l'aspect imposant de Totoro se cache un être sympathique et rigolo, qui dort le jour et crie très fort lorsqu'il veut appeler le chat-bus invisible qui le transporte partout où il veut aller.

Derrière cette petite histoire naïve et innocente se cache néanmoins un véritable message au centre même du film: 'Mon Voisin Totoro' est un film résolument écologiste. Alors que la société japonaise d'aujourd'hui a tendance à s'urbaniser jusqu'à épuisement, le réalisateur nippon nous propose un merveilleux retour aux sources, à une époque où les paysans cultivaient les rizières et où chacun savaient vivre paisiblement sans se presser. On y retrouve quelque part aussi la philosophie animiste japonaise qui veut que chaque être sur terre soit doué d'une âme, y compris la nature et les arbres. Ce côté spirituel est d'ailleurs un élément majeur du style de Miyazaki puisqu'on le retrouvera aussi dans 'Princesse Mononoké' sous une forme plus guerrière, épique et violente (rappelons que ce film raconte l'histoire du combat entre les hommes et la nature). Derrière la métaphore du gros et gentil Totoro se trouve une fable enfantine au message fort: il faut aimer et respecter la nature. Dans l'esprit du réalisateur, c'est très clair: Miyazaki invite ses camarades nippons (ses films sont souvent directement destinés au public japonais avant de prévoir une commercialisation en Europe) à retourner à leurs racines, à leur terre natale, à leurs origines: la nature. Difficile de rester insensible devant un spectacle d'une telle beauté. A une époque où tout va de plus en plus en vite et où le cinéma montre l'humanité sous une figure de plus en plus négative, Miyazaki savait déjà à cette époque nous prouver que l'on pouvait encore rêver et s'évader aujourd'hui. Plein de tendresse, de gaieté et de douceur de vivre, 'Mon Voisin Totoro' est une véritable pause de relaxation, un hymne vibrant à la nature et à son immense beauté, une fable paisible et poétique sur la magie de l'enfance, sans artifices, en tout simplicité. La narration est purement linéaire et le film se déroule lentement, très lentement. Pas d'effets de mise en scène, pas de coups de théâtre et pas de surprise particulière. C'est pour cela qu'entre 'Tenku no shiro Rapyuta' et 'Majo no takkyubin' (Kiki's Delivery Service), 'Mon voisin Totoro' est un peu à part dans la filmographie de Miyazaki: le réalisateur privilégie tout ici au côté paisible de l'histoire et des personnages, comme pour renforcer cette impression de bien-être au sein même de cette nature chaleureuse et accueillante qui saura récompenser ceux qui se montrent respectueux envers elle (d'où le message écologique du film). Les moments drôles ne manquent pas: ma petite Mei poursuivant le petit bonhomme blanc qui disparaît tout seul, la scène sur le ventre du Totoro, la séquence du chat-bus, etc. Si le film est à conseiller aux plus jeunes, les 'grands' sauront probablement apprécier ce petit bijou de douceur de vivre, pour peu qu'ils aient encore gardés leur âme d'enfant et qu'ils soient toujours capable de s'émerveiller. Un chef d'oeuvre de poésie, assurément, un grand classique du film d'animation japonais à ne surtout pas manquer!

