Après un 'Sudden Death' bien minable, le très versatile Peter Hyams abandonne le film d'action et se tourne désormais vers le film d'horreur pour 'The Relic', petite série-B d'horreur/action mettant en scène Tom Sizemore et Penelope Ann Miller au prise avec une créature sanguinaire dans le musée d'histoire naturelle de Chicago. Tout commence le jour où un chercheur du musée, John Whitney, découvre une relique provenant du Brésil. Whitney ramène alors en Amérique des caisses de ces artefacts à bord d'un cargo sud-américain. A son arrivé aux Etats-Unis, la police découvre avec effroi que l'équipe du bateau a été massacrée d'une bien étrange manière. Pour couronner le tout, Whitney semble avoir disparu. Quelque temps plus tard, un gardien de la sécurité du musée d'histoire naturelle de Chicago est assassiné dans des circonstances similaires: on retrouve sa tête décapitée et vidée de son cerveau duquel il manque l'hypothalamus. C'est le lieutenant Vincent D'Agosta (Tom Sizemore) qui mène l'enquête. Ce dernier ne va pas tarder à découvrir que les morts du bateau et la nouvelle victime du musée sont liés par un même point commun: on leur a tous arrachés l'hypothalamus. D'Agosta demande alors l'aide d'une scientifique du musée, le docteur Margo Green (Penelop Ann Miller), pour l'aider à progresser dans son enquête et tenter de découvrir la vérité sur tous ces meurtres. La police pense d'abord à un sinistre tueur en série, mais la vérité se révèlera être bien plus terrifiante: il s'agit en fait d'une monstrueuse créature ayant subie une mutation incontrôlée due à une substance présente sur des feuilles ramenées du Brésil par Whitney. Le cauchemar commence alors que le musée donne une somptueuse réception en compagnie du maire de la ville. D'Agosta et ses hommes auront fort à faire pour tenter de faire évacuer les personnes restées bloquées à l'intérieur du musée, d'autant qu'ils ne pourront pas compter sur l'aide de la brigade d'intervention, impuissante face à la force herculéenne du monstre. Pendant ce temps, D'Agosta et Margo devront se battre tout seul contre la créature sanguinaire.

Evidemment, 'The Relic' fait penser à 'Alien', sauf que cette fois-ci, la créature se trouve dans un musée et non dans l'espace. On retrouve le principe similaire d'un huis-clos particulièrement sinistre où se balade une créature malveillante et sanguinaire. Film d'horreur oblige, Peter Hyams ne lésine pas sur le grand-guignolesque coutumier et nous promet notre lot de décapitations, de massacres et de corps déchiquetés, sauf que, Hyams n'a pas le talent d'un Tobe Hooper, d'un Wes Craven ou d'un Ridley Scott. 'The Relic' souffre du syndrome des séries-B hollywoodiennes: situations à suspense particulièrement téléphonées et banales, personnages sans aucune personnalité, scénario minime, etc. la bonne idée du réalisateur restant quand même le mélange entre l'horreur et le thriller, l'enquête policière permettant de relancer un peu l'intérêt d'un film réussi techniquement (la créature est animée par le génial Stan Winston - cela ne peut que promettre du bon!) mais très plat sur le plan cinématographique. Evidemment, la majorité du film se passe dans le noir ou avec des lumières minimes ou filtrées (la majeure partie du film se passe dans des tunnels souterrains). Hyams et son équipe ont cherché à reproduire l'ambiance glauque et étouffante d'Alien, mais sans réussir à l'égaler. Décidément, Peter Hyams est bien loin de l'époque de 'Capricorn One' et de 'Outland'. Après le foirage de 'Time Cop' et 'Sudden Death', on était en droit d'espérer quelque chose de meilleur de la part de ce grand artisan d'Hollywood qu'est Hyams. Force nous est de constater que le réalisateur enchaîne finalement bide sur bide, faute de trouver des projets suffisamment intéressants et aboutis.

