1-Main Title (Main Theme from
Testament) 1.40
2-Bike Talk: Dad & Brad/
Bike Ride: Dad & Brad/
Brad's Bike Challenge 2.24
3-The Picnic 1.29
4-Liz Plays Pied Piper/
Pied Piper Play/Pied Piper Flute/
Pied Piper Piano 1.14
5-Pied Piper Curtain 0.39
6-Carol Consoles Liz/
Carol Says Goodbye
To Neighbor 6.07
7-Mother and Daughter Talk 2.24
8-Carol Bathes Scottie 2.40
9-Brad and Henry Call CQ/
Brad and Hiroshi Ride Double 1.29
10-Carol and Priest Graveside/
Desire to Live 2.36
11-Hiroshi Lands Teddy to Carol/
End Credits 5.15

Bonus Tracks

12-Liz Enjoys Mozart 1.50*
13-Fania Plays Mozart 0.37**

*Piano Quartet in G minor, K.478
**Piano Sonata No.12
in F major, K.332.

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Film Score Monthly
FSM Vol.14 No.8

Score produit par:
James Horner
Producteurs exécutifs album:
Neil S.Bulk, Luks Kendall
Producteur exécutif pour
Screen Archives Entertainment:
Craig Spaulding
Direction de la musique pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Coordination de l'album:
Kim Seiniger
Orchestrations de:
James Horner
Assistant production CD:
Jeff Eldridge, Frank K.DeWald

American Federation of Musicians
Edition limitée à 2000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1983 Paramount Pictures.

Note: ***
TESTAMENT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
'Testament' (rebaptisé 'Le dernier testament' en V.F.) est un film bouleversant, rare dans la manière dont il évoque son sujet. La réalisatrice Lynne Littman signe là son premier film majeur après avoir réalisé deux obscurs documentaires/court-métrages. 'Testament' commence dans un cadre tout à fait banal: une famille américaine typique, dans un petit pavillon de banlieue tout aussi typique, à l'extérieur de San Francisco. On y découvre la famille de Carol (Jane Alexander) et Tom Wetherly (William Devane) avec leurs enfants Brad (Rossie Harris), Mary Liz (Roxana Zal) et Scottie (Lukas Haas, dans son tout premier rôle pour le cinéma, âgé de 7 ans à l'époque - on le retrouvera plus tard dans 'Witness' de Peter Weir). Tout se passe ainsi normalement. Chacun vaque à ses occupations. Tom aide son fils Brad à s'entraîner au vélo, Carol s'occupe de monter un spectacle de théâtre pour l'école où va Scottie. Quant à Mary Liz, elle suit régulièrement des cours de piano et se passionne pour son instrument. Tout semble aller pour le mieux. Quelques jours plus tard, Tom part à San Francisco pour son travail. Il rentrera le soir-même. Du moins, est-ce ce qu'il croyait. Un jour, la télévision annonce brutalement qu'une série d'explosions nucléaires viennent de détruire New York et toute la côte est des Etats-Unis.

Le cauchemar commence alors. Coupés du reste du monde, les habitants de cette petite banlieue de la Californie essayent de communiquer avec les villes voisines, mais en vain. Les habitants tentent alors de s'entraider en se réunissant à l'église du village. Mais les conséquences de l'holocauste nucléaire ne tardent pas à se faire sentir: les retombées radioactives provoquent des maladies, des évanouissements et des séquelles physiques inaltérables. Les morts commencent à se multiplier dans la ville, alors que Carol tente de se battre pour que sa famille ne soit pas emportée à son tour par les retombées radioactives, mais en vain. Après la mort de l'enfant de la famille Pitkin (Kevin Costner et Rebecca De Mornay, encore inconnus à cette époque), ces derniers décident de quitter la ville pour des cieux plus cléments. Mais les morts ne cessent de se multiplier à une fréquence incontrôlable. Malheureusement, la famille Wetherly n'est pas épargnée. Après la mort du jeune Scottie, c'est au tour de sa fille Mary Liz de succomber aux conséquences de cette catastrophe. Quant à Tom, il n'a plus donné signe de vie depuis son départ à San Francisco.

Voilà un film dur et poignant qui traite avec justesse des conséquences d'une catastrophe nucléaire dans une petite ville américaine. Le film met un peu de temps à se mettre en place, et pour cause: la réalisatrice veut nous plonger dans la vie de tous les jours et insister sur le caractère routinier et banal de cette paisible vie familiale de tous les jours. Le choc de l'explosion nucléaire en est d'autant plus fort. Lynne Littman a refusé de tomber dans les clichés habituels des films catastrophes typiquement hollywoodien. En réalité, 'Testament' n'est pas un film catastrophe: c'est un drame réaliste, sans aucuns effets spéciaux et autres artifices de ce genre. L'histoire se concentre uniquement sur le plan humain. La réalisatrice tente ainsi de nous montrer à quoi pourrait ressembler la vie de survivants d'un holocauste nucléaire, menacés et décimés par les retombées radioactives. Le spectateur assiste alors impuissant à la longue descente aux enfers de Carol Wetherly qui voit ses enfants agonisant lentement sans même pouvoir leur porter secours. L'horreur de ce spectacle est renforcée par une mise en scène extrêmement sobre, évitant tous les artifices habituels. Ici, pas de mise en valeur de la catastrophe et de la mort. Le film repose entièrement sur la suggestion: l'holocauste nucléaire n'est même pas filmé, et ce à l'inverse d'un film similaire, 'The Day After' de Nicholas Meyer (téléfilm réalisé la même année, et censé faire concurrence à 'Testament'). Les morts ne sont jamais montrés, juste suggérés à travers les images troublantes des corps enveloppés dans des linceuls. Le pouvoir suggestif de la mise en scène du film en est d'autant plus fort. L'impact psychologique est immédiat. On ne sait même pas ce qui a déclenché ces explosions nucléaires, même si l'hypothèse d'un tir de missiles russes est soulevée durant le film.

Evidemment, plus qu'une simple description de l'horreur et de la dévastation d'un holocauste nucléaire, 'Testament' est aussi une dénonciation de la stupidité de la guerre froide, l'histoire nous montrant quelque part ce qui aurait pu arriver si la tristement célèbre crise des missiles de Cuba en 1962 avait trouvé une conclusion apocalyptique. 'Testament' est un film fort, un film dur qui prête à réfléchir. L'événement tragique décrit dans ce film devrait constamment nous rappeler que nous ne sommes jamais à l'abris d'une telle catastrophe (un fou pourrait par exemple appuyer sur un bouton déclenchant un tir d'ogives nucléaires - le résultat serait immédiat, peut-être même pire encore) et qu'il est plus qu'important de maintenir l'équilibre de la terreur, pour qu'aucun pays n'ait jamais la mauvaise idée d'attaquer l'autre. La sobriété de la mise en scène du film renforce l'impact des images et rend ce spectacle encore plus horrifiant. Quoique l'on puisse en penser, 'Testament' est ce genre de film qui ne laisse personne indifférent. La phrase désespérée de Carol à la fin du film résume toute l'horreur de la situation: "Qui a osé faire ça? Soyez maudit!". Un film rare, à découvrir d'urgence.

James Horner, encore peu connu à l'époque, a mis en musique 'Testament' de façon tout à fait appropriée. Horner a écrit près de 25 minutes de musique pour le film. Son score s'articule autour de deux thèmes forts, un thème de cor solitaire évoquant avec retenue l'horreur de l'histoire, et un autre thème plus tendre et paisible, confié à une flûte et des cordes chaleureuses, décrivant la famille Wetherly. Le film s'ouvre au son du mystérieux thème de cors, triste et lent, personnification de la tragédie tout en retenue, un atout majeur de la musique de 'Testament'. Le thème 'familial' ne tarde pas à apparaître, avec un côté à la fois frais, innocent et nostalgique. Ce thème familial renforce le côté paisible et routinier de cette famille américaine moyenne. A l'image du film, le compositeur tente de nous faire rentrer dans l'ambiance de cette famille américaine normale jusqu'à l'arrivée brutale de la catastrophe nucléaire. Horner va beaucoup développer par la suite ce thème familial, décrivant ensuite le combat de Carol pour tenter de garder en vie ses trois enfants.

La musique d'Horner n'est véritablement sombre qu'à de rares moments, en dehors d'un morceau de fin avec des cordes extrêmement torturées. La séquence de la mort de Scottie se fait au son d'une petite berceuse innocente, accompagnée d'un choeur d'enfants semblant surgir de l'au-delà, une trouvaille musicale majeure dans le score d'Horner. Le compositeur a privilégié ici une approche tout en retenue, évitant les grands élans symphoniques qui auraient rompus avec le climat réaliste de l'histoire. Le thème familial revient sous des dérivés orchestraux toujours très intimes et nostalgiques, notamment pour les scènes de 'films familiaux' tournées en caméra Super 8mm. Horner conserve ce ton intime, lent et mélancolique tout au long du film, jusqu'à la séquence finale où Horner réutilise les choeurs d'enfants, comme pour évoquer le souvenir des enfants décimés par les retombées nucléaires. La musique évoque donc le souvenir, la mémoire, comme dans ces scènes de 'films familiaux' où, privée de l'affection des siens, Carol se réfugie dans ces images perdues, le seul élément qui lui permette encore de rester attachée à la vie.

'Testament' est l'un des premier grands scores intimes de Horner au début des années 80, avec 'The Dresser', 'Between Friends' ou 'A Piano for Mrs.Cimino', lui qui débuta sa carrière en mettant en musique quelques séries-B d'horreur ('Up From The Depths', 'Humanoids from the Deep', 'Wolfen', 'Deadly Blessing', 'The Hand', etc.). Le score de 'Testament' n'est malheureusement pas aussi marquant que le film en lui-même. A vrai dire, le film est tellement poignant qu'il aurait très bien pu se passer de musique. Néanmoins, on ne pourra qu'apprécier l'effort fourni par Horner sur ce film bouleversant, même si la retenue de sa musique finit parfois par annihiler son pouvoir expressif sur les images. Cette approche musicale est très réussie, et pourtant, sur la forme, cela n'a franchement rien d'inoubliable. Un score qui reste néanmoins à redécouvrir, grâce à l'excellente édition CD du label Film Score Monthly.


---Quentin Billard