1-First Call 1.25
2-Trapped 3.40
3-NYPD 4.28
4-The Rifle 2.04
5-Confession 2.45
6-Times Square 2.04
7-Stu's Secret 2.42
8-Publicist Talk 0.51
9-Last Booth In NYC 3.35
10-It's Me You Want? 1.38
11-Center Of Attention 5.28
12-Telephone Users 1.20
13-Is He Coming Out? 2.15
14-Phone vs. Gun 2.38
15-Just Say The Word 1.30
16-It Could Be Anyone 2.53

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams

Editeur:

Superb Records
TRM-74069-2

Programmation par:
Harry Gregson-Williams,
Toby Chu, Mel Wesson,
Clay Duncan

Produit par:
Harry Gregson-Williams

Artwork and pictures (c) 2002 Twentieth Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: **
PHONE BOOTH
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams
Joel Schumacher était tombé bien bas depuis un certain temps. Après l'excellent '8MM' (1999), le réalisateur de 'Flatliners' (L'expérience interdite) et 'Falling Down' (Chute libre) n'avait pas franchement brillé avec ses derniers films ('Flawless', 'Tiergland', 'Bad Company'). Son nouveau thriller 'Phone Booth' (rebaptisé 'Phone Game' en V.F.) nous prouve que le réalisateur peut se montre inspiré lorsqu'on lui confie un script digne de ce nom. 'Phone Booth' est un film un peu à part dans la filmographie de Schumacher, un film qui, on l'espére, fera reparler de lui un peu plus tard. En filmant l'histoire d'un riche publicitaire new-yorkais, Stuart (Colin Farrell), piégé dans une cabine téléphonique de la ville par un sniper extrêmement moraliste, Schumacher nous prouve qu'il n'y a pas besoin d'en faire des tonnes ou d'inonder le spectateur d'effets spéciaux pour faire un bon film (le film a été tourné en douze jours seulement, avec un budget minime). A partir de l'intrigue surprenante de cet homme piégé dans une cabine téléphonique, le réalisateur maintient le suspense et fait monter la tension jusqu'à l'issue finale. Le film met un peu de temps à se mettre en place, et pour cause: l'introduction nous explique l'importance grandissante de la technologie téléphonique à Manhattan, ce qui nous conduit finalement à nous intéresser à la dernière cabine téléphonique de la 53eme rue ouest entre Broadway et la 8eme avenue. Stu sera le dernier occupant de cette cabine, le jour même où le sniper le piégera en le tenant constamment en joue avec son fusil à lunette.

Que veut donc le sniper? Pourquoi avoir choisi Stu? Pourquoi s'en prendre à lui ? Les réponses ne vont pas tarder à arriver. Stu est un individu égoïste, malhonnête et arrogant. Il ne se soucie pas des autres et ne vit que pour lui. Il est l'incarnation typique du matérialiste minable perdu dans la masse anonyme des grandes villes américaines. Petit à petit, le sniper va instaurer les règles de ce jeu démoniaque: Stu devra faire exactement tout ce qu'il lui dit et, s'il raccroche le téléphone, il mourra. Le mystérieux tueur abat alors un homme dans la rue, qui tentait de s'en prendre à Stu en le faisant sortir de la cabine téléphonique. En agissant ainsi, le sniper visait deux objectifs: 1-prouver à Stu qu'il ne plaisante pas et, 2-faire accuser injustement Stu du meurtre de cet homme. La police arrive très rapidement et encercle le périmètre. C'est le capitaine Ramey (Forest Whitaker) qui décide alors de négocier avec Stu pour tenter de mettre fin à ce cauchemar. Ramey commence à comprendre que Stu n'est pas responsable du meurtre et qu'il n'est pas armé. Il va même jusqu'à communiquer avec lui en parlant de son échec sentimental. Pour la première fois, Stu est obligé d'écouter quelqu'un parler de sa propre vie privée, lui qui d'habitude, ne se souciait guère de ce genre de chose. Ramey ordonne donc à ses hommes de ne pas tirer mais de rester constamment vigilant, mais c'est sans compter sur l'ingéniosité du tueur qui va continuer à entraîner Stu dans son petit jeu diabolique. Le tueur sait tout de lui: les mensonges à sa femme, sa relation avec sa maîtresse (un petit rôle pour la ravissante Katie Holmes), son égocentrisme, son arrogance, etc (la scène du livreur du pizza au début du film est là pour nous le prouver). Le sniper veut finalement que Stu se confesse et qu'il avoue tous ses pêchés. Le tueur devient alors un moraliste extrême, qui, dégoûté de voir comment l'humanité sombre dans la bêtise et la violence, en arrive à prendre des décisions extrêmes, qui à éliminer des individus représentant cette décadence humaine.