John Debney retrouve Peter Hyams après avoir écrit le score de 'Sudden Death'. 'The Relic' a enfin permit au compositeur d'aborder un genre dans lequel il était assez peu familiarisé: l'horreur/thriller (il avait pourtant déjà mis en musique un film d'horreur comme 'Eyes of the Panther', mais rien qui atteigne l'ampleur du travail à accomplir pour 'The Relic'). Pour Debney, ce score fut particulièrement difficile à composer, d'abord parce que le musicien lui-même ne considère pas avoir l'étoffe d'un bon compositeur de musique de suspense/terreur comme Marco Beltrami ou Christopher Young. Pourtant, le résultat est à la hauteur de nos attentes, même s'il est certain que Debney ne révolutionnera pas le genre de la musique d'horreur/thriller avec 'The Relic'. Son score est écrit pour orchestre avec quelques percussions électroniques à la 'Sudden Death'. Debney installe dès le générique de début le thème principal de son score, un thème de cordes sombre et plutôt harmonique, doublé d'un motif de flûte sur un balancement de deux notes (un peu comme dans 'Alien' de Jerry Goldsmith). Ce motif harmonique de cordes doublé de ce petit motif de flûte hypnotisant évoque à merveille le côté mystérieux et sombre du mythe du Kothoga, la créature qui était autrefois invoquée en rituel par des peuplades sud-américaines pour se débarrasser de tous leurs ennemis. Selon les croyances, Kothoga est en réalité le fils de Satan auquel faisaient appels ces vieilles tribus. A partir de là, on comprend mieux d'où Debney a su trouver son inspiration pour ce thème sombre, mystérieux et envoûtant. A noter que, sur le plan des orchestrations, il n y a pratiquement aucun instrument à vent, hormis les flûtes pour le motif du thème principal. L'essentiel du score tourne autour des cordes, des cuivres (trombones et cors en particulier) et des percussions (acoustiques ou électroniques).

Le thème du générique de début est en fait présent dans 'Theme From The Relic', débutant le film sur des tenues de cordes stridentes avant que l'orchestre n'entame le thème alors que l'image est envahie par des gros plans de flammes. La dernière partie du morceau nous plonge dans l'ambiance plus terrifiante du score avec l'effet sonore attribué par le compositeur à la créature du film: un gargouillis sonore de cordes évoquant la menace du monstre. 'Searching/First Attack' débute le film alors que Whitney recherche les caisses contenant les artefacts sur le cargo. Debney installe ici des cordes plutôt énergiques évoquant déjà une certaine tension, le thème principal restant toujours présent. La deuxième partie concerne la première séquence de l'attaque du monstre avec le gardien de la sécurité dans les toilettes. Debney utilise alors ces sinistres gargouillis de cordes malsains avec un terrifiant cluster de cordes et de cuivres évoquant les méfaits sanguinaires du monstre.

'Dark Hallway/The Jumper' nous plonge alors dans la partie plus suspense atmosphérique du score. Les personnes bloquées à l'intérieur du musée doivent s'échapper par des tunnels sombres tandis que D'Agosta et Green se retrouvent poursuivis par le monstre dans les laboratoires. On notera l'effet sonore utilisé à la fin du morceau, lorsque du liquide coule sous la porte derrière laquelle se protègent les deux héros. Debney utilise un 'nuage' de pizzicati grouillants comme des asticots afin de retranscrire le côté effrayant et organique du monstre. Cet effet est très classique dans le genre, mais cela fonctionne toujours parfaitement à l'écran. 'Grisly Discovery' est dans la même veine, avec un sursaut de terreur et des gargouillis de cordes évoquant les attaques du monstre et de ses méfaits.

