1-The Power 7.48
2-Things 1.59
3-The Mall 2.10
4-Late Call 3.28
5-They're Back 3.38
6-Butterflies 0.50
7-The Visitor 6.40
8-Wild Braces 2.19
9-Leave Us Alone 4.14
10-The Smoke 8.06
11-The Worm 8.06
12-Back To Cuesta Verde 3.16>BR>13-Reaching Out 8.31
14-Carol Anne's Theme 3.05

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 518 2

Produit par:
Jerry Goldsmith
Edition Deluxe produite par:
Robert Townson
Monteur musique:
Ken Hall

Artwork and pictures (c) 1986 Metro-Goldwyn-Mayer. All rights reserved.

Note: ***1/2
POLTERGEIST II: THE OTHER SIDE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Quatre ans après le fameux 'Poltergeist' de Tobe Hooper, revoilà la famille Freeling de retour dans un second chapitre tout aussi effrayant. Cette fois-ci, c'est Brian Gibson qui prend les commandes et nous livre un film bourré d'effets spéciaux en tout genre. La famille Freeling s'est installé chez Jessie, la mère de Diane (JoBeth Williams). La petite Carol Anne (Heather O'Rourke - deux ans avant sa mort tragique) et sa famille espèrent vivre une vie plus paisible, loin de tous les tracas qu'ils ont connus quatre ans auparavant. Seulement voilà, Carol Anne rencontre un jour un mystérieux vieillard du nom de Kane (Julian Beck). Le vieil homme semble particulièrement attiré par la douceur et la gentillesse de la petite fille. En réalité, Kane se trouve être un démon qui va persécuter la famille de Diane et Steve (Craig T.Nelson) afin de s'emparer de Carol Anne dont il espère profiter de sa lumière, de sa force vitale. Kane vit dans un monde parallèle et a besoin de la force vitale de Carol Anne. Il va donc tout faire pour tenter de terroriser la famille Freeling et les faire basculer dans le cauchemar qu'ils ont vécus quatre ans auparavant. A force de se cacher, la famille comprend qu'il est grand temps de réagir. Aidés de Taylor (Will Sampson), un indien ami de Tangina Barrons (Zelda Rubinstein), les Freeling vont devoir se battre contre l'esprit malveillant de Kane pour tenter de mettre fin à ce cauchemar.

'Poltergeist II' reprend les grandes lignes du premier opus de Tobe Hooper, mais sans la qualité de la mise en scène de ce premier 'Poltergeist'. Les esprits sont parfaitement réalisés et les créatures dégoulinantes sont suffisamment réussies pour terroriser le spectateur. A noter que c'est le grand H.R. 'Alien' Giger qui a conçu le design des monstres du film. Reste que, visuellement, le final est un peu grotesque et bascule dans le ridicule, les acteurs étant superposés sur un écran rajouté par ordinateur, écran qui se remarque de très loin (mouvements trop saccadés sur le fond, contours des personnages trop épais, etc.). A part cela, le film est très impressionnant techniquement parlant et laisse la place à quelques belles scènes de hantise comme la séquence de la tronçonneuse volante, la scène du fil dentaire fou, celle du monstre sortant de la bouche d'un Steve possédé, etc.

Pour la partie plus polémique, il faudra évoquer aussi la tristement célèbre malédiction qui pèse sur la trilogie des Poltergeist (un troisième volet a été tourné en 1988, réalisé par Gary Sherman). Effectivement, plusieurs acteurs ayants participés aux films sont morts de différentes façons, à commencer par la jeune Heather O'Rourke (interprète de Carol Anne), décédée alors qu'elle tournait dans 'Poltergeist III'. La fillette n'avait que 13 ans à l'âge de sa mort et aurait succombé suite à une infection intestinale. Quelque temps après le tournage de 'Poltergeist', c'est la jeune Dominique Dunne (interprète de Dana Freeling) qui est morte après avoir été assassiné par son petit ami. Pour finir, c'est Julian Beck, interprète du sinistre Kane dans 'Poltergeist II', qui mourut pendant le tournage du film, à la suite d'un cancer à l'estomac. Pour finir, c'est l'acteur Will Sampson qui moura un an après le film. Mais les ennuis ne se sont pas arrêtés là, puisque le tournage de ce second épisode est devenu une sorte de cauchemar réel le jour où l'équipe du film a découvert que les cadavres utilisés dans les séquences de la caverne étaient réels. Quelqu'un leur avait envoyé de vrais cadavres.

En ce qui concerne le premier opus de Tobe Hooper, il y eut un incident qui faillit coûter la vie au jeune Oliver Robins, interprète de Robbie Freeling. La séquence où le clown attrape Robbie par les pieds sous le lit commença à tourner au cauchemar pour l'acteur qui était en train d'être étouffé par les bras du clown, serrant visiblement trop fort son corps. L'anecdote raconte que Steven Spielberg, producteur et co-réalisateur du film, croyait qu'Oliver était en train de jouer lorsqu'il hurlait 'Au secours, je ne peux plus respirer!', jusqu'à ce qu'il finisse par s'apercevoir que le jeune garçon était réellement en train d'être étouffé. C'est Spielberg qui arrêta tout et qui sauva de justesse la vie du jeune enfant. Tous ces évènements sinistres devinrent ce que l'on appelle habituellement 'la malédiction Poltergeist'. Certains y croient, d'autres pensent qu'il s'agit d'un triste jeu de circonstances, mais devant une succession de faits aussi troublants, il y a de quoi douter...en sachant cela, le public risque fort de ne plus voir ces films de la même façon. L'ironie du sort veut que les deux premiers films parle justement de la malédiction des esprits s'acharnant contre une famille innocente et leur jeune fillette. Hélas, sans vouloir faire une touche d'humour douteuse, la pauvre 'Carol Anne' a fini par rejoindre le monde des esprits. Le troisième film est dédié à la mémoire de la jeune actrice.

Après l’inoubliable partition orchestrale de ‘Poltergeist’, Jerry Goldsmith signe un nouveau score très inspiré pour 'Poltergeist II', mêlant orchestre et synthétiseur typiquement années 80. Pour ce second opus, le maestro californien abandonne le style atonal et complexe du premier opus pour réaliser cette fois-ci une partition plus thématique et même plus épique par moment. Jerry Goldsmith n'en oublie pas pour autant la terreur et l'action qui étaient déjà très présents dans son premier score de 1982. La partition de 'Poltergeist II' s'axe donc autour d’une poignée de nouveaux thèmes majeurs: un thème d’inspiration indienne pour Taylor, un thème entendu pour la séquence avec l'esprit de la grand-mère, un thème aux allures d’air populaire américain religieux pour le sinistre révérend Kane et, bien entendu, le retour du magnifique thème enfantin de Carol Anne. Le film s'ouvre au son du thème plus noble et mystique de Taylor, évoquant la magie indienne à l'aide de quelques cordes et d'une partie de synthétiseur plus mélodique. Concernant la partie électronique, Jerry Goldsmith reprend les sonorités qu'il avait déjà utilisé dans des scores tels que 'Gremlins', 'Runaway' ou 'Explorers', et les utilise ici afin d'évoquer la magie et la noirceur du film.

'The Power' introduit donc le thème indien, à l'esprit noble et mystique, renforcé par quelques couleurs électroniques savamment dosées mais néanmoins très présentes. Goldsmith nous fait entendre un autre thème plus majestueux évoquant la puissance des esprits bienveillants invoqués par le vieil indien au début du film. On retrouve surtout ce thème vers la fin du film. Le reste du morceau nous plonge dans l'ambiance plus mystérieuse du score de ‘Poltergeist II’, en particulier lorsque Taylor visite la caverne souterraine et découvre les cadavres, au début du film. Jerry Goldsmith nous introduit ensuite au thème du révérend Kane, thème obsédant dans lequel le maestro superpose une mélodie fredonnée dans le film par Kane lui-même sur un fond sonore plus sombre et dissonant, une sorte d’hymne chrétien populaire qui finit par devenir synonyme de danger et de menace. Pour se faire, Goldsmith l'adapte sur un fond orchestral plus dissonant et tendu (avec une sorte de rythme de marche très lent et menaçant), la superposition tonal/atonal créant un effet déstabilisant à l'écran. Le thème de Kane reste sans aucun doute l’un des thèmes les plus surprenants du score de ‘Poltergeist II’, témoignant de toute l’inventivité du compositeur même sur des films qui n’en valent pas vraiment la peine.