Bien sûr, le réalisateur n'essaie pas de cautionner les actes du tueur. Malgré tout, Schumacher nous propose une réflexion sérieuse sur la bêtise humaine dénoncée à travers les propos du sniper, qui veut faire un exemple avec Stu Shepard en ouvrant les yeux aux gens. Quand à Stu, après avoir passé une bonne partie de sa vie à écraser les autres, il devient finalement la marionnette d'un agresseur invisible, dont seul la voix résonne à travers le combiné téléphonique: ainsi, le plan métaphorique du petit robot-jouet près de la cabine téléphonique est là pour évoquer astucieusement ce violent retournement de situation. Le script de Larry Cohen (une histoire prévue à l'origine pour un film d'Alfred Hitchcock dans les années 60, mais qui n'aboutit pas. L'idée du sniper germa dans l'esprit de Cohen durant les années 90) mise à fond sur les dialogues, atout majeur du film avec quelques répliques parfois excellentes (sans oublier une mise en scène maîtrisée et très stylée). Voilà un film Hollywoodien astucieux qui montre une histoire où, pour une fois, tout n'est pas noir ou blanc. Evidemment, on pourra regarder ce film sur différents plans: un thriller, un drame, une fable moraliste, une réflexion amère sur la perte de repères humains dans la société urbaine, etc. à noter que la séquence de la confession, absolument poignante, a été filmée en une seule prise, ce qui a valu à Colin Farrell d'être applaudit par toute l'équipe de tournage. Farrell nous prouve qu'il a décidément l'étoffe d'un grand acteur: il incarne à merveille cette homme égoïste transformé par une longue descente aux enfers. Quant à Schumacher, il prolonge avec 'Phone Booth' sa vision noire et morale d'un monde qui bascule dans la violence et la folie après 'Falling Dawn', '8MM' ou 'A Time To Kill'. Pour faire une analogie avec 'Falling Down', 'Phone Booth' serait en quelque sorte la 'chute libre' de Stu Shepard confronté à ses propres pêchés par un tueur intelligent. Voilà donc un film fort, une production hollywoodienne intelligente comme on aimerait en voir un peu plus souvent!

On ne pourra malheureusement pas dire autant de bien de la musique d'Harry Gregson-Williams. Le score de ce fidèle de chez Media-Ventures est entièrement écrit pour synthétiseurs, une partition électronique atmosphérique à souhait. Le problème, c'est que le score n'apporte pratiquement rien au film et se contente de " paraphraser " le suspense du film sans essayer de le renforcer d'une façon quelconque. 'First Call' débute le score pour la séquence du premier appel téléphonique, Gregson-Williams utilisant des sonorités électroniques évoquant un univers urbain et technologique. Le morceau affirme dès le début l'ambiance atmosphérique du score, une musique qui ne décollera qu'à très peu de reprises, une musique plutôt statique, à l'instar du film (qui, paradoxalement, bouge beaucoup en même temps - d'où le talent de metteur en scène de Schumacher). Le compositeur évoque ensuite le piège tendu à Stu dans 'Trapped' où il utilise son motif principal, quelques notes de piano soutenues par une rythmique électronique à la fois lente et tendue, amorce d'une tension qui ne cessera d'aller crescendo tout au long du film. La police arrive dans 'NYPD', toujours soutenu par des sonorités électroniques sombres, un peu étouffées, comme si Gregson-Williams cherchait à retranscrire le calme blanc, proche d'une certaine angoisse silencieuse. Le problème, c'est qu'il se dégage à l'écoute du score un certain ennui. La musique a parfois du mal à s'intégrer dans le film, non pas parce qu'elle ne lui convient pas, mais parce qu'elle semble parfois être inutile dans le film tant son efficacité est mise en retrait. Trop discrète, peut être?

'The Rifle' évoque la menace qui pèse sur Stu (rythmique plus énergique ici) tandis que 'Confession' accompagne la séquence poignante des confessions de Stu avec un piano plus mélancolique et quelques sonorités électroniques étranges qui semblent flotter dans l'air de manière envoûtante. Rien d'original, mais un des rares moments assez efficace à l'écran. 'Times Square' et 'Telephone Users' (début du film) sont quant à eux des morceaux plus techno dans le style de 'Spy Game', tandis que 'Publicist Talk' accompagne sur un style très cool les séquences du début où Stu est en train de faire son boulot de publicitaire en marchant dans la rue aux côtés de son jeune assistant dont il se moque éperdument. Le compositeur donne ici un ton 'frimeur' au personnage de Stu. Ces deux petites 'pauses détentes' vont très vite laisser la place à l'atmosphérique sombre de 'Last Booth In NYC' ou de 'Center Of Attention', là où le compositeur reprend le motif principal sur un ton encore plus sombre et tendu. A noter un 'It's Me You Want' plus énergique et agité, pour une séquence finale du film. 'Is He Coming Out?' reprend le style atmosphérique de 'Spy Game' en mettant plus l'accent ici sur la rythmique, alors que Ramey tente d'arranger la situation avec ses hommes. Harry Gregson-Williams poursuit sans histoire la voie de l'atmosphérique avec 'Phone Vs.Gun', le rythmique 'Just Say The Word' et le sombre 'It Could Be Anyone', reprenant le motif principal, flottant mystérieusement dans l'air.

Le côté finalement répétitif et ennuyeux du score de 'Phone Booth' risque fort d'en décevoir plus d'un, même certains fans de Media-Ventures. Le score d'Harry Gregson-Williams manque clairement de conviction, d'inspiration. Le problème ne vient pas de l'utilisation du synthétiseurs mais plutôt d'un certain manque d'idées, le compositeur alignant cliché sur cliché afin de produire à l'écran un score atmosphérique lent et mou, une sorte de 'silence' musical qui ne décolle qu'à de très rares moments. A force de trop se faire discrète dans le film, la musique finit par devenir inutile, voire inexistante alors qu'elle est pourtant très présente. Peut être est-ce du à une exigence du réalisateur ou du production...voilà donc un score atmosphérique assez décevant et qui ne rend pas vraiment hommage à la qualité du film de Schumacher!


---Quentin Billard