Joe Hisaishi retrouve Miyazaki après avoir participé à 'Kaze no tani no Naushika' (1984) et 'Tenku no shiro Rapyuta' (1986). Le score de 'Mon Voisin Totoro' suit très clairement l'esprit du film, une musique simple, poétique, naïve, tendre et nostalgique. Comme dans 'Tenku no shiro Rapyuta', le score d'Hisaishi alterne entre pièces orchestrales et compositions électroniques, une marque de fabrique du compositeur pour ses premières oeuvres musicales sur les films d'animation de Miyazaki. Le score de 'Mon Voisin Totoro' puise sa force dans une thématique franche et agréable: effectivement, la musique d'Hisaishi est constitué d'une série de thèmes alternant entre fraîcheur, tendresse, poésie et jovialité. Le film s'ouvre sur 'La balade - thème d'ouverture', chanson écrite pour synthé et interprété par Azumi Inoue. 'La balade' retranscrit à merveille la gaieté paisible de l'histoire sous la forme d'une petite marche amusante et légère (le début du morceau simule des cornemuses écossaises avec une pastiche d'un rythme de marche), le tout confié à des synthés un brin kitsch mais tout aussi agréables que la chanson en elle même. Rien de tel qu'une telle ouverture entraînante pour rentrer dans le vif du sujet. Hisaishi prolonge cette ambiance de bonne humeur et d'insouciance enfantine avec le très sautillant et pastoral 'Le village au mois de Mai', confié cette fois ci à l'orchestre. Sur un nouveau petit rythme entraînant, cordes et vents sautillants s'en donnent à coeur joie sur une mélodie légère et fortement sympathique, d'une simplicité saisissante. Hisaishi nous invite à partager cette belle petite aventure avec la joie naïve d'un enfant exprimé à travers ce petit thème pastoral très sympa, alors que la petite famille est en route pour leur nouvelle demeure.

On retourne au synthé avec l'amusant et paisible 'La maison hantée', où Mei et Satsuki visitent l'intérieur de la maison pour la première fois. Pour ce morceau sautillant et léger, Hisaishi s'attache à décrire la gaieté de deux jeunes filles toute excitées en explorant cette maison 'hantée' (cf. séquence des noiraudes). A noter que la fin du morceau fait une brève allusion à l'un des thèmes majeurs du score, le thème de la forêt. A propos des noiraudes (ou boules de suie), Hisaishi utilise un morceau bizarre et amusant dans 'Mei et les boules de suie', basé sur quelques samplers de voix et d'instruments (flûte, clarinette, basson) avant de laisser la place au motif sautillant de 'La maison hantée' (les deux jeunes filles continuent de s'amuser dans leur nouvelle maison). Le thème de la forêt apparaît pour de bon dans 'Le vent du matin', confié à une flûte avec harpe, très vite rejoint par un hautbois et des cordes. Le thème de la forêt apparaît de manière plus noble et quasiment plus mélancolique d'esprit. On retrouve ici la veine mélodique typique du compositeur nippon, le style de thème qu'Hisaishi continuera d'écrire par la suite sur des films de Miyazaki.

Hisaishi s'amuse à reprendre le thème d'ouverture dans la balade de 'Allons à l'Hôpital', lorsque Mei, Satsuki et leur père vont à l'hôpital en vélo pour rendre visite à leur mère. Confié au synthé, cette petite marche joyeuse est toujours aussi entraînante et nous rappelle combien l'enfance peut être fraîche et magique. Place à de la poésie pure et dure dans le magnifique 'Maman' confié à la chanteuse Azumi Inoue dans le nouveau thème évoquant ici la mère de Mei et Satsuki. On retrouve une fois de plus cette simplicité mélodique et cette fraîcheur si caractéristique de la musique qu'Hisaishi a écrit pour 'Mon voisin Totoro', exprimant cette fois ci l'affection des deux jeunes filles pour leur mère malade. Après ce passage émouvant (mais trop bref), Hisaishi s'amuse un peu avec 'Le petit monstre', petit passage écrit dans la lignée du mickeymousing américain, frais et sautillant. 'Le petit monstre' évoque la scène où Mei poursuit le petit Totoro à travers la clairière. On notera la manière dont Hisaishi s'amuse à passer d'un instrument à l'autre avec une fluidité étonnante (pizz sautillants, vents légers, trompette en sourdine amusante, etc.). Le morceau est aussi l'occasion pour Hisaishi de nous faire entendre brièvement un nouveau thème, le thème de Totoro, simple, léger et amusant comme il se doit. 'Le petit monstre' est, sans hésiter, le morceau le plus drôle de tout le score d'Hisaishi et aussi l'un des plus attachant.