'Tunnels' est l'un des grands moments de suspense du score, évoquant la séquence où le groupe bloqué dans le musée traverse les tunnels souterrains du musée pour tenter de rejoindre la sortie. Debney utilise des cordes extrêmement tendues et utilise quelques sonorités électroniques sombres pour évoquer un sentiment de menace omniprésent tout au long de cette séquence. Le compositeur crée aussi une sorte de 'calme blanc', un silence angoissant qui ne va pas tarder à être violemment brisée par un nouveau sursaut de terreur où Debney amorce alors le deuxième thème du score, un motif de 4 notes stridentes associées au monstre, soutenant alors les sinistres gargouillis de cordes. Aucun doute possible, 'Tunnels' est sans aucun doute l'un des passages les plus sombres du score. 'Exhibit Preview' réutilise le thème principal et installe une certaine tension lors de la soirée donnée au musée en compagnie du maire, jusqu'à ce que la police décide de faire évacuer les lieux d'urgence après quelques sinistres découvertes.

'Lights Out' nous plonge alors dans la terreur et l'action, Debney créant un sentiment d'urgence et de panique alors que les lumières du musée commencent à s'éteindre et que les portes se referment toutes automatiquement. On notera l'effet d'accélération à la fin du morceau, faisant brillamment monter la tension alors qu'un des gardiens de la sécurité fonce pour tenter de bloquer une porte. Debney utilise jusqu'à présent toutes les recettes traditionnelles du genre, cordes sombres, tendues ou stridentes, percussions brutales, cuivres agressifs ou vrombissants, effets orchestraux glauques et dissonants, etc. rien de bien nouveau dans le genre, mais un travail d'artisan néanmoins très réussi.

La dernière partie du score sera nettement plus orientée vers l'action comme c'est le cas pour 'Swat Team Attack', accompagnant avec fureur la séquence d'attaque de l'équipe d'intervention qui se fait cruellement massacrer par le monstre (un peu trop de violence gratuite inutile dans cette scène). Le morceau commence sur des cordes énergiques avec des percussions électroniques nous plongeant dans l'action jusqu'à ce que le morceau prenne une tournure plus chaotique avec ces sinistres gargouillis de cordes et le motif de 4 notes associé aux méfaits du monstre, un thème que le compositeur commence à développer à partir de cette scène. 'Setting The Trap' évoquent alors les préparatifs du piège tendus au monstre pour tenter de l'anéantir dans les laboratoires du musée. 'Setting The Trap' prend une tournure plus action, teinté d'un fort sentiment de terreur, Debney nous faisant comprendre que les héros ne peuvent plus faire demi-tour cette fois-ci.

La confrontation finale se fait avec le chaotique et excitant 'Face To Face', 6 minutes d'action pure et dure pour la séquence où Margo va tenter de neutraliser seule le monstre avec lequel elle s'est retrouvée enfermée au fond du laboratoire. Debney développe pleinement le motif de 4 notes et les gargouillis de cordes sur fond d'un rythme orchestral effréné. Le morceau alterne terreur, action et ambiance chaotique. A noter la dernière partie du morceau accompagnée de percussions électroniques métalliques et excitantes pour la mort du monstre, le thème de 4 notes revenant de manière frénétique et obsédante, comme si le monstre refusait de mourir.

'The Relic' nous donne enfin l'occasion d'entendre un Debney plus sinistre, orienté vers le style thriller/horreur qu'il n'a pas beaucoup l'habitude de pratiquer, le compositeur étant plutôt tourné vers les comédies ('Little Giants', 'Paulie', 'Liar Liar', 'Bruce Almighty', etc.) ou les films d'aventure et d'action ('Cutthroat Island', 'The Tuxedo', 'Gunmen', 'Hocus Pocus', etc.). 'The Relic' n'a rien d'un score extrêmement mémorable et aurait pu rester purement anecdotique si Debney n'avait pas fait un vrai effort pour offrir la meilleure ambiance possible au film. Certes, Debney se comporte toujours en artisan manquant de personnalité dans son travail, 'The Relic' étant très clairement orienté vers les travaux de Christopher Young. Le score reste purement fonctionnel et ne transcende pas vraiment les images. Ceci étant dit, il y a un certain savoir-faire orchestral qui mérite néanmoins d'être salué, preuve que si le musicien manque de personnalité dans ses compositions, il sait au moins maîtriser son écriture et être efficace quand il le faut. Conclusion, un score d'horreur/thriller somme toute très sympathique mais sans originalité particulière.


---Quentin Billard