1-Main Title 3.26
2-The Ambassador 4.48
3-Trial Run 2.12
4-The Monastery 3.14
5-A.T.V. First 2.48
6-The Statue 4.11*
7-The Second Coming 3.22
8-Electric Storm 5.19
9-The Hunt 4.00
10-The Blooding 3.36
11-Lost Children 3.42
12-666 3.00*
13-Parted Hair 6.33
14-The Iron 2.28
15-The Final Conflict 8.32*

*World Premier Release

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6289

Produit par:
Jerry Goldsmith
Deluxe Edition produite par:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 2001 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ****
THE FINAL CONFLICT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Dernier chapitre de la fameuse trilogie sur Damien l'Antéchrist, 'The Final Conflict' (La Malédiciton Finale) conclut la trilogie de manière grandiose pour l'ultime bataille entre le Bien et le Mal. Sam Neill interprète un Damien Thorn âgé, qui devient le nouvel ambassadeur d'Angleterre à 32 ans et directeur d'une gigantesque multinationale. Damien réunit ses disciples sataniques dans l'espoir de dominer le monde, mais aussi dans l'espoir de détruire le Christ réincarné sur terre et qui devra vaincre le Mal lors du conflit final. A l'instar du sanguinaire épisode du massacre des enfants de Jérusalem par Hérode dans la Bible, Damien va ordonner à ses disciples de tuer tous les enfants nés le 24 Mars entre minuit et 6 heures, le jour de la naissance du Christ. Mais un prêtre, le père De Carlo (Rossano Brazzi) a récupéré les 7 dagues sacrées de Meggido, la seule arme qui pourra servir à tuer définitivement l'Antéchrist. De Carlo sait grâce au père Spiletto que Damien Thorn est l'Antéchrist et que le seul moyen de le tuer est d'utiliser ces dagues sacrées. La traque du diable va alors commencer, les prêtres étant prêt à sacrifier leur vie pour détruire le malin. Mais Damien est rusé et ses pouvoirs démoniaques vont le protéger jusqu'à l'affrontement inévitable entre lui et le Christ. Le réalisateur Graham Baker conclut de manière quelconque cette trilogie avec ce qui semble être le moins intéressant film de toute la trilogie. De toute évidence, la trilogie des Omen n'a jamais été particulièrement brillante, même si, de tous les éléments qui constituent ces 3 films, on retient très souvent les partitions excellentes de Jerry Goldsmith, la trilogie devant énormément au maestro Californien qui a donné pour elle le meilleur de lui même.

Le score de 'The Final Conflict' est un peu différent des deux autres scores, déjà au niveau de la thématique. Le réalisateur a demandé à Goldsmith de conclure cette trilogie de manière grandiose, le compositeur ayant opté pour une approche vocale Opératique. Le livret de l'album nous explique que le compositeur lui même a toujours été attiré par les techniques musicales du monde des Opéras, 'The Final Conflict' lui ayant alors permit de rendre hommages au monde de l'Opéra à travers une écriture chorale puissante et terrifiante. Les deux grands thèmes fondamentaux de la partition sont à eux seuls les attractions majeurs de cette nouvelle partition riche en frisson et en puissance. Introduit dès le Main Title, le nouveau thème principal qui se trouve être le thème de Damien est puissant et très imposant. Ce sont les Cors qui introduisent le thème principal alors que l'on voit à l'écran les premiers plans des dagues symbolisant cette idée du combat final. Mais les choeurs latin font alors leur apparition pour préparer ce thème sous une forme chorale sombre et épique en même temps, le côté épique de sa partition étant nouveau par rapport à ses scores des deux autres épisodes. Le thème de Damien prend une tournure véritablement grandiose et imposante à la fois, évoquant la puissance du mal toujours symbolisé par l'aspect démoniaque des choeurs en latin qui deviennent véritablement épiques dans 'The Final Conflict'. Le deuxième thème du score arrive juste après et se différencie totalement de celui de Damien. Il en est l'opposé même. Avec ses cors et ses choeurs majestueux soutenant des harmonies Debussystes, ce thème grandiose évoque l'espoir des hommes symbolisé par la venue du Christ sur terre, un thème choral avec une dimension plutôt religieuse, ce qui est évidemment nouveau dans la musique de la trilogie puisque jusqu'à maintenant, toute la musique se centrait autour de Damien et de ses méfaits. Mais l'annonce du thème du Christ est très vite coupée par l'intervention du choeur d'hommes prononçant discrètement le mot 'satani' en latin alors que l'on voit un plan des prêtres amenant les dagues dans leur repère secret. Cette brève utilisation du mot 'satani' par le choeur d'hommes semble surgir subitement de manière isolée au sein de la séquence à consonance plus positive (les prêtres symbolisent la lutte contre le Mal). L'idée serait de dire que le Mal est plus puissant que jamais et que la lutte sera difficile. (l'opposition du mot 'satani' sur cette scène pourrait tout simplement être considéré comme une opposition Bien (les prêtres)/Mal (le mot 'satani') La mise en parallèle des deux principaux thèmes évoquant respectivement Damien (le Mal) et le Christ (le Bien) symbolise déjà cette idée de conflit qui sera à la base de l'histoire du film.