Après un début électronique assez étrange, 'Totoro' nous fait entendre un autre thème de cordes un brin nostalgique sur les bords et soulignant l'amitié entre les deux fillettes et le gros Totoro. Le thème de la forêt est reéxposé au synthé dans 'L'arbre de la forêt de Tukamori' sous une forme plus majestueuse (rythmique et sonorités électroniques typiques du compositeur) pour la séquence des graines magiques et du gigantesque arbre (il reviendra aussi avec une autre rythmique électronique dans 'Le chemin du vent'). Hisaishi suit ainsi la linéarité du récit en suivant l'histoire de manière paisible, sa stratégie étant de multiplier les thèmes pour suivre de très près la progression dramatique du récit. Avec 'L'envol au clair de lune', Hisaishi a enfin l'occasion d'évoquer dans toute sa splendeur la magie du film pour la séquence où Totoro et les petites filles s'envolent la nuit au clair de lune, Hisaishi réutilisant ici le thème de la forêt suivi de l'amusant thème de Totoro. Le thème de Totoro nous invite clairement à partager une grande aventure dans l'allégresse chère aux enfants, d'autant que l'on retrouve aussi une brève allusion au thème de l'amitié à la fin du morceau. Dans le très beau 'L'enfant perdu', Hisaishi utilise un thème plus poétique interprété ici par Azoumi Inoue, mais dont le compositeur n'a conservé qu'une version instrumentale pour la scène où Satsuki recherche sa soeur perdue. (le thème est très proche du motif principal qu'Hisaishi a écrit pour 'Tenku no shiro Rapyuta' - le château dans le ciel) Le morceau en question se trouve dans 'Mei a disparu', où le thème est d'abord entendu à la flûte, repris ensuite par un hautbois mélancolique et quelques cordes.

Mais point question de larmes ici et malgré une scène légèrement plus triste où Satsuki recherche sa soeur disparue après avoir appris que leur mère ne pourrait pas sortir tout de suite de l'hôpital, Hisaishi repart dans la gaieté et la bonne humeur avec l'excellent 'Nekobus', petit morceau dansant pour la séquence du chat-bus qui emmène Satsuki à la recherche de Mei. Impossible de ne pas se laisser entraîner par ce morceau simple, léger et joyeux typique de l'esprit enfantin du score. Le film finit sur l'amusant thème de Totoro suivi du joli thème de l'amitié confié à des violoncelles plus nostalgiques dans 'Je suis triste' (le morceau porte mal son nom car les héroïnes sont tout sauf triste à la fin de ce film), le film finissant sur la superbe chanson de fin qui reprend le thème de Totoro sous une forme toujours aussi entraînante et pleine de vie. (à noter que Hisaishi reprend à la fin de l'album la chanson d'ouverture avec une version orchestrale inédite et un joyeux choeur de femmes - un petit bonus que vous ne pourrez malheureusement pas retrouver sur la version française de l'album publié par 'La bande son', comme la chanson finale, honteusement absente de l'album français pour une raison qui m'échappe encore, pour une fois qu'une chanson s'avère être indispensable sur un album de musique de film!)

Vous l'aurez compris, le score de 'Mon voisin Totoro' est une petite merveille enthousiasmante, simple, fraîche et légère, un petit hymne à la nature et à l'enfance. Hisaishi a parfaitement su retranscrire la magie et la poésie du film de Miyazaki à travers ses nombreux thèmes, et il nous livre là un score encore plus prenant et agréable que celui qu'il avait précédemment écrit pour 'Tenku no shiro Rapyuta' (le château dans le ciel). Pour tout bon fan de Hisaishi et de ses musiques pour les films d'animation de Miyazaki, 'Mon voisin Totoro' est l'album indispensable, surtout l'édition japonaise, qui contient des bonus tout aussi indispensables. Voilà une musique simple, agréable et entraînante qui saura vous replonger dans la magie du monde de l'enfance. Un petit bijou de poésie à découvrir de toute urgence si ce n'est pas encore fait!


---Quentin Billard