La séquence de la discussion entre Diane et sa mère au début du film est accompagnée d'une musique plus tendre et nostalgique, utilisant quelques cordes chaleureuses et des sonorités électroniques plus paisibles. Goldsmith en profite alors pour nous réintroduire le fameux thème de Carol Anne, devenant une sorte de balise musicale pour personnifier musicalement l'idée de l'innocence et de la paix recherchée par la famille Freeling. Dans 'They're Back', Goldsmith nous plonge dans le cauchemar et utilise alors un excellent choeur d'hommes dans la lignée de ses musiques sataniques de la trilogie 'The Omen'. Pour cet excellent morceau de terreur, le compositeur donne une dimension réellement maléfique à la séquence où les esprits sont de retour et se déchaînent dans la nouvelle maison des Feeling, une bonne idée qui confirme l'inventivité dont a su faire preuve le compositeur sur cet excellente partition. A noter que le morceau est aussi soutenu par une rythmique électronique très années 80, comme dans la plupart des morceaux d'action/terreur du score.

'Dental Problems' continue de nous plonger dans le cauchemar avec un nouveau morceau d'action typique de Jerry Goldsmith, un croisement entre le style action de 'Gremlins', 'Poltergeist' et 'First Blood', surtout dans l'utilisation très caractéristique des sons de synthétiseur, que Goldsmith traite, comme d’habitude, comme un instrument faisant partie intégrante de l’orchestre symphonique. A l'écran, l'effet est immédiat: Goldsmith crée une ambiance chaotique parfaite. Le suspense n'est pas de mise, le morceau débutant justement sur une montée de tension assez glauque avec des sons électroniques étranges (le jeune Robbie se fait attaquer par son propre appareil dentaire et se retrouve collé au plafond). La contre-attaque se prépare alors avec 'The Smoke' où l'on retrouve le thème de l'indien. Quand à 'The Worm/Vomit Creature,' il s'agit du nouveau morceau d'action/terreur pour l'attaque du monstre sortant de la bouche de Steve. Excitant, le morceau instaure une certaine puissance à l'écran, évoquant les méfaits du démon et de ses nombreux pouvoirs. A noter la façon dont Goldsmith utilise l'hymne chrétien américain comme une sorte de leitmotiv sinistre voire malsain créant une certaine ambiance de malaise à l'écran. Le thème revient ainsi lorsque Steve se retrouve possédé par Kane, le compositeur nous faisant clairement comprendre que c'est le démon qui mène la partie. Avec 'Back To Cuesta Verde', la famille ne peut plus reculer, elle doit retourner là où elle a vécu l'enfer et affronter le monstre.

'Reaching Out' souligne finalement la confrontation finale contre le démon, confrontation à laquelle Goldsmith donne une dimension plus épique en réutilisant le choeur d'hommes 'satanique' de 'They're Back'. Puissant, le morceau se conclut finalement sur un retour à la paix lorsque les esprits bienveillants rendent Carol Anne à sa famille. Jerry Goldsmith conclut alors le morceau sur le magnifique thème innocent de Carol Anne, probablement l'un des plus beaux thèmes que le compositeur ait pu écrire durant les années 80. Finalement, le score s'achèvera (comme le film) sur le 'Carol Anne's Theme', superbe reprise du thème enfantin chanté par un choeur d'enfants, comme dans le premier épisode. Le morceau nous ramène enfin à la paix et nous permet de libérer toute la tension accumulée durant le film. Morale de l'histoire: la famille a su rester unie jusqu'au bout et combattre le démon par la force de l'amour et de la chaleur familiale.

'Poltergeist II' est une excellente partition qui, si elle n'atteint pas le mystère, la noirceur et la complexité du premier opus, n'en demeure pas moins un travail de qualité qui s'avère être beaucoup plus accessible de par la variété de ses thèmes et de ses ambiances. Voilà en somme une petite surprise que l'on n'attendait même pas sur un film aussi quelconque. Si vous avez adoré le premier épisode, ce 'Poltergeist II' devrait vous ravir, même si l'écriture du score paraît moins complexe et nettement moins orientée vers le style atonal sans compromis de 'Poltergeist'. Une excellente partition à (re)découvrir!



---Quentin Billard