'The Ambassador' nous plonge immédiatement et dès le début du film dans la terreur avec le premier méfait commis par Damien qui envoie son chien devant l'Ambassadeur d'Angleterre en train de se promener dans un par cet qui revient à son bureau comme s'il était hypnotisé et possédé par un esprit maléfique. Les choeurs sataniques et l'orchestre installent avec différents ostinatos un climat pesant qui ne cesse d'accroître la tension jusqu'à l'inévitable conclusion de la séquence: le suicide de l'ambassadeur. 0n retrouve donc ici le style satanique de The Omen et Damien: Omen 2 mais amplifié par des orchestrations et des choeurs plus larges. Goldsmith évoque les premiers signes envoyés par le ciel et les astres pour annoncer la venue du Christ avec une flûte gracieuse, des cordes majestueuses et des choeurs spirituels, en opposition totale avec la partie chorale de 'The Ambassador', qui elle évoquait clairement les premiers méfaits diabolique de Damien. 'The Monastery' prolonge l'aspect spirituel et religieux de l'oeuvre évoque avec un orchestre plus recueilli (surtout au niveau des cordes et des cuivres) un climat de recueillement solennel alors que les prêtres prient pour que Dieu les aide à accomplir leur mission. A noter la réutilisation du thème de Damien aux cors alors que les prêtres, déterminés, prient pour trouver le salut de leur âme dans cette mission périlleuse.

'A.T.V. First' permet à la partition de prendre un tournant puisque le morceau évoque la première tentative d'assassinat pour supprimer Damien. Ici, il s'agit d'un prêtre venu dans les studios de télévision où Damien donne une interview à la journaliste Kate Reynolds. A noter la manière dont Goldsmith fait monter la tension avec cette nappe de choeurs féminin terrifiant (on pense au style vocal du Requiem de Ligeti ici) évoquant à la fois le suspense et le danger, jusqu'à ce que le prêtre soit repéré et tombe de suspendu au dessus du plateau en train de brûler devant toutes les caméras. Les choeurs installent un rythme saccadé avec cordes/bois/cuivres d'une grande violence (soutenu par une très discrète ligne rythmique du synthé) alors que le prêtre meurt carbonisé, ayant échoué sa mission. Le premier morceau inédit arrive alors dans le sinistre 'The Statue', scène clé du film où Damien s'adresse de manière haineuse à la statue du Christ. Dans ce très sombre morceau, Goldsmith nous fait ressentir toute la noirceur du personnage et de sa haine implacable contre Dieu et son fils à travers des cordes extrêmement tendues dans un passage qui rappelle étrangement le style de 'Alien' de Goldsmith. Les effets de glissandos sur les cordes renforcent l'aspect sinistre et flippant de ce morceau à l'ambiance atmosphérique à la fois étouffante et infiniment sombre (notons le sursaut orchestral alors que Damien s'enfonce les épines de la couronne du Christ sur ses mains, faisant alors couleur du sang le long de la tête de la statue en signe de défi contre Dieu et son fils. 'The Statue' reste à mon avis l'un des plus sombre morceau du score et, étrangement, l'un des rares qui ne fasse pas intervenir le choeur en se concentrant plutôt ici sur une atmosphère pesante évoquant le mal à l'état pur qui crie sa haine contre le 'Bien' à travers la bouche injuriante du serviteur de Satan.

'The Second Coming' est important puisqu'il évoque la naissance du Christ sur terre symbolisé par l'alignement des astres dans le ciel, et ce jusqu'à ce plan illuminé d'une lumière éblouissante rendue grandiose par le magnifique et triomphant thème du Christ exposé ici dans une sorte de climax, le libérateur venu sauver l'humanité. Mais le morceau semble se balance entre les tourments de Damien (effets sinistres de murmures du choeur avec un tapis d'effets harmoniques des cordes alors que Damien gesticule dans tous les sens dans son lit, ressentant de manière torturée l'arrivée du Christ venu le 'détrôner', sans oublier le rappel aux cuivres du thème de Damien juste après celui du Christ, le thème de Damien lui étant ainsi opposé pour rappeler une fois encore que l'Antéchrist est bel et bien déterminé à vaincre son ennemi de toujours. La terreur règne au sein du sombre 'Electric Storm' alors que Damien provoque la mort d'une des prêtres et piège les deux autres prêtres qui tentaient de le tuer. Goldsmith pose un véritable climat de tension extrême en utilisant des sonorités aiguës et stridentes avant de déchaîner un orchestre furieux pour la séquence de l'orage symbolisant la puissance démoniaque de l'Antéchrist renforcé par un retour violent du thème de Damien avec de puissants choeurs ténébreux(notons la Coda du morceau finissant par un glissando effrayant des choeurs).

'The Hunt' est généralement considéré comme l'un des meilleurs morceaux du score de Goldsmith. Ce véritable tour-de-force orchestral accompagne la séquence de la chasse avec Damien et ses chiens, amorcé par un rythme de chevauchée entraînant renvoyant aux grands moments des partitions guerrières pour des films de Pirates. Goldsmith se permet ainsi de faire une superbe reprise du thème de Damien avec des cuivres guerriers soutenu par une rythmique de chevauchée soutenu par les percussions (notons l'utilisation du tambourin pour accentuer la rythmique de la reprise du thème version chevauchée), le maestro renforçant cette impression de chevauchée entraînante avec l'utilisation d'un petit motif de chasse aux cuivres. Le réalisateur lui même semble avoir beaucoup apprécié ce morceau puisqu'il en parle de manière élogieuse dans son commentaire sur le DVD du film. Il est certain que 'The Hunt' reste un des meilleurs morceaux que Goldsmith ait écrit pour ce superbe score.

'The Blooding' prolonge une fois de plus la terreur alors que Damien supprime deux autres prêtres qui essayaient de le tuer durant la chasse. La reprise terrifiante du thème de Damien aux choeurs semble plus puissante que jamais, exprimant une fois de plus la terreur maléfique représenté par le sinistre personnage que Sam Neill interprète avec brio (il faut voir cette lueur de méchanceté briller dans ses yeux lorsqu'il dévisage ses victimes). A l'instar du roi Hérode dans l'Ancien Testament, Damien ordonne à ses sbires que tous les bébés naît le 24 Mars entre minuit et 6 heures soient tués. Tendu, le morceau évoque une fois de plus les sombres méfaits d'un être cruel qui ne reculera devant rien pour détruire son ennemi. (notons la réutilisation très discrète d'une petite rythmique du synthé vers la fin du morceau) Kate Reynolds, qui tombe dangereusement amoureuse de Damien rencontre alors le père De Carlo qui vient l'avertir de la véritable identité de Damien et qu'elle doit faire très attention à elle dorénavant. Dans '666' (autre morceau inédit), Goldsmith pose une ambiance atmosphérique sinistre (notons l'utilisation hypnotisante d'une cloche combinée avec un vibraphone pour accentuer l'aspect pesant du morceau) alors que le père De Carlo fait ses sombres révélations à une Kate incrédule mais qui ne tardera pas à changer d'avis en comprenant à son tour la réelle nature du sombre Damien. 'Parted Hair' reprend la violence de 'A.T.V First' avec cet ostinato de choeur sur un rythme saccadé (scène où Kate tombe dans l'eau) et continue sur une ambiance sinistre alors que Kate couche avec Damien qui se montre alors subitement violent avec elle. Le morceau prend une tournure plus atmosphérique et encore plus prenante pour la scène où Kate voit le chiffre 666 inscrit sous les cheveux de Damien, pendant que ce dernier dort nu par terre. On retrouve ici aussi l'effet insistant de combinaison cloche/vibraphone pour augmenter l'aspect étouffant de ce sombre morceau. On atteint alors l'apogée de la terreur dans le très flippant 'The Iron' alors que Damien demande à son sous-fifre Harvey Dean de tuer son enfant qu'il craint être la réincarnation du Christ. Mais Harvey refuse et s'échappe pour aller sauver sa femme et son enfant. Mais il arrive trop tard: sa femme a été hypnotisé par le chien de Damien et tue leur enfant en le brûlant avec un fer à repasser. Goldsmith ne cesse de faire monter la tension au sein de ce terrible morceau en utilisant différents effets du choeur: massif, brutal avec des murmures lugubres évoquant une fois de plus l'un des plus sombres méfaits de Damien.

Le score trouve sa conclusion sur le très grandiose 'The Final Conflict', description d'une ultime confrontation finale entre l'Antéchrist et le Christ, au sein d'un vieux monastère en ruines. Goldsmith introduit le morceau de manière pesante avec sa combinaison cloche/vibraphone. Damien sait qu'il a échoué dans sa quête de supprimer le Christ en tuant tous ces bébés et se voit contraint de suivre Kate pour que cette dernière lui révèle soi-disant l'endroit où se trouve le Christ. Mais il s'agit en fait d'un piège que Kate lui tend, le père De Carlo sortant soudainement de l'obscurité pour se jeter sur Damien qui esquive le coup de poignard en prenant le fils de Kate devant lui. Son fils Peter meurt alors, et ce sera Kate qui poignardera finalement Damien à l'aide d'une des dagues sacrées. Atmosphérique et extrêmement tendu (notons l'utilisation du synthé ici), ce final évolue très rapidement vers une victoire finale alors que Damien meurt sur l'autel du monastère, le Christ apparaissant dans toute sa splendeur au dessus du corps de Damien. La reprise grandiose et triomphante du thème du Christ vient éblouir la scène dans un final choral épique et puissant à la fois, le score trouvant alors son apogée au sein de ce magnifique final se transformant en Messe dédiée à la gloire de Dieu (la scène ne contient alors plus aucun dialogue et permet à la musique de Goldsmith de s'exprimer en pleine puissance). Pour accompagner le générique de fin, Goldsmith réutilise alors le thème de Damien comme il était exposé au début du Main Title, finissant alors le générique de fin de manière sombre, comme il commençait au début du film.

Décidément, la trilogie des Omen de Goldsmith aura été forte en émotion, la confrontation éternelle du Bien et du Mal trouvant alors dans ce dernier épisode une conclusion épique et grandiose par excellence. Les 3 scores de Goldsmith auront finalement montrés la maîtrise d'écriture de Goldsmith, que ce soit aussi bien les parties orchestrales que les parties vocales, pleinement utilisées dans les 3 scores de la trilogie. 'The Final Conflict' est une partition grandiose qui reste évidemment un véritable classique du genre et une oeuvre majeure à rajouter dans l'immense carrière du compositeur californien, un compositeur qui a véritablement transcendé avec sa musique cet affrontement entre Dieu et Satan, d'une manière comme nous ne l'avions jamais encore vraiment entendu. Au final, 'The Final Conflict' apparaît comme le final rêvé d'une trilogie terrifiante et puissante à la fois. Une très grande réussite, une autre oeuvre incontournable du maestro!


---Quentin